Dire, ne pas dire

« En moult occasions » ou « En moultes occasions » ?

Le 3 octobre 2025

Emplois fautifs

Le mot moult, fréquent en ancien français, et dont Littré signale qu’il se prononçait sans doute jadis mou, avant que l’influence de l’écrit n’amène à articuler le l et le t, est issu du latin multum, et, comme celui-ci, il appartient à la catégorie des adverbes. On l’emploie encore parfois aujourd’hui, mais comme adjectif indéfini, dans le sens de « beaucoup de, plusieurs », généralement par affectation d’archaïsme ou plaisamment. C’est sans doute ce caractère plaisant qui lui a permis de survivre alors qu’il semblait déjà s’effacer au xviie siècle. En témoigne Nicot, qui écrit à son sujet dans son Thresor de la langue francoyse tant ancienne que moderne, paru en 1606 : « Ce vocable estoit commun et fort usité envers les anciens, ce qu’ il n’est pas à present, et demeure comme particulier à peu de contrées. » On lit aussi dans la cinquième édition du Dictionnaire de l’Académie française : « Vieux mot qui n’est plus d’usage que dans le style Marotique. » De son statut originel d’adverbe, moult a gardé son caractère invariable, et l’on écrira en moult occasions. On pourra également, si l’on veut recourir à une forme variable, user de l’adjectif indéfini maint et écrire en maintes occasions.