Dire, ne pas dire

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J’ai mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire

Le 5 décembre 2013

Bloc-notes

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Je tiens d’abord à préciser que j’enseigne aux États-Unis depuis quarante-sept ans et que donc je ne suis pas, et de loin, un ennemi de la langue anglaise. Dont je respecte et admire les littérateurs, poètes, écrivains, savants et philosophes.

Mais il s’agit ici des langues en général.

Il existe six mille langues parlées dans le monde, dont plus de la moitié ne jouissent pas encore de l’écriture. Chiffre impressionnant, une langue meurt tous les quinze jours. Les experts pensent qu’en 2100, il n’en restera plus que six cents.

Cette question rejoint celle de la biodiversité. Les espèces vivantes meurent, nos langues suivent cette même destruction.

D’autre part, le monde a toujours ressenti le besoin d’une langue de communication. Dans l’Antiquité, le grec a servi de koinè, c’est-à-dire de langue commune aux marins, aux commerçants et aux savants. Synagogue est un mot grec et non hébreu ; pyramide est un mot grec et non égyptien.

Plus tard, le latin devient, et cela pour des millénaires, la langue universelle du droit, de la science et de la médecine – les travaux mathématiques de Riemann sont encore en latin, et même la thèse de Bergson. Cela dura jusqu’à Vatican II, où l’Église catholique fit retour aux langues vernaculaires ; de sorte qu’au Vatican, aujourd’hui, tout le monde parle anglais.

À l’âge classique, le français joua ce rôle, aujourd’hui l’anglais l’a remplacé. Qui sait si, demain, en raison de la densité ou du poids démographiques, le mandarin ou l’urdu ne prendront pas le relais ?

Mais j’écris le relais : a-i-s ! Tout le monde critique l’enseignement, qu’il faut réformer tant il est mauvais, dit-on, sans s’apercevoir que la fonction pédagogique est aujourd’hui assurée plus par les affiches, la publicité et les médias de tous ordres que par l’école. Comment voulez-vous qu’un instituteur enseigne à ses élèves comment écrire le mot relais, alors que les gosses le voient écrit tous les matins, en passant devant la gare : a-y ?

Et puisque nous sommes à la gare, disons un mot de la décision de la S.N.C.F. de mettre des cours d’anglais à la disposition de ses clients de première classe. Voilà une excellente idée ! Qui deviendra meilleure encore quand sera prise la décision complémentaire de mettre des cours de français à la disposition des voyageurs de seconde classe. Tant il reste vrai que la classe riche ou dominante se distingue des autres, par l’habit, la nourriture et les mœurs, mais aussi et surtout par la langue. Elle parlait latin quand le peuple parlait français : Molière se moque de ce tic chez les juristes et les médecins. Elle parla français quand le peuple rural parlait breton, gallo, alsacien, picard, basque, franco-provençal, catalan ou gascon. À la veille de la guerre que nous n’appellerons plus « guerre de 14 », 51 % des fantassins ne parlaient pas français, mais une langue régionale, de sorte qu’il fallut composer les régiments selon les provinces pour que les combattants se comprennent entre eux.

Rien n’a changé aujourd’hui. Les publicitaires, les financiers, tous leaders ou managers, ne veulent pas parler la langue du peuple. Ils parlent anglais, comme jadis ils parlaient latin ou grec.

Pendant que le français devient la langue des pauvres – la langue du peuple – la langue de la seconde classe.

Bonne idée donc de mettre des cours de français en seconde classe.

Alors, le peuple rira au comique de Molière, pleurera d’émotion aux poèmes de Verlaine, se passionnera aux récits de Maupassant, goûtera les chansons de Brel, le Belge, ou de Brassens le Sétois, bref, nagera dans la culture, pendant qu’en première classe, les riches apprendront le marketing, le merchandising, le leadership, bref, toutes les techniques à faire du fric, en trompant et tondant le plus souvent les voyageurs de la seconde classe.

Mais, comme les Bretons, ceux-ci peuvent aussi mettre le bonnet rouge. Victor Hugo l’avait même déjà dit : « J’ai mis, disait-il, un bonnet rouge au vieux dictionnaire. »

D’où mon idée, aussi simple que douce.

