Dire, ne pas dire

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Guest (le guest du mois)

Le 7 avril 2016

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Le verbe inviter est attesté en ancien français depuis le xive siècle et le nom qui en est tiré, invité, depuis le xviiie siècle. On considèrera donc que ce dernier est assez ancien pour qu’il n’y ait pas lieu de lui substituer la forme anglaise guest. Il serait donc préférable d’éviter des formes comme le guest du mois. Transformer un invité en guest ne le rendra pas plus prestigieux, de même qu’il est probable que, même avec l’antéposition de l’adjectif propre à la langue anglaise, un spécial guest ne sera pas plus brillant qu’un invité spécial.

Past président

Le 7 avril 2016

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Être président de quelque institution, de quelque association est sans doute une source de fierté ; être un ancien président ou le président sortant, ou encore l’ex-président, de cette même association, de cette même institution l’est sans doute aussi. Mais l’on peut légitimement se demander si remplacer l’un ou l’autre de ces adjectifs par l’anglais past ajoute à la gloire de ces présidents honoraires. Gageons que non et évitons le monstre franco-anglais past président en remplaçant past par un des adjectifs évoqués plus haut, d’autant plus qu’en anglais past président peut désigner un ancien président aujourd’hui décédé.

Barémisation, barémiser

Le 3 mars 2016

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Dans cette rubrique, nous nous interrogeons le plus souvent sur tel ou tel anglicisme, mais il ne faut pas oublier qu’un certain jargon technocratique est aussi un bon pourvoyeur de néologismes, dans lesquels, bien souvent, le caractère pompeux le dispute à l’inutilité. C’est ainsi que sont apparues, il y a une dizaine d’années, les formes barémiser et barémisation. À la première on préfèrera la locution en usage « établir un barème », et à la seconde, « établissement, élaboration d’un barème », en sachant que, dans l’immense majorité des cas, le nom barème suffit pour exprimer cette idée puisque, si la manière d’établir un barème change, le barème changera lui aussi.

on dit

on ne dit pas

Faut-il un barème pour calculer les indemnités ?

Faut-il barémiser les indemnités ?

Le barème a changé

La barémisation a changé

 

Come back

Le 3 mars 2016

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

La locution nominale come back est un anglicisme tiré du verbe anglais to come back, « revenir ». Elle s’est d’abord entendue dans le monde du sport, puis de la politique et s’emploie aujourd’hui dans tous les domaines. Mais il convient de ne pas oublier que la langue française dispose de suffisamment de termes pour exprimer cette idée et qu’il serait dommage de ne pas les employer en lieu et place de come back ou de ses monstrueux dérivés come backeur et come backeuse.

on dit

on ne dit pas

Ce chanteur remonte sur scène après deux ans d’absence

Cet homme politique tente un difficile retour

Ce chanteur fait son come back sur scène après deux ans d’absence

Cet homme politique tente un difficile come back

 

Switcher

Le 5 février 2016

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Le nom anglais switch a d’abord désigné une baguette, puis une aiguille et enfin un système d’aiguillage ou un commutateur. Le verbe to switch, qui en est dérivé, a eu une évolution semblable ; il signifie donc aussi bien « donner des coups de baguette » que « changer d’aiguillage » et, à l’aide de prépositions, « allumer ou éteindre un appareil », et enfin « changer, échanger ». C’est en ce dernier sens que cet anglicisme s’est répandu en français et l’on entend de plus en plus des expressions comme « switcher des places, switcher une date ». Pour rendre compte de toutes ces actions, le français dispose de verbes ou de locutions verbales précises qu’il convient d’employer en lieu et place de cet anglicisme.

 

on dit

on ne dit pas

Il veut déménager, changer d’appartement

Il veut switcher d’appartement

 

Wine maker

Le 5 février 2016

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Le vocabulaire désignant les personnes qui travaillent la vigne et produisent du vin est riche en français ; on trouve, entre autres, le terme usuel vigneron, qui est suffisamment ancien pour être devenu un patronyme. On lui a donné, au xixe siècle, un synonyme un peu plus savant, viticulteur. Ces termes sont assez larges pour envelopper toutes les opérations concourant à la fabrication du vin, en commençant par le travail de la vigne. D’autre part, on leur a adjoint depuis peu des noms ou locutions nominales comme œnologue, maître de chai ou maitre de cave pour désigner ceux qui sont plus particulièrement chargés de la préparation du vin. Il est donc étrange et regrettable que l’on commence à entendre, hélas de plus en plus souvent, l’expression wine maker. Jusqu’où le snobisme et la course à une prétendue modernité iront-ils ? À ce train, gageons que, s’il revenait, notre bourgeois gentilhomme se présenterait comme un prose maker.

After-shave

Le 7 janvier 2016

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Il existe des anglicismes qui ont pour eux une concision qui les rend parfois difficilement traduisibles ou transposables, mais il en est d’autres qui dès leur apparition ont eu des substituts français parfaitement adéquats et dont la longévité étonne. Parmi ceux-ci after-shave, très tôt traduit par « après-rasage ». Comme l’un et l’autre peuvent être employés comme adjectifs ou comme noms et que, quelle que soit la façon dont on les appelle, les produits seront identiques, il serait judicieux d’utiliser les formes françaises.

On dit

on ne dit pas

Des lotions après-rasage(s)

Des après-rasage(s)

Des lotions after-shave

Des after-shave

 

Corner beauté

Le 7 janvier 2016

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Tout récemment une enseigne invitait sa clientèle à se rendre dans ceux de ses magasins disposant d’un corner beauté. Cette étrange locution, hybride d’anglais et de français suscite l’interrogation. Comment avait bien pu naître ce monstre linguistique ? La crise économique en était sans doute la cause : on avait opéré une réduction drastique du budget consacré à cet exercice difficile qu’est la traduction, de sorte que seul un des deux mots était passé d’une langue à l’autre. Fasse le ciel que la prospérité revienne vite pour qu’enfin nous soit proposée une locution entièrement française !

Hot spot

Le 4 décembre 2015

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

L’anglicisme hot spot tend à largement se répandre aujourd’hui. Il a d’abord été employé en géographie, pour désigner une zone du manteau terrestre à l’aplomb de laquelle on constate une intense activité volcanique, que l’on appelle « point chaud » en français. L’extension de sens de l’anglais hot spot pour désigner un endroit particulièrement exposé, un lieu où la situation est critique et qui appelle des mesures d’urgence, ne diffère en rien de celle du français « point chaud ». On emploiera donc cette dernière forme, ou des variantes qui permettront de cerner plus précisément le sens du problème évoqué.

Shopper

Le 4 décembre 2015

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Le nom shopping est attesté depuis deux siècles dans notre langue. L’académicien Prosper Mérimée parlait déjà, en 1857, de la grande affaire du shopping, si intéressante pour les demoiselles. On pourrait peut-être avoir une certaine sympathie pour ce nom qui, après tout, a la même origine que notre échoppe, mais on se gardera d’avoir les mêmes sentiments à l’égard du récent shopper, que l’on emploie au sens de « courir les magasins », qui constitue un contresens par rapport à l’anglais to shop, « présenter sur un étal, mettre en vente » et un inutile homonyme de nos formes chopper (faire un faux pas) et choper (attraper).

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