Dire, ne pas dire

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Vlady C. (France)

Le 3 décembre 2020

Courrier des internautes

Bonjour, je vous écris car je souhaiterais savoir si le terme « Casserie » existe dans la langue française.

Merci d’avance de votre réponse.

Vlady C. (France)

L’Académie répond :

Casserie est un vieux mot qui n’est plus guère en usage. Voyez la définition qu’en donnait Littré dans son Dictionnaire : « L’ensemble des ustensiles de ménage en fer battu étamé. La fabrication de la casserie de fer battu et d’un grand nombre d’articles de Paris. » Ce nom est aussi attesté au xvie siècle avec le sens de « licenciement », puis au xixe siècle avec celui d’« action de casser » ; on lit ainsi dans Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, de George Sand : « Je sais fort bien que vous payerez votre écot et celui de vos démons de lansquenets en jurons et casserie. »

Le poids d'un mot

Le 5 novembre 2020

Bloc-notes

Le mot fascine par sa composition et cette claquante sonorité qui réveille comme un coup de fouet dans une plantation de canne à sucre ou de coton sur un dos en sueur et musclé. On suppose l’énergie encagée dans ces tranquilles voyelles et consonnes. On ne peut pas entendre ce mot sans se retourner. Il ne convient pas au chuchotement. Et pourtant je connais nombre de chansons haïtiennes, surtout celles qui tiennent leur source du vaudou, où le son devient si doux, si langoureux. On l’entend dans Gouverneurs de la rosée, le grand classique de la littérature haïtienne, comme le râle d’amour d’une jeune paysanne à son amant. Ce n’est pas seulement un mot qui s’infiltre, de jour et de nuit, dans les conversations ordinaires de la vie quotidienne. Il imbibe toute la littérature haïtienne, les chants sacrés ou populaires, la sculpture, et je dirais aussi la morale, car on parle de « nègre vertical » pour dire celui qui rejette toute forme d’assujettissement. J’avais tort de dire que le mot ne m’intéresse pas ; en fait, c’est un mot que je place pour sa forte présence (après l’avoir entendu, on ne peut plus l’oublier) à côté de Legba, le nom de ce dieu qui se tient à la barrière qui sépare le monde visible du monde invisible. Dans le langage du vaudou, on dirait que c’est un mot très « chargé ».

La poésie

Je me souviens du premier poème que j’ai appris par cœur, après les fables de La Fontaine. C’était celui de Carlos Saint-Louis. Il s’est logé en moi pour faire partie de ma chair. Tout enfant né avant les années 1970 connaît ce début de poème si naïf :

« J’aime le nègre
car tout ce qui est nègre est une tranche de moi. »

Je n’aimais pas le poème parce qu’il me faisait croire que j’étais un melon et, dans ma liste de choses détestables, le melon venait entre la carotte et le girofle.

Je me suis retrouvé plus tard dans ces évocations plus lestes où l’on apercevait au loin d’exquises négresses (on dit « nègès » en créole) se baignant dans la rivière. C’est Léon Laleau qui m’a réveillé de cette torpeur adolescente avec un bref poème, Trahison, paru dans son recueil Musique nègre, en 1931 :

« D’Europe, sentez-vous cette souffrance et ce désespoir à nul autre égal d’apprivoiser avec des mots de France ce cœur qui m’est venu du Sénégal. »

Puis le coup de fouet vint de René Depestre avec Minerai noir, paru en 1956, dans lequel il signale qu’après l’extermination des Indiens « on se tourna vers le fleuve musculaire de l’Afrique pour assurer la relève du désespoir ». Là, on arrive à l’Histoire et je me souviens de ma passion pour ces récits si pleins de verdeur, d’espoir, de folie, où des esclaves se lancent devant la mitraille de l’armée napoléonienne conduite par le général Leclerc à la conquête de leur liberté. Ce n’est pas dans un salon mais sur le champ des batailles de la Ravine-à-Couleuvres, de la Crête-à-Pierrot et de Vertières que le mot Nègre va changer de sens, passant d’esclave à homme. Les généraux de cette effroyable guerre coloniale le garderont après l’indépendance d’Haïti.

