Dire, ne pas dire

Recherche

« Les jurés » pour « Les membres du jury »

Le 8 juin 2023

Extensions de sens abusives

Le nom jury est un grand voyageur. Nous l’avons emprunté de l’anglais ; lui-même le tenait de l’ancien français juree, qui désignait un serment et une enquête juridique. Comme les personnes interrogées devaient prêter serment, le mot anglais désigne, par métonymie, la réunion des citoyens ayant à statuer sur le sort d’un prévenu. En France, c’est aussi le nom que l’on donne à ceux qui sont tirés au sort pour se prononcer sur une affaire jugée aux assises. Les membres de ce jury sont appelés « les jurés ». Mais ce dernier nom ne doit pas sortir des tribunaux. Si l’on peut en effet dire Les jurés l’ont condamné à vingt ans de prison, on doit dire Les membres du jury lui ont décerné ce prix prestigieux, les membres du jury d’agrégation l’ont classé deuxième et non Les jurés lui ont décerné ce prix prestigieux, les jurés d’agrégation l’ont classé deuxième.

L’homme est la mesure de toutes choses

Le 8 juin 2023

Expressions, Bonheurs & surprises

Pantôn khrêmatôn metron estin anthrôpos, « L’homme est la mesure de toutes choses ». Cet adage, attribué à Protagoras, est un des fondements du relativisme mais il fut aussi pendant très longtemps la traduction d’une réalité concrète puisque le monde était mesuré à l’aune (mot tiré du francique alina, désignant l’avant-bras) du corps humain. Ce temps n’est plus. La Révolution lui porta déjà un rude coup en adoptant comme unité de mesure le mètre, même si l’on pouvait encore se faire une certaine représentation de ce dernier. Jadis, en effet, tous les élèves apprenaient que le mètre étalon de platine iridié et exposé au pavillon de Breteuil, à Sèvres, valait la dix millionième partie du quart du méridien terrestre, ce qui est plus parlant que de savoir qu’il vaut 1/299 792 458 de la distance parcourue par la lumière dans le vide en une seconde, et que, depuis 1967, cette seconde est définie comme la durée de 9 192 631 770 périodes de radiation de l’atome de césium 133. Mais durant des milliers d’années, voire des dizaines de milliers d’années, c’est réellement avec son corps que l’homme comptait : « Bientôt Naoh sut qu’il y avait au moins trois fois autant de guerriers que de doigts à ses deux mains », écrit ainsi Rosny aîné dans La Guerre du feu. C’est aussi son corps qui lui fournissait l’essentiel des unités de mesure. L’une des principales était le pied. Ou plutôt les pieds. Qu’on en juge : le pied attique valait 29,6 cm et le pied olympique 32. Différence encore entre le pied anglais, de 30,4 cm, et le pied du roi, en France, qui en valait 32,4 (on dirait aujourd’hui que Sa Majesté chaussait un bon 49). Chez les Grecs, le pied était divisé en 16 doigts, tandis que, dans la France de l’Ancien Régime, on le divisait non plus en doigts, mais en douze pouces, qui valaient chacun 2,7 cm, tandis que le pouce ou, mieux, l’inch, de nos amis anglais, en valait 2,54.

