Dire, ne pas dire

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Scorer

Le 6 janvier 2014

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Le nom score est attesté en français dans le monde du sport avec le sens de « résultat » ou « marque » depuis la fin du xixe siècle ; il s’est depuis étendu au monde de la politique. On parlera ainsi du score obtenu par tel parti, tel candidat à une élection. Mais depuis quelque temps est apparu l’étrange verbe scorer que l’on entend malheureusement trop souvent en lieu et place de marquer, que ce soit un but, un panier ou un essai. Il s’agit d’un emprunt abusif à l’anglais to score, et parfaitement inutile car marquer remplit déjà ce rôle.

On dit

On ne dit pas

Il a marqué deux fois

Une équipe qui ne marque plus

Il a scoré deux fois

Une équipe qui ne score plus

 

Flyer

Le 5 décembre 2013

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Cet anglicisme pourrait facilement être remplacé par « tract » ou « prospectus », mais on pourrait aussi lui préférer, pour services rendus à la démocratie, le terme de « feuille volante ». Évoquons pour cela un point d’histoire trop souvent méconnu. Les philhellènes, qui, au début du xixe siècle, s’employaient à aider les Grecs dans leur combat pour l’indépendance contre la puissance ottomane, agissaient de diverses manières : Lord Byron alla combattre et mourir en Grèce avec une poignée d’hommes que l’on peut considérer comme les ancêtres des Brigades internationales ; d’autres les soutinrent par leurs écrits, parmi lesquels Hugo, Chateaubriand, Lamartine.

Firmin Didot, lui, fit venir à Paris des Grecs qu’il forma au métier d’imprimeur et arma de petits navires, appelés « gaozes », à bord desquels était caché le matériel d’imprimerie qu’il leur avait fourni. Comme ces bateaux faisaient constamment du cabotage, il était plus difficile à la police turque de les repérer, d’arrêter les imprimeurs et de détruire les machines. De port en port on distribuait les tracts imprimés au large, et, en hommage à Firmin Didot, ces imprimeurs clandestins leur donnèrent le nom français de « feuilles volantes ». Notre langue est redevable à la Grèce d’une grande partie de son vocabulaire et en particulier du mot démocratie. Il serait regrettable que nous n’utilisions plus l’expression qu’elle nous avait empruntée quand il s’était agi de lutter pour son indépendance.

 

Look, touch

Le 5 décembre 2013

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Ces termes ont connu une grande fortune, tant il semble important aux yeux de certains de se donner un air de modernité en empruntant à l’anglais mots et expressions à la mode. Force est pourtant de constater que le français a, pour désigner l’apparence de tel ou tel, une riche palette. On pourra, en fonction des circonstances, parler d’air, d’allure, d’aspect, de dehors, d’expression, d’extérieur ou, pour parler plus familièrement, de gueule, de dégaine, de touche. On profitera de ce dernier mot pour rappeler que c’est de lui qu’est tiré l’anglais touch et l’on puisera dans notre vocabulaire pour remplacer ces deux anglicismes qui – preuve que la mode linguistique, comme la mode vestimentaire, est par essence éphémère – sont d’ailleurs aujourd’hui moins usités qu’il y a quelques années.

 

On dit

On ne dit pas

Il a un air, il a une touche !

Soigner son allure, son apparence

Il a une touch !

Soigner son look

 

Déceptif

Le 7 novembre 2013

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Déceptif, néologisme tiré de l’anglais deceptive, est un faux ami et c’est à tort qu’on lui donne le sens de « décevant ». L’anglais deceptive signifie en effet « trompeur ». Cet adjectif est dérivé de deception, lui-même emprunté de l’ancien français deception, « tromperie ». Dans les textes médiévaux, on rencontrait certes l’adjectif deceptif et ses dérivés, fréquemment associés à des termes comme faux, traistre, pervers, cauteleux, tricheur, etc., mais ce mot est sorti de notre langue depuis plus de cinq siècles.

On se rappellera qu’aujourd’hui déception signifie « désappointement » et non « tromperie », et que le français a à sa disposition des termes comme décevant ou trompeur qui permettent d’éviter tout malentendu.

 

On dit

On ne dit pas

Un résultat décevant

Une attitude décevante

Un résultat déceptif

Une attitude déceptive

 

Digital

Le 7 novembre 2013

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

L’adjectif digital en français signifie « qui appartient aux doigts, se rapporte aux doigts ». Il vient du latin digitalis, « qui a l’épaisseur d’un doigt », lui-même dérivé de digitus, « doigt ». C’est parce que l’on comptait sur ses doigts que de ce nom latin a aussi été tiré, en anglais, digit, « chiffre », et digital, « qui utilise des nombres ». On se gardera bien de confondre ces deux adjectifs digital, qui appartiennent à des langues différentes et dont les sens ne se recouvrent pas : on se souviendra que le français a à sa disposition l’adjectif numérique.

