Dire, ne pas dire

Recherche

Rodolphe L. (France)

Le 8 janvier 2015

Courrier des internautes

Je suis salarié d’une importante association ornithologique. L’ensemble des ornithologues français utilisent les termes « nicher » ou « nicheur » pour indiquer qu’un oiseau couve ou se reproduit. À mon avis, il faut utiliser « nidifier » à la place de « nicher ». En revanche, je ne vois pas d’équivalent au terme « nicheur » qui signifie qu’à partir de critères bien définis les ornithologues considèrent qu’un oiseau se reproduit sur un site.

Je vous remercie de votre avis sur ces deux termes.

Rodolphe L. (France, 24 novembre)

L’Académie répond :

Les dictionnaires que j’ai consultés ne présentent pas nicheur. Nidifier est un doublet savant de nicher ; l’un et l’autre viennent du latin nidificare, « faire un nid ».

On trouve dans certains dictionnaires, Faire nicher avec le sens de « Provoquer la nidification pour faire couver ».

De façon générale, l’Académie française ne crée pas de néologisme ; elle enregistre l’usage. Il peut être préférable de recourir à des périphrases pour désigner toutes ces opérations. Il est aussi possible qu’à l’usage le couple nicher/nidifier voit chacun de ces mots prendre un sens particulier. Dans la mesure où on reconnaît un peu dans nidifier la racine latine facere, « faire », il me semble que l’on pourrait garder nidifier pour « faire un nid » et nicher pour « couver ».

Le bonheur… et le malheur… des mots

Le 4 décembre 2014

Bloc-notes

edwards_portrait_223.jpg

On pourrait dire de certains mots qu’ils vieillissent mal. Nul besoin de signaler un sens péjoratif à ridicule : une personne, une action ridicules provoquent toujours un rire moqueur, où le seul plaisir que nous éprouvons est celui de notre supériorité. Pourtant, le latin ridiculus, qui signifie bien, en mauvaise part, « absurde, extravagant », signifie aussi, en bonne part et peut-être en premier lieu, « qui fait rire, plaisant, drôle ». Même double valeur en grec : geloios, « ridicule », signifie d’abord « amusant », et peut se dire d’une fable d’Ésope. Substantivés, les geloia sont des « plaisanteries ». Le verbe gelân en particulier donne à réfléchir. Son sens primitif est « briller », et ce n’est que plus tard, à cause de la joie qui illumine le visage du rieur, qu’il en vient à signifier « rire ». Dans la fraternité des langues indo-européennes, gelân se rapporte au latin gaudere, « se réjouir », au norrois gladr, adjectif signifiant à la fois « brillant » et « joyeux », et à l’anglais glad, maintenant « joyeux » et autrefois « brillant ». Selon l’obscure sagesse du langage, le rire nous rapproche de la lumière.

L’évolution de risible raconte la même histoire. Risibilis en latin signifie « capable de rire ou de faire rire ». En moyen français, risible signifie « qui porte à la gaieté, à la joie », et au xviie siècle, il garde ce sens tout en signifiant aussi « ridicule ». De nos jours, son sens originel ayant disparu, il n’est guère moins agressif que dérisoire.

Le devenir des mots n’est pas sans conséquences : nous avons perdu insensiblement une certaine idée de rire. Le phénomène se retrouve en dehors des langues romanes. Si ridiculo en espagnol ou ridicolo en italien ont le même sens réduit que ridicule, laughable en anglais, lächerlich en allemand impliquent également le mépris. Nous avons dévalué le rire gai au profit du rire moqueur. Le rire moqueur nous ramène à nous-mêmes, en nous flattant quant à la justesse de notre jugement. Il nous sépare. Il réagit aux travers et parfois aux vices des individus et de la société. Le rire nous sort de nous-mêmes. Il est sociable. Il nous fait participer au plaisir de vivre.