J’en appelle aux voyageurs de la seconde classe : qu’ils n’achètent jamais un produit désigné en anglais ; qu’ils n’obéissent jamais à toute publicité rédigée en anglais ; qu’ils n’entrent jamais dans « un shop », mais toujours dans une boutique ; qu’ils n’aillent jamais voir un film dont le titre n’est pas traduit…

…qu’ils fassent la grève douce de la langue.

Croyez-le bien : dès que baissera d’un point le chiffre d’affaires  de ces parleurs d’un sabir qu’eux-mêmes ne maîtrisent pas, ils reviendront vite à notre langue qu’ils assassinent et mettent en danger.

 

Michel Serres
de l’Académie française

Développer au lieu de mettre au point

Le 5 décembre 2013

Emplois fautifs

Le verbe développer signifie d’abord « débarrasser de ce qui enveloppe », puis « faire croître, donner de la force, de l’ampleur à quelque chose ». Il convient de ne pas lui donner, faute qui malheureusement tend à se répandre, le sens de « mettre au point ». En effet cette locution verbale s’emploie pour évoquer les réglages et les retouches qui permettront le bon fonctionnement d’un moteur, d’une machine et, plus généralement, d’un dispositif complexe. On dira ainsi qu’on développe une idée, c’est-à-dire qu’on lui donne de l’ampleur, alors qu’on met au point un plan, c’est-à-dire qu’on en règle les derniers détails. Si certains noms peuvent être compléments de ces deux formes, une argumentation par exemple peut être développée ou mise au point, on veillera à ne pas confondre ces dernières. On évitera également d’employer l’anglicisme Développer un cancer.

 

On dit

On ne dit pas

Développer l’industrie aéronautique

Mettre au point un système de freinage

Mettre au point l’industrie aéronautique

Développer un système de freinage

 

D’ailleurs, par ailleurs

Le 5 décembre 2013

Emplois fautifs

Ces deux expressions ne doivent pas être confondues. D’ailleurs, au sens propre, signifie « d’un autre endroit, d’autres endroits » : Il en est venu de toute la région, et même d’ailleurs. Au figuré, cette locution a le sens de « du reste, au reste » et s’emploie alors le plus souvent avec une valeur concessive. Par ailleurs signifie d’abord « par un autre chemin » : Je suis allé à sa rencontre et ne l’ai pas vu ; il a dû passer par ailleurs. Il s’emploie au figuré avec le sens de « d’un autre côté, par un autre moyen ». On s’efforcera de garder à chacune de ces expressions ses nuances et de ne pas employer l’une pour l’autre.

 

On dit

On ne dit pas

Il voit peu son frère, qui d’ailleurs ne s’en plaint pas

Il était latiniste et par ailleurs féru de chimie

Il voit peu son frère, qui par ailleurs ne s’en plaint pas

Il était latiniste et d’ailleurs féru de chimie

 

Visuel au sens d’image

Le 5 décembre 2013

Extensions de sens abusives

Visuel est un adjectif vieux de presque cinq cents ans, mais ce n’est qu’à la fin du xixe siècle qu’on en fit un nom. Il fut employé par les psychologues Alfred Binet et Victor Henri pour désigner un individu chez qui le sens de la vue prédomine. Au début du xxe siècle, il est utilisé en sport pour désigner, au tir, le centre de la cible et, depuis les années 1970, ce même nom désigne, en informatique, le dispositif d’affichage sur un écran et, enfin, l’écran lui-même. Ces extensions, conformes au procédé d’enrichissement de notre langue sont parfaitement légitimes. Si visuel est entré et est accepté dans le monde de la communication pour désigner tout ce qui ressortit à la confection d’un support visuel, comme le choix des illustrations, de la couleur et de la police des textes, etc., on se gardera d’en abuser dans la langue courante, en particulier quand des termes précisant la nature du support visuel comme tableau, image, affiche, schéma, etc., seraient plus pertinents.