L’art nègre

Mais ce mot tout sec, nu, sans le sang et les rires qui l’irriguent, n’est qu’une insulte dans la bouche d’un raciste. Je ne m’explique pas pourquoi on donne tant de pouvoir à un individu sur nous-même. Il n’a qu’à dire un mot de cinq lettres pour qu’on se retrouve en transe avec les bras et les pieds liés, comme si le mot était plus fort que l’esclavage. Les esclaves n’ont pas fait la révolution pour qu’on se retrouve à la merci du mot Nègre.

Ne dites pas que je ne peux pas comprendre la charge de douleur du mot Nègre, car j’ai connu la dictature, celle de Papa Doc, puis celle de Baby Doc, j’ai plus tard connu l’exil, j’ai connu aussi l’usine, ainsi que le racisme de la vie ordinaire des ouvriers illégaux, j’ai même connu un tremblement de terre, et tout ça dans une seule vie. Je crois qu’avant de demander la disparition de l’espace public du mot Nègre il faut connaître son histoire. Si ce mot n’est qu’une insulte dans la bouche du raciste, il a déclenché dans l’imaginaire des humains un séisme. Avec sa douleur lancinante et son fleuve de sang, il a ouvert la route au jazz, au chant tragique de Billie Holiday, à la nostalgie poignante de Bessie Smith. Il a fait bouger l’Afrique, ce continent immuable et sa civilisation millénaire, en exportant une partie de sa population vers un nouveau monde de terreur. Ce mot est à l’origine d’un art particulier que le poète Senghor et quelques intellectuels occidentaux ont appelé faussement l’art nègre. Ce serait mieux de dire l’art des nègres. Ou encore l’art tout court. Tout qualificatif affaiblit ce qu’il tente de définir. Mais passons, car ce domaine est si riche. S’agissant de la littérature, on n’a aucune idée du nombre de fois qu’il a été employé. Si quelqu’un veut faire une recherche sur les traces et les significations différentes du mot dans sa bibliothèque personnelle, il sera impressionné par le nombre de sens que ce mot a pris dans l’histoire de la littérature. Et il comprendra l’énorme trou que sa disparition engendrera dans la littérature.

La révolution du langage

La disparition du mot Nègre entraînera un pan entier de la bibliothèque universelle. Notre blessure personnelle et nos récits individuels ne font que lui donner de l’énergie pour continuer sa route. Ce n’est pas un mot, c’est un monde. Il ne nous appartient pas, d’ailleurs. Nous nous trouvons simplement sur son chemin à un moment donné. Il a permis la révolution à Saint-Domingue en devenant notre identité américaine. On a capturé des hommes et des femmes en Afrique qui sont devenus des esclaves en Amérique, puis des nègres quand Haïti est devenue une nation indépendante, et cela par sa Constitution même. On ne va pas faire la leçon aux glorieux combattants de la première révolution de l’histoire. Si le mot révolution veut dire « chambardement total des valeurs établies », la révolution de l’esclave devenu libre en est la plus complète. Le nègre Toussaint Louverture, le nègre Jean-Jacques Dessalines, le nègre Henri Christophe et le nègre Alexandre Pétion ont fondé Haïti le 1er janvier 1804 après une effroyable et longue guerre coloniale. Alors quand un raciste m’apostrophe en nègre, je me retourne avec un sourire radieux en disant : « Honoré de l’être, monsieur. » De plus, Toussaint puis Dessalines ont fait entrer le mot Nègre dans la conscience de l’humanité en en faisant un synonyme du mot Homme. Un nègre est un homme, ou, mieux, tout homme est un nègre. Le raciste qui nous écoute en ce moment sait-il qu’il est un nègre de par la grâce de Jean-Jacques Dessalines, le fondateur de la Nation haïtienne ? C’est par cette grâce qu’un grand nombre de Blancs ont été épargnés après l’indépendance d’Haïti. C’est par cette grâce que tous les Polonais vivant en Haïti pouvaient devenir séance tenante des nègres, c’est-à-dire des hommes. Connaissez-vous une pareille révolution du langage ? Le mot qui a servi à asservir l’esclave va libérer le maître. Mais pour qu’il soit libre, il faut qu’il devienne un nègre. D’où la phrase magique « Ce blanc est un bon nègre, épargnez-le ». Vous comprenez qu’un tel mot va plus loin qu’une douleur individuelle et que si nos récits personnels ont une importance indéniable, ils ne font pas le poids face à l’Histoire, une Histoire que nous devons connaître puisqu’elle nous appartient, que l’on soit un nègre ou un bon nègre.

