Dire, ne pas dire

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« Vivable » pour « Viable »

Le 1 février 2024

Emplois fautifs

Les mots vivable et viable sont proches par la forme et l’étymologie, mais ils ne sont pas synonymes.

Vivable est un dérivé de vivre, et a d’abord signifié « qui donne la vie » et « plein de vie ». Cet adjectif s’emploie aujourd’hui pour qualifier ce qui peut être supporté sans trop de difficultés. On parlera ainsi d’une existence vivable et l’on dira que telle situation n’est plus vivable. Vivable se dit aussi dans la langue familière, surtout dans des tournures négatives, d’une personne d’humeur conciliante et d’un commerce agréable, comme dans Son mari n’est guère vivable.

Viable, dérivé de vie, qualifie quant à lui un organisme dont on estime qu’il est apte à vivre, et s’emploie principalement quand on parle de tout jeunes êtres. On l’utilise aussi figurément au sujet de ce qui possède la capacité de se développer, de perdurer. On dira ainsi qu’un projet, qu’une entreprise, qu’un modèle économique sont viables ou ne le sont pas.

Notifier

Le 8 janvier 2024

Emplois fautifs

Le verbe notifier est emprunté du latin tardif notificare, lui-même composé à partir de noscere, « connaître », et facere, « faire ». Il signifie, conformément à son étymologie, « faire connaître (quelque chose à quelqu’un) » et se construit avec un complément d’objet direct, qui désigne une information, et un complément d’objet indirect, qui désigne la personne à qui l’on donne cette information. On dira ainsi Pierre nous a notifié l’accord et, à la forme passive, L’accord nous a été notifié par Pierre. On rappellera que, dans le passage de l’actif au passif, c’est le complément d’objet direct qui devient sujet, non le complément d’objet indirect. Dire Les équipes ont été notifiées des procédures de contrôle est donc une incorrection, car c’est Les procédures de contrôle ont été notifiées aux équipes qui constitue la forme passive correcte. Notons toutefois qu’il existe une exception. Le verbe obéir, bien qu’il soit transitif indirect peut avoir une forme passive : Les enfants obéissent aux parents et les parents sont obéis par les enfants.

« Influés par » ou « Influencés par »

Le 8 janvier 2024

Emplois fautifs

Le verbe influer s’emploie pour signifier qu’on exerce, sur une personne ou une chose, une action qui tend à la modifier. Il s’est employé jadis transitivement, mais aujourd’hui l’usage veut qu’on l’utilise avec la préposition sur. On dira ainsi Le climat influe sur la santé ou L’éducation reçue influe sur toute la vie. Le verbe influencer, dont le sens est assez proche puisqu’il indique qu’on soumet quelqu’un à son influence ou qu’on exerce sur lui un ascendant, se construit, lui, avec un complément d’objet direct, et l’on dira Influencer les esprits ou Ses amis l’influencent. C’est donc ce verbe que l’on pourra mettre au passif, et on écrira Il a été influencé par ses amis, et non Il a été influé par ses amis. Et bien que l’on dise Il a de l’influence sur ses amis, on ne dira pas non plus Il influence sur ses amis.

«La distance est-elle proche ?

Le 8 janvier 2024

Emplois fautifs

Le nom distance désigne un intervalle que l’on peut déterminer et qui sépare deux points de l’espace, deux éléments donnés. Cette distance est une longueur mesurable, qui pourrait s’exprimer en mètres, en kilomètres, etc. En fonction de cette longueur, on dira donc que la distance est considérable, importante, grande, moyenne, petite, réduite, minuscule, mais on n’emploiera pas pour la qualifier des adjectifs comme proche, lointaine ou éloignée, puisque ce sont les deux points, les deux éléments séparés par cette distance qui le sont, et non la distance elle-même.

Un tutoriel : « des tutoriels » ou « des tutoriaux »

Le 7 décembre 2023

Emplois fautifs

Au Moyen Âge les mots en -el eurent un pluriel en -eux ou en -eus. On écrivait ainsi tieus quand nous écrivons tels. Nous avons conservé quelques traces de ce phénomène avec cieux et cheveux. La forme ancienne de ce dernier au singulier était en effet chevel et son pluriel cheveux. Mais comme ce nom s’employait beaucoup plus souvent au pluriel, on a refait, à partir de ce dernier, un singulier cheveu. Aujourd’hui les pluriels des mots en -el sont, de façon régulière, en -els. On dit donc un tutoriel, des tutoriels et non des tutoriaux, comme on l’entend parfois.

