Dire, ne pas dire

L. Le G. (Tours)

Le 6 février 2014

Courrier des internautes

Je me pose depuis trop longtemps deux questions.

La première, la plus vieille, concerne les phrases du type « Cette affirmation me semble juste ». Quelle est alors la fonction grammaticale du pronom personnel « me » ? Il ressemble à un complément d’objet indirect mais sembler est attributif et je ne sais pas si les deux sont compatibles.

Il ne semble pas non plus être attribut du sujet.

Ma seconde question concerne le verbe « insulter ». J’avais l’habitude de corriger mes amis lorsqu’ils prononçaient des phrases comme « Pierre m’a insulté d’abruti », leur expliquant qu’on disait plutôt

« Pierre m’a traité d’abruti » et qu’insulter n’était pas transitif indirect mais seulement transitif direct. Récemment, j’ai voulu vérifier et ai ouvert un Bescherelle de conjugaison, où il était écrit : « Insulter T, Ti » (Ti correspondant à transitif indirect). Me suis-je trompé et peut-on dire « insulter d’abruti » ? Est-il transitif indirect dans un autre cas auquel je n’ai pas pensé ? Le Bescherelle s’est-il trompé ?

L. Le G. (Tours, 14 novembre)

L’Académie répond

Dans Cette affirmation me semble juste, me est complément de l’attribut juste.

La phrase Il m’a insulté d’abruti est incorrecte grammaticalement. On doit écrire Il m’a traité d’abruti, abruti étant attribut du complément d’objet direct me.

Cela étant, si, dans tous les cas, insulter de est fautif, il est vrai que dans la langue classique insulter à existe, avec le sens de « manquer à ce que l’on doit aux personnes, aux choses ; constituer une provocation, un outrage, une inconvenance à leur égard ». On a dit ainsi Insulter au roi, aux dieux (ce tour est vieilli), mais on dit encore aujourd’hui Ce livre insulte à sa mémoire. De tels propos insultent à la raison, au bon sens, au bon goût. Leur faste insulte à la détresse publique.