Dire, ne pas dire

Recherche

« Le handicap » ou « L’handicap »

Le 8 juin 2023

Emplois fautifs

Le nom handicap est tiré de la locution anglaise hand in (the) cap, proprement « main dans le chapeau ». Il a d’abord désigné un jeu de hasard, puis un système visant à donner les mêmes chances à tous les participants d’une course de chevaux, en imposant aux meilleurs d’entre eux de parcourir une distance plus longue ou de porter un poids supplémentaire. Ce sens existe toujours, mais aujourd’hui handicap désigne surtout une infirmité, une déficience accidentelle ou naturelle, passagère ou permanente, qui entrave l’activité physique ou mentale d’un individu. De son origine anglaise, le nom handicap a conservé l’aspiration du h initial, ce qui interdit l’élision de l’article qui précède et la liaison avec les mots au pluriel situés devant lui. Cette remarque vaut aussi bien sûr pour le nom et adjectif handicapé et pour le verbe handicaper.

on dit

on ne dit pas

Le handicap dont il souffre

Il a surmonté ce handicap

Ses lacunes en français vont le handicaper

Une association qui aide les / handicapés

L’handicap dont il souffre

Il a surmonté cet handicap

Ses lacunes en français vont l’handicaper

Une association qui aide les-z-handicapés

Je vous demande, tel que la loi vous y oblige …

Le 4 mai 2023

Emplois fautifs

La locution adjectivale tel que et les conjonctions de subordination comme ou ainsi que sont parfois synonymes et remplaçables l’une par l’autre. C’est le cas quand on souligne une égalité : « Il est comme/ ainsi que son père l’était au même âge ; il est tel que son père l’était au même âge ». Mais cette permutation n’est pas possible en l’absence de nom ou de pronom servant de référence à la comparaison. On dira donc : « Je vous demande de me dire, comme / ainsi que la loi vous y oblige, … » et non : « Je vous demande de me dire, tel que la loi vous y oblige … », qui s’entend et se lit pourtant de plus en plus.

« L’hernie » ou « La hernie » ?

Le 4 mai 2023

Emplois fautifs

Dans l’immense majorité des noms venant du latin et commençant par un h, ce h est muet : l’habitude, l’herbe, l’hirondelle, l’homme, l’humeur. Le plus souvent, ceux qui viennent du germanique ont un h aspiré : la hache, le hêtre, la hie, le homard, la hutte. Il est quelques exceptions, parmi lesquelles le nom hernie. En effet, bien qu’il soit emprunté du latin hernia, de même sens, son h initial est aspiré. Peut-être est-ce parce que, en ancien français, la forme de ce nom était hargne, un homonyme du nom désignant la disposition à chercher querelle qui vient, lui, du germanique harmjan, « insulter ». Mais, quelle que soit l’origine de cette aspiration, il convient de rappeler que l’on doit dire « la hernie » et non « l’hernie ».

on dit

on ne dit pas

Sa hernie avait été opérée avec succès

Il est urgent de réduire la hernie

Son hernie avait été opérée avec succès

Il est urgent de réduire l’hernie

« Une aparté » pour « Un aparté »

Le 4 mai 2023

Emplois fautifs

Il existe en français une trentaine de noms masculins terminés par -té, qui sont le plus souvent d’anciens participes passés substantivés. Dans cet ensemble hétéroclite, on trouve, entre autres, un député et un comité, un raté et un quinté, un été et un pâté, un côté et un épaulé-jeté. C’est peu au regard des quelque huit cents noms, également terminés par -té, qui sont féminins. Si les masculins les plus répandus ne posent pas de problème de genre, il en est pour lesquels l’usage hésite parfois et choisit, à tort, le féminin, par attraction du genre le plus nombreux. Parmi ceux-ci figure le nom aparté. Rappelons donc que ce mot est un masculin et que dire une aparté serait une faute grammaticale.

on dit

on ne dit pas

Les apartés sont fréquents dans le vaudeville

Il eut un bref aparté avec son collègue

Les apartés sont fréquentes dans le vaudeville

Il eut une brève aparté avec son collègue

Malaisant

Le 6 avril 2023

Emplois fautifs

On n’emploie plus aujourd’hui en français l’adjectif verbal aisant, même si le verbe aisier s’est rencontré au Moyen Âge et si le participe passé aisé est, lui, toujours en usage et a servi à créer l’adjectif antonyme malaisé. Pour qualifier ce qui produit un malaise, ce qui gêne, on évitera de recourir à l’adjectif malaisant, que l’on entend aujourd’hui assez fréquemment, puisque de nombreux adjectifs ou locutions, bien ancrés dans la langue, peuvent déjà traduire cette idée.

on dit

on ne dit pas

Un silence gênant, embarrassant

Cet homme met tout le monde mal à l’aise

Un silence malaisant

Cet homme est très malaisant

Sourcer

Le 6 avril 2023

Emplois fautifs

Le verbe sourcer a parfois été employé comme synonyme de sourdre. On le trouve avec ce sens, en 1606, dans Le Thresor de la langue françoyse, tant ancienne que moderne de Nicot et encore, quatre siècles plus tard, chez Péguy. De son côté, Littré nous apprend que sourcer s’employait aussi en Bretagne lorsqu’on mettait le linge savonné et tordu à tremper pendant plusieurs heures dans un bassin d’eau claire. À ces sens, on n’ajoutera pas celui de « donner l’origine, la source de », qui commence à se répandre aujourd’hui.

« S’empiffrer » ou « S’empiffer, piffer ou piffrer »?

Le 6 avril 2023

Emplois fautifs

S’empiffrer, « manger goulûment » et piffer, « supporter », – employé essentiellement à la forme négative – sont parfois remplacés, à tort, par les formes voisines s’empiffer et piffrer. Cette erreur peut s’expliquer par l’origine commune de ces verbes, qui remontent tous deux à un radical expressif pif-, marquant la grosseur et auquel nous devons le nom populaire pif, qui désigne le nez. Ainsi avoir quelqu’un dans le pif équivaut à ne pas pouvoir le piffer. Nous sommes aussi redevables au radical pif- du nom piffre, qui a d’abord désigné, dans la langue de la médecine, un homme dont les testicules ne sont pas descendus puis, dans la langue courante, un gros homme ventru. De ce nom a ensuite été tirée la forme verbale empiffrer. Elle est aujourd’hui pronominale, mais ce ne fut pas toujours le cas puisqu’on lisait encore dans les éditions anciennes de notre Dictionnaire : « Trop manger et trop dormir l’ont empiffré à un tel point, qu’il n’est pas reconnaissable. » Rappelons donc que, même si ces confusions sont explicables, les verbes en usage aujourd’hui sont, comme nous l’avons vu plus haut, s’empiffrer et piffer.

Détoxer

Le 2 mars 2023

Emplois fautifs

Le nom grec toxon, « arc », a eu de nombreux dérivés et,par métonymie, divers sens. Après l’arc, il a rapidement désigné la flèche que projetait cet arc. Par la suite, un dérivé de toxon, le nom toxikon, a désigné un carquois, puis le poison dont on imprégnait les flèches pour qu’elles fussent plus efficaces. À cette forme on doit le nom et adjectif français toxique, mais aussi des termes comme toxine, toxicité et intoxiquer. De ce verbe on a tiré fort naturellement, et voilà plus d’un siècle et demi, l’antonyme désintoxiquer, un verbe, qu’il n’est pas nécessaire de pourvoir de l’inutile doublet détoxer, dont certains magazines et agences de publicité nous abreuvent, quand bien même notre monde pourrait sembler plus toxique qu’il ne l’était à la naissance de désintoxiquer.

Les conditions sont glissantes

Le 2 mars 2023

Emplois fautifs

En hiver, les conditions de circulation ne sont pas toujours fameuses : la pluie, la neige, le verglas, le givre ou le grésil peuvent rendre les routes glissantes. Pour évoquer ce phénomène, on évitera d’user d’une métonymie qui ferait que l’adjectif employé pour nous renseigner sur l’état des routes n’en vienne à qualifier les conditions de circulation elles-mêmes. Par temps de verglas on dira donc les chaussées sont glissantes et non les conditions sont glissantes.

Omission de l’article : exemples de « garder contact » et « sur base de »

Le 2 mars 2023

Emplois fautifs

L’ancien français se distingue du français actuel essentiellement par le vocabulaire et l’orthographe, mais aussi par le fait que les articles (et les pronoms sujets) y étaient beaucoup moins en usage qu’en français moderne. De cette époque, nous avons gardé nombre de locutions verbales, comme avoir faim, chercher noise, demander pardon, faire peur, prendre froid, ou adverbiales, comme sauf erreur, par hasard, à plus forte raison, qui ne comptent pas d’article. Ces formes ont été sanctionnées et validées par le temps et il est préférable de ne pas en créer de nouvelles en supprimant l’article dans des locutions ou des expressions où il est d’usage ancien. On dira donc garder le contact et sur la base de et non garder contact et sur base de.

Pages