Le 10 janvier 2019
Néologismes & anglicismes
Certains anglicismes se sont tellement répandus dans la langue française qu’on ne les remarque pratiquement plus et qu’on oublie que l’on pourrait les remplacer par des formes françaises équivalentes. C’est le cas avec la locution adjectivale et adverbiale low cost, qui est implantée dans la langue française depuis une dizaine d’années. Est-ce un juste retour des choses puisque les formes to cost et cost ont été empruntées de l’ancien français coster ou couster pour le verbe et cost ou coust pour le nom ? Peut-être, mais que cela ne nous dispense pas de nous souvenir que le français dispose de noms comme coût ou prix et d’adjectifs comme bas, petit, réduit, etc., grâce auxquels on peut rendre ce que dit low cost.
On dit
|
On ne dit pas
|
Des produits à faible coût, à coûts réduits, peu chers
Compagnie à bas prix
|
Des produits low cost
Compagnie low cost
|
Le 10 janvier 2019
Néologismes & anglicismes
Le nom leader s’est introduit dans la langue française au xixe siècle. L’Académie française l’a admis dans la 8e édition de son Dictionnaire et même si des noms comme meneur, chef, chef de file, dirigeant, etc. peuvent lui être substitués avec profit, il est aujourd’hui bien ancré dans l’usage. Il n’en va pas de même pour la forme lead, que l’on commence à entendre dans l’étrange forme, mêlant français et anglais, prendre le lead, que l’on remplacera par des tours comme « prendre la tête », « prendre la direction », voire « conduire », « mener », etc.
Le 13 décembre 2018
Néologismes & anglicismes
Le mot bénévole existe en français depuis le xiiie siècle comme adjectif, avec le sens de « bienveillant », et depuis 1866 comme nom pour désigner un volontaire qui fait quelque chose sans y être tenu et parce qu’il le veut bien. Dans certains cas d’ailleurs, volontaire est un synonyme de ce mot, comme dans pompier volontaire. Ces deux mots peuvent rendre compte des situations où une personne accepte sans contrepartie financière d’apporter son aide à un groupe, une association, etc. Aussi n’est-il sans doute pas nécessaire de remplacer l’un ou l’autre de ces termes par l’anglais helper.
On dit
|
On ne dit pas
|
De nombreux bénévoles ont participé à cette campagne
Les stands de ravitaillement sont tenus par des bénévoles
|
De nombreux helpers ont participé à cette campagne
Les stands de ravitaillement sont tenus par des helpers
|
Le 8 novembre 2018
Néologismes & anglicismes
Le verbe anglais to forward a de nombreux sens, et entre autres celui de « transférer ». Il est construit à l’aide de racines qui ont servi à former le latin fores, « porte », mais aussi « situé à l’extérieur », et vertere, « tourner, retourner ». On pourrait donc trouver à cette forme une lointaine parenté avec des mots français ; mais cela ne justifie pas que l’on use et abuse, dans notre langue, de l’étrange forwarder, un anglicisme bien inutile, puisqu’on l’emploie en lieu et place de transférer, et que ce dernier est attesté depuis plus de six siècles dans la langue française.
On dit
|
On ne dit pas
|
Transférer des documents
|
Forwarder des documents
|
Le 8 novembre 2018
Néologismes & anglicismes
L’abus de sigles et d’abréviations est une calamité, tout comme la prolifération des anglicismes, mais il arrive de surcroît, hélas, que ces maux se combinent. C’est ce que nous avions vu naguère avec le comminatoire ASAP, as soon as possible, « dès que possible ». Nous allons voir aujourd’hui LMK et FYI. Le premier est l’abréviation de let me know, « faites-moi savoir, donnez-moi votre avis », le second celle de for your information, « pour votre information ». Il s’agit de deux sigles qu’il serait préférable de remplacer par des tours français développés – comme « pour information », par exemple –, et il y a fort à parier que cela ne nuirait guère à la rapidité de transmission des messages.
Le 4 octobre 2018
Néologismes & anglicismes
Nombreux sont ceux qui, dans le monde du travail, ont un ou plusieurs supérieurs hiérarchiques. Ces derniers sont le plus souvent appelés précisément supérieurs hiérarchiques, mais aussi, en fonction des contextes et des niveaux de langue, chefs, directeurs, supérieurs directs. Aussi n’est-il peut-être pas nécessaire de remplacer ces noms par les formes qui se répandent aujourd’hui, mon N+1, mon N+2, quand bien même certains y verraient un valorisant vernis mathématique.