Le rire moqueur a certainement un rôle à jouer, puisque le mal, sous toutes ses formes, existe. D’autre part, nous sommes encore capables de rire d’allégresse, comme le prouvent

quantité d’adjectifs : amusant, comique, désopilant, divertissant, drôle, hilarant, plaisant, réjouissant. Leur abondance (avec celle des adjectifs familiers ou populaires, tels que bidonnant ou rigolo) témoigne du plaisir que nous éprouvons à multiplier les mots évoquant ce genre de rire. Pourquoi donc nous inquiéter ?

Restreindre le sens de ridicule semble dénoncer une préférence dangereuse. On tient le rire gai pour ingénu, alors que le rieur qui raille ses semblables serait averti des vrais problèmes de la société et de la condition humaine. La gaieté divertirait, la satire rendrait perspicace. Le rire même serait moins sérieux que les pleurs, et la comédie inférieure à la tragédie. Ne faudrait-il pas retrouver les vertus du rire joyeux, généreux et salutaire, et en comprendre la profondeur ? À l’ère de la dérision qui a succédé à celle du soupçon, nous pourrions méditer sur la brillance qui serait à l’origine de notre perception du rire, et sur le sens complet de ridiculus, qui donne en même temps sur le malheur et sur le bonheur.

Sir Michael Edwards
de l’Académie française

Reprise pronominale du sujet exprimé dans l’interrogation (combien d’auteurs sont-ils sélectionnés ?)

Le 4 décembre 2014

Emplois fautifs

Quand une interrogative partielle commence par un pronom interrogatif sujet ou par un déterminant interrogatif, il est de meilleure langue de ne pas reprendre ce sujet par un pronom personnel, même si cette construction se trouve sous la plume de grands auteurs. On se souviendra donc que l’on dira plutôt Combien d’auteurs sont sélectionnés ? que Combien d’auteurs sont-ils sélectionnés ? Il convient de rappeler que cette reprise est en revanche incorrecte dans l’interrogative indirecte : on ne dira donc pas Dites-nous combien d’argent Pierre veut-il mais Dites-nous combien d’argent Pierre veut. Enfin, on se gardera particulièrement d’utiliser la reprise pronominale quand le verbe de l’interrogative est un infinitif précédé d’un modalisateur comme pouvoir ou vouloir, l’ajout de ce pronom de reprise changeant parfois le sens de la phrase : il ne faut pas confondre Combien d’enfants veulent manger ? et Combien d’enfants veulent-ils manger ?

 

En stand by

Le 4 décembre 2014

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

La locution anglaise to stand by a, parmi de nombreux autres sens, celui d’« être prêt », de « rester là ». On en a tiré le monstre linguistique en stand by, le plus souvent employé comme attribut d’un complément d’objet dépendant du verbe mettre. Les compléments d’objet de la locution verbale mettre en stand by sont tantôt des personnes, tantôt des appareils électriques. Mais dans ces différentes situations, la langue française a des expressions de même sens et depuis longtemps usitées qu’il serait dommage de ne pas continuer à employer.

 

On dit

On ne dit pas

Je vous mets en attente

Je vous prie de bien vouloir patienter

J’attends, je patiente

Mettre, laisser un appareil en veilleuse

Je vous mets en stand by

 

Je suis en stand by

Mettre, laisser un appareil en stand by

 

Du coup au sens de De ce fait

Le 6 novembre 2014

Emplois fautifs

La locution adverbiale du coup a d’abord été employée au sens propre : Un poing le frappa et il tomba assommé du coup. Par la suite, on a pu l’utiliser pour introduire la conséquence d’un évènement : Un pneu a éclaté et du coup la voiture a dérapé. Mais, ainsi que le dit Le Bon Usage, il exprime « l’idée d’une cause agissant brusquement », et à sa valeur consécutive s’ajoute donc une valeur temporelle traduisant une quasi-simultanéité. Du coup est alors très proche d’aussitôt. On ne peut donc pas employer systématiquement du coup, ainsi qu’on l’entend souvent, en lieu et place de donc, de ce fait, ou par conséquent. On évitera également de faire de du coup un simple adverbe de discours sans sens particulier.