La plaisanterie

Je comprends qu’on puisse exiger la disparition de ce mot terrible quand on ignore son histoire, dont je viens de présenter une pâle esquisse. Mais je vous assure qu’elle vaut l’examen avant de prendre une pareille décision. On devrait s’informer un peu plus. De grâce, ne dites pas que la geste haïtienne ne compte pas ou qu’elle est simplement haïtienne, car elle a mis fin le 1er janvier 1804 à trois cents ans d’esclavage où l’ensemble du continent africain et une grande partie de l’Europe furent impliqués. Cela permet à ces gens, légitimement, d’ajouter une nouvelle définition à ce mot. Ils disent froidement après l’esclavage qu’ils sont des nègres et le maintiennent jusqu’à ce matin de 2020. Ce n’était pas un acte d’individus bornés, de « monstres désenchaînés », selon l’horrible expression du pourtant si élégant Musset, c’était mûrement réfléchi. Et ils entendaient répandre cette liberté et cette expression qui caractérise l’homme libre dans toute l’Amérique. C’est pourquoi, à peine quelques années après l’indépendance, Alexandre Pétion, premier président de cette jeune république, offrit refuge et aide militaire en Haïti à un Bolívar épuisé qui s’en ira après libérer une partie de l’Amérique latine.

On peut malgré tout discuter encore du mot, en essayant de l’actualiser, en faisant des compromis, mais, de grâce, épargnez-nous cette plaisanterie d’une hypocrisie insondable du « N-word », qui n’est qu’une invention américaine comme le hamburger et la moutarde sèche. Et j’espère que nous aurons le courage de l’effacer du visage glorieux de Jean-Jacques Dessalines, le fondateur de la Nation haïtienne, dont on disait qu’il était le Nègre fondamental.

Dany Laferrière
de l’Académie française

 

Cotisation ou Prime d’assurance

Le 5 novembre 2020

Emplois fautifs

Prime est un mot polysémique (et encore, nous ne nous arrêterons pas ici sur la forme issue du latin primus, qui désigne la première des heures canoniales). La forme qui nous intéresse signifie « récompense », mais désigne aussi une somme que l’on verse contractuellement à une société d’assurances pour être couvert en cas de sinistre. C’est avec ce dernier sens que prime est entré dans notre langue par l’intermédiaire de l’anglais premium, et ce n’est qu’un peu plus tard que, par extension, il a pris le sens de « récompense, gratification ». Il s’agit là d’un juste retour au sens du mot latin praemium dont il est tiré. Aujourd’hui le même mot désigne donc, d’une part, ce qui est accordé à celui qui a particulièrement donné satisfaction et, d’autre part, la somme dont on doit s’acquitter pour être protégé contre tel ou tel accident. Dans ce dernier cas, prime est parfois concurrencé par cotisation : si, en ce sens, l’emploi de ce terme n’est pas incorrect, on préfèrera néanmoins utiliser cotisation pour désigner la somme versée à une association, à un organisme pour en être membre (payer sa cotisation à un syndicat, à un club sportif).

Nihil obstat au sens de Veto

Le 5 novembre 2020

Emplois fautifs

Le droit de veto est le pouvoir reconnu au chef d’un État de ne pas promulguer les lois votées par l’assemblée législative ; c’est aussi une prérogative accordée à quelques membres de certaines assemblées de s’opposer aux décisions prises à la majorité. Ainsi, la France, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, y dispose d’un droit de veto. On emploie parfois, dans la langue courante, l’ellipse veto : on dira ainsi qu’un chef d’État a mis son veto à une mesure. Par extension, et en dehors de tout cadre constitutionnel, veto est devenu synonyme de « refus, opposition catégorique ». Il ne faudrait pas que l’amour du latin amène à un fâcheux contresens, que l’on entend hélas parfois, qui pousse à remplacer veto par la locution latine de sens opposé nihil obstat, proprement « rien ne s’oppose », formule par laquelle un censeur ecclésiastique chargé de vérifier la conformité d’un ouvrage aux enseignements de l’Église atteste ne pas s’opposer à la publication de celui-ci. On peut utiliser plaisamment cette formule pour signifier qu’on ne s’oppose pas à quelque chose, mais rappelons que veto et nihil obstat sont deux tours antonymes qu’il convient de ne pas confondre.

