On pouvait lire il y a peu, dans un grand journal du soir : « Si la perspicacité de certains internautes a permis de débunker ce kangourou virtuel, il a lancé un véritable débat. » Nous oublierons le kangourou pour nous pencher sur cet anglicisme, débunker. C’est une transcription du verbe anglo-américain to debunk, qui signifie familièrement « tourner en ridicule », mais aussi « démystifier ». L’histoire de ce verbe n’est pas sans intérêt. C’est un dérivé de bunk, « foutaises », lui-même abréviation de bunkum, de même sens. Quant à ce dernier, il s’agit d’une altération de Buncombe, nom d’un comté de Caroline du Nord devant sa célébrité à son représentant, Felix Walker (1753-1828), qui prit longuement la parole au Congrès pour mettre en avant sa circonscription. Son discours, très long et plein d’incongruités, exaspéra tellement ses collègues que buncombe, plus tard transformé en bunkum, devint le nom de toute harangue politique sans intérêt puis, plus largement, de tout propos oiseux. Aujourd’hui l’anglicisme débunker, s’emploie avec le sens de « mettre au jour une supercherie », « dénoncer une supercherie », « tourner en ridicule », « démystifier », expressions et verbe que le français pourrait utiliser.