Dire, ne pas dire

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Voilà

Le 3 avril 2014

Emplois fautifs

Les présentatifs Voilà et Voici sont composés de l’indicatif voi, forme ancienne de vois et des adverbes ou ci. On les rencontrait aussi jadis formés avec la 2e personne du pluriel, ce qui donnait des formes comme vezci. Voilà sert à présenter ce qui est éloigné ou ce qui est passé et voici, ce qui est proche ou à venir. On dira ainsi Voilà ce que vous avez fait, voici ce qui reste à faire. On pourra présenter une personne en disant Voici l’ami dont je vous ai parlé et conclure un propos par Voilà ce que j’avais à vous dire. Ce sont les emplois corrects de ces présentatifs. Il convient de ne pas en faire une forme d’adverbe de phrase servant à introduire ce que l’on va dire ou à signaler que l’on n’a rien à ajouter.

On dit

On ne dit pas

Nous voudrions vous parler

J’arrive demain

Il m’a dit que j’exagérais

Voilà, nous voudrions vous parler

J’arrive demain, voilà

Voilà, il m’a dit que j’exagérais

 

Abréviations des adjectifs numéraux

Le 6 mars 2014

Emplois fautifs

L’abréviation des adjectifs numéraux est souvent source d’erreurs. Ces abréviations sont parfois allongées, sans doute par volonté de bien faire et par souci de lisibilité, plus qu’il n’est nécessaire. Rappelons donc que premier et première s’abrègent en 1er et 1re, que second et seconde s’abrègent en 2d et 2de, et que toutes les autres formes s’abrègent en : 3e, 5e, 100e, etc. Ces adjectifs numéraux ordinaux peuvent tous prendre la marque du pluriel et, dans ce cas, on ajoutera un s dans l’abréviation : « Les 2es Jeux olympiques d’été eurent lieu à Paris en 1900. »

On écrit

On n’écrit pas

La Ire et la IIde République

La classe de 2de

La 8e femme de Barbe-bleue

La Ière et la IInde République

La classe de 2nde

La 8ème femme de Barbe-bleue

 

Inapte et inepte

Le 6 mars 2014

Emplois fautifs

Les adjectifs Inapte et Inepte sont proches par la forme et par l’étymologie. Inapte est dérivé d’apte, qui est lui-même emprunté du latin aptus, « approprié, fait pour », alors qu’inepte est directement emprunté du latin ineptus, « qui n’est pas approprié, déplacé ». Si autrefois inepte a pu signifier « qui n’a pas d’aptitude », ce sens tend aujourd’hui à s’estomper et cet adjectif signifie maintenant, pour une personne, « qui fait preuve de sottise » et, pour une chose ou un propos, « absurde ». On évitera donc d’employer ces adjectifs l’un pour l’autre, en se souvenant qu’inapte se rattache à inaptitude et veut le plus souvent un complément, alors qu’inepte se rattache à ineptie et se construit généralement absolument.

On dit

On ne dit pas

Il est inapte à exercer ces fonctions

Tous ses propos sont ineptes

Il est inepte à exercer ces fonctions

Tous ses propos sont inaptes

 

Soi-disant pour prétendu

Le 6 mars 2014

Emplois fautifs

La locution adjectivale Soi-disant signifie « qui se prétend tel ». On ne doit donc l’employer qu’avec des êtres vivants susceptibles de parler et de dire quelque chose les concernant. Si l’on peut donc dire : « Le soi-disant avocat était un escroc », on ne peut dire : « La soi-disant broche en or n’était qu’un bijou de pacotille. » N’oublions pas non plus que soi-disant ne peut être employé que pour évoquer une personne qui revendique telle ou telle qualité, tel ou tel état, et non pour évoquer une personne à qui on les prête. Rappelons enfin que disant est invariable et que soi, pronom personnel, ne saurait être confondu avec son homonyme soit.

On dit

On ne dit pas

Un prétendu tableau de maître

 

Le prétendu coupable était innocent,
celui que l’on accusait était innocent

Les soi-disant infirmières

Un soi-disant tableau de maître

 

Le soi-disant coupable était innocent
 

Les soi-disantes infirmières

 

 

Traiter au sens d’insulter

Le 6 mars 2014

Emplois fautifs

Le verbe Traiter peut avoir des noms de personne comme complément direct ; il signifie d’abord et généralement « agir de telle ou telle manière avec quelqu’un ». On dira ainsi : « Notre hôte nous a traités royalement. » Traiter signifie aussi par extension « insulter », mais, dans ce cas, il doit obligatoirement être construit avec un nom attribut du C.O.D : « Il a traité son voisin de cafard. » La construction sans attribut est incorrecte avec ce verbe. Rappelons que, à l’inverse, le verbe Insulter ne doit pas être suivi d’un attribut du C.O.D.

On dit

On ne dit pas

Il me traite d’idiot, de lâche, d’assassin, etc.

Il m’a insulté

Il me traite

Il m’a insulté de voleur, de voyou, etc.

