Le 7 mai 2015
Extensions de sens abusives
Éclairer et éclaircir remontent l’un et l’autre au latin clarus, « clair ». Mais cette étymologie commune et cette proximité de forme n’empêchent pas ces deux verbes d’avoir des sens assez différents, malheureusement trop souvent confondus. Au sens propre éclaircir signifie en effet « rendre clair », mais aussi « rendre moins serré », alors qu’éclairer signifie « répandre de la clarté, illuminer ».
Au figuré, en revanche, ces deux verbes signifient « rendre intelligible ou plus intelligible ce qui était obscur » : on dira éclaircir ou éclairer un point du débat.
on dit
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on ne dit pas
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Le soleil éclaire la chambre
Avec le temps ses cheveux s’éclaircissent
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Le soleil éclaircit la chambre
Avec le temps ses cheveux s’éclairent
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Le 7 mai 2015
Extensions de sens abusives
Les sciences tendent aujourd’hui à se spécialiser en secteurs de plus en plus étroits. La médecine n’échappe pas à ce phénomène, et pour s’en rendre compte il n’est que de voir le nombre de spécialités qui ont été ajoutées dans la neuvième édition du Dictionnaire de l’Académie française : on y trouve, entre de nombreuses autres, la carcinologie, la cardiologie, l’endocrinologie, l’épidémiologie, l’hépatologie, la néphrologie, la phlébologie, la podologie, la proctologie ou la radiologie. La dermatologie est plus ancienne et compte elle aussi des subdivisions, mais on se gardera bien d’inclure dans celles-ci l’herpétologie. Ce nom ne désigne en effet pas une branche de la médecine consacrée à l’étude et aux soins de l’herpès, mais une branche de la zoologie consacrée aux reptiles.
Le 2 avril 2015
Extensions de sens abusives
Adhésion et adhérence ont la même origine : ils remontent tous deux au latin adhaerere, « être attaché à », verbe de la même famille que le substantif hedera, dont est issu le français lierre, cette plante grimpante munie de petits crampons qui lui permettent de se fixer solidement sur les troncs, les murs, etc. Les sens de ces deux substantifs sont néanmoins distincts : adhésion concerne les personnes et désigne le fait d’adhérer à un groupe, à une organisation ou, par extension, d’approuver telle ou telle idée, alors qu’adhérence concerne les choses et désigne la liaison étroite entre deux corps solides.
on dit
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on ne dit pas
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Emporter l’adhésion
Donner son adhésion à un projet
Ce pneu n’a qu’une faible adhérence au sol
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Emporter l’adhérence
Donner son adhérence à un projet
Ce pneu n’a qu’une faible adhésion au sol
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Le 2 avril 2015
Extensions de sens abusives
Ces deux paronymes, qui ne diffèrent que d’un phonème, sont souvent confondus à l’oral, alors que leurs sens diffèrent grandement : une conjecture est une opinion, un jugement, une supposition que l’on fonde sur des réalités ou des apparences, alors que la conjoncture désigne l’état, la situation résultant de circonstances diverses. On évitera donc la faute que l’on entend de plus en plus souvent, qui consiste à employer ces deux termes l’un pour l’autre.
on dit
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on ne dit pas
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Se perdre en conjectures
Bénéficier d’une conjoncture économique favorable
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Se perdre en conjonctures
Bénéficier d’une conjecture économique favorable
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Le 5 mars 2015
Extensions de sens abusives
L’emphase est produite par une volonté d’exagération, mais aussi par un manque de confiance dans les mots. Il semble ainsi que difficile ne soit plus guère employé, comme si ce qui n’était que difficile paraissait trop simple pour être digne d’attention, et cet adjectif se voit bien souvent remplacé, à tort, par compliqué, voire par complexe. Il conviendrait pourtant de redonner aux mots leur véritable sens plutôt que de les affaiblir en les employant à tort et à travers, et de réserver l’hyperbole à quelque tournure plaisante.