Attaque au sens d’Attentat

Le 5 novembre 2020

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Le nom anglais attack peut avoir le même sens que son homonyme français « attaque », mais il peut aussi signifier « attentat ». Il convient pourtant de ne pas confondre en français une attaque, qui désigne une action violente, une agression, ou un assaut, et un attentat, qui désigne une action violente et criminelle contre les personnes, les biens privés ou publics, les institutions. On dira donc l’attaque d’une banque mais un attentat à la voiture piégée ou, figurément, une attaque de goutte mais un attentat au bon goût. Et l’on se souviendra que terrorist attack ne se traduit pas par « attaque terroriste » mais par « attentat terroriste ».

Charmer les arbres, d’Orphée à Balzac

Le 5 novembre 2020

Expressions, Bonheurs & surprises

Les légendes et les mythes de l’Antiquité nous apprennent qu’Orphée était un musicien si habile qu’il charmait non seulement les fauves, mais aussi les rochers et les arbres, et que ces derniers se déplaçaient pour prolonger le plaisir d’entendre son chant. Environ deux millénaires passèrent avant que l’on parle de nouveau d’arbres charmés, mais leur sort était beaucoup moins enviable. On lisait ainsi dans Le Grand Dictionnaire universel de Pierre Larousse à l’article Charmé : « Se dit d’un arbre qui, par suite de quelque dommage dont la cause n’est pas apparente, menace de périr ou de tomber. » Bel exemple d’euphémisme : charmé laisse supposer quelque opération d’une puissance surnaturelle derrière laquelle se cache en fait une main criminelle. Au xviiie siècle, le Grand Dictionnaire françois était plus explicite : « On appelle en termes d’eaux & forêts, arbres charmés, des arbres que l’on a creusés, ou auxquels on a fait subir quelque autre chose pour les faire périr. » Et, d’ailleurs, à l’infinitif de ce même verbe Larousse écrit : « Charmer un arbre, Pratiquer à sa base, par malveillance, une lésion qui doit amener la chute ou la mort. » Ce même ouvrage rappelle qu’une ordonnance de 1669 énonçait qu’« il est défendu de charmer ou de brûler les arbres, sous peine de punition corporelle ». Mais pourquoi charmait-on les arbres ? La réponse est simple. Longtemps le bois fut l’unique moyen de se chauffer. Mais ce bois, tous n’en avaient pas à disposition, une grande partie des forêts étant privée. Pour remédier à ce problème et pour venir en aide aux plus démunis, il existait, dans les communaux et dans certaines parcelles privées, un droit d’affouage, qui autorisait les habitants d’une commune à ramasser librement du bois mort. Si celui-ci venait à manquer, restait une solution, énoncée autrefois à la campagne sous la forme de ce proverbe que nous rappelle Littré dans son Dictionnaire : « Quand il n’y a pas de bois mort, on en fait. » Les arbres charmés étaient donc des arbres mutilés – et, partant, condamnés à mourir et à devenir bois mort – par des villageois sans ressources. Dans Les Paysans, Balzac nous montre, au chapitre intitulé justement La Forêt et la Moisson, comment opéraient ces villageois : « [La vieille Tonsard] avait été dans les fourrés plus épais, elle avait dégagé la tige d’un jeune arbre et en avait enlevé l’écorce à l’endroit où elle sortait du tronc, tout autour en anneau, puis elle avait remis la mousse, les feuilles, tout en état, il était impossible de découvrir cette incision annulaire faite, non pas à la serpe, mais par une déchirure qui ressemblait à celle produite par ces animaux rongeurs et destructeurs nommés, selon les pays, des thons, des turcs, des vers blancs, etc. »

Si ce délit n’était plus passible de châtiment corporel, il restait très grave : « Trois jours après, […] les gendarmes emmenèrent la vieille Tonsard surprise en flagrant délit […], avec une mauvaise lime qui servait à déchirer l’arbre et un chasse-clou avec lequel les délinquants lissaient cette hachure annulaire, comme l’insecte lisse son chemin. On constata dans le procès-verbal l’existence de cette perfide opération sur soixante arbres, dans un rayon de cinq cents pas. La vieille Tonsard fut transférée à Auxerre ; le cas était de la juridiction de la cour d’assises. » C’était, somme toute, un sort moins affreux que celui d’Orphée, mis en pièces par les Ménades.