Entre le pied et le doigt, la métrologie grecque avait de nombreux intermédiaires. Le condyle valait deux doigts. La palme, correspondant à la largeur de la paume de la main, valait quatre doigts. Le dikhas, proprement « la moitié », valait un demi-pied. L’empan valait douze doigts. Le nom pugmê, dont a été tiré pugmaios, « pygmée » et, proprement, « haut comme un poing », désignait à la fois le poing et 1a distance comprise entre le coude et la naissance des doigts (soit dix-huit doigts). La coudée allait du poignet au coude et valait un pied et demi. C’est avec cette unité universelle que Dieu donna ses instructions à Noé : « L’arche aura trois cents coudées de longueur, cinquante coudées de largeur et trente coudées de hauteur. » Aujourd’hui, ce nom ne s’emploie plus que de manière emphatique pour parler de la supériorité d’une personne sur une autre : « Il l’emporte de cent (voire de mille) coudées sur ses concurrents. » Autres mesures universelles, le pas (bêma), qui valait deux pieds et demi, et l’orgye, qui tire son nom du verbe oregein, « étendre », parce qu’elle représente la distance allant du bout des doigts d’une main à l’autre quand les bras sont tendus. On l’appelle d’ailleurs aussi brasse, un nom tiré du latin bracchia, « les bras ». Au-delà, il y avait le plèthre, qui valait cent pieds, et le stade, qui en valait six cents. C’est à cette unité de mesure, qui était aussi la plus courte des distances courues à Olympie, que nous devons, par extension, le nom stade au sens d’« enceinte sportive ». Ces unités, se fondant sur le corps humain, n’étaient pas un obstacle aux plus savants travaux. Il n’est pour s’en convaincre que de se souvenir qu’Ératosthène calcula le périmètre de la Terre, après avoir déterminé, grâce à la trigonométrie, que la distance entre Alexandrie et Syène était d’un cinquantième de la circonférence terrestre, en faisant appel à un bêmatistês, un arpenteur, proprement un « compteur de pas ». On ne sait pas si les pas en question étaient ceux d’un homme ou ceux d’un chameau, cet animal étant réputé pour la régularité de sa marche. Quoi qu’il en soit, Ératosthène convertit ensuite le nombre de pas en stades (le stade égyptien de l’époque valait environ 158 mètres). La distance entre les deux villes étant de 5 000 stades, la circonférence de la terre était donc de 250 000 stades, soit 39 500 kilomètres. Une erreur infime puisqu’elle est aujourd’hui estimée à 40 075 kilomètres…

Adam Q. (Royaume-Uni)

Le 8 juin 2023

Courrier des internautes

Je rencontre des difficultés pour trouver le sens d’un mot qui ne figure pas dans votre Dictionnaire. Il s’agit de bobulaire. Il est utilisé dans cette phrase tirée de L’Institution de la religion chrétienne, de Calvin, qui écrit : « leurs gros bobulaires de livres ». La version latine du même livre parle d’Immensis voluminibus, mais je ne suis pas sûr que ce syntagme ait la même signification que bobulaire.

On trouve cependant ce mot dans le Dictionnaire de la langue française de Littré, à l’article bobe. Il y est fait référence à un certain Diez, que je ne connais pas, qui pense que Calvin a tiré ce mot du latin balbus. Pouvez-vous m’aider à trouver la signification de ce mot ? Pensez-vous qu’il pourrait être ajouté à votre Dictionnaire ?

Adam Q. (Royaume-Uni)

L’Académie répond :

Monsieur,

Bobulaire, qui désigne un livre, le plus souvent verbeux et confus, est de la même famille que l’ancien français baubeter, « bégayer, bredouiller », et le français ébaubi, « stupéfait au point d’en perdre la parole ». C’est un dérivé de l’adjectif baube, « bègue », qui est issu du latin balbus, de même sens, et dont dérive le verbe balbutire, « balbutier ». Balbus est tiré d’une racine onomatopéique, qui est aussi à l’origine du grec bauzein, « aboyer », et du moyen français bobe, « moue, grimace ». Bobulaire, que l’on rencontre aussi dans le Dictionnaire de la langue française du xvie siècle d’Edmond Huguet, est beaucoup trop rare pour figurer dans un dictionnaire d’usage comme le nôtre.

Quant à Friedrich Christian Diez (1794-1876), il est considéré comme le fondateur de la philologie romane. Littré le tenait en très haute estime ; il parle avec admiration de ses travaux, sur lesquels il s’appuie fréquemment pour ses notices étymologiques, dans la préface de son Dictionnaire.

Je vous demande, tel que la loi vous y oblige …

Le 4 mai 2023

Emplois fautifs

La locution adjectivale tel que et les conjonctions de subordination comme ou ainsi que sont parfois synonymes et remplaçables l’une par l’autre. C’est le cas quand on souligne une égalité : « Il est comme/ ainsi que son père l’était au même âge ; il est tel que son père l’était au même âge ». Mais cette permutation n’est pas possible en l’absence de nom ou de pronom servant de référence à la comparaison. On dira donc : « Je vous demande de me dire, comme / ainsi que la loi vous y oblige, … » et non : « Je vous demande de me dire, tel que la loi vous y oblige … », qui s’entend et se lit pourtant de plus en plus.

