Dire, ne pas dire

L’aire et L’ère

Le 4 mai 2018

Extensions de sens abusives

Ces deux homonymes sont en fait trois. En effet, le nom aire n’a pas la même étymologie lorsqu’il désigne l’endroit où l’on bat le blé, puis un espace bien délimité, que lorsqu’il désigne la surface plane d’un rocher élevé où nichent les rapaces. Dans le premier cas, il est issu du latin area, de même sens, duquel la Révolution française a aussi emprunté le nom are ; dans le second, il est issu du latin ager, « champ, fonds de terre ». À ces deux homonymes, il faut ajouter le nom ère ; ce dernier est issu du latin aes, qui pouvait désigner le cuivre ou le bronze (rappelons que ce nom a aussi donné « airain »). Le pluriel de ce nom, aera, a désigné en latin tardif une somme de monnaie – proprement « des pièces de cuivre ou de bronze » –, puis un nombre et enfin une époque, et c’est ce sens qu’a le français ère. On se gardera donc bien de confondre ces différentes formes et l’on veillera à les orthographier correctement.

 

On écrit

On n’écrit pas

L’aigle a établi son aire sur un piton rocheux

Des fossiles de l’ère tertiaire

On battait jadis le blé sur une aire

L’aigle a établi son ère sur un piton rocheux

Des fossiles de l’aire tertiaire

On battait jadis le blé sur une ère