Le 2 février 2017
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
Le nom self-service est apparu aux États-Unis après la Première Guerre mondiale et en France après la Seconde. Plusieurs formes ont été proposées pour remplacer cet anglicisme : auto-service, dont l’usage n’a pas voulu, et libre-service, qu’il convient d’employer plutôt que self-service ou sa forme abrégée, self.
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on dit
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on ne dit pas
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Une station d’essence en libre-service
Un restaurant en libre-service
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Une station d’essence en self-service
Un restaurant en self-service
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Le 5 janvier 2017
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
Être au top, être dans le top cinq
La forme anglaise top peut être nom, adjectif ou verbe. Elle signifie, suivant les cas, « sommet », « élevé » ou « surmonter ». Le nom anglais top se rencontre dans la locution composite au top, un hybride qui ne dit rien de plus qu’« au sommet ». Quant à la forme être dans le top cinq, elle ne diffère en rien, pour le sens, de la locution « être dans les cinq meilleurs ». On trouve d’autres tournures avec cet anglicisme ; toutes ont des équivalents français qu’il serait dommage de laisser inemployés.
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on dit
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on ne dit pas
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Faire partie des trois meilleurs
C’est très bien
C’est formidable
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Être dans le top trois
C’est top
C’est top génial
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Le 5 janvier 2017
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
Relevant au sens de Pertinent
L’adjectif anglais relevant est attesté depuis le xvie siècle. Il signifie, en fonction du contexte, « qui se rapporte à, applicable à » ou « utile, pertinent ». Ce sont ces formes qui doivent être employées en lieu et place de cet anglicisme.
On ne dira donc pas tout document relevant, mais tout document utile ; une réponse relevante, mais une réponse pertinente. On rappellera bien sûr que le participe présent du verbe relever au sens d’« être du ressort de » est d’un emploi parfaitement correct : une affaire relevant du droit maritime.
Le 1 décembre 2016
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
Label
Le terme label est issu, par l’intermédiaire de l’anglais label, « étiquette », de l’ancien français label, qui désignait un ruban et qui est également à l’origine de notre lambeau. Label, au sens de « marque distinctive », est bien ancré dans l’usage en droit, domaine où il garantit qu’une entreprise respecte les conditions de travail définies par la loi (label syndical) et dans le monde du commerce où il peut certifier l’origine, la qualité d’un produit (label de conformité, d’origine) : on évitera de lui donner le sens trop étendu de marque et surtout de l’employer au figuré au sens de signature, étiquette ou caution, tout particulièrement dans le domaine politique.
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on dit
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on ne dit pas
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Les éditeurs de musique indépendants
Une nouvelle marque de vêtements
Ce projet porte la signature d’Untel
Se présenter à une élection sous telle ou telle étiquette, sans aucune étiquette
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Les labels de musique indépendants
Un nouveau label de vêtements
Ce projet porte le label d’Untel
Se présenter à une élection sous tel ou tel label, sans aucun label
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Le 1 décembre 2016
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
Relooker
Nous avons évoqué il y a quelque temps, dans cette même rubrique, le nom look. Il convient maintenant de nous attaquer au verbe qui en est dérivé, relooker, un intéressant cas linguistique, fruit des amours monstrueuses d’un verbe anglais et d’un préfixe itératif, et parfois intensif, français. Ce verbe est assez souvent lié à une injonction plus ou moins voilée : il convient de relooker un intérieur, un curriculum vitae, son apparence, voire de se faire relooker. Rappelons que le français dispose de verbes et expressions comme modifier, refaire, donner une apparence nouvelle, etc., qui nous permettent de nous passer aisément de cet anglicisme.
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on dit
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on ne dit pas
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Les bureaux ont été refaits, réaménagés, rafraîchis
Il a changé d’apparence, de style
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Les bureaux ont été relookés
Il a été relooké, il s’est relooké
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Le 3 novembre 2016
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
Délivrer des informations
Le verbe délivrer, issu du latin chrétien deliberare, « délivrer », a de nombreux sens. Il signifie « libérer, rendre à la liberté » et s’est spécialisé en médecine avec le sens d’« accoucher une femme ». Par extension, on peut l’employer en parlant de marchandises, d’argent, de documents, etc. que l’on remet aux mains de quelqu’un : délivrer un chargement, un paquet ; délivrer une attestation, une quittance. Rappelons donc qu’on ne délivre que des personnes ou des objets concrets et qu’il convient de ne pas ajouter à ces sens celui de « donner des informations », qui serait un anglicisme.
