Dire, ne pas dire

Recherche

Marcia N. (Rio de Janeiro)

Le 22 février 2013

Courrier des internautes

Nous devons dire parleurs du portugais ou plutôt locuteurs du portugais?

Marcia N. (Rio de Janeiro)

L’Académie répond

On peut dire Une personne qui parle le portugais. On peut dire aussi un locuteur portugais, mais le plus simple est d’écrire lusophone.

Voyez la définition de ce mot, telle qu’elle figure dans notre Dictionnaire :

« LUSOPHONE adj. XXe siècle. Composé de luso-, tiré du nom de la Lusitanie, et de -phone, du grec phônê, « voix », d’où « langage, langue ». Qui parle la langue portugaise ; où l’on parle le portugais. Populations lusophones. La communauté lusophone. Pays, État lusophone, où le portugais est langue officielle ou langue de communication. Le Brésil est un État lusophone. Subst. Un, une lusophone. »

Vincent P., Canada

Le 11 février 2013

Courrier des internautes

Il y a de cela trois soirs, j’étais avec des amis, attablé pour le repas. En voulant faire une blague j’ai déclaré que l’antonyme du mot « atomique » était « anatomique ». Sur le coup on a tous bien ri. Cependant, j’ai continué à me questionner sur le sens réel du mot « atomique » et à me demander si il y un antonyme qui s’y associe... La définition du dictionnaire nous dit : relatif à l’atome. Ayant très peu de connaissances en physique, je reste perplexe face à cette définition.

Je reste donc avec deux questions :

1. Est-ce que le mot « atomique » peut être employé comme adjectif ?

2. Si oui, a-t-il un antonyme et quel est-il ?

J’aimerais beaucoup avoir votre point de vue sur les questions.

Vincent P., Canada

L’Académie répond

Atomique est un adjectif. Ce mot a un rapport avec anatomique, mais il n’en est pas l’antonyme. Atomique est dérivé d’atome, qui est lui-même emprunté de l’adjectif grec atomos, qui signifie

« qu’on ne peut couper, indivisible ».

Ce mot est formé du nom tomê, « coupure », et du préfixe négatif a-.

Anatomique est dérivé d’anatomie ; ce dernier est emprunté du grec anatomê, « incision, dissection » Ce mot est formé de tomê et du préfixe ana-, « de bas en haut, en arrière ».

Le mot atomique n’a pas d’antonyme, mais on peut considérer que des adjectifs comme sécable ou divisible sont des antonymes du sens originel d’atome.

À l’endroit de

Le 7 février 2013

Emplois fautifs

La locution prépositionnelle à l’endroit de appartient à une langue soutenue. On dit fort bien La loi est sévère à l’endroit des faux-monnayeurs ou Il a fait preuve, à votre endroit, d’une grande bienveillance. On utilisera cette locution pour parler de personnes, mais non lorsqu’on évoque des inanimés. Dans ce cas la langue dispose d’autres prépositions ou locutions prépositionnelles comme quant à, en ce qui concerne, s’agissant de, etc.

 

On dit

On ne dit pas

Quant à ce que vous disiez

En ce qui concerne ces propositions

Pour un tel crime, le châtiment paraît justifié

À l’endroit de ce que vous disiez

À l’endroit de ces propositions

À l’endroit d’un tel crime, le châtiment paraît justifié

 

Blindé

Le 7 février 2013

Emplois fautifs

Blindé, qui a la même origine que l’anglais blind, « aveugle », a d’abord qualifié un ouvrage militaire si bien dissimulé qu’il était invisible aux yeux de l’ennemi, puisqu’il était couvert de fascines et autres branchages. Ce participe passé a pris en argot le sens d’« ivre », puisque plus rien ne semble pouvoir atteindre celui qui se trouve dans cet état. C’est, avec « couvert d’un blindage », et le sens figuré d’« endurci, protégé » : Un artiste blindé contre les critiques, les seuls sens corrects de blindé. On évitera donc d’en faire un équivalent de plein, rempli, débordé, que l’on parle d’un lieu, d’un agenda ou d’une personne.

Si donc un restaurant n’a pas une vitrine munie de plaques d’acier, on ne dira pas, quelle que soit sa fréquentation, qu’il est blindé.

 

On dit

On ne dit pas

Il n’y a plus une place dans ce bar

Je n’ai plus une date de libre dans mon agenda

Je n’ai plus un instant à moi

Ce bar est blindé de monde

Mon agenda est blindé
 

Je suis blindé

 

Interrogative indirecte avec inversion du sujet

Le 7 février 2013

Emplois fautifs

L’interrogative indirecte diffère principalement de l’interrogative directe en deux points : elle ne comporte ni point d’interrogation, ni inversion du sujet et du verbe. Si, à l’oral, les fautes sont très peu nombreuses quand l’interrogative indirecte est introduite par si (Dites-moi si vous êtes satisfait, Je lui ai demandé s’il était malade), on constate malheureusement que l’inversion du sujet et du verbe, caractéristique de l’interrogation directe, est fréquemment maintenue quand la question est introduite par un adverbe interrogatif comme quand, où, comment, pourquoi, etc., car ces termes, à la différence de si, sont employés à la fois dans l’interrogative directe et dans l’interrogative indirecte.

 

On dit

On ne dit pas

Expliquez-nous comment vous faites

Je ne sais pas pourquoi il part

Dites-nous quand vous reviendrez

Expliquez-nous comment faites-vous

Je ne sais pas pourquoi part-il

Dites-nous quand reviendrez-vous

 

Dispatcher

Le 7 février 2013

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

On rencontre de plus en plus l’anglicisme dispatcher en lieu et place de répartir. Il ne faut pas employer ce terme qui, de surcroît, n’est pas l’équivalent de l’anglais to dispatch. Ce dernier, en effet, ne signifie pas « répartir », mais « expédier », avec la nuance de hâte que l’on peut trouver dans ce verbe français. Dans We soon dispatched our dinner, « Nous eûmes bientôt expédié notre dîner », apparaît bien l’idée de vitesse, mais aucunement celle de répartition. On utilisera donc, en fonction des circonstances répartir, ranger, classer, trier, etc.

