Dire, ne pas dire

Pourquoi y a-t-il un « s » à « vraisemblance » et deux à « ressemblance » ?

Le 3 juillet 2025

Emplois fautifs

Vraisemblance est un mot composé, constitué de deux éléments (vrai et semblance) aussi denses sémantiquement et autonomes syntaxiquement l’un que l’autre, puisque le nom semblance, s’il est très vieilli aujourd’hui, s’employait couramment autrefois au sens d’« apparence extérieure ». Ce n’est pas le cas pour ressemblance, qui comprend un préfixe, re, qui ne s’emploie jamais seul et qui n’a pas la densité sémantique d’un nom ou d’un adjectif. Vraisemblance s’est d’ailleurs écrit avec un trait d’union jusqu’à la fin du xviiiesiècle (vrai-semblance), ce qui ne pouvait être le cas de ressemblance. Le sentiment de composition est donc suffisamment fort dans vraisemblance pour que l’on n’ait pas senti le besoin de marquer la frontière entre les éléments en redoublant le s, alors qu’on l’a fait avec des dérivés comme ressemblance ou ressortir qui, pour éviter une erreur éventuelle de prononciation, ont été systématiquement écrits avec une consonne double depuis le xviiesiècle. Signalons cependant que certains composés en re- plus récents, comme resituer ou resucée, où le radical se fait fortement sentir, ne comptent, eux, qu’un seul s.