Le 2 mai 2013
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
Les anglicismes sont généralement empruntés à l’anglais, mais on en trouve aussi qui ont été composés dans notre pays et ne se rencontrent pas dans le pays dont ils sont censés venir. C’est le cas de Money time, qui s’est d’abord entendu dans des commentaires sportifs de matchs de basket-ball et que l’on rencontre maintenant à propos d’autres sports comme le handball ou le tennis, pour désigner tantôt la fin, tantôt les instants décisifs d’un match. La langue anglaise utilise d’autres expressions pour décrire ce type de situation, la langue française également ; utilisons-les plutôt que cet anglicisme de mauvais aloi.
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On dit
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On ne dit pas
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Un panier marqué à la toute fin du match
Il a bien joué les points importants
Un joueur qui sait arracher la victoire
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Un panier marqué pendant le money time
Il a bien joué les points du money time
Un joueur de money time
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Le 4 avril 2013
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
Business est un anglicisme assez ancien ; il apparaît en 1884 dans La Rue à Londres, de Jules Vallès, et signifie « affaires commerciales ». Il se spécialise ensuite, dans la langue populaire, au début du xxe siècle pour désigner le commerce des corps, la prostitution surtout dans la locution faire le business, « se prostituer ». Depuis les années cinquante, ce mot est employé en apposition dans la locution showbusiness, souvent abrégée en showbiz. Ce type de construction, propre à l’anglais mais assez éloignée du génie de la langue française qui lui préfère les tours prépositionnels, semble se multiplier aujourd’hui. Qui n’a pas rencontré des formes comme sport business, foot business, charité business et bien d’autres encore. Dans ces emplois, business peut être avantageusement remplacé par des formes comme marchandisation, exploitation, etc. Pourquoi s’en priver ?
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On dit
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On ne dit pas
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La marchandisation de la charité
L’exploitation commerciale du sport
Un plan de développement
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Le charité business
Le sport business
Un business plan
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Le 4 avril 2013
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
Voici un autre cas mêlant un anglicisme et l’usage abusif de la construction appositive : les locutions bâties sur le modèle de gay friendly, expression employée pour caractériser les bars, cafés, etc. qui accueillent sans aucune discrimination les personnes homosexuelles ou qui en font leur clientèle privilégiée. On rencontre aujourd’hui, parmi beaucoup d’autres, les formes hétéro friendly, family friendly, child friendly, etc. Il existe de nombreux équivalents français pour remplacer ces tournures. On pourrait penser à l’adjectif sympathisant déjà utilisé par La Fontaine au sujet du chat dans la fable intitulée Le Cochet, le Chat et le Souriceau :
« Je le crois fort sympathisant
Avec Messieurs les Rats ; car il a les oreilles
En figure aux nôtres pareilles. »
Mais il existe aussi d’autres termes de sens équivalent comme accueillant, amical, respectueux, etc. Ne serait-il pas préférable de les utiliser ?
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On dit
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On ne dit pas
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Qui accueille volontiers les enfants
Ouvert aux conjoints
Respectueux de l’environnement
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Child friendly
Conjoint friendly
Éco-friendly
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Le 7 mars 2013
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
À la fin du livre I de La Chartreuse de Parme, Marietta rencontre Fabrice qu’elle croyait en fuite après qu’il avait tué Giletti et lui dit : « […] Venise, où je savais bien que vous n’iriez jamais, puisque vous êtes sur la liste noire de l’Autriche. » Si Stendhal place dans la bouche de ce personnage l’expression Liste noire, c’est qu’elle est répandue et populaire. Notons que l’usage a cependant un peu changé puisque aujourd’hui le complément de Liste noire n’en est plus le détenteur, mais ceux qui y figurent. On parle par exemple de la liste noire des compagnies aériennes dangereuses. On employait autrefois une expression à peu près équivalente Être écrit sur le livre rouge, être sur le livre rouge, qui signifiait « Être marqué, noté, pour une ou plusieurs fautes qu’on a commises ».
Le français peut donc indiquer l’exclusion sans avoir recours à l’anglicisme Blacklister, tiré du verbe anglais to blacklist, « inscrire sur une liste noire », lui-même dérivé de la locution nominale Black list.
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On dit
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On ne dit pas
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Figurer sur une liste noire être écarté parce que l’on est sur une liste noire
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Être blacklisté
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Le 7 mars 2013
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
Beaucoup d’anglicismes viennent du monde du sport. Parmi ceux-ci : challenge, qui désigne d’abord le défi lancé par un prétendant au tenant d’un titre, puis tout type de compétition. À l’origine de ce mot, on l’oublie trop souvent, il y a l’ancien français chalenge, qui est issu, par l’intermédiaire du latin médiéval calengia, « réclamation », de calumnia, « accusation ». En ancien français, chalenge, qui s’écrivait aussi calonge, calompne, chaloigne, etc., désignait d’abord une action en justice, puis un défi. Peu à peu défi s’est imposé dans l’usage et chalenge a disparu. Avec les termes défi et compétition, le français a les mots nécessaires pour éviter le recours à l’anglicisme challenge. Pourquoi ne pas les employer ?
