Dire, ne pas dire

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« Une aparté » pour « Un aparté »

Le 4 mai 2023

Emplois fautifs

Il existe en français une trentaine de noms masculins terminés par -té, qui sont le plus souvent d’anciens participes passés substantivés. Dans cet ensemble hétéroclite, on trouve, entre autres, un député et un comité, un raté et un quinté, un été et un pâté, un côté et un épaulé-jeté. C’est peu au regard des quelque huit cents noms, également terminés par -té, qui sont féminins. Si les masculins les plus répandus ne posent pas de problème de genre, il en est pour lesquels l’usage hésite parfois et choisit, à tort, le féminin, par attraction du genre le plus nombreux. Parmi ceux-ci figure le nom aparté. Rappelons donc que ce mot est un masculin et que dire une aparté serait une faute grammaticale.

on dit

on ne dit pas

Les apartés sont fréquents dans le vaudeville

Il eut un bref aparté avec son collègue

Les apartés sont fréquentes dans le vaudeville

Il eut une brève aparté avec son collègue

Malaisant

Le 6 avril 2023

Emplois fautifs

On n’emploie plus aujourd’hui en français l’adjectif verbal aisant, même si le verbe aisier s’est rencontré au Moyen Âge et si le participe passé aisé est, lui, toujours en usage et a servi à créer l’adjectif antonyme malaisé. Pour qualifier ce qui produit un malaise, ce qui gêne, on évitera de recourir à l’adjectif malaisant, que l’on entend aujourd’hui assez fréquemment, puisque de nombreux adjectifs ou locutions, bien ancrés dans la langue, peuvent déjà traduire cette idée.

on dit

on ne dit pas

Un silence gênant, embarrassant

Cet homme met tout le monde mal à l’aise

Un silence malaisant

Cet homme est très malaisant

Sourcer

Le 6 avril 2023

Emplois fautifs

Le verbe sourcer a parfois été employé comme synonyme de sourdre. On le trouve avec ce sens, en 1606, dans Le Thresor de la langue françoyse, tant ancienne que moderne de Nicot et encore, quatre siècles plus tard, chez Péguy. De son côté, Littré nous apprend que sourcer s’employait aussi en Bretagne lorsqu’on mettait le linge savonné et tordu à tremper pendant plusieurs heures dans un bassin d’eau claire. À ces sens, on n’ajoutera pas celui de « donner l’origine, la source de », qui commence à se répandre aujourd’hui.

« S’empiffrer » ou « S’empiffer, piffer ou piffrer »?

Le 6 avril 2023

Emplois fautifs

S’empiffrer, « manger goulûment » et piffer, « supporter », – employé essentiellement à la forme négative – sont parfois remplacés, à tort, par les formes voisines s’empiffer et piffrer. Cette erreur peut s’expliquer par l’origine commune de ces verbes, qui remontent tous deux à un radical expressif pif-, marquant la grosseur et auquel nous devons le nom populaire pif, qui désigne le nez. Ainsi avoir quelqu’un dans le pif équivaut à ne pas pouvoir le piffer. Nous sommes aussi redevables au radical pif- du nom piffre, qui a d’abord désigné, dans la langue de la médecine, un homme dont les testicules ne sont pas descendus puis, dans la langue courante, un gros homme ventru. De ce nom a ensuite été tirée la forme verbale empiffrer. Elle est aujourd’hui pronominale, mais ce ne fut pas toujours le cas puisqu’on lisait encore dans les éditions anciennes de notre Dictionnaire : « Trop manger et trop dormir l’ont empiffré à un tel point, qu’il n’est pas reconnaissable. » Rappelons donc que, même si ces confusions sont explicables, les verbes en usage aujourd’hui sont, comme nous l’avons vu plus haut, s’empiffrer et piffer.

