Dire, ne pas dire

Courrier des internautes

Laurence S., Genève

Le 15 août 2012

Courrier des internautes

Bonjour, je travaille au secrétariat de l'université de SES de Genève et je ne sais pas si je dois répondre "admis au bac en science politique" (au singulier) ou "admis au bac en sciences politiques" (au pluriel) ?

Laurence S., Genève

L’Académie répond

On dit la science politique pour la politologie et les sciences politiques pour toutes les sciences qui étudient les faits politiques (histoire, sociologie, économie…). On trouve donc le singulier comme le pluriel. Tout dépend du nom officiel de ce baccalauréat en Suisse (évitez l’abréviation familière bac). En regardant le site de l’université de Genève, je vois que l’on passe arbitrairement du singulier au pluriel d’une page à l’autre : il serait judicieux d’unifier toutes ces versions.

Mounia B.

Le 15 août 2012

Courrier des internautes

Nous sommes plusieurs à nous interroger sur la manière dont il faut tourner cette phrase (ou plutôt doit-on utiliser une tournure négative ou non) :

Ça fait longtemps qu'on s’est vu ou ça fait longtemps qu’on ne s'est pas vu.

Mounia B.

 

L’Académie répond

Après il y a (tel temps) que, voici (tel temps) que, cela fait (tel temps) que, on emploie, dans la subordonnée, la forme négative avec la négation complète (ne… pas) ou simplement ne : Cela fait longtemps qu’on ne s’est vu ou qu’on ne s’est pas vu. La négation est toujours complète lorsque le verbe de la subordonnée est au présent ou à l’imparfait : Il y avait un an que je ne lui parlais point. (Évidemment, s’il n’y a pas de négation, on écrira : Il y a longtemps que je vous aime.)

La forme négative est nécessaire dans la mesure où ces expressions expriment une durée qui débute à un moment précis, celui de la dernière rencontre par exemple : la durée évoque donc un temps où l’action mentionnée ne s’est pas produite. Pour conserver la forme affirmative, il faudra formuler la phrase autrement : Nous nous sommes vus pour la dernière fois il y a bien longtemps.

Brunot L., Dax

Le 5 janvier 2012

Courrier des internautes

Je découvre ce site, désormais dans mes favoris.

« To save » signifie le plus souvent « garder, conserver » et, en langue soutenue seulement, « sauver », au sens latin du terme (d’un danger...), sens français aussi, je crois. Donc « sauver la date » est une traduction aussi ridiculement que grossièrement fautive, que M. de Broglie est bien délicat de qualifier seulement d’hyperbolique – retraduit en anglais, cela donnerait « rescue the day ».

Brunot L., Dax

F. D., Olivet

Le 5 janvier 2012

Courrier des internautes

Quelle bonne idée ! Terrifié par le désastre linguistique que les médias et certaines « élites » s’emploient à entretenir, je me demandais qui allait prendre le problème en main. Voilà qui est fait.

F. D., Olivet

François D.

Le 5 janvier 2012

Courrier des internautes

[…] Les académiciens étaient d’excellents élèves de terminale en 1950, et ont été formés dans les meilleurs lycées par des professeurs agrégés nés en 1900, dont ils reproduisent avec dévotion les enseignements. Il y a un moment où il faut se rendre à l’évidence : la rigidité absurde de l’Académie sur des points indéfendables ne la rend plus audible sur les points qui méritent d’être défendus (et qui sont, évidemment, beaucoup plus nombreux). Le repli de l’Académie sur les spécialistes français, et non francophones, est à l’opposé du mode de travail de l’Académie espagnole avec les académies latino-américaines : les meilleurs spécialistes de l’usage du français sont maintenant belges !

La censure qui règne sur les courriels du site « Dire, ne pas dire » empêche de poser ces questions et de provoquer quelques sursauts salutaires ! Ne publier que des points de vue qui soutiennent l’immobilisme en matière de norme de la langue est une position réactionnaire. On devrait pouvoir, aussi, avancer l’opinion que l’hypercorrection élitiste tue le bon usage de l’honnête homme.