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on dit
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on ne dit pas
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Il m’a fourni, apporté les informations que je souhaitais
Renseigner quelqu’un
Livrer un secret
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Il m’a délivré les informations que je souhaitais
Délivrer des renseignements à quelqu’un
Délivrer un secret
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Le 3 novembre 2016
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
Stalker au sens de Harceler
Depuis peu, certains magazines se sont emparés du verbe anglais to stalk et en ont fait un anglicisme stalker, ou stalquer. Le verbe anglais signifie « chasser à l’affût » et, par extension, « traquer ». Il n’est plus aujourd’hui limité au domaine cynégétique, mais s’emploie aussi pour désigner l’espèce de chasse à laquelle se livrent les admirateurs d’une célébrité qui souhaitent à tout prix entrer dans sa vie. Le français dispose de termes pouvant rendre compte de ce phénomène, dont une partie, comme en anglais ont d’abord appartenu à la langue de la chasse, comme guetter, traquer, chasser, mais aussi épier ou harceler. On abandonnera donc cet anglicisme, au profit des formes françaises que nous venons d’énoncer.
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on dit
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on ne dit pas
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Il est harcelé par ses admirateurs
Passer des journées entières à traquer son idole
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Il est stalqué par ses admirateurs
Passer des journées entières à stalquer son idole
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Le 6 octobre 2016
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
Pense-t-on que nos amis italiens, espagnols ou allemands viennent en France pour y manger des pizzas, de la paella ou de la choucroute ? Qu’ils y cherchent le pont des Soupirs, l’alcazar de Tolède ou la porte de Brandebourg ? Assurément non ! Croire cela serait faire bien peu de cas de leur curiosité et de leur soif de découvertes. Gageons aussi que s’ils avaient voulu visiter un pays où ils pouvaient lire des formes comme crew, summer show, walldrawings, groove, fashion week, brow bar, etc., sur les enseignes mais aussi sur des affiches municipales ou sur des documents émanant des mairies, c’est dans des terres de langue anglaise qu’ils se seraient rendus. Ayons confiance en la capacité de ces touristes d’aimer la langue du pays dans lequel ils se trouvent, et soyons sûrs que cet amour est également partagé par les autochtones, qui pourraient souhaiter, eux aussi, voir toutes ces choses écrites dans la langue de Molière.
Le 1 septembre 2016
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
Fan zone
L’expression fan zone vient de connaître son heure de gloire. On peut regretter que l’abréviation anglaise fan ait éliminé l’abréviation familière française fana, deux formes remontant, par l’intermédiaire de fanatic et de fanatique, au latin fanaticus, lui-même dérivé de fanum, qui désignait un temple et, plus précisément, un espace consacré. Par un étrange effet de mise en abîme, il y a donc un espace consacré, une zone, à ceux qui sont, étymologiquement, les spectateurs d’un espace consacré. On rappellera surtout que ce système d’apposition est tout à fait éloigné du génie de la langue française, qui préfère recourir à des tours prépositionnels, et que, s’il est regrettable d’altérer notre vocabulaire, altérer les structures de notre langue l’est plus encore. Il est tout à fait possible de trouver sans mal des équivalents français comme zone, espace réservés aux supporteurs pour désigner cette réalité.
Le 1 septembre 2016
Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs
On commence à entendre ici ou là un nouveau verbe, feeler. Il s’agit d’une francisation de l’anglais to feel, « toucher, sentir », et surtout « se sentir ». On le voit, le français dispose lui aussi de verbes rendant compte de ces actions et de ces états, et il n’est donc pas nécessaire de recourir à un anglicisme pour les exprimer. On ajoutera pour conclure que, si le verbe feeler est un barbarisme en français, c’est un nom parfaitement correct en anglais, où il sert à nommer les organes tactiles de certains animaux, comme les antennes des insectes et les cornes ou, mieux, les tentacules oculaires des escargots.
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on dit
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on ne dit pas
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Je me sens bien aujourd’hui
Pour aller mieux…
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Je feele bien aujourd’hui
Pour feeler mieux…
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