Ardelions et fâcheux

Le 5 décembre 2013

Expressions, Bonheurs & surprises

Le nom ardélion, que l’on se gardera bien de confondre, puisque l’on vient de parler de broches et de piques, avec ardillon, pointe mobile d’une ceinture, est un terme vieilli qui désigne un homme encombrant par son empressement indiscret et maladroit. Il nous vient du latin ardelio et se rencontre sous la plume de Phèdre et de Martial. Leurs vers illustrent à merveille ce qu’est ce fâcheux personnage.

On lit ainsi dans Phèdre, (Fables, II, 5) :

« Est ardalionum quaedam Romae natio, / Trepide concursans, occupata in otio, / Gratis anhelans, multa agendo nihil agens, / Sibi molesta et aliis odiosissima. »

(« Il existe à Rome une race d’ardélions, courant agités de tous côtés, affairés sans affaires, s’essoufflant sans raison, n’avançant à rien en s’occupant de beaucoup de choses, à charge à eux-mêmes et insupportables à autrui. »)

Cette description est assez proche de celle que fera, presque vingt siècles plus tard, Théophile Gautier, qui écrit dans Les Jeunes-France, romans goguenards :

« Ô lecteurs du siècle ! ardélions inoccupés qui vivez en courant et prenez à peine le temps de mourir… »

Martial dans ses Épigrammes (II, 7) dresse le portrait railleur d’un plaisant ardélion :

Declamas belle, causas agis, Attice, belle

Historias bellas, carmina bella facis

Componis belle mimos, epigrammata belle

Bellus grammaticus, bellus es astrologus

Et belle cantas et saltas, Attice, belle

Bellus es arte lyrae, bellus es arte pilae

Nil bene cum facias, facias tamen omnia belle

Vis dicam quid sis, magnus es ardelio

(« Tu déclames élégamment, Atticus, tu plaides élégamment, tu écris des histoires élégantes, des chants élégants, tu composes élégamment des mimes, élégamment des épigrammes, tu es un grammairien élégant, tu es un astrologue élégant. Tu chantes élégamment, et tu danses, Atticus, élégamment. Tu es élégant quand tu joues de la lyre, tu es élégant quand tu joues à la balle. Même quand tu ne fais rien de bien, tu le fais quand même élégamment. Tu veux que je te dise ce que tu es, tu es un grand ardélion. »)

Malgré ces illustres parrains, le nom ardélion n’a pas connu une grande fortune et Littré le qualifiait déjà d’inusité. Ce mot savant n’est apparu en français qu’au xvie siècle et avant qu’il n’ait pu largement se répandre dans notre langue, Jean de La Fontaine lui a porté un coup presque fatal. Le fabuliste, lui non plus, n’aimait pas les fâcheux, ces quelques vers le montrent bien :

« Ainsi certaines gens, faisant les empressés, / S’introduisent dans les affaires :

Ils font partout les nécessaires, / Et, partout importuns devraient être chassés. »

Mais ils sont tirés de la fable Le Coche et La Mouche, d’où nous vient la fameuse « mouche du coche ». Il est probable que, face à l’immense succès de l’expression, le mot ardélion s’est peu à peu effacé. Un clou chasse l’autre, nous dit le proverbe ; une expression parfois chasse un mot. Si la mouche n’est pour rien dans le fait que le coche soit arrivé « au haut », la « mouche du coche » est pour beaucoup dans la disparition de l’ardélion.

 