Le 4 octobre 2018
Néologismes & anglicismes
Les anglicismes qui prolifèrent dans notre langue viennent souvent de langues spécialisées comme l’informatique, le sport, etc., et il arrive qu’ils désignent des réalités qui n’ont pas encore été nommées en français ; les commissions de terminologie et de néologie s’emploient à substituer à ces anglicismes des équivalents français corrects. Mais on assiste également à un envahissement de notre langue par des termes désignant des réalités nommées depuis de nombreux siècles en français. C’est particulièrement le cas aujourd’hui avec les unités de mesures du temps : les termes heure, jour et semaine semblent avoir disparu au profit de hour (happy hour), day (shopping day) et week (fashion week), tandis qu’année et plus encore mois sont, pour l’instant à tout le moins, épargnés. Il est difficile de voir dans cette malheureuse propension autre chose qu’une forme de snobisme et de crainte que, nommés avec des noms français, les évènements parés des anglicismes évoqués plus haut, ne voient l’intérêt qu’ils suscitent s’étioler. On rappellera pourtant qu’en son temps les fameux Black Thursday et D-Day ne perdirent rien de leur importance historique en étant appelés en français « le Jeudi noir » et « le Jour J ».
Le 6 septembre 2018
Néologismes & anglicismes
Le nom propale n’est pas la création de quelque poète qui aurait cherché une rime à opale. C’est le résultat, dans le jargon de la mercatique, de l’apocope sévère du nom proposition, réduit à prop-, et de l’aphérèse non moins sévère de l’adjectif commerciale, réduit à -ale. Ensuite, comme le docteur Frankenstein du roman de Mary Shelley avait créé un être vivant à partir de chairs mortes, on a donné vie à cette propale, née des dépouilles cousues de proposition et de commerciale. Il n’est pas sûr qu’il soit nécessaire de faire de la langue un champ d’expérimentation ressemblant au laboratoire de quelque savant à demi fou, surtout si l’on se souvient que, dans le récit de Shelley, le monstre finit par se retourner contre son créateur.
Le 6 septembre 2018
Néologismes & anglicismes
On accepte deux pluriels pour le nom stimulus, les formes stimuli et stimulus. La première suit la règle des pluriels latins de noms en -us ; la seconde suit la règle du français qui veut que les noms terminés par s, x ou z soient identiques au singulier et au pluriel. On a donc le choix pour ces pluriels, même si stimulus est préférable, mais on se gardera bien de faire, ce qui se voit, hélas, même dans des publications scientifiques, de stimuli un singulier (dont le pluriel deviendrait alors un étrange stimulis. Rappelons que dans l’immense majorité des cas, les noms d’origine étrangères intégrés dans notre langue prennent les marques de pluriel du français et non celles de leur pays d’origine : un graffiti (et non un graffito), des graffitis (et non des graffiti).
on dit
|
on ne dit pas
|
Réagir à un stimulus
Un stimulus olfactif
Des stimuli, des stimulus nombreux
|
Réagir à un stimuli
Un stimuli olfactif
Des stimulis nombreux
|
Le 5 juillet 2018
Néologismes & anglicismes
Le verbe anglais to crush, « écraser, broyer », est emprunté de l’ancien français cruisir, une des nombreuses variantes de croissir, « rompre, casser, briser, détruire ». De to crush a été tiré le nom crush, « foule, cohue, bousculade », mais aussi « béguin, coup de cœur, engouement » que l’on trouve dans la locution to have a crush on someone. Un tel glissement de sens n’est pas sans rappeler celui du français craquer pour quelqu’un, « céder à l’attrait d’une personne, d’un objet ». Dans la mesure où le français a à sa disposition de nombreux termes pour désigner ces attractions, le plus souvent passagères, on réservera crush à l’anglais.
On dit
|
On ne dit pas
|
Avoir un petit faible, un penchant pour quelqu’un ; en pincer pour quelqu’un, avoir le béguin pour quelqu’un
|
Avoir un crush pour quelqu’un
|
Pages