Dire, ne pas dire

Recherche

Paraît-il que

Le 5 décembre 2013

Emplois fautifs

Le verbe paraître, employé dans des tournures impersonnelles, peut se construire avec une proposition complétive introduite par que : Il paraît qu’elle va venir demain. On peut également l’utiliser, cette fois sans complétive, en incise, avec inversion du pronom impersonnel sujet : Elle va, paraît-il, venir demain. Mais c’est une incorrection de mêler ces deux formes. Rappelons aussi que la forme familière à ce qu’il paraît ne doit pas s’employer dans une langue soignée.

 

On dit

On ne dit pas

Il paraît qu’il va neiger

Il est, paraît-il, très riche

Paraît-il qu’il va neiger

Paraît-il qu’il est très riche

 

 

Territoire

Le 5 décembre 2013

Emplois fautifs

Ce nom, dérivé de terre, désigne une étendue géographique plus ou moins vaste où vivent habituellement tels ou tels peuples, telles ou telles espèces. Il est aussi utilisé dans le vocabulaire politique et administratif. On parle ainsi du territoire national. Il peut aussi désigner, par extension, le domaine de recherche de telle ou telle discipline et Emmanuel Le Roy Ladurie a ainsi intitulé un de ses ouvrages : Le Territoire de l’historien. Mais on évitera de faire de ce nom un synonyme un peu flou qui pourrait désigner toute division administrative du territoire. Territoire ne doit donc pas être employé en lieu et place d’autres termes plus précis comme canton, département ou région. Il n’est pas non plus synonyme de province. On peut d’ailleurs légitimement se demander ce que ce dernier nom a de si redoutable ou de si haïssable pour qu’on tende à le faire sortir de notre vocabulaire puisque après l’avoir remplacé par région (« aller en région ») on lui substitue aujourd’hui territoire.

 

On dit

On ne dit pas

Une réorganisation des départements, des régions

Visiter la province

Un redécoupage des territoires
 

Visiter les territoires

 

Fratrie et phratrie

Le 7 novembre 2013

Emplois fautifs

Voici deux termes, cette fois parfaitement homonymes, qui ne doivent pas être confondus. Fratrie est un dérivé savant du latin frater, « frère » ; il appartient à l’origine au vocabulaire de la démographie et désigne l’ensemble des frères et sœurs d’une même famille. Phratrie, plus rare, ressortit d’abord au vocabulaire des institutions grecques : il est emprunté du grec phratria, qui désignait une association de citoyens liés par une communauté de rites et appartenant à la même tribu. Ce terme a été repris par la suite par les anthropologues pour désigner un ensemble de clans qui se disent apparentés. Phratia est dérivé de phratêr, « membre d’un clan », et non pas « frère biologique ». Pour évoquer cette dernière notion, les Grecs avaient d’autres mots, parmi lesquels adelphos, « frère », et adelphé, « sœur », qui signifiaient proprement « (nés d’) un seul utérus ».

 

On dit

On ne dit pas

Une fratrie de quatre enfants

En Grèce, une tribu était formée de trois phratries

Une phratrie de quatre enfants

En Grèce, une tribu était formée de trois fratries

 

Météo pour temps

Le 7 novembre 2013

Emplois fautifs

L’abréviation familière Météo est bien entrée dans l’usage et s’emploie dans la langue courante en lieu et place du terme Météorologie, discipline qui a pour objet l’étude des phénomènes atmosphériques et de leurs variations, et qui a pour objectif la prévision à court terme de l’évolution du temps. On veillera toutefois à ne pas confondre cette discipline avec son objet, et on se gardera bien d’utiliser Météo pour désigner le temps qu’il fait ou le climat.

 

On dit

On ne dit pas

Le temps sera mauvais toute la semaine

Demain le temps sera chaud, il fera chaud

La météo sera mauvaise toute la semaine

Demain la météo sera chaude

 

Recouvrer et recouvrir

Le 7 novembre 2013

Emplois fautifs

Si ces deux verbes sont parfois confondus, c’est bien sûr parce que ce sont des paronymes, mais aussi parce que de chacun d’eux est dérivé un seul et même nom : recouvrement. Recouvrer est la forme populaire issue du latin recuperare, « reprendre, retrouver », qui a aussi donné récupérer. Comme recouvrer s’est beaucoup employé avec des compléments comme santé ou force, le participe passé recouvré a vite pris le sens de « sauvé, guéri », sens aujourd’hui sorti d’usage. Recouvrir, lui, est dérivé de couvrir et signifie « couvrir de nouveau » ou « couvrir entièrement ». On dira donc elle a recouvert un livre, mais elle a recouvré des forces.

La confusion est ancienne entre ces deux formes. On lit déjà, dans une lettre de Louis XII « […] que à son grand desplaisir il ait été naguaires mal disposé d’une maladie nommée la petite verolle, dont à présent, graces à Dieu, il est recouvert ». Le souverain aurait dû écrire recouvré, c’est-à-dire « délivré, guéri ». On s’efforcera de ne pas suivre ce funeste et royal exemple.