Lardons, brocards et autres piques

Le 5 décembre 2013

Expressions, Bonheurs & surprises

Le mot lardon désigne populairement et figurément un enfant, mais il a un autre sens figuré, quelque peu tombé en désuétude aujourd’hui : celui de « plaisanterie mordante, raillerie ». L’image est savoureuse : on piquait son discours de bons mots comme on pique une viande de lardons. On trouve encore cette forme chez Saint-Simon qui écrit au sujet du secrétaire du roi : Il hasardait devant le roi quelques lardons ou dans la correspondance de Voltaire : Madame de Pompadour et le bon homme Tournemine appelaient Crébillon, Sophocle ; et moi on m’accablait de lardons ; oh, le bon temps que c’était ! Nous avons conservé une forme plus vivante avec le verbe larder dans des tournures comme larder quelqu’un d’épigrammes. Le Moyen Âge utilisait le verbe lardonner, « railler ». On lit dans un texte médiéval : « Il disoit mille maux et injures au presidant, et le lardonnoit de mille brocards et farceries insupportables. » Il n’est pas étonnant de trouver ici le terme brocards qui reprend cette même image de la pointe blessante, qu’elle soit de fer ou de paroles, puisque ce mot est dérivé de broque, variante normande de « broche ». On retrouve d’ailleurs ces deux idées chez Rostand quand Cyrano, grand bretteur de mots et d’épée, se bat contre le vicomte : Où vais-je vous larder, dindon ? Et un peu plus loin : Tiens bien ta broche, Laridon.

La langue de la plaisanterie, souvent méchante, emprunte à la cuisine, nous venons de le voir, ses ustensiles acérés. Elle puise également dans ses ingrédients à saveur épicée, cette fois pour évoquer les bons mots, les saillies et les réparties brillantes, qui ne manquent « ni de sel, ni de piment ». Le sel, en particulier quand il est qualifié d’« attique », épice plats et conversations, un mélange qu’évoque ainsi Trissotin dans Les Femmes savantes (acte III, scène i) :

« Pour cette grande faim qu’à mes yeux on expose

Un plat seul de huit vers me semble peu de chose

Et je pense que je ne ferai pas mal

De joindre à l’épigramme ou bien au madrigal

Le ragoût d’un sonnet, qui chez une princesse

A passé pour avoir quelque délicatesse

Il est de sel attique assaisonné partout

Et vous le trouverez, je crois, d’assez bon goût. »

Nous avons parlé il y a peu des philhellènes. Aussi laissera-t-on l’un des plus célèbres d’entre eux évoquer à son tour ce fameux sel attique. Voici ce que l’on peut lire dans l’Essai sur les Révolutions de Chateaubriand :

« L’étranger, charmé à Paris et à Athènes, ne rencontre que des cœurs compatissants et des bouches toujours prêtes à lui sourire. Les légers habitants de ces deux capitales du goût et des beaux-arts, semblent formés pour couler leurs jours au sein des plaisirs. C’est là qu’assis à des banquets, vous les entendrez se lancer de fines railleries, rire avec grâce de leurs maîtres ; parler à la fois de politique et d’amour, de l’existence de Dieu ou du succès d’une comédie nouvelle, et répandre profusément les bons mots et le sel attique, au bruit des chansons d’Anacréon et de Voltaire, au milieu des vins, des femmes et des fleurs. »

 

Justine D. G. (France)

Le 5 décembre 2013

Courrier des internautes

Doit-on dire « une semaine après que je sois allée » ou « une semaine après que je suis allée » ?

Justine D. G. (France, 15 novembre)

L’Académie répond

Après après que, on doit utiliser l’indicatif. Voyez L’Âme des poètes, de Charles Trénet : « Longtemps, longtemps, après que les poètes ont disparu, leurs chansons courent encore dans les rues»

Certains auteurs, sans doute par analogie avec avant que, utilisent le subjonctif après après que ; ils font alors une faute de grammaire.

Surprise du matin ou « À vos postes »

