Dire, ne pas dire

Ludovic B. (France)

Le 3 juillet 2025

Courrier des internautes

Dans un contexte littéraire, peut-on dire d’une personne qu’elle est hantée de quelque chose, par exemple hantée de doutes ou hantée de souvenirs ? Cette construction me semble en tension avec l’usage plus courant de hanté par. La préposition de est-elle grammaticalement et stylistiquement recevable dans ce cas ? Représente-t-elle une tournure fautive, archaïque ou poétique ?

Ludovic B. (France)

L’Académie répond :

En français, le complément d’agent est le plus souvent introduit par la préposition par (la souris fut mangée par le chat). Mais on trouve aussi la préposition de (il est bourrelé de remords), voire, dans quelques locutions, la préposition à (un manteau mangé aux mites).

Le hanté de est correct et se rencontre chez les meilleurs écrivains. On lit ainsi dans Si le grain ne meurt, de Gide : « Je rêvais aux heureux coins de France hantés de capricornes et cerfs-volants, qui sont les plus gros coléoptères de nos climats ». Dans les Mémoire d’outre-tombe, Chateaubriand parle, lui, d’« une auberge hantée des esprits ou habitée par des voleurs », mêlant ainsi les prépositions de et par dans la même phrase, tout comme Théophile Gautier dans Le Capitaine Fracasse : « Une masure visitée par la mort et hantée des esprits. »