 

On dit

On ne dit pas

Recouvrer la santé, une somme d’argent

Ces deux figures géométriques ne peuvent se recouvrir

Recouvrir la santé, une somme d’argent

Ces deux figures géométriques ne peuvent se recouvrer

 

S’autoflageller, s’automutiler

Le 5 novembre 2013

Emplois fautifs

Un verbe transitif peut généralement se conjuguer à la voix active (laver), à la voix passive (être lavé) et à la voix pronominale (se laver). Le nom ne peut seul exprimer ces différentes nuances : pour dire que celui qui fait l’action et celui qui la subit est une seule et même personne, on a parfois recours à l’ajout de compléments comme de soi, à soi ou à l’emploi du préfixe auto-. On parlera d’automutilation pour désigner l’action d’une personne qui se mutile, le préfixe auto- jouant le même rôle que le pronom réfléchi se dans la forme pronominale. De la même manière le nom autodéfense correspond au verbe se défendre, auto-accusation à s’accuser. On se gardera bien de réunir dans un même groupe verbal le pronom se et le préfixe auto-, et l’on évitera ainsi un pléonasme vicieux.

 

On dit

On ne dit pas

Des pénitents qui se flagellent

Des névroses qui poussent à l’automutilation, à se mutiler

Des journalistes qui se censurent

Des pénitents qui s’autoflagellent

Des névroses qui poussent à s’automutiler
 

Des journalistes qui s’autocensurent

 

Faire confiance en

Le 3 octobre 2013

Emplois fautifs

La locution faire confiance à, apparue à la fin du xixe siècle dans le domaine du droit et longtemps ignorée ou condamnée par les dictionnaires et les grammaires, est maintenant tout à fait entrée dans l’usage. Son sens diffère quelque peu de celui d’une autre locution, avoir confiance en. Cette dernière exprime plutôt un sentiment intime à l’égard d’une personne, alors que faire confiance à s’emploiera dans des circonstances déterminées où la raison montre clairement que l’on peut se fier à l’habileté ou à l’honnêteté d’une personne pour régler tel ou tel problème. J’ai confiance en Pierre mais je fais confiance à Pierre pour résoudre ce conflit. On se gardera bien d’échanger les prépositions dans ces locutions.

 

On dit

On ne dit pas

Je fais confiance à Paul

J’ai confiance en lui

Je fais confiance en Paul

J’ai confiance à lui

 

La température est chaude

Le 3 octobre 2013

Emplois fautifs

Le nom température désigne le degré de chaleur atteint par un lieu ou par un corps ; ce degré peut être plus ou moins élevé, le lieu ou le corps pouvant être plus ou moins chauds, plus ou moins froids. De même que l’on évitera de dire qu’une hauteur est haute ou basse, on évitera de dire que la température est chaude.

On essaiera également, autant que faire se peut, de ne pas confondre la température et la fièvre, qui est une élévation de la température normale du corps.

 

On dit

On ne dit pas

Il fait chaud, la température est élevée

Il a, il fait de la fièvre

La température est chaude

Il a, il fait de la température

 

Le chaos provoqué par les cahots l'a mis K.O.

Le 3 octobre 2013

Emplois fautifs

Avant d’être nom commun, Chaos fut nom propre et à l’origine du monde. C’est Hésiode qui, dans la Théogonie, fut le premier à l’évoquer. Le chaos est un état inorganisé et informe du monde et sa forme grecque, Khaos, est un neutre ; ce n’est qu’après lui que viendront des êtres sexués, qui pourront donc être désignés par des noms masculins ou féminins, comme Gaia, « Terre », Ouranos, « Ciel », et Khronos, « Temps ». Khaos désigne tout à la fois le chaos originel, l’espace infini, le gouffre et l’abîme.

Cahot n’est pas d’aussi noble extraction. Ce nom est tiré de cahoter, qui est lui-même, nous apprend le Trésor de la langue française, d’origine obscure, même s’il semble possible de le rattacher au moyen néerlandais hotten, « secouer ». Il est peu de récits de voyage, en particulier du xviie au xixe siècle, où on ne le rencontre. On le trouve ainsi chez Chateaubriand, Hugo, Gautier, mais aussi, plus près de nous, chez Cendrars, Mauriac ou Aragon.

Depuis les dernières années du xixe siècle, enfin, nous devons à la langue anglaise et au marquis de Queensbury, qui établit les règles de la boxe, le K.O., abréviation de knock out, tiré du verbe to knock out, « faire sortir du jeu, éliminer ».

Ce rappel nous aidera à ne pas confondre ces homonymes qui ne sont pas homographes.

Perpétrer et perpétuer

Le 3 octobre 2013

Emplois fautifs

Après les homonymes cahot, chaos et K.O., voici deux paronymes trop souvent confondus : perpétrer et perpétuer. Perpétrer, qui signifie « commettre (un forfait) », est emprunté du latin perpetrare, « achever, mener à terme », dans lequel on retrouve la racine pater, « père », car à l’origine ce verbe signifiait « accomplir un acte religieux avec l’autorité de père ». Comme cela est parfois arrivé, dans le passage du latin au français, ce terme a pris un sens péjoratif, comme c’est le cas pour benêt, tiré de benedictus, « béni », ou esclave, tiré de slavus, « Slave ».

Perpétuer, « faire durer infiniment ou très longtemps », est emprunté du latin perpetuare, dans lequel on reconnaît le préfixe intensif per. Ce verbe s’emploie le plus souvent avec des noms appartenant au champ sémantique du souvenir.

On dit

On ne dit pas

Perpétuer la mémoire d’un ami, une tradition

Perpétrer un crime

Perpétrer la mémoire d’un ami, une tradition

Perpétuer un crime

 

Pages