Le 4 mai 2017
Extensions de sens abusives
La locution conjonctive quand même est parfois remplacée, à tort, par la forme comme même sans doute en raison de la proximité phonétique de ces deux formes. On doit dire quand même (ou quand bien même) je devrais m’en repentir, je partirais demain et non comme même je devrais m’en repentir, je partirais demain. Notons cependant que l’on peut rencontrer comme même, il ne s’agira pas alors d’une locution mais de la succession de la conjonction de subordination comme et de l’adverbe même. On dira ainsi comme même sa famille ne pouvait venir, il a reporté la cérémonie. Mais, en dehors de ce cas, c’est quand même qui s’impose.
on dit
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on ne dit pas
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Quand même il pleuvrait, nous visiterions la ville
Quand même il le voudrait, il ne pourrait pas
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Comme même il pleuvrait, nous visiterions la ville
Comme même il le voudrait, il ne pourrait pas
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Le 4 mai 2017
Extensions de sens abusives
Le nom retour est polysémique. Il désigne, entre autres, le fait de revenir à son point de départ ou à un état antérieur ; il désigne aussi le fait de renvoyer une chose à son expéditeur. C’est ce dernier sens qu’il prend dans l’expression répondre par retour du courrier ou, simplement, par retour. À partir de cette expression, on a parfois étendu le sens de retour pour en faire un synonyme de réponse, voire de réaction ou de commentaire. Il s’agit d’une extension abusive, qui ne répond à aucune nécessité puisque les formes citées conviennent mieux.
on dit
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on ne dit pas
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J’espère avoir une réponse favorable
Il craint des réactions négatives
Ils se sont attiré nombre de commentaires peu flatteurs
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J’espère avoir un retour favorable
Il craint des retours négatifs
Ils se sont attiré nombre de retours peu flatteurs
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Le 6 avril 2017
Extensions de sens abusives
Les adjectifs compréhensif et compréhensible sont attestés depuis plusieurs siècles dans notre langue ; l’un et l’autre viennent du latin, le premier de comprehensivus, « qui comprend, qui contient », le second de comprehensibilis, « qui peut être saisi, concevable, compréhensible », deux formes qui dérivent de comprehendere, « saisir ensemble », puis « saisir par la pensée, comprendre ». En français compréhensible signifie « qui peut être compris », et compréhensif « qui a la faculté de saisir par l’esprit » (une intelligence compréhensive), puis « qui juge avec indulgence ». Ces deux termes ne sont donc pas synonymes et un texte où l’on emploierait l’un pour l’autre serait bien peu compréhensible.
on dit
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on ne dit pas
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Un message difficilement compréhensible
Il a la chance d’avoir des parents très compréhensifs
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Un message difficilement compréhensif
Il a la chance d’avoir des parents très compréhensibles
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Le 6 avril 2017
Extensions de sens abusives
Nous sommes généralement beaucoup plus en contact avec les mots et expressions de manière orale que de manière visuelle ; il résulte de ce fait que des locuteurs hésitent ou se trompent quand il s’agit d’employer des formes qu’ils ont entendues, mais qu’ils n’ont jamais ou presque jamais vues écrites. Certains humoristes ont joué de ces confusions, en employant, par exemple, Ni des lèvres ni des dents, quand c’était Ni d’Ève ni d’Adam qui était attendu. Le problème ne reste pas qu’oral puisque, rapidement, ce qui est mal entendu et mal compris sera mal écrit. Nous en avons un exemple avec la forme tant bien même que l’on commence à entendre et à lire en lieu et place de quand bien même. Rappelons donc que seule cette dernière est correcte et que tant bien même doit être proscrit.
on dit
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on ne dit pas
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Quand bien même il réussirait, nous ne saurions l’approuver
Il agira ainsi quand bien même vous ne le voudriez pas
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Tant bien même il réussirait, nous ne saurions l’approuver
Il agira ainsi tant bien même vous ne le voudriez pas
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Le 2 mars 2017
Extensions de sens abusives
La locution a minima s’emploie dans le domaine du droit, et se rencontre dans l’expression appel a minima, qui signifie que le ministère public fait appel pour augmenter une peine qu’il juge en inadéquation avec la faute commise. Cette locution, tirée du latin juridique a minima poena, « à partir de la plus petite peine », appartient donc à une langue spécialisée et ne doit être employée que dans ce cadre. On ne doit pas en faire un synonyme de tours comme au moins ou au minimum.
