Dire, ne pas dire

Recherche

« Parqueu » des Princes

Le 5 mars 2015

Emplois fautifs

Au cours de son histoire, le français a forgé des voyelles d’appui pour faciliter la prononciation d’un groupe de consonnes dont la première était souvent un s : ainsi les formes écrire, éponge ou étable nous viennent du latin scribere, spongia et stabula, par l’intermédiaire de l’ancien français escrire, espoinge et estable.

Si aujourd’hui ce phénomène peut encore être justifié s’agissant de mots ou expressions où l’on trouve quatre consonnes à la suite (ainsi le nom du journal Ouest-France est souvent prononcé Ouesteu-France), on s’efforcera, quand il y a trois consonnes ou moins de les articuler sans béquille linguistique et l’on dira le Parc des princes et non le « Parqueu » des Princes, l’Arc de triomphe et non l’« Arqueu » de triomphe.

Il risque de gagner

Le 5 février 2015

Emplois fautifs

Le verbe risquer signifie « s’exposer à un danger éventuel ou à une situation désagréable ». On ne peut donc l’employer qu’avec des termes appartenant à ces mêmes champs lexicaux. On dira très bien Il risque de se blesser, de perdre, il risque un accident, ou, si ce verbe est employé de manière impersonnelle, Il risque de pleuvoir. Mais on ne dira pas Elle risque de gagner ni Nous risquons d’avoir beau temps. De la même façon, avoir des chances ne peut s’employer qu’avec des termes ayant une connotation positive. On dira donc Il a des chances de réussir mais non le blessé a des chances de ne pas passer la nuit.

on dit

on ne dit pas

Elle peut réussir son examen, elle a des chances de réussir son examen

Il risque de finir dernier

Elle risque de réussir son examen
 

Il a des chances de finir dernier

 
 

Le pitaine des Ricains

Le 5 février 2015

Emplois fautifs

On lisait dans un ouvrage du XIXe siècle qui évoquait l’aphérèse : « […] au lieu de prouver la vigueur de l’esprit, elle prouve plutôt sa paresse et son ignorance ; elle consiste à supprimer une lettre ou une syllabe au commencement d’un mot ». Ce procédé appartient surtout à la langue populaire qui a ainsi fait, à partir de noms Nicolas, Antoinette, Elise ou Sébastien, les formes Colas, Toinette, Lise ou Bastien. Si quelques mots se sont imposés dans la langue, comme bus, gnon (tiré d’oignon) ou tudieu (tiré de vertu Dieu), il convient cependant de ne pas abuser de ce procédé, pas plus que du procédé inverse, l’apocope, comme nous l’avons déjà signalé.

 

on dit

on ne dit pas

Vous allez bien ?

Bonjour, Bonsoir

Les Américains

Z’allez-bien ?

Jour, Soir

Les Ricains

 

Participer à, participer de

Le 5 février 2015

Emplois fautifs

Le verbe participer peut s’employer absolument. Il signifie alors « prendre part aux activités d’un groupe » et s’emploie beaucoup dans le domaine scolaire. On dira fréquemment d’un élève qu’il doit participer en cours. Mais il peut aussi avoir un complément introduit par une préposition. Le sens du verbe variera alors selon qu’il sera suivi de la préposition à ou de la préposition de. Participer à signifie « prendre part à une activité donnée », alors que participer de signifie « avoir une similitude de nature avec, relever de ». On se gardera bien de confondre ces différents sens.

 

on dit

on ne dit pas

Nos amis voudraient participer à la fête

Ce spectacle participe du cirque et du music-hall

Nos amis voudraient participer de la fête

Ce spectacle participe au cirque et au music-hall

 

Satyre, satire

Le 5 février 2015

Emplois fautifs

Ces deux homonymes sont trop souvent confondus, mais leurs sens, leur origine et leur genre sont différents ; l’un nous vient de la mythologie, l’autre de la cuisine. Satyre, nom masculin, est emprunté, par l’intermédiaire du latin Satyrus, du grec Saturos. Ce dernier est un demi-dieu rustique, compagnon de Dionysos et traditionnellement représenté avec de longues oreilles pointues, de petites cornes sur la tête, une queue et des jambes de chèvre. Devenu nom commun, il désigne aujourd’hui un homme particulièrement lubrique. Satire, nom féminin, est emprunté du latin satira ou satura, qui a d’abord désigné une macédoine de légumes, un mets regroupant toutes sortes d’ingrédients puis, en littérature, une pièce comique mêlant différents genres. Aujourd’hui satire désigne une œuvre pleine d’ironie mordante. Notons d’ailleurs que les liens entre cuisine et art ne sont pas si rares : en témoignent les mots farce ou pot-pourri, passés eux aussi de l’une à l’autre.

