Dire, ne pas dire

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Omission de la conjonction « que »

Le 1 décembre 2022

Emplois fautifs

L’asyndète est une construction dans laquelle on juxtapose différents éléments, sans mot de liaison, pour donner à l’expression plus de concision et de vigueur. La phrase de César, « Veni, vidi, vici », prononcée devant le Sénat après sa victoire à Zéla contre le roi du Pont, Pharnace II, en est un exemple fameux. On rencontre bien sûr cette construction en français, dans des proverbes comme Tel père, tel fils, dans des tours figés comme Bon gré, mal gré, et dans des phrases sans coordonnant ni subordonnant comme Il pleut, je vais rester ici. Il convient cependant de ne pas étendre le procédé par l’omission de la conjonction de subordination que entre une principale et la subordonnée complétive. Ce phénomène est apparu assez récemment, mais il se développe rapidement et l’on entend de plus en plus des phrases comme J’avoue ça fait peur ou On dirait il va pleuvoir. On ne sait si ce phénomène est dû à l’influence de la syntaxe anglaise ou à la confusion avec des discours directs mais, quelle qu’en soit la cause, rappelons que ces phrases sont incorrectes et qu’il faut rétablir le subordonnant.

on dit

on ne dit pas

Je pense qu’on a fait un bon match

Je trouve que c’est dur quand même

Tu crois que le professeur viendra ?

Je pense on a fait un bon match

Je trouve c’est dur quand même

Tu crois le professeur viendra ?

Sans qu’on le voit pour sans qu’on le voie

Le 1 décembre 2022

Emplois fautifs

Il existe des verbes qui, aux trois personnes du singulier et à la troisième personne du pluriel, ont la même forme, à l’oral, à l’indicatif et au subjonctif présent. Il convient de rappeler qu’il n’en va pas de même à l’écrit et que, si l’oreille ne permet guère de distinguer les formes du verbe voir, l’œil veut deux orthographes différentes.

on écrit

on n’écrit pas

Ils sont rentrés sans qu’on les voie

La buse, qu’on voit planer immobile

Il faudrait qu’il voie vite un médecin

 

Ils sont rentrés sans qu’on les voit

La buse, qu’on voie planer immobile

Il faudrait qu’il voit vite un médecin

Dans cette vidéo, on y voit…

Le 3 novembre 2022

Emplois fautifs

Ce type de phrase, que l’on entend trop souvent, est incorrect car le complément circonstanciel de lieu dans cette vidéo est doublé, dans la même proposition, par le pronom adverbial y. Ce pronom, ici redondant, doit être supprimé et l’on doit dire dans cette vidéo, on voit… L’emploi du pronom de rappel y est bien sûr possible à l’intérieur d’une autre proposition : Cette vidéo est intéressante, on y voit…

Légitimiser

Le 3 novembre 2022

Emplois fautifs

Le suffixe -iser sert à former des verbes indiquant un changement d’état, une transformation, comme dans alcooliser, « ajouter de l’alcool », banaliser, « rendre banal », franciser, « donner un caractère français, une allure française », etc. Plusieurs centaines de verbes ont ainsi été formés dans notre langue. Mais il faut veiller à ce que l’ignorance de formes déjà existantes n’amène pas la création de néologismes de mauvais aloi, comme c’est le cas avec la forme légitimiser, doublet inutile de légitimer.

on dit

on ne dit pas

Les enfants légitimés du roi

Rien ne pourra légitimer son geste

Les enfants légitimisés du roi

Rien ne pourra légitimiser son geste

Les prix ralentissent

Le 3 novembre 2022

Emplois fautifs

Le nom prix désigne la valeur estimée d’un bien ou d’un service et la somme d’argent en échange de laquelle il est vendu ou acheté. On peut donc dire qu’un prix augmente ou diminue, voire, plus familièrement, qu’il monte ou qu’il baisse, mais on ne doit pas dire que les prix « ralentissent ». C’est en effet la hausse des prix qui se fait plus ou moins rapidement, et non les prix eux-mêmes.

