À cette question, le proverbe répond ce qu’il te plaît, mais, comme bien souvent le l de il ne se fait guère entendre, on hésite parfois et l’on trouve également ce qui te plaît. Le sens de ces deux tours n’est guère éloigné, mais il y a de l’un à l’autre quelques nuances. Avec ce qu’il te plaît, on sous-entend en général un infinitif, « ce qu’il te plaît de faire », tandis qu’avec ce qui te plaît, on sous-entend en général un nom dont l’hyperonyme serait chose. En mai, fais ce qu’il te plaît répondant à en avril, ne te découvre pas d’un fil, nous avons deux impératifs, deux formes verbales : c’est donc bien un infinitif qui est sous-entendu et on écrira alors fais ce qu’il te plaît. Mais faire le départ entre ces deux formes n’est pas toujours chose aisée, et il est des cas où la distinction de l’une à l’autre est ténue. On pourrait ainsi écrire mange ce qu’il te plaît, c’est-à-dire « ce qu’il te plaît de manger » ou mange ce qui te plaît, « les aliments que tu aimes ».
Depuis longtemps les grammairiens essaient de maintenir une nette distinction entre ce qui et ce qu’il, mais depuis aussi longtemps les meilleurs auteurs hésitent ou emploient une forme pour l’autre. Ainsi, dans son Dictionnaire critique de la langue française, Féraud explique qu’« Il y a de la diférence entre ce qui te plait, et ce qu’il te plait : le premier signifie ce qui t’est agréable, et le second ce que tu veux ». Il reproche à Racine d’avoir écrit dans Les Plaideurs : « Tu prétends faire ici de moi ce qui te plait. » Il ajoute : « Il est visible qu’il auroit falu dire ce qu'il te plait, c’est-à-dire ce que tu veux. »
Littré, lui, explique ainsi la différence entre ces deux formes : « Ce qui vous plaît signifie “ce qui vous donne du plaisir”, ce qu’il vous plaît signifie “ce que vous voudrez”. »
Le Dictionnaire de l’Académie française veille à cette distinction et l’on trouve, dans toutes ses éditions, Je ferai ce qu’il vous plaira, mais il convient de noter que dans celle de 1798 on pouvait lire, à côté de Je ferai ce qu’il vous plaira, l’autre forme ce qui vous plaira.
On veillera à conserver la subtile distinction existant entre ces deux formes et à toujours choisir ce qu’il faut, ce qu’il convient (ou ce qui convient).
Ajoutons pour conclure que Maurice Grimaud, qui fut préfet de police à Paris en 1968, a écrit un livre relatant les évènements qui se sont passés cette année-là intitulé En mai fais ce qu’il te plaît.