« D.N.F. » pour « Abandon »

Le 4 mai 2023

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Le monde du sport doit beaucoup à la Grande-Bretagne et aux États-Unis, ce qui explique que, dans ce domaine, une grande partie du lexique est anglais. Le français leur emprunta certains termes (basket-ball, rugby, penalty, etc.), mais il en existait aussi beaucoup d’autres, appartenant souvent à des sports plus anciens, qui étaient français : course, saut, lancer, natation, escrime, aviron, cyclisme, etc. Rien ne justifie dans ce cas le remplacement de formes françaises bien en usage par des anglicismes. Cela arrive pourtant ; on commence ainsi à lire, dans des journaux français D.N.F., parfois développé en did not finish, quand « abandon » dirait la même chose. Il en va de même pour « forfait », auquel on ne substituera ni D.N.S. ni did not start, « a déclaré forfait » et, proprement, « n’a pas pris le départ ».

« Reporting » pour « Compte rendu, rapport »

Le 4 mai 2023

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Le nom français rapport désigne, depuis le xiiie siècle, l’action de porter quelque chose à la connaissance d’autrui ou encore un récit, un témoignage, la relation d’un évènement. En ce sens, c’est un synonyme de compte rendu, apparu dans notre langue deux siècles plus tard. Il n’est pas nécessaire de remplacer ces mots par l’anglais de même signification reporting, dérivé du verbe to report, « raconter, faire un rapport, un compte rendu », lui-même emprunté, au Moyen Âge, du français reporter, qui signifiait alors « rapporter, raconter ».

« Obséder » pour « Obnubiler »

Le 4 mai 2023

Extensions de sens abusives

Les verbes obnubiler et obséder sont assez proches mais ils n’ont pas exactement le même sens : le premier signifie « envahir la pensée, obscurcir le jugement, occuper toutes les facultés mentales ». On dira ainsi : Cette idée obnubilait son esprit. Il est obnubilé, il a l’esprit obnubilé par ses chimères. Tandis que le second a pour sens « occuper l’esprit continûment ; tourmenter sans répit » et l’on dira : La pensée du suicide l’obsède. Être obsédé par le désir, la tentation, la crainte de faire quelque chose. L’étymologie peut nous aider à percevoir les nuances qu’il y a de l’un à l’autre : obnubiler est emprunté du latin obnubilare, « couvrir d’un nuage », tandis qu’obséder l’est de obsedere, « assiéger ». Ce dernier est plus violent puisqu’il porte en lui une idée d’enfermement tandis que le premier évoque plutôt un écran qui prive de discernement, de lucidité.

Foudres, barriques, muids, roquilles et autres contenants

Le 4 mai 2023

Expressions, Bonheurs & surprises

Le système métrique, institué en France en 1795 par la Convention, est ordinairement présenté comme un des bienfaits de la Révolution. S’il est vrai que ce système, avec ses multiplicateurs empruntés du grec et ses diviseurs empruntés du latin, n’est pas sans avantage, on doit constater qu’il provoqua, sinon la disparition, à tout le moins l’effacement partiel de nombre de termes qui n’étaient pas dénués de poésie. Ainsi les mesures de liquide, aujourd’hui étalonnées à partir du litre, étaient jadis d’une étonnante variété. Le plus courant était sans doute le tonneau, l’hyperonyme de cette vaste famille. Il a lui-même quelques particularités : sa contenance n’était pas fixée et l’origine de son nom est sujet à débat. On s’accorde pour en faire un diminutif de tonne, tiré du latin tardif tonna ou tunna. D’aucuns rattachent ce tonna au vieil irlandais tonn, « peau » et supposent que ce premier sens a donné celui d’« outre », puis celui de « tonneau » par le sème du contenant. Mais d’autres songent, en raison du renflement de cet objet, à une racine tum-, « grossir, enfler », à l’origine de tumeur et tumescent, mais aussi du vieil islandais thumal-fingr, « pouce » et, proprement, « gros doigt ». Le plus gros de ces tonneaux est le foudre, qui emprunte son nom de l’allemand Fuder, qui désignait à la fois une voiture de charge et une mesure de liquide. Il contient de 5 000 à 30 000 litres, soit 200 barriques ; la barrique valant, selon les régions, de 136 à 400 litres. À côté de la barrique, on trouve le baril (ces deux noms sont parents, le premier est emprunté du gallo-roman barrica, le deuxième est issu de son dérivé latin barriculus). Avant d’être l’unité de référence pour le pétrole, le baril servait en effet à mesurer le vin et les grains. Mais sa capacité variait d’un pays à l’autre. À Raguse il valait 74,2 litres, 68,1 à Corfou, tandis qu’à Paris il en valait 235 ou, ce qui nous intéresse plus, car nous quittons le système décimal, 18 boisseaux.