Détoxer

Le 2 mars 2023

Emplois fautifs

Le nom grec toxon, « arc », a eu de nombreux dérivés et,par métonymie, divers sens. Après l’arc, il a rapidement désigné la flèche que projetait cet arc. Par la suite, un dérivé de toxon, le nom toxikon, a désigné un carquois, puis le poison dont on imprégnait les flèches pour qu’elles fussent plus efficaces. À cette forme on doit le nom et adjectif français toxique, mais aussi des termes comme toxine, toxicité et intoxiquer. De ce verbe on a tiré fort naturellement, et voilà plus d’un siècle et demi, l’antonyme désintoxiquer, un verbe, qu’il n’est pas nécessaire de pourvoir de l’inutile doublet détoxer, dont certains magazines et agences de publicité nous abreuvent, quand bien même notre monde pourrait sembler plus toxique qu’il ne l’était à la naissance de désintoxiquer.

Les conditions sont glissantes

Le 2 mars 2023

Emplois fautifs

En hiver, les conditions de circulation ne sont pas toujours fameuses : la pluie, la neige, le verglas, le givre ou le grésil peuvent rendre les routes glissantes. Pour évoquer ce phénomène, on évitera d’user d’une métonymie qui ferait que l’adjectif employé pour nous renseigner sur l’état des routes n’en vienne à qualifier les conditions de circulation elles-mêmes. Par temps de verglas on dira donc les chaussées sont glissantes et non les conditions sont glissantes.

Omission de l’article : exemples de « garder contact » et « sur base de »

Le 2 mars 2023

Emplois fautifs

L’ancien français se distingue du français actuel essentiellement par le vocabulaire et l’orthographe, mais aussi par le fait que les articles (et les pronoms sujets) y étaient beaucoup moins en usage qu’en français moderne. De cette époque, nous avons gardé nombre de locutions verbales, comme avoir faim, chercher noise, demander pardon, faire peur, prendre froid, ou adverbiales, comme sauf erreur, par hasard, à plus forte raison, qui ne comptent pas d’article. Ces formes ont été sanctionnées et validées par le temps et il est préférable de ne pas en créer de nouvelles en supprimant l’article dans des locutions ou des expressions où il est d’usage ancien. On dira donc garder le contact et sur la base de et non garder contact et sur base de.

On s’est eu au téléphone

Le 2 mars 2023

Emplois fautifs

Le verbe téléphoner se construit indirectement : on téléphone à quelqu’un ou pronominalement : on se téléphone. On emploie aussi parfois, familièrement, l’expression avoir quelqu’un au téléphone. Au passé composé, on dira donc on s’est téléphoné ou je l’ai eu au téléphone, mais la grammaire interdit de mêler ces deux formes pour faire on s’est eu au téléphone.

Des pâtisseries « faites maison » ou « faites maisons »

Le 2 février 2023

Emplois fautifs

La locution adjectivale fait maison s’emploie pour qualifier ce qui est fabriqué par l’artisan qui en fait commerce, et diffère donc de ce qui est produit de façon industrielle. Cette locution est une ellipse de fait à la maison. Il s’ensuit que le nom maison reste invariable tandis que le participe passé fait s’accorde, en genre et en nombre, avec le nom du produit concerné. On dira et on écrira donc des pâtisseries faites maison (et non des pâtisseries faites maisons ou des pâtisseries fait maison), comme on dira, encore par ellipse, des pâtisseries maison.

Il en va de même pour la locution fait main : des pulls faits main.

Elle s’est forgé un corps d’athlète

Le 2 février 2023

Emplois fautifs

L’accord du participe passé du verbe forger à la forme pronominale est parfois source d’hésitations. Rappelons donc que cet accord dépend de la fonction du pronom personnel réfléchi se (ou de sa forme élidée s’). On écrira ainsi elle s’est forgé un corps d’athlète (comme on écrirait elle s’est construit une maison) parce que, dans ce cas, le pronom s’ est le complément d’objet indirect du verbe, le complément d’objet direct étant le groupe nominal un corps d’athlète. Si le complément d’objet direct est placé avant le verbe, le participe passé s’accordera avec celui-ci et on écrira les idées qu’il s’est forgées (les idées qu’il a forgées pour lui). En revanche, on écrira cette théorie s’est forgée peu à peu (comme on écrirait cette maison s’est construite en huit mois), parce que, dans ce cas, le pronom personnel s’ n’est pas analysable : il s’agit d’une forme pronominale à valeur passive (équivalant à on a forgé cette théorie peu à peu) qui commande l’accord du verbe avec le sujet.

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