Le 3 mars 2016
Néologismes & anglicismes
La locution nominale come back est un anglicisme tiré du verbe anglais to come back, « revenir ». Elle s’est d’abord entendue dans le monde du sport, puis de la politique et s’emploie aujourd’hui dans tous les domaines. Mais il convient de ne pas oublier que la langue française dispose de suffisamment de termes pour exprimer cette idée et qu’il serait dommage de ne pas les employer en lieu et place de come back ou de ses monstrueux dérivés come backeur et come backeuse.
on dit
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on ne dit pas
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Ce chanteur remonte sur scène après deux ans d’absence
Cet homme politique tente un difficile retour
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Ce chanteur fait son come back sur scène après deux ans d’absence
Cet homme politique tente un difficile come back
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Le 5 février 2016
Néologismes & anglicismes
Le nom anglais switch a d’abord désigné une baguette, puis une aiguille et enfin un système d’aiguillage ou un commutateur. Le verbe to switch, qui en est dérivé, a eu une évolution semblable ; il signifie donc aussi bien « donner des coups de baguette » que « changer d’aiguillage » et, à l’aide de prépositions, « allumer ou éteindre un appareil », et enfin « changer, échanger ». C’est en ce dernier sens que cet anglicisme s’est répandu en français et l’on entend de plus en plus des expressions comme « switcher des places, switcher une date ». Pour rendre compte de toutes ces actions, le français dispose de verbes ou de locutions verbales précises qu’il convient d’employer en lieu et place de cet anglicisme.
on dit
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on ne dit pas
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Il veut déménager, changer d’appartement
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Il veut switcher d’appartement
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Le 5 février 2016
Néologismes & anglicismes
Le vocabulaire désignant les personnes qui travaillent la vigne et produisent du vin est riche en français ; on trouve, entre autres, le terme usuel vigneron, qui est suffisamment ancien pour être devenu un patronyme. On lui a donné, au xixe siècle, un synonyme un peu plus savant, viticulteur. Ces termes sont assez larges pour envelopper toutes les opérations concourant à la fabrication du vin, en commençant par le travail de la vigne. D’autre part, on leur a adjoint depuis peu des noms ou locutions nominales comme œnologue, maître de chai ou maitre de cave pour désigner ceux qui sont plus particulièrement chargés de la préparation du vin. Il est donc étrange et regrettable que l’on commence à entendre, hélas de plus en plus souvent, l’expression wine maker. Jusqu’où le snobisme et la course à une prétendue modernité iront-ils ? À ce train, gageons que, s’il revenait, notre bourgeois gentilhomme se présenterait comme un prose maker.
Le 7 janvier 2016
Néologismes & anglicismes
Il existe des anglicismes qui ont pour eux une concision qui les rend parfois difficilement traduisibles ou transposables, mais il en est d’autres qui dès leur apparition ont eu des substituts français parfaitement adéquats et dont la longévité étonne. Parmi ceux-ci after-shave, très tôt traduit par « après-rasage ». Comme l’un et l’autre peuvent être employés comme adjectifs ou comme noms et que, quelle que soit la façon dont on les appelle, les produits seront identiques, il serait judicieux d’utiliser les formes françaises.
On dit
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on ne dit pas
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Des lotions après-rasage(s)
Des après-rasage(s)
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Des lotions after-shave
Des after-shave
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Le 7 janvier 2016
Néologismes & anglicismes
Tout récemment une enseigne invitait sa clientèle à se rendre dans ceux de ses magasins disposant d’un corner beauté. Cette étrange locution, hybride d’anglais et de français suscite l’interrogation. Comment avait bien pu naître ce monstre linguistique ? La crise économique en était sans doute la cause : on avait opéré une réduction drastique du budget consacré à cet exercice difficile qu’est la traduction, de sorte que seul un des deux mots était passé d’une langue à l’autre. Fasse le ciel que la prospérité revienne vite pour qu’enfin nous soit proposée une locution entièrement française !