on dit
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on ne dit pas
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Sa copie mérite au minimum 17/20
Il devrait obtenir au moins la médaille de bronze
À tout le moins, il pourrait se sentir gêné
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Sa copie mérite a minima 17/20
Il devrait obtenir a minima la médaille de bronze
A minima, il pourrait se sentir gêné
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Le 2 mars 2017
Extensions de sens abusives
La conjonction sinon signifie « si ce n’est » : je ne sais rien, sinon qu’il est venu ; tous l’aimaient, sinon comme un frère, au moins comme un ami. Elle peut aussi signifier « sans quoi, faute de quoi » : travaillez avec constance et application, sinon vous n’obtiendrez que de médiocres résultats. On ne doit pas ajouter à ces sens celui de « par ailleurs, d’autre part ». On ne dira donc pas, ce que l’on entend hélas trop souvent, il a un bel appartement à Paris, sinon il a aussi une maison en Vendée ; toute sa famille va bien, et, sinon, sa sœur vient de se marier.
on dit
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on ne dit pas
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Il marche beaucoup et, par ailleurs, il nage régulièrement
Quant à toi, comment te portes-tu ?
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Il marche beaucoup et, sinon, il nage régulièrement.
Et sinon, toi, ça va ?
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Le 2 février 2017
Extensions de sens abusives
Le verbe investir est emprunté de l’italien investire, « mettre en possession d’une charge », puis « attaquer », lui-même étant issu du latin investire, « garnir, entourer » et donc « assiéger », c’est-à-dire entourer étroitement comme le fait un vêtement. En français investir a conservé les sens de l’italien : on peut donc investir quelqu’un d’une dignité et, dans le domaine militaire, investir une place forte, c’est-à-dire en faire le siège. Il convient de ne pas ajouter à ce dernier sens celui de « prendre, envahir ».
on dit
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on ne dit pas
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Après un long siège, les assaillants ont pris la ville
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Après un long siège, les assaillants ont investi la ville
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Le 2 février 2017
Extensions de sens abusives
En français, il existe deux noms mémoire. Le premier et le plus courant est féminin. Il peut désigner la faculté de l’esprit de conserver et de rappeler des idées, des situations, des personnes, etc. On dira ainsi que telle personne a une bonne mémoire, une mémoire peu sure, une mémoire infidèle, etc. Il peut aussi désigner le souvenir conservé par cette faculté : un exploit digne de mémoire, voilà un fait qui restera dans les mémoires. Mais mémoire est aussi un nom masculin. Si on ne le confond guère avec le premier quand ce mot désigne un texte exposant quelque requête ou donnant des instructions, l’état des sommes dues à un artisan ou encore une dissertation sur un sujet scientifique ou littéraire (l’architecte a présenté son mémoire ; un mémoire de maîtrise), il arrive trop souvent que, au pluriel et généralement avec une majuscule, le nom mémoires, qui désigne les écrits d’une personne ayant été témoin ou acteur de la vie publique de son temps, soit considéré comme un nom féminin.
on dit
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on ne dit pas
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Les « Mémoires d’outre-tombe » sont merveilleusement écrits
Les Mémoires du cardinal de Retz sont pleins d’ironie
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Les « Mémoires d’outre-tombe » sont merveilleusement écrites
Les Mémoires du cardinal de Retz sont pleines d’ironie
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Le 5 janvier 2017
Extensions de sens abusives
Basique au sens de Fondamental
L’adjectif basique appartient au vocabulaire de la chimie et qualifie une substance qui a les propriétés d’une base ; en minéralogie, il sert à caractériser une roche contenant au moins cinquante-cinq pour cent de silice. Il s’agit là de sens techniques et il convient de ne pas y ajouter celui de fondamental, quand bien même dans certains cas base et fondement seraient synonymes. On ajoutera que c’est aussi une faute de donner à basique le sens d’élémentaire, de primitif, et plus encore d’appliquer cet adjectif à une personne qui manquerait de finesse.
on dit
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on ne dit pas
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C’est un principe fondamental du droit
Il a acquis le vocabulaire de base
Il manque de nuances, de subtilité dans ses raisonnements
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C’est un principe basique du droit
Il a acquis le vocabulaire basique
Il est un peu basique dans ses raisonnements
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Le 5 janvier 2017
Extensions de sens abusives
Incessant au sens de Prochain, immédiat
L’adverbe incessamment a deux significations : « d’une manière incessante, sans interruption » et « sans délai, tout prochainement ». L’adjectif incessant, dont est tiré incessamment, ne signifie, lui, que « qui se poursuit sans interruption, qui se répète très fréquemment ». Il convient donc de ne pas donner à cet adjectif le sens de « proche, immédiat ».
on dit
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on ne dit pas
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Leur arrivée est imminente
Un départ, un embarquement immédiat
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Leur arrivée est incessante
Un départ, un embarquement incessant
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