« Donne-moi-s-en » ou « Donne-m’en »

Le 7 décembre 2023

Emplois fautifs

Pour éviter le hiatus entre une forme verbale et un pronom, ou entre deux pronoms, le français ajoute entre eux, dans certains cas, des consonnes euphoniques ; ce peut être un t, comme dans mange-t-elle bien ? ou un s, comme dans manges-en deux. Dans d’autres cas, on élide le pronom. Ainsi, à la 2e personne du singulier de l’impératif, à la forme positive, on écrit va-t’en ou retourne-t’en. Sur ce même principe, on écrit donne-m’en. C’est cette forme qu’il faut employer, même si la tentation peut être forte d’utiliser, par analogie avec donne-nous-en, les formes donne-moi-s-en ou donnes-en-moi. Rappelons enfin que si le pronom en commande l’élision du pronom qui le précède, il n’en va pas de même avec la préposition homonyme en. On dit donc, par exemple, donne-moi en priorité …, retourne-toi en partant.

« Préférenciable » pour « Préférable »

Le 7 décembre 2023

Emplois fautifs

De certains verbes des 1er et 3e groupes sont dérivés des adjectifs qualificatifs en -able, qui indiquent que l’action exprimée par ce verbe peut être réalisée, comme c’est le cas avec mangeable, faisable, prenable, etc. Ces adjectifs ne peuvent être tirés de noms. S’il existe une forme différenciable, c’est parce qu’existe aussi un verbe différencier, mais comme il n’y a pas de verbe préférencier, « préférenciable » est incorrect. Pour rendre l’idée notée par cette forme fautive, c’est bien sûr préférable, un dérivé de préférer, qu’il faut employer.

Il a déjà couru 19-83

Le 2 novembre 2023

Emplois fautifs

Le sport et la vitesse sont liés. Sera vainqueur qui courra ou nagera le plus vite ; une course d’élan plus rapide donnera des sauts plus longs et les engins de lancer iront d’autant plus loin qu’ils quitteront plus rapidement la main qui les propulse.

Mais ce qui vaut pour le geste sportif ne vaut pas obligatoirement pour le commentaire, qui ne doit pas s’affranchir des règles grammaticales. On dira donc de tel sprinteur qu’il a déjà couru (le 200 mètres) en 19 secondes 83 centièmes, voire « en 19-83 », mais non qu’il a déjà « couru 19-83 ».

 

on dit

on ne dit pas

Il a couru le 1 000 mètres en 2 minutes 44 secondes

Il a couru 2-44.

Payer en carte

Le 2 novembre 2023

Emplois fautifs

La locution verbale payer en suppose que l’on verse ce que désigne le nom introduit par la préposition en. C’est pourquoi on dit : payer en espèces, payer en liquide, en petite monnaie, mais aussi payer en euros, en dollars, en mitraille, en numéraire, voire payer en beaux discours. Quant à l’expression payer en nature, elle signifie « payer avec les productions de la terre » et, par extension, « accorder ses faveurs en échange d’un service, d’un bien ». Quand on veut indiquer le moyen par lequel on paie, ou la fréquence à laquelle on paie, c’est payer par que l’on emploie et l’on dira donc payer par mensualités, par virement bancaire, par prélèvement automatique, payer par carte (bancaire). On s’efforcera de bien choisir la préposition convenant à tel ou tel complément et l’on emploiera « payer par carte » et non « payer en carte ». Avec le mot chèque, on trouve plus souvent « payer par », mais « payer en » peut se rencontrer puisque l’on donne un chèque à la personne que l’on règle.

Vers-z-une heure de l’après-midi

Le 2 novembre 2023

Emplois fautifs

La liaison et l’élision permettent d’éviter nombre d’hiatus et assurent de la fluidité à la phrase. Omettre ces liaisons lui donnerait un caractère par trop heurté ; c’est donc une faute dont il faut se garder. Mais il convient aussi d’éviter l’erreur inverse, qui consiste à faire des liaisons quand l’usage n’en veut pas. On rappellera donc que dans les mots terminés par -rt et par -rs, ce s et ce t ne se lient pas au mot qui les suit. La liaison peut être faite avec le t de l’adverbe fort (mais non avec celui de l’adjectif). On dira donc ver(s) une heure de l’après-midi et non ver-z-une heure de l’après-midi, ou encore Où dor(t) Albert ? et non Où dort-t-Albert ?

Ajoutons cependant que, dans les mots terminés par une double consonne dont la dernière est un s, la liaison se fait généralement au pluriel, et marque ainsi celui-ci ; on dira donc un ver(s) admirable mais des vers-z-admirables.

 

on dit

on ne dit pas

Je par(s) en voyage

Son frère est for(t) en allemand

Il s’est mal comporté enver(s) elle

Je par-z-en voyage

Son frère est fort-t-en allemand

Il s’est mal comporté envers-z-elle

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