Dire, ne pas dire

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Funéraire, Funeste et Funèbre

Le 2 mai 2013

Emplois fautifs

Même si les adjectifs Funéraire et Funeste ont tous deux pour racine le même mot latin funus, « funérailles », ils ne sont ni synonymes, ni interchangeables. Funéraire signifie « qui se rapporte aux funérailles » et « qui a rapport à la mort, à la dépouille, à la mémoire d’une personne », alors que Funeste signifie « qui cause la mort » et « qui annonce la mort, le malheur ». On distinguera aussi ces adjectifs de Funèbre, dont les sens sont voisins de funéraire, mais qui s’applique à des noms plus abstraits : Une oraison funèbre, une veillée funèbre. Signalons enfin que Funéraire et Funèbre, contrairement à Funeste, ne peuvent ni varier en degré, ni être antéposés.

 

On dit

On ne dit pas

Une urne funéraire, un drap funéraire

Une pierre funéraire

Un jour funeste

De funestes pressentiments

Une veillée funèbre

Une urne funeste, un drap funeste

Une pierre funeste

Un jour funéraire

De funéraires pressentiments

Une veillée funéraire

 

Jouer un disque

Le 2 mai 2013

Emplois fautifs

Le verbe jouer est très employé dans le vocabulaire de la musique. On le trouve d’abord avec un nom d’instrument comme complément : jouer du piano, de la clarinette. On trouve ensuite le nom du morceau qui est joué : jouer un prélude, une sonate. Enfin, jouer peut aussi avoir comme complément un nom de musicien, précédé ou non d’un article partitif : jouer du Bach ou jouer Bach. Dans ces derniers cas, le sujet du verbe peut aussi, par extension, désigner le support qui reproduit de la musique enregistrée, mais faire de ce support le complément d’objet direct de Jouer est une faute que l’on doit éviter.

 

On dit

On ne dit pas

Mettre un disque

Un disque qui joue une valse, qui joue Mozart

Jouer un disque

Jouer un disque de valse, de Mozart

 

Renseigner (un formulaire)

Le 2 mai 2013

Emplois fautifs

Même si le verbe renseigner s’est employé à la fin du Moyen Âge avec le sens de « porter en compte une somme, l’assigner à quelque emploi », il ne se construit plus depuis fort longtemps qu’avec un nom de personne comme complément : on renseigne quelqu’un sur une autre personne ou sur une chose.

Mais une fâcheuse tendance semble se répandre aujourd’hui, qui consiste à employer renseigner avec pour complément un nom comme formulaire, document, fiche, etc. Sans doute cet usage provient-il d’une volonté d’abréger des périphrases comme donner ou fournir des renseignements, remplir une fiche de renseignements. Pourquoi ne pas continuer à employer, plutôt que renseigner, des verbes qui convenaient parfaitement comme compléter ou remplir ?

 

On dit

On ne dit pas

Remplir un formulaire

Compléter un document

Renseigner un formulaire

Renseigner un document

 

Appétence

Le 4 avril 2013

Emplois fautifs

Le nom appétence désigne une tendance qui porte tout être vers ce qui satisfait ses instincts, ses besoins, et notamment ses besoins alimentaires. On pourra ainsi dire d’un malade qu’il ne montre aucune appétence pour tel ou tel régime alimentaire. Ce terme est un mot ancien qui fut longtemps peu employé. Quand l’Académie l’introduisit dans son Dictionnaire, en 1740, elle assortit sa définition de la remarque suivante : « Il n’a guère d’usage qu’en matière de Physique » (rappelons qu’à cette époque le nom physique n’avait pas le sens qu’il a actuellement, mais qu’il désignait les sciences naturelles).

Si appétence, par sa forme même et son étymologie, se rapproche d’appétit, il convient de ne pas l’employer avec les sens figurés de ce dernier, même si sa relative rareté et sa terminaison en -ence, caractéristique des noms abstraits, lui donnent un aspect plus savant.

 

On dit

On ne dit pas

Un appétit de savoir

Un goût marqué pour la lecture

Un désir de connaissances

Une appétence de savoir

Une appétence de lecture

Une appétence de connaissances

 

Omnibuler pour obnubiler

Le 4 avril 2013

Emplois fautifs

Le verbe obnubiler signifie, au sens propre, « couvrir de nuages, de brouillard » et, au sens figuré, « envahir la pensée, obscurcir le jugement, occuper toutes les facultés mentales ». Ce verbe est emprunté du latin obnubilare, de même sens, lui-même dérivé de nubes, « nuage ». Est-ce parce qu’obnubiler est relativement rare et qu’il présente une parenté sonore avec le terme plus familier omnibus, qu’on lui substitue l’étrange paronyme omnibuler ? Quelle que soit la réponse, on se gardera d’employer ce barbarisme, si amusant soit-il.

 

On dit

On ne dit pas

Avoir l’esprit obnubilé par les soucis

Ces chimères l’obnubilaient

Avoir l’esprit omnibulé par les soucis

Ces chimères l’omnibulaient

 

Originer

Le 4 avril 2013

Emplois fautifs

L’emploi du verbe originer tend à se répandre aujourd’hui : on l’entend malheureusement de plus en plus à la place de locutions comme « trouver sa cause dans », « être à l’origine de », etc. Certes, le verbe originer n’est pas un barbarisme mais il convient de rappeler qu’on ne doit l’employer qu’à la forme pronominale réfléchie, avec le sens de « faire remonter son origine », et ce, uniquement dans la langue philosophique. On se gardera donc de l’utiliser en dehors de ce contexte précis.

 

On dit

On ne dit pas

Par quoi cela a-t-il été provoqué ?

Être à l’origine de troubles

Donner l’origine de produits

Comment cela s’est-il originé ?

Originer des troubles

Originer des produits

 

Sigles et acronymes

Le 4 avril 2013

Emplois fautifs

Les sigles et acronymes, parce qu’ils sont plus courts que les formes qu’ils abrègent, permettent de gagner du temps et de l’espace. Rappelons qu’un acronyme est un sigle que l’on prononce comme un mot ordinaire (ONU, CAPES, UNESCO). On peut donc légitimement en faire usage, mais dans ce cas, comme dans de nombreux autres, la modération est une bonne chose et l’abus dangereux.

Il convient surtout, avant d’y avoir recours, de se demander si les personnes à qui l’on s’adresse sont au courant de leur signification, en sachant bien que le même sigle ou le même acronyme peut avoir plusieurs significations. Le très précieux et très sérieux Dictionnaire des sigles nous apprend ainsi que l’acronyme UNI peut désigner à la fois l’Union nationale interuniversitaire et l’Union naturiste internationale, mais aussi