François D.

L’Académie répond

La neuvième édition du Dictionnaire de l’Académie française, en accueillant des termes venus du Canada, de la Belgique, de Suisse, d’Afrique, montre une ouverture systématique au vocabulaire de la francophonie.

Que dire de la présence au sein de l’Académie française, naguère d’Henri Troyat, Julien Green, Marguerite Yourcenar, Léopold Sédar Senghor et, aujourd’hui, de Félicien Marceau, d’Hector Bianciotti, de François Cheng, d’Assia Djebar, d’Amin Maalouf, entre autres ?

G.

Le 5 janvier 2012

Courrier des internautes

Je voudrais vous signaler une pratique exaspérante qui se répand de plus en plus : bannir les mots courts au profit d’autres plus longs et vaguement synonymes : ainsi, on parlera de mandature et non plus de mandat, de technologie et non plus de technique, de méthodologie et non plus de méthode, etc.

G.

Geneviève M.

Le 5 janvier 2012

Courrier des internautes

À propos de l’emploi intempestif et même maladif de la préposition sur. En ce moment, sur nos écrans, une publicité de dentifrice : « on est sur une vraie bonne nouvelle. » Ne doutons pas que cette nouveauté va être reprise à qui mieux mieux. Des tics de langage d’un présentateur de télévision et de la plupart de ses invités : « on est sur un tissu », « on est sur une couleur », « on est sur une façade » ; et toutes les émissions de cuisine nous font entendre : « on est sur un vin », « on est sur un produit bio », « il travaille sur une ferme »…, « on se retrouve sur l’émission de machinchose » (sur une chaîne, mais dans une émission), etc. Quand un(e) journaliste parlant encore correctement français se décidera-t-il (elle), à une heure de grande écoute, à ridiculiser avec humour mais efficacité ces tics de langage qui se répandent comme une épidémie grâce à la radio et à la télé et sèment le doute dans l’esprit de tous ceux qui parlaient encore correctement il y a seulement une dizaine d’années ?

Geneviève M.

Geoff A., Angleterre

Le 5 janvier 2012

Courrier des internautes

Messieurs, Professeurs, Académiciens,

Vive « Dire, ne pas dire » ! C’est magnifique.

En anglais (et en américain) on ne sait plus qu’une préposition : « over », ou « sur ». La langue anglaise, la langue de Shakespeare et de Chaucer, se diminue jour par jour.

As we say in English, more power to your elbow*. Et vive la langue la plus belle du monde !
(et les alexandrins !)

Santé, Messieurs !

*comme nous disons en anglais, allez-y et bonne chance !

Geoff A., Angleterre

Jérôme D., Luxembourg

Le 5 janvier 2012

Courrier des internautes

Merci pour votre belle initiative.

Il y a une autre tendance « branchée » et un peu ridicule depuis quelques années […] qui consiste à utiliser un numéro pour désigner son département.

Ainsi, on découvre avec effroi que les gens travaillent dans le 9-3, ou habitent le 85.

Il me semble pourtant que l’on ne réside pas dans un numéro mais sur un territoire doté d’un nom, porteur d’histoire et de géographie.

Jérôme D., Luxembourg

Michel B., Luynes

Le 5 janvier 2012

Courrier des internautes

La pensée affine sans cesse sa perception de la réalité. Vient un moment où le champ qui s’ouvre à elle est trop vaste et nouveau pour ne pas appeler à de nouveaux mots pour le décrire et le définir, sauf à donner de nouveaux sens à d’anciens mots. Ainsi, à propos de l’usage et du sens de Quelque part. Initialement utilisé pour désigner un lieu concret, il s’étend aujourd’hui à l’univers abstrait, en particulier en psychologie […]. Ainsi, « Quelque part, cet événement me touche » signifie que j’y suis sensible, en un « lieu » de moi mal défini à première vue […] Une observation plus attentive permettra peut-être de nommer ce « lieu situé quelque part ». Ce pourrait être « mon histoire de collégien ancrée dans la mémoire de ma sensibilité ».

Michel B., Luynes

Pages