On dit

On ne dit pas

Il a échoué à l’examen. De ce fait, il a dû le repasser l’année suivante

Il a échoué à l’examen. Du coup, il a dû le repasser l’année suivante

 

Être dans l’œil du cyclone

Le 6 novembre 2014

Emplois fautifs

Être dans l’œil du cyclone est une de ces expressions dont le sens originel s’est peu à peu perdu et qui sont aujourd’hui souvent employées à contresens, comme coupe sombre ou solution de continuité, dont nous avons déjà parlé ici. Un cyclone est une perturbation atmosphérique qui s’établit autour d’une basse pression, et qui se déplace en tournoyant sur elle-même : c’est pourquoi la zone située en son centre, appelée « l’œil du cyclone », est épargnée par la tempête. Peut-être est-ce par confusion avec d’autres expressions construites de manière similaire comme être au cœur de la tempête ou être dans la tourmente que cette expression s’emploie maintenant, à tort, pour évoquer la situation d’une personne qui se trouve être la cible de toutes les attaques, de tous les dangers. Quoi qu’il en soit, gardons-nous d’imiter cette erreur et redonnons son vrai sens à l’œil du cyclone.

Tel que suivi d’un participe passé

Le 6 novembre 2014

Emplois fautifs

La locution adverbiale tel que peut être suivie d’un ou de plusieurs noms : Des animaux tels que la loutre ou le manchot sont de remarquables nageurs. Elle peut aussi être suivie d’une proposition : Ce terme, tel que le Dictionnaire de l’Académie française le définit… ; Les conditions, telles qu’elles ont été détaillées plus haut… On évitera, lorsque cette proposition est à la voix passive, de faire l’ellipse du sujet et du verbe conjugué pour ne conserver que le participe passé. Cette tendance, sans doute inspirée du langage juridique (tel que prévu à l’article tant), se rencontre trop souvent dans des documents à caractère administratif, et dans la langue courante.

On dit

On ne dit pas

Le contrat, tel qu’il a été établi…

Le texte, tel qu’il a été fixé par l’éditeur

Le contrat,  tel qu’établi…

Le texte, tel que fixé par l’éditeur…

 

Domestique pour Intérieur

Le 6 novembre 2014

Extensions de sens abusives

L’adjectif français domestique vient du latin domesticus, adjectif correspondant au nom domus, qui désigne la maison. En latin comme en français, ces adjectifs qualifient ce qui a trait à la maison, à la vie de la maison, comme dans les locutions affaires, travaux domestiques ou économie domestique. Si l’anglais domestic a également ce sens, il en a un second, qui en est l’extension, et qui correspond sans doute à une vision plus large de l’habitat : il qualifie tout ce qui concerne un pays, un territoire délimité à l’intérieur de ses frontières, le pays étant en quelque sorte l’échelon supérieur à la maison. Mais le français possède plusieurs adjectifs, national, intérieur en particulier, qui pourront être employés en lieu et place de cet anglicisme inutile. Ne nous en privons pas.

On dit

On ne dit pas

Un vol intérieur, national

Transport intérieur de marchandises

Le commerce intérieur progresse

Le produit intérieur brut

Un vol domestique

Transport domestique de marchandises

Le commerce domestique progresse

Le produit domestique brut

 