Le 4 décembre 2015
Néologismes & anglicismes
L’anglicisme hot spot tend à largement se répandre aujourd’hui. Il a d’abord été employé en géographie, pour désigner une zone du manteau terrestre à l’aplomb de laquelle on constate une intense activité volcanique, que l’on appelle « point chaud » en français. L’extension de sens de l’anglais hot spot pour désigner un endroit particulièrement exposé, un lieu où la situation est critique et qui appelle des mesures d’urgence, ne diffère en rien de celle du français « point chaud ». On emploiera donc cette dernière forme, ou des variantes qui permettront de cerner plus précisément le sens du problème évoqué.
Le 4 décembre 2015
Néologismes & anglicismes
Le nom shopping est attesté depuis deux siècles dans notre langue. L’académicien Prosper Mérimée parlait déjà, en 1857, de la grande affaire du shopping, si intéressante pour les demoiselles. On pourrait peut-être avoir une certaine sympathie pour ce nom qui, après tout, a la même origine que notre échoppe, mais on se gardera d’avoir les mêmes sentiments à l’égard du récent shopper, que l’on emploie au sens de « courir les magasins », qui constitue un contresens par rapport à l’anglais to shop, « présenter sur un étal, mettre en vente » et un inutile homonyme de nos formes chopper (faire un faux pas) et choper (attraper).
Le 5 novembre 2015
Néologismes & anglicismes
Attachement est dérivé d’un sens figuré d’attacher et désigne essentiellement le sentiment qui nous pousse à nous attacher profondément à une personne ou à une chose. Il existe aussi des sens spécialisés d’attachement, en particulier en médecine et en comptabilité. L’anglais nous a emprunté ce mot, sous la forme attachment, et lui a ajouté le sens de « pièce jointe ». C’est cette dernière forme que l’on emploiera et l’on se gardera bien de lui substituer l’anglicisme attachement.
On dit
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On ne dit pas
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Vous trouverez le document en pièce jointe
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Vous trouverez le document en attachement
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Le 5 novembre 2015
Néologismes & anglicismes
Le nom anglo-américain consumerism a d’abord désigné un mouvement visant à défendre les droits et les intérêts des consommateurs, mais ce sens s’est peu-à-peu effacé et consumerism est aujourd’hui surtout compris comme le goût de la consommation ou comme un mode de vie basé sur la consommation. Cette hésitation touche aussi l’anglicisme consumérisme. En témoignent les éditions successives d’un de nos éminents confrères lexicographes. On trouve dans celle de 2014 uniquement le sens « défense des consommateurs », alors que celle de l’année suivante ajoute celui de « société de consommation ».On préfèrera donc s’abstenir d’employer cette forme qui n’est pas loin de dire une chose et son contraire, et de s’en tenir aux mots et locutions françaises exprimant, et depuis longtemps, ces idées.
Le 1 octobre 2015
Néologismes & anglicismes
Cet adjectif anglais s’est depuis longtemps répandu en français et, comme cela arrive souvent pour ce type d’anglicismes, ses sens sont, dans notre langue, un peu flous et parfois assez éloignés de ceux qu’il a dans sa langue originale. En français cool s’entend pour « calme, décontracté », voire « nonchalant », mais aussi « gentil, agréable ». On rappellera qu’en anglais, cet adjectif peut aussi signifier « effronté, d’un grand culot », et que, plutôt que d’utiliser cet anglicisme aux contours mal dessinés, on lui préfèrera quelques-unes des formes françaises présentées plus haut ou plus bas. On évitera également de faire de cet anglicisme un adjectif, voire un adverbe, passe-partout pour évoquer toute situation agréable, toute perspective réjouissante.
On dit
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On ne dit pas
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« Le professeur est absent. – Quelle bonne nouvelle ! »
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« Le professeur est absent. – Cool, trop cool ! »
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Sa sœur a l’air sympathique
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Sa sœur a l’air cool
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Cela me réjouit que vous veniez
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C’est cool que vous veniez
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