Si, dans notre système, l’étalon est le litre, il semble que c’est le muid qui tenait jadis ce rôle. Étudier ses diviseurs et ses multiplicateurs ressortit à la lexicologie et à l’arithmétique. La pipe, qui tire son nom du latin pipa, « tuyau ; tonneau », avait la contenance d’un muid et demi. Dans les diviseurs de ce dernier venait d’abord le poinçon, dont on apprend dans les éditions anciennes de notre Dictionnaire qu’il s’agissait d’une « Sorte de tonneau servant à mettre du vin ou autres liqueurs, qui tient à peu près les deux tiers d’un muid ». Après le poinçon venait la feuillette, qui valait la moitié d’un muid. Le quartaut, comme son nom l’indique, équivalait à un quart de muid (soit la moitié d’une feuillette). On passait ensuite à des tonneaux de petite taille avec le setier, qui contenait un neuvième du quartaut.

Ce setier était à son tour divisé en demi-setier, qui valait deux poissons. En effet, quand ce nom ne désigne pas un vertébré aquatique, c’est, apprend-on dans la cinquième édition de notre Dictionnaire, une « sorte de petite mesure, contenant la moitié d’un demi-setier ». Nous arrivons maintenant au bout de la chaîne : chacun de ces poissons était l’équivalent de quatre roquilles, que la première édition du Dictionnaire de l’Académie française nous présente comme « la plus petite des mesures de vin ».

Aujourd’hui, nombre de ces termes sont évanescents. Le boisseau, lui, est encore en usage, mais, c’est plus à l’Évangile de saint Mathieu qu’il le doit (chapitre V, versets 14 et 15) – « On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau » – qu’à son utilisation comme mesure de capacité.

Il n’y a pas de sot métier

Le 4 mai 2023

Expressions, Bonheurs & surprises

Il n’y a pas de sot métier, dit le proverbe, avant d’ajouter : Il n’y a que de sottes gens. Tout cela est de bon sens, mais on constate aussi que nombre de métiers, surtout quand ceux qui les exerçaient étaient craints, ont été désignés par une grande variété de termes argotiques, comme si l’on avait voulu atténuer la peur que pouvaient inspirer ces personnes en les rendant plus familières. Parmi celles-ci figure le médecin, respectueusement appelé docteur, mais aussi, plus familièrement, diafoirus, le nom d’un des médecins dans Le Malade imaginaire, un nom auquel la terminaison en -us, empruntée du latin, semble offrir une garantie de sérieux, et qui est la combinaison du grec diaphoros, « remarquable », et du verbe argotique foirer, signifiant « avoir la colique » et « échouer lamentablement ». Pour désigner les médecins, on redonne aussi vie à des termes d’ancien français, parfois restés dans des langues régionales, comme mire qui se lit encore chez Verlaine, et on se souvient que Le Médecin malgré lui est inspiré d’un conte médiéval, Le Vilain mire. Il y a aussi mège, revivifié par Daudet. À l’italien, nous avons emprunté médicastre et, si la forme maladier se rencontre surtout comme un verbe signifiant « être malade », elle peut désigner, elle aussi, un mauvais médecin.