 

On dit

On ne dit pas

Répartir les élèves dans les classes

Ranger les marchandises en fonction des envois

Distribuer les tâches

Dispatcher les élèves dans les classes

Dispatcher les marchandises en fonction des envois

Dispatcher les tâches

 

Reminder

Le 7 février 2013

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

L’anglicisme reminder est dérivé du verbe to remind, « rappeler ». Un usage à la mode consiste à l’employer en français pour désigner un message, en particulier un message électronique, destiné à rappeler des tâches à accomplir ou des évènements à ne pas manquer. Le français dispose de termes ou d’expressions de sens équivalent. Pourquoi ne pas les employer ?

 

On dit

On ne dit pas

Rappel : la soirée aura lieu samedi

Envoyez-moi un message pour me rappeler que

Je vous ai laissé un mémento

Reminder : la soirée aura lieu samedi

Envoyez-moi un reminder pour
 

Je vous ai laissé un reminder

 

« Rendre le cimetière bossu » et « Le pays sans chapeau »

Le 7 février 2013

Expressions, Bonheurs & surprises

Dans La Légende des siècles, Victor Hugo montre comment les enfants de Caïn entassent de monstrueuses quantités de pierres pour tenter d’occulter l’œil qui hante leur père :

On lia chaque bloc avec des nœuds de fer

Et la ville semblait une ville d’enfer

L’ombre des tours faisait la nuit dans les campagnes

Ils donnèrent aux murs l’épaisseur des montagnes.

Il semble que, pour tenir la mort à distance et pour s’en protéger par le langage, les vivants aient assemblé, à la manière des fils de Caïn, une grande quantité d’expressions, tantôt populaires et triviales, tantôt poétiques, tantôt limpides, tantôt obscures, mais toujours euphémiques pour dire le trépas. Les latins disaient que l’on rejoignait ses ancêtres, que l’on allait ad patres. Certaines expressions rappellent que la vie est liée au souffle et que la mort nous le reprend : rendre l’esprit, rendre l’âme, rendre son dernier soupir. D’autres sont plus imagées comme casser sa pipe ou avaler son bulletin de naissance. Pour désigner la mort comme état, et non plus comme évènement, on trouve, entre tant d’autres, manger les pissenlits par la racine, être six pieds sous terre, être entre quatre planches.

Deux autres locutions, moins connues mais tout aussi expressives et imagées, méritent d’être ajoutées à cette liste. La première Il a rendu le cimetière bossu s’employait jadis pour parler du mort lui-même. Elle tire son origine du fait que les pauvres n’avaient pas de pierre tombale, et que l’endroit où on les avait inhumés n’était marqué que par un amas de terre remuée, que l’on comparait à une bosse. La seconde, le pays sans chapeau, vient de par-delà les mers puisqu’on la trouve sous la plume de l’écrivain haïtien francophone Dany Laferrière : cette locution, qui est aussi le titre d’un de ses romans, désigne l’au-delà, ce rivage mystérieux où l’on aborde la tête nue puisqu’il n’est pas d’usage d’être enterré avec son chapeau.

Patrick T., La Celle-Saint-Cloud

Le 20 janvier 2013

Courrier des internautes

Pour désigner les personnes travaillant dans une entreprise,  on utilise le mot « collaborateur ». Or celui-ci a une connotation désagréable (2e guerre mondiale). Je propose de le remplacer par le mot « contributeur ». Je sais qu'il n'est pas admis pour l'instant dans le dictionnaire, mais peut-être pourriez-vous l'autoriser et préconiser son emploi.

Patrick T., La Celle-Saint-Cloud

L’Académie répond

COLLABORATEUR, -TRICE n. XVIIIe siècle. Dérivé savant de collaborer.  1. Personne qui travaille avec une ou plusieurs autres à une œuvre commune. Les collaborateurs d'un journal. Sa femme a été pour lui une collaboratrice précieuse.   Par ext. Celui ou celle qui seconde une personne chargée d'importantes responsabilités. Les collaborateurs du ministre. Il sait choisir ses collaborateurs. Se défaire d'un collaborateur  2. Spécialt. Péj. Personne qui, sous l'occupation allemande, entre 1940 et 1944, a choisi de collaborer avec les occupants. Un collaborateur condamné à l'indignité nationale. Par ext. Personne apportant son aide à ceux qui ont envahi son pays. Par abréviation. Pop. Collabo. Il fut un collabo notoire.

Comme vous le voyez, en dehors du contexte de la Deuxième Guerre mondiale, collaborateur n'a rien de péjoratif. Contributeur, plus rare, a un sens spécialisé. Il désigne une personne qui donne un article à une revue.

Dorian C.

Le 11 janvier 2013

Courrier des internautes

Je fais partie d'un groupe de rock et, lors de la mise en forme de notre CD, nous avons eu un problème. Nous voulons appeler notre album 27h42 (passées de quelques secondes). Mais comment devons-nous écrire « passées » ? Faut-il l'accorder avec les 27 heures et les 42 minutes (passées), ou juste avec l'heure (passée), ou l'heure est-elle une entité avec laquelle nous n'accordons pas les verbes (passé) ?

Dorian C.

L’Académie répond

Ici on accordera passé avec ce qui précède et l’on écrira 27 h 42 passées de quelques secondes.

Pages