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On dit
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On ne dit pas
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Relever un défi
Une compétition d’escrime
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Relever un challenge
Un challenge d’escrime
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Le 7 février 2013
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
On rencontre de plus en plus l’anglicisme dispatcher en lieu et place de répartir. Il ne faut pas employer ce terme qui, de surcroît, n’est pas l’équivalent de l’anglais to dispatch. Ce dernier, en effet, ne signifie pas « répartir », mais « expédier », avec la nuance de hâte que l’on peut trouver dans ce verbe français. Dans We soon dispatched our dinner, « Nous eûmes bientôt expédié notre dîner », apparaît bien l’idée de vitesse, mais aucunement celle de répartition. On utilisera donc, en fonction des circonstances répartir, ranger, classer, trier, etc.
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On dit
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On ne dit pas
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Répartir les élèves dans les classes
Ranger les marchandises en fonction des envois
Distribuer les tâches
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Dispatcher les élèves dans les classes
Dispatcher les marchandises en fonction des envois
Dispatcher les tâches
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Le 7 février 2013
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
L’anglicisme reminder est dérivé du verbe to remind, « rappeler ». Un usage à la mode consiste à l’employer en français pour désigner un message, en particulier un message électronique, destiné à rappeler des tâches à accomplir ou des évènements à ne pas manquer. Le français dispose de termes ou d’expressions de sens équivalent. Pourquoi ne pas les employer ?
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On dit
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On ne dit pas
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Rappel : la soirée aura lieu samedi
Envoyez-moi un message pour me rappeler que
Je vous ai laissé un mémento
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Reminder : la soirée aura lieu samedi
Envoyez-moi un reminder pour
Je vous ai laissé un reminder
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Le 3 janvier 2013
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
L’anglais book, « livre », a donné, par métonymie, le verbe to book, « noter, enregistrer », puis « réserver ». Ce verbe s’est d’abord appliqué à des lieux, théâtres, restaurants, etc. Le participe passé booked s’est ensuite appliqué adjectivement à des personnes. La langue française dispose de nombreux équivalents à l’anglicisme booké et à son dérivé overbooké ou au monstre linguistique mi-anglais mi-français surbooké. Des formes comme occupé, très occupé, sans un moment de libre conviennent parfaitement.
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On dit
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On ne dit pas
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Être occupé
N’avoir aucun moment de libre
Avoir un agenda bien rempli
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Être booké
Être surbooké, être overbooké
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Le 3 janvier 2013
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
Check-list signifie « liste des vérifications à effectuer ». Ce mot anglais a longtemps été cantonné au vocabulaire de l’aviation, mais il s’est depuis peu répandu dans tous les domaines de la vie courante. On a ensuite créé le verbe Checker, qui s’est substitué abusivement à « contrôler » ou « vérifier ». Depuis peu est apparue la To-do-list, la « liste des choses à faire », ce qui est proprement le sens d’agenda.
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On dit
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On ne dit pas
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Contrôler ce qui doit l’être
Vérifier les points importants
Consulter ses courriels
Noter sur son agenda, son carnet, une liste de tâches
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Contrôler la check-list
Checker les points importants
Checker ses mails
Noter sur sa to do list
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Le 3 décembre 2012
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
Le monde de l’automobile nous a donné ces deux anglicismes, que l’on peut remplacer par des formes françaises de bonne langue.
L’anglais to customize, « faire sur commande, personnaliser », est dérivé de custom, « coutume, habitude », puis « clientèle », lui-même dérivé de l’ancien français custume. On peut et on doit éviter l’anglicisme Customiser, car il existe des formes de même sens en français, comme « personnaliser » ou « adapter à ses goûts ».
L’anglais Tuning « réglage », est dérivé de to tune, d’abord employé dans le domaine musical, au sens de « donner le ton, harmoniser », puis dans le monde de l’automobile, avec le sens de « régler un moteur ». Il désigne aujourd’hui le fait d’ajouter des éléments à un moteur pour en améliorer les performances puis, plus largement, le fait d’ajouter des accessoires à un véhicule.
Comme pour customiser, les équivalents français existent. On pourra parler de « personnalisation » ou d’« ajout d’accessoires ».
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On dit
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On ne dit pas
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Personnaliser son véhicule
Modifier un appartement selon ses goûts
Un garage spécialisé dans la personnalisation des camions
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Customiser son véhicule
Customiser un appartement
Un garage spécialisé dans le tuning des camions
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