Le prêtre fut aussi l’objet de quolibets : corbeau, pour le noir de sa soutane, cet habit ayant aussi donné ensoutané ; calotin, qui vient de la calotte qu’il portait et qui s’est bien vite étendu à tous les hommes d’Église, puis aux séides du clergé. On a parlé aussi de ratichon, qui tire son nom de rat, et se trouve ainsi être un parent du rat de sacristie et du rat de bibliothèque.

On a longtemps opposé le prêtre à l’instituteur, et les élèves se sont toujours plu à trouver quelques surnoms à leurs enseignants. Le plus en usage désigne les surveillants, communément appelés pions, mot issu du latin pedo, « fantassin », puis « personne de peu d’importance », et attesté pour la première fois dans la correspondance du jeune Baudelaire. On nommait aussi le pédagogue gâcheux, proprement « celui qui gâche, qui travaille grossièrement », mot dont Littré nous dit qu’il désigne un maître subalterne dans une pension ou un instituteur de très bas étage. La Fontaine a, lui, popularisé barbacole, dans La Querelle des chiens et des chats et celle des chats et des souris – « Humains, il vous faudroit encore à soixante ans / Renvoyer chez les barbacoles » –, une forme tirée de Barbacola, le nom du maître d’école dans l’opéra de Lulli intitulé Le Carnaval (dont le livret était de Molière, Benserade et Quinault) ; Barbacola est tiré du latin barbam colere, « porter la barbe ». Autre terme venant d’un nom propre, pet-de-loup, emprunté de Petdeloup, un personnage de La Vie publique et privée de mossieu Réac, de Nadar. Les châtiments corporels que les enseignants infligeaient à leurs élèves expliquent leur autre surnom de fouette-cul. Pour ne pas trouver le terme trop fort, il n’est que de se souvenir que longtemps la pédagogie s’inspira de pratiques de l’Antiquité. De celles-ci témoigne saint Augustin dans Les Confessions : « Si j’étais paresseux quand je devais apprendre, on me battait, et nos aînés louaient cette façon de faire. » On rappellera aussi qu’à Sparte le paidonomos, le préposé à l’éducation des enfants, était assisté d’un mastigophoros, « un porte-fouet », et que la férule, dont les Latins rattachaient le nom au verbe ferire, « frapper », était fort en usage autrefois dans les écoles. Ne définissait-on pas cet objet, dans la première édition de notre Dictionnaire, comme une « petite palette de bois, avec laquelle on frappe sur la main des escoliers, lors qu’ils ont fait quelque legere faute » ? Avec le temps, ces pratiques s’estompèrent puisque, depuis 1835, le texte a connu un changement d’importance, en passant du présent à l’imparfait : « dont on se servait autrefois… lorsqu’ils avaient fait quelque faute ». Rappelons pour conclure que cet instrument fut si longtemps emblématique de l’état d’enseignant que Perrault écrivit, dans la préface du Parallèle des Anciens et des Modernes : « Ils devraient, ces auteurs, demeurer dans le grec, Et se contenter du respect De la gent qui porte férule. »

Bernard L. (Marseille)

Le 4 mai 2023

Courrier des internautes

J’ai invité un de mes amis bretons de passage chez moi à manger des arapèdes. Il m’a dit qu’il s’agissait de patelles. Je pense qu’il se trompe, mais il n’en démord pas. Pouvez-vous nous départager ?

Bernard L. (Marseille)

L’Académie répond :

Vous avez raison et votre ami n’a pas tort. Ce mollusque, dont le nom scientifique est patella vulgata, est appelé arapède sur les côtes de la Méditerranée et patelle sur les côtes de l’Atlantique et de la Manche, mais il a encore bien d’autres noms. On le nomme aussi bernique ou brinique, tiré du breton bernic, « coquillage ». En Normandie, ce nom est parfois altéré en bêlin. La petite patelle y est appelée cat, « chat », et la grosse jva, « cheval ». Enfin, on l’appelle aussi, pour l’aspect de sa chair, œil-de-brebis ou, en raison de la forme de sa coquille, chapeau chinois. On rencontre une légère variante chez Colette qui, dans La Maison de Claudine, parle de « deux patelles, pareilles à des chapeaux tonkinois ».

Pages