on dit
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on ne dit pas
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Les retours de vacances s’annoncent difficiles
Il va être difficile de skier si la neige n’est pas au rendez-vous
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Les retours de vacances s’annoncent complexes
Il va être compliqué de skier si la neige n’est pas au rendez-vous
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Le 5 mars 2015
Extensions de sens abusives
Le verbe positionner s’emploie dans des domaines précis, en particulier technique (positionner une balise) et militaire (positionner des troupes). On ne doit pas l’étendre à la langue courante pour donner à ses paroles un vernis d’érudition ou parce que l’on croit, ce faisant, être plus précis. On évitera particulièrement de l’employer en lieu et place des verbes situer ou placer. On se gardera également d’user de la forme pronominale, se positionner, que l’on rencontre de plus en plus au sens de « prendre position sur tel ou tel sujet ». Ces remarques valent tout aussi bien pour le substantif dérivé positionnement.
on dit
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on ne dit pas
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La maison est située en bordure de forêt
Je ne sais quel parti prendre, comment me situer dans cette affaire
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La maison est positionnée en bordure de forêt
Je ne sais comment me positionner dans cette affaire
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Le 5 février 2015
Extensions de sens abusives
Le nom accidentologie est formé à l’aide d’accident et du très productif suffixe -logie, tiré du grec logos, désignant une étude, une science. L’accidentologie est l’étude, dans ses différents aspects, des accidents de la circulation. On ne doit donc pas donner à ce nom le sens restreint de « statistiques concernant les accidents ». On évitera également la tendance actuelle qui consiste à en faire un synonyme pompeux d’« accident ».
on dit
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on ne dit pas
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Il y a de nombreux accidents sur cette route
Les statistiques de cette région en matière d’accidents sont mauvaises
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Il y a une forte accidentologie sur cette route
L’accidentologie de cette région est mauvaise
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Le 5 février 2015
Extensions de sens abusives
Classifier est attesté en français depuis le xvie siècle et signifie « classer méthodiquement ». Il s’emploie naturellement dans la taxinomie animale et végétale. On ne doit pas en faire un synonyme, qui semblerait plus savant, de classer et il est préférable de le réserver au domaine des sciences. Si donc on classifie des animaux et des végétaux, on se rappellera que, s’agissant de livres, de documents, etc., on emploiera des formes comme classer ou ranger.
on dit
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on ne dit pas
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Classer des fiches, des factures
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Classifier des fiches, des factures
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Le 8 janvier 2015
Extensions de sens abusives
Le nom contact désigne la relation, la liaison qui s’établit entre deux personnes. On entre en contact avec quelqu’un, on prend contact avec lui. Par métonymie contact peut désigner la personne avec qui il convient d’entrer en relation : voici l’adresse de votre contact à Istanbul. Mais on se gardera bien de faire de contact un synonyme d’entretien ou de discussion. L’usage de son dérivé contacter, « entrer en liaison avec une personne ou une organisation », est plus restreint et ce terme doit être réservé au langage du commerce international, du renseignement ou de la clandestinité.
On dit
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On ne dit pas
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Les deux ministres ont eu de longs entretiens téléphoniques
Prenez contact, mettez-vous en rapport avec votre médecin dès que possible
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Les deux ministres ont eu de longs contacts téléphoniques
Contactez votre médecin dès que possible
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Le 8 janvier 2015
Extensions de sens abusives
La locution adverbiale tout à fait signifie « entièrement ». On peut donc l’employer dans des expressions comme : L’ouvrage est tout à fait terminé ou Elle est tout à fait guérie. Mais il faut s’appliquer à ne pas en faire un synonyme un peu pompeux de Oui. On ne répondra pas Tout à fait à la question Viendrez-vous avec nous demain ? un oui, agrémenté éventuellement d’un volontiers, avec plaisir, devrait suffire à renseigner les questionneurs.
On dit
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On ne dit pas
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Un verre de vin ? Avec plaisir
Pouvez-vous me donner l’heure ? Oui
Le patient est-il mort ? Hélas, oui
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Un verre de vin ? Tout à fait
Pouvez-vous me donner l’heure ? Tout à fait
Le patient est-il mort ? Tout à fait
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