 

On dit

On ne dit pas

Une montre à affichage numérique

Un appareil photo numérique

Une montre à affichage digital

Un appareil photo digital

 

Cash

Le 3 octobre 2013

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

L’anglicisme Cash a la même origine que le français caisse, l’un et l’autre étant issus du latin capsa, d’où vient aussi le nom châsse. Cash, malheureusement, se répand en français où on l’utilise en lui faisant jouer différents rôles : celui d’adverbe dans des expressions comme payer cash, celui de nom dans avoir du cash et, enfin, celui d’adjectif dans être cash. Le français a des équivalents pour ces différentes expressions, qu’il serait dommage de ne pas employer.

On dit

On ne dit pas

Payer comptant

Avoir des espèces ou, familièrement, avoir du liquide

Être d’une franchise un peu brutale

Payer cash

Avoir du cash

Être cash

 

Dédicacer pour dédier ou consacrer

Le 3 octobre 2013

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Le verbe Dédicacer signifie « pourvoir d’une dédicace » ou « adresser, offrir avec une dédicace ». On ne doit donc pas donner à ce verbe les sens de « dédier, consacrer », qu’il n’a plus depuis le xve siècle. C’est malheureusement une faute qui tend à se répandre à cause d’une confusion avec l’anglais to dedicate qui, lui, a conservé les sens de dédier et de consacrer.

On évitera aussi la faute qui consiste à employer absolument le participe dédié.

 

On dit

On ne dit pas

Une journée dédiée aux lépreux

Consacrer une église

Consacrer sa vie à la recherche

Du matériel affecté à tel usage

Une journée dédicacée aux lépreux

Dédicacer une église

Dédicacer sa vie à la recherche

Du matériel dédié.

 

Confusant

Le 29 août 2013

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

L’anglais confused a les mêmes sens que l’adjectif français confus, que l’on parle d’une personne ou d’une chose, et cela n’est guère étonnant puisque la forme anglaise est empruntée du français. Mais de l’adjectif confused, l’anglais a tiré le verbe to confuse, que l’on pourrait traduire par « confondre » ou, dans d’autres contextes, par « troubler, brouiller », ou encore par « perturber ». Du verbe to confuse a été tiré l’adjectif verbal confusing, malheureusement traduit par un calque maladroit de l’anglais : le néologisme Confusant. Ce terme est à proscrire car il n’existe pas en français de verbe confuser, et l’on doit lui préférer des termes depuis longtemps validés par l’usage comme troublant, perturbant, déconcertant, etc.

 

On dit

On ne dit pas

Son attitude est troublante

Ces propos contradictoires nous embrouillent

Son attitude est confusante

Ces propos contradictoires sont confusants

 

Outdoor, indoor

Le 29 août 2013

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Le monde des sports est friand d’anglicismes. Quelques-uns sont parfaitement intégrés à notre langue, en particulier ceux qui désignent les sports eux-mêmes : boxe, football, basket-ball, water-polo. Il en existe aussi un grand nombre pour lesquels le français a des équivalents couramment employés, et qui sont donc parfaitement inutiles. C’est le cas des adjectifs outdoor et surtout indoor, employés trop fréquemment, en particulier en athlétisme, pour désigner des compétitions en plein air ou des compétitions en salle.

 

On dit

On ne dit pas

Une compétition en plein air

Les championnats de France en salle

Une compétition outdoor

Les championnats de France indoor

 

Bashing

Le 8 juillet 2013

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Le nom Bashing, attesté depuis la première moitié du xviiie siècle en anglais, connaît un engouement récent en français, notamment dans les médias qui n’ont de cesse d’évoquer le « bashing » de telle ou telle personnalité, de telle ou telle chose. Notons également que l’antéposition du complément (Hollande bashing, body bashing) est une construction qui ne correspond pas au génie de notre langue. En anglais, le nom bashing signifie « volée de coups », puis « insulte, attaque verbale », et est dérivé du verbe to bash, « frapper, cogner ; houspiller ». Le français a à sa disposition de nombreux termes équivalents comme attaque, éreintage, dénigrement, lynchage, persiflage ou, dans une langue plus familière, démolissage et bien d’autres encore.

On peut aussi songer à Acharnement, qui appartient d’abord au vocabulaire de la vènerie et dont le premier sens est « action de donner le goût du sang », et qui, dans le dressage des chiens, précédait l’attaque en meute. Ce terme paraît convenir parfaitement pour désigner un ensemble d’attaques venant de toutes parts sans discernement.

 

On dit

On ne dit pas

Dénigrement de son corps

L’éreintement d’Untel, l’acharnement contre Untel

Body bashing

Untel bashing

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