Classe de C.E. 1 (Dreux)

Le 5 novembre 2020

Courrier des internautes

Nous sommes des élèves de C.E. 1 de l’école Marcelin-Berthelot de la ville de Dreux et nous voudrions savoir pourquoi il y a un G et un T à la fin du mot vingt.

En attendant votre réponse, nous vous souhaitons une bonne journée.

Classe de C.E. 1 (Dreux)

L’Académie répond :

Chers élèves,
C’est une très bonne question. L’orthographe du français s’explique souvent par le latin. En latin savant, « vingt » se disait viginti et, en latin populaire, vinti. Au Moyen Âge, on écrivait « vint », qui était la forme venant naturellement de vinti ; mais, à la Renaissance, on a voulu montrer que « vingt » venait de la forme savante viginti. On a donc rajouté un g à vint pour en faire la forme que nous connaissons aujourd’hui : « vingt ». Le cas de « vingt » n’est pas isolé. On a un phénomène semblable avec le nom « corps », écrit cors au Moyen Âge et auquel on a rajouté un p à la Renaissance pour faire « corps » et rappeler que ce nom venait du latin corpus.

Nous vous félicitons pour votre curiosité au sujet du français et nous vous souhaitons beaucoup de bonheur dans vos études.

La question est répondue

Le 1 octobre 2020

Emplois fautifs

Le verbe répondre se construit ordinairement avec deux compléments, un complément direct et un complément indirect : on répond quelque chose à quelqu’un. Il peut arriver que le nom de la personne à qui l’on répond soit remplacé par des noms comme question, interrogation, etc. : Elle a bien répondu à nos questions comme Elle a bien répondu à Pierre. Ici, les noms questions et Pierre sont les complément indirects de répondre, verbe qui, dans ce cas, n’a pas de complément direct et ne peut donc se mettre à la voix passive. On évitera donc des phrases comme la question est répondue, qui, malheureusement, commencent insidieusement à se répandre.

Dispendieux au sens de Dépensier

Le 1 octobre 2020

Extensions de sens abusives

L’adjectif dispendieux signifie « qui occasionne des dépenses, qui coûte cher ». Il s’emploie, non pour qualifier des personnes, mais le plus souvent des noms abstraits : des habitudes dispendieuses, un train de vie dispendieux ; des guerres, des voyages dispendieux. Il ne faut pas confondre cet adjectif avec dépensier qui, lui, s’applique essentiellement à des personnes : Son grand-oncle, qui était très dépensier, a dilapidé une grande part de la fortune familiale ; même si, par métonymie, cet adjectif peut, lui, s’appliquer aussi à des choses abstraites (il a gardé des habitudes de vie très dépensières), on veillera bien à ne pas employer l’un de ces adjectifs quand c’est l’autre qui conviendrait.

Encourir au sens de Risquer, Courir le risque de

Le 1 octobre 2020

Extensions de sens abusives

Le verbe encourir signifie que l’on s’expose à une sanction, une peine, un châtiment qui émane d’une autorité : Il encourt une grosse amende pour sa conduite ; Pour un délit de cet ordre il encourt la prison. Il se construit avec un complément qui est un nom. On ne doit pas le confondre avec risquer ou la locution verbale synonyme courir le risque de, qui se construisent indirectement et veulent un infinitif comme complément : S’il ne travaille pas plus, il risque (ou il court le risque) d’échouer. Il y a dans ce verbe et dans cette locution, qui appartiennent à la langue courante, un caractère d’incertitude beaucoup plus fort qu’avec encourir, qui relève de la langue juridique et qui indique, presque officiellement, quelle peine correspond à telle faute.

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