S’il dissoudait

Le 3 novembre 2022

Emplois fautifs

La conjugaison du verbe dissoudre n’est pas des plus simples et l’Académie a toujours indiqué, à cet article, les formes qu’elle prend. Cette conjugaison a fait l’objet de débats entre grammairiens. Féraud en rendit compte dans son Dictionnaire critique de la langue française, quand il écrivit : « La Touche dit que résoûdre a au pluriel du présent : nous résolvons, vous résolvez, ils résolvent, et non pas, nous résoudons, etc. ; mais que dissoûdre fait : nous dissoudons, etc., plutôt que nous dissolvons. Il dit bien pour le 1er : mais pour le 2nd, il se trompe. Richelet met aussi, nous dissoudons, et ajoute que plusieurs disent dissolvons, mais que le grand usage est pour la première manière. L’usage a donc changé : on ne dit plus que dissolvons. » Ce texte, vieux de plus de deux siècles, est toujours d’actualité. Rappelons donc que l’on ne doit pas dire s’il dissoudait (ni, bien sûr, s’il dissoudrait) mais s’il dissolvait et que le verbe résoudre suit la même conjugaison.

on dit

on ne dit pas

Il prendrait un risque s’il dissolvait l’Assemblée


Il faut que tu résolves ce problème

L’acide dissoudra cette pierre

Il prendrait un risque s’il dissoudait l’Assemblée


Il faut que tu résoudes ce problème

L’acide dissolvera cette pierre

Une remise de moins 10 %

Le 6 octobre 2022

Emplois fautifs

Le nom remise désigne, entre autres, un rabais, une réduction sur un prix. On lit dans la 9e édition de notre Dictionnaire : « Obtenir, consentir dix pour cent de remise sur le prix de vente ». Après cette remise, le prix sera de 10 % moins élevé qu’il ne l’était auparavant. Mais il convient de rappeler, en mêlant arithmétique et français, que si le prix final s’obtient bien en faisant une soustraction (prix de départ moins x euros), la remise est une somme positive : sur cent euros, on fera une remise de 10 euros et non de moins 10 euros. Ce qui vaut pour les nombres vaut aussi pour les pourcentages. On dira donc Une remise de cent euros, de dix pour cent et non Une remise de moins cent euros, de moins dix pour cent.

« Au pied » ou « Aux pieds » ?

Le 6 octobre 2022

Emplois fautifs

Quand l’expression au pied de signifie « dans la partie inférieure de, au bas de », le nom pied reste au singulier. On écrira donc au pied de la montagne (c’est d’ailleurs à cette locution que le Piémont doit son nom), au pied de l’arbre, sans oublier le fameux c’est au pied du mur que l’on voit le maçon. On emploie bien sûr le pluriel quand le nom pied a son sens propre et que le contexte l’impose : Vercingétorix déposa ses armes aux pieds de César ; le chien dormait aux pieds de son maître ; sauter à pieds joints. Rappelons pour conclure que dans la locution à pied, le nom pied indique un moyen de déplacement et reste donc au singulier : elle est venue à pied ; la course à pied. Sur ce modèle, on peut aussi écrire à ski, même si la forme à skis se rencontre également.

« L’idée que Michel s’est fait » ou « L’idée que Michel s’est faite » ?

Le 6 octobre 2022

Emplois fautifs

On écrit L’idée que Michel s’est faite car, lorsqu’un verbe pronominal admet un complément d’objet direct (C.O.D.), l’accord du participe passé se fait comme lorsqu’un verbe transitif direct est employé avec l’auxiliaire avoir, c’est-à-dire avec ledit C.O.D. s’il est placé avant le verbe. Dans la phrase en question, le C.O.D. est le pronom relatif que, qui a pour antécédent le nom féminin idée. Si le complément d’objet direct est postposé, le participe passé restera invariable : Vous vous êtes fait d’inutiles frayeurs.

Diable d’homme, chienne de vie

Le 1 septembre 2022

Emplois fautifs

En général, l’adjectif ou le nom attribut se situe, dans la phrase, après le nom qu’il modifie, auquel il est rattaché par un verbe d’état, que l’on ait affaire à un attribut du sujet (elle est grande et belle, il est bûcheron) ou un attribut du complément d’objet direct (on le trouve joli, on l’a élue présidente). Mais il existe une forme particulière d’attribut dans laquelle l’attribut précède le nom qu’il complète et auquel il est relié par la préposition de, comme dans diable d’homme (c’est-à-dire « cet homme est un diable ») ou chienne de vie (« la vie est une chienne »). Ces formes attributives ont le plus souvent une valeur exclamative. On ne confondra donc pas le nom qui reçoit un attribut avec un complément de nom, ce que l’on aurait dans une main d’homme ou l’amour de la vie. Notons enfin qu’il existe quelques cas qui peuvent être ambigus, mais cette ambiguïté est généralement levée par le contexte ou par une marque grammaticale. Ainsi on utilisera les syntagmes bourreau d’enfants pour désigner qui martyrise les enfants, et bourreau d’enfant pour désigner un enfant qui se comporte en tyran.

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