Le 7 novembre 2013

Bloc-notes

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Écouter la radio alors que l’on conduit sa voiture m’a toujours semblé être un moment de détente avant d’aborder les tâches du jour. Un rendez-vous avec des voix que je retrouve chaque matin mêlées à celles d’invités chargés de débattre d’un sujet plus ou moins connu de moi mais comblant agréablement chaque minute de mon petit voyage. Faisant de moi en cette circonstance le témoin attentif d’orateurs s’exprimant en direct et soumis à cette obligation de préciser une position, une attitude, un état d’âme en une fraction de seconde et de la plus précise façon. Exercice difficile pour celui qui n’y est pas habitué. Et cela d’autant plus qu’il s’exprime sur la chaîne de grande réputation culturelle que je rejoins chaque matin. J’avoue qu’elle comble mon attente la plupart du temps et que le vocabulaire que l’on me sert ne trouble en rien ma passive écoute. Sauf si mon oreille porte à mon cerveau une expression dont j’ignore le sens et dont je m’instruirais ou si une incongruité me choque. « Intellection », par exemple, me porta vers notre Dictionnaire de l’Académie et j’y appris qu’il fallait comprendre par là une fonction de l’intellect qui consiste à comprendre et à concevoir. Au temps pour moi. Mais j’eus aussi bien des surprises, plutôt cocasses. Ainsi récemment entendis-je une charmante personne nous confier qu’elle « maturait son projet » ; je ne doute pas que celui-ci fût fort intéressant, mais l’eût-elle mené à terme, élaboré, complété, que sais-je, aurait mieux sonné à mon oreille. De telles inventions, j’en ai retrouvé surtout dans la manipulation des verbes, on « externalise », on « fictionnalise », on dit qu’une pensée s’est « originée », qu’on a « bilanté », que l’on « candidate », que l’on « hallucine », faisant de soi-même un hallucinogène. Une approximation jetée dans le trouble de l’instant sans doute et dont on parvient tant bien que mal à imaginer le sens que son auteur a voulu lui prêter. Mais, avec un peu de contrôle de lui-même, n’aurait-il pas mieux fait de puiser dans l’énorme réserve des mots justes que recèlent les synapses de notre cerveau et qui savent exprimer avec une précision incomparable notre pensée française. Ma récolte ne s’arrête pas là. Hors dictionnaire, n’eus-je pas ce consternant privilège d’entendre évoquer un « présentisme », un « courtermisme », un « convivialisme », de me demander si « l’effectivité » permettait d’éviter « l’effet décéptif » d’une action. Mais peut-être ne suis-je pas suffisamment « intuisif », et suis-je trop intuitif devant ces éléments « cultureux ». On pourrait me croire l’inventeur de ces curiosités linguistiques. Soyez rassurés, elles furent relevées tout au long de cette dernière année et leur faible pourcentage ne trouble pas encore notre langue sur cette chaîne culturelle à laquelle je suis par ailleurs très attaché. Je voudrais que ces propos ne troublent pas votre « zénithude » que je suppose, dans l’esprit de son auteur, moins liée au zénith comme il conviendrait qu’au Zen si évocateur de sérénité. À l’année prochaine.

Yves Pouliquen
de l’Académie française

Déceptif

Le 7 novembre 2013

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Déceptif, néologisme tiré de l’anglais deceptive, est un faux ami et c’est à tort qu’on lui donne le sens de « décevant ». L’anglais deceptive signifie en effet « trompeur ». Cet adjectif est dérivé de deception, lui-même emprunté de l’ancien français deception, « tromperie ». Dans les textes médiévaux, on rencontrait certes l’adjectif deceptif et ses dérivés, fréquemment associés à des termes comme faux, traistre, pervers, cauteleux, tricheur, etc., mais ce mot est sorti de notre langue depuis plus de cinq siècles.

On se rappellera qu’aujourd’hui déception signifie « désappointement » et non « tromperie », et que le français a à sa disposition des termes comme décevant ou trompeur qui permettent d’éviter tout malentendu.

 

On dit

On ne dit pas

Un résultat décevant

Une attitude décevante

Un résultat déceptif

Une attitude déceptive

 

Digital

Le 7 novembre 2013

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

L’adjectif digital en français signifie « qui appartient aux doigts, se rapporte aux doigts ». Il vient du latin digitalis, « qui a l’épaisseur d’un doigt », lui-même dérivé de digitus, « doigt ». C’est parce que l’on comptait sur ses doigts que de ce nom latin a aussi été tiré, en anglais, digit, « chiffre », et digital, « qui utilise des nombres ». On se gardera bien de confondre ces deux adjectifs digital, qui appartiennent à des langues différentes et dont les sens ne se recouvrent pas : on se souviendra que le français a à sa disposition l’adjectif numérique.

 

On dit

On ne dit pas

Une montre à affichage numérique

Un appareil photo numérique

Une montre à affichage digital

Un appareil photo digital

 

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