 

Décrédibiliser pour discréditer

Le 6 février 2014

Emplois fautifs

Des adjectifs marquant la possibilité et construits avec les suffixes -able, -ible et -uble, il n’a été tiré que très peu de verbes, cette dérivation étant sans doute éloignée du génie de notre langue. On se gardera donc d’employer les verbes crédibiliser et décrédibiliser apparus il y a quelque temps déjà et l’on se souviendra que le verbe créditer et ses dérivés, ainsi que les périphrases où figurent ces verbes, sont plus appropriés pour exprimer l’idée que telle action, telle attitude fait perdre ou augmente le crédit dont jouissait quelqu’un ou quelque chose. Rappelons de surcroît que l’adjectif crédible s’applique aux idées et non aux personnes ; d’un homme on dira qu’il est sérieux, digne de foi, qu’il inspire confiance, etc.

On dit

On ne dit pas

Ces succès accréditent le bien-fondé de notre méthode

Ses mensonges répétés l’ont discrédité

Ces succès crédibilisent notre méthode
 

Ses mensonges répétés l’ont décrédibilisé

 

Finaliser

Le 6 février 2014

Emplois fautifs

L’emploi du verbe finaliser doit être réservé au domaine des sciences humaines et n’a pas à entrer dans le discours politique ; en philosophie et en théologie il signifie « assigner un but à quelque chose ». On lit ainsi chez Jacques Maritain : « Le bien politique est un bien digne en soi de finaliser l’action humaine» On évitera d’ajouter à ce sens celui qu’a l’anglais to finalize, « achever, conclure, terminer ».

On dit

On ne dit pas

Mettre la dernière main à son travail

Conclure des négociations

Finaliser son travail

Finaliser des négociations

 

Lequel employé sans être accordé

Le 6 février 2014

Emplois fautifs

Les pronoms relatifs sont des fossiles vivants. Ils font partie des quelques mots qui ont gardé des traces des déclinaisons latines, c’est-à-dire que leur forme dépend de leur fonction. On a ainsi qui pour un sujet, que pour un complément d’objet direct, dont pour un complément de nom ou pour certains compléments circonstanciels et pour un complément circonstanciel. Mais de leurs ancêtres latins, la plupart des relatifs n’ont pas conservé les variations en genre et en nombre : qui est ainsi pronom relatif sujet, que l’antécédent soit un masculin singulier ou un féminin pluriel. Il n’en va pas de même pour les formes composées du pronom relatif, lequel, laquelle, lesquels, lesquelles, qui, elles, varient en genre et en nombre, ce qui permet d’ailleurs de lever les ambiguïtés qui surviennent quand le pronom relatif ne suit pas directement son antécédent, surtout à l’oral. Un homme a crié dans la foule qui était en colère est peu clair ; un homme a crié dans la foule, lequel était en colère l’est plus. Est-ce parce qu’elles sont moins employées que les formes simples que certains en font également une forme invariable ? Quoi qu’il en soit, il s’agit d’une faute grossière, qui, de plus, peut amener d’étranges janotismes.

On dit

On ne dit pas

Il a tué une fouine chez son frère, laquelle saignait ses poules.

Il a tué une fouine chez son frère, lequel saignait ses poules.

 

Pire employé comme adverbe

Le 6 février 2014

Emplois fautifs

Le comparatif de l’adverbe bien est mieux ; celui de l’adjectif bon est meilleur. Ces formes sont assez éloignées phonétiquement pour qu’il y ait peu de risques qu’elles soient confondues. Il n’en va malheureusement pas de même pour les comparatifs de mal et de mauvais, qui sont respectivement pis et pire. On se souviendra pourtant que pire est un adjectif et que l’on ne doit pas l’employer comme adverbe, même s’il s’agit là d’une faute très répandue.

On dit

On ne dit pas

Ses affaires vont de mal en pis

Tant pis s’il arrive en retard

Ses affaires vont de mal en pire

Tant pire s’il arrive en retard

 

Absence de liaisons après les adjectifs numéraux cardinaux

Le 6 janvier 2014

Emplois fautifs

Les adjectifs numéraux cardinaux sont, tout comme les articles, les adjectifs possessifs, démonstratifs, indéfinis, interrogatifs et exclamatifs, des déterminants et caractérisent le nom qu’ils précèdent. Ils sont donc étroitement attachés à ce nom et, phonétiquement, se lient avec lui quand celui-ci commence par une voyelle ou par un h muet. On dit deux (z)heures, cinq (k)ans, etc. Cette règle s’applique à tous les noms sans exception, et donc aussi au nom euro. Il est vrai que depuis l’écu, qui fut une monnaie utilisée pendant plus de cinq siècles, depuis Louis IX jusqu’à 1793, année où furent frappés les écus dits républicains, la France n’a plus eu de monnaie dont le nom commençait par une voyelle : francs, napoléons, louis, sous et autres livres ont peut-être contribué à faire oublier la nécessité des liaisons avec les numéraux. Ces liaisons sont néanmoins nécessaires y compris après vingt et cent qui, rappelons-le, prennent un s lorsqu’ils sont multipliés et non suivis d’un autre nombre (quatre-vingts ans mais quatre-vingt-deux ans ; deux cents livres mais trois cent quatre livres).

On dit

On ne dit pas

Un (n)euro, vingt(t)euros, cent(t)euros

Quatre-vingts(z)euros, sept cents (z)euros

Un / euro, deux / euros, vingt / euros

Quatre-vingts / euros, sept cents / euros

 

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