Goût, dégoûter et ragoûter

Le 6 novembre 2014

Expressions, Bonheurs & surprises

Dégoûter ne signifie pas uniquement « inspirer de la répugnance », mais aussi « priver d’appétit », sens devenu rare aujourd’hui : Si vous lui donnez tant à manger, vous le dégoûterez. Cette perte de goût, d’abord pour la nourriture, puis pour tout ce qui fait le sel de la vie, n’est pas nouvelle et on s’est depuis longtemps efforcé de la nommer et de la guérir. Être dégoûté, ou encore blasé (le verbe blaser signifie d’ailleurs lui aussi, au sens classique, « émousser le goût par un excès »), c’est éprouver ce que les Latins appelaient le taedium vitae, « le dégoût de la vie », et que Cassien, auteur chrétien du ve siècle après Jésus-Christ, appelait acedia, qu’il définit comme « un dégoût et une angoisse qui touche les anachorètes et les moines errant dans les déserts… » et qu’il classe parmi les vices menaçant ces ermites, juste après la tristesse : « principalia vitia […] quintum tristitiae, sextum acediae ». Les Pères du désert ont personnifié cette acédie en l’appelant le « démon de midi » (daemonium meridianum). Évagre le Pontique, un moine grec du IVe siècle avec J.-C. écrit à ce sujet : « Le démon de l’acédie, qu’on appelle aussi démon de midi, est le plus pesant de tous les démons. Il attaque le moine vers la quatrième heure et l’assiège jusque vers la huitième. Il commence par lui donner l’impression que le soleil est bien long dans sa course, ou même immobile, et que le jour a cinquante heures. Puis il le pousse à regarder sans cesse par la fenêtre, le jette hors de sa cellule pour examiner le soleil et voir si la huitième heure approche. […] Il lui fait prendre en haine l’endroit où il se trouve et son genre de vie […]. »

Au chant VII de la Divine Comédie, Dante nous les montre dans le cinquième cercle de l’Enfer, avec les colériques.

Mais ce dégoût est essentiellement le dégoût des estomacs, puis des sens repus et blasés cherchant dans une course effrénée ce qui pourrait épicer la vie. Cassien évoquait les mauvais moines : on en retrouvera d’autres, beaucoup plus tard, dans Justine ou les infortunes de la vertu, qui n’éprouvent plus de plaisir que par l’accumulation de crimes et de perversités. Cependant, même si le proverbe latin dans sa grande sagesse nous explique que De gustibus et coloribus, non disputandum, face à ces dégoûtés, à ces blasés, il fallait réagir ; il fallait les ragoûter.

Le Grand Vocabulaire françois nous propose quelques mets qui pourront faire l’affaire. On y lit à l’article Ragoûtant : « Donnez-nous des cornichons ou quelque chose de ragoûtant », et à l’article Ragoûter : « On lui a donné des confitures pour le ragoûter. » Nul doute qu’avec ce mélange d’aigre et de sucré le malade recouvre quelque appétit. Car le « dégoûté » est d’abord un malade, comme l’indiquent ces deux exemples de la quatrième édition de notre Dictionnaire : « Ragoûter un malade » et « Il a perdu l’appétit, il faut essayer de le ragoûter ». Mais, de même que le dégoût ne touche pas uniquement les aliments, il semble qu’il n’est point d’appétit qui ne se puisse ragoûter : « Il n’est plus sensible à ce qui avait accoutumé de le toucher le plus, il lui faut quelque chose de nouveau pour se ragoûter », est-il écrit dans cette même édition. Hélas, deux éditions plus tard, le mal s’est aggravé : « Il est tellement blasé qu’on ne trouve plus rien de nouveau pour le ragoûter. » Quand le remède fonctionne, on passe vite d’une gourmandise retrouvée à des désirs plus charnels. Si on lit dans Le Dialogue des morts de Fénelon : « Ils essaient de nouveaux remèdes pour se guérir, et de nouveaux mets pour se ragoûter », on lit chez Massillon : « Rien ne coûte quand il s’agit d’une passion : les difficultés mêmes ragoûtent, piquent, réveillent. » Notre époque est un peu pessimiste puisque ragoûter et ragoûtant ne s’emploient plus guère que d’une manière restrictive ou négative : Ce projet ne me ragoûte guère. Voilà une histoire peu ragoûtante. Alors que dans le Grand Vocabulaire françois, à qui on laissera le soin de conclure, on lisait, il y a un peu plus de deux siècles : « Il a épousé une jeune femme qui a une physionomie fort ragoûtante. »

Histoires d’eaux

Le 6 novembre 2014

Expressions, Bonheurs & surprises

L’eau est l’élément le plus répandu à la surface du globe (elle en recouvre les trois quarts), et entre pour environ 70 % dans la composition de notre corps. Pourtant ce nom ne compte, à l’oral, qu’un seul son. On a beau savoir, depuis les travaux de Ferdinand de Saussure, que le signe est arbitraire, on peut être amené à se demander si notre vocabulaire est vraiment raisonnable, qui a donné quarante et une lettres à la pourtant très peu connue, et très peu répandue, cobaltidithiocyanatotriaminotriéthylamine, que l’excellent Dictionnaire de la chimie de Duval et Duval définit comme le nom générique des complexes renfermant le cation monovalent [Co(CNS)2N(C2H4NH2 )3]+... Comment ne pas regretter que ce nom donne à anticonstitutionnellement, ce géant de nos dictionnaires usuels, des allures de garçonnet ?

Les autres éléments ne sont guère mieux lotis, deux sons pour l’air et le feu, trois pour la terre. D’autres langues sont plus généreuses, il n’est que de songer à l’allemand Wasser, à l’anglais water, au russe voda, à l’espagnol agua, au grec hudôr ou au latin, qui utilise unda, pour désigner de l’eau en mouvement, et aqua, pour désigner l’eau en tant que matière.

C’est justement de aqua que nous vient notre eau. Mais si la forme eau a fini par s’imposer, la concurrence a été sérieuse. Le latin unda, on le sait, a donné « onde » en français, et le passage d’une forme à l’autre, régulier et transparent, s’explique facilement ; celui de aqua à « eau » est le cauchemar de l’apprenti philologue. Bien d’autres formes qu’« eau » ont existé. Le Dictionnaire de l’ancienne langue française de Godefroy, qui ne prétend pas à l’exhaustivité, en donne cinquante et une, parmi lesquelles aighue, auge, eve, hayve, yeuve, ive, iauve, iawe, eave, aiuwe, iau, ial. En dehors des textes anciens, c’est le plus souvent dans des toponymes que l’on retrouve quelques-unes de ces formes. Ainsi aqua(s) a évolué en aigue(s), que l’on retrouve dans les noms des communes Chaudes-Aigues, fameuse station thermale du Cantal, Aigues-Vives, qui n’a pas cependant la renommée de son antonyme Aigues-Mortes, mais aussi Mortaigue, Fontaigue, ou Entraygues. On trouve dans l’Oise une commune appelée Ève, forme qui existe aussi en composition, dans des noms de rivières ou de villes comme Longuève ou Bellève pour les premières et Megève pour les secondes, et encore dans des patronymes comme Boileve, équivalent du plus célèbre Boileau. Qu’un nom français vienne d’un accusatif latin est chose courante, mais cette eau généreuse nous a donné des formes plus rares tirées de l’ablatif, aquis, qui a évolué en français en aix et a servi à former Aix-les-Bains ou Aix-en-Provence, et qui, en allemand, a donné Aachen, une station thermale connue dès l’époque romaine sous le nom de Aquae Grani, « les eaux de Granus », ce dernier étant le dieu celte de la santé. Cette ville, où furent couronnés de nombreux empereurs germaniques, est plus connue en français sous le nom d’Aix-la-Chapelle. Aix a connu une variante ax, que l’on retrouve dans Ax-les-Thermes, en Ariège, ou, après agglutination avec la préposition de, dans Dax. Certaines formes sont parfois trompeuses, comme Saint-Pierre-des-Ifs, dans l’Eure, où ifs ne désigne pas des arbres, mais est une altération de aquosis, « aqueux ».

Enfin, notons que d’aigue a été tiré le nom propre Aiguières, village d’Ardèche, mais aussi aiguière, qui désigne un grand vase à eau, nom commun qui serait sans doute aujourd’hui oublié s’il n’avait été immortalisé par Molière. Ce dernier en effet, dans Les Femmes savantes, fait demander par Chrysale, qui s’interroge sur les raisons du renvoi de sa servante Martine : « Est-ce qu’elle a laissé, d’un esprit négligent

Dérober quelque aiguière, ou quelque plat d’argent ? »

Pages