 

on écrit

on n’écrit pas

Une satire contre le pouvoir

Un satyre au comportement obscène

Une satyre contre le pouvoir

Un satire au comportement obscène

 

Les arcanes mystérieuses de la science

Le 8 janvier 2015

Emplois fautifs

Arcane est emprunté du latin arcanum, « secret », lui-même dérivé de arca, qui désigne un coffre et, en latin chrétien, une arche. Arcane, aujourd’hui, s’emploie surtout au pluriel et, en français, le genre des déterminants (articles, adjectifs possessifs ou démonstratifs) disparaît au pluriel : le, la, mon, ma, ce ou cette indiquent le genre du nom qu’ils déterminent, indication qui s’évanouit dans les, mes ou ces. À cela s’ajoute le fait que nombre de substantifs en -ane, à l’exception de ceux qui appartiennent au domaine de la chimie, sont féminins (cabane, tisane, banane, membrane, etc.). L’existence de la forme paronymique féminine arcade contribue sans doute, elle aussi, à la confusion des genres. Autant de raisons qui font que l’on croit, trop souvent et à tort, qu’arcane est un nom féminin.

 

On dit

On ne dit pas

Les arcanes mystérieux de la science

Dans les profonds arcanes de son âme

Les arcanes mystérieuses de la science

Dans les profondes arcanes de son âme

 

Près (prononcé prèze) pour Présentation

Le 8 janvier 2015

Emplois fautifs

L’apocope est une caractéristique de la langue orale et certaines formes abrégées sont passées dans la langue écrite. Ainsi métropolitain, taximètre, vélocipède et automobile ont donné respectivement métro, taxi, vélo et auto. Cinématographe, lui, a été deux fois abrégé, d’abord en cinéma, puis, dans la langue familière, en ciné. Les formes en -ation se prêtent moins à cette transformation, même si l’on rencontre fréquemment manip, alloc, manif ou bonif pour manipulation, allocation, manifestation ou bonification. Si l’usage des abréviations est considéré par certains, en particulier dans le domaine de la communication, comme un symbole de rapidité et de modernité, il convient de ne pas abuser de ce procédé. L’emploi, qui se répand de plus en plus, de près en lieu et place de présentation est donc à éviter.

 

Se succéder au participe passé

Le 8 janvier 2015

Emplois fautifs

L’accord des verbes pronominaux conjugués aux temps composés est souvent source d’interrogations ou de difficultés. Le verbe se succéder est visiblement un de ceux qui donnent du fil à retordre à nos correspondants. Rappelons que pour accorder le participe passé, il convient de s’interroger sur la fonction du pronom réfléchi complément. Dans le groupe verbal se succéder, se est un complément d’objet indirect. Si on remplace une personne, on succède à quelqu’un, on lui succède. Ce qui explique qu’au participe passé, succéder est invariable puisque le pronom se n’est pas complément d’objet direct. On écrira donc elles se sont succédé, comme on écrit elles se sont parlé.

 

On écrit

On n’écrit pas

Les différents champions qui se sont succédé

Les différents champions qui se sont succédés

 

Sur un même pied d’égalité

Le 8 janvier 2015

Emplois fautifs

Les expressions sur un pied d’égalité et sur un même pied sont synonymes. Elles signifient que deux personnes traitent d’égal à égal, qu’il n’y a pas, dans l’affaire qui les occupe, de différence hiérarchique, que l’une n’est pas l’inférieure de l’autre. On évitera de commettre un pléonasme vicieux en faisant figurer dans une seule expression même pied et pied d’égalité qui l’une et l’autre signalent l’identité de niveau, de position évoquée plus haut.

 

On dit

On ne dit pas

Être sur un même pied

Être sur un pied d’égalité

 

Être sur un même pied d’égalité

 

Gagner la victoire

Le 4 décembre 2014

Emplois fautifs

L’expression gagner la victoire constitue un pléonasme vicieux puisque gagner, en emploi absolu, signifie déjà « remporter la victoire ». On peut comprendre que la griserie d’un succès et le fait de l’emporter sur ses adversaires provoquent une forme d’exaltation, appellent l’emphase et conduisent à l’hyperbole, mais la victoire n’en sera pas moins belle pour être chantée dans une langue correcte et un peu plus sobre. On pourra en revanche, avec un complément d’objet direct, accompagner le verbe gagner de noms désignant l’épreuve en question : gagner un match, une partie, une élection, gagner un prix, etc.

On dit

On ne dit pas

Remporter la victoire

L’emporter (sur son adversaire)

Gagner, vaincre, triompher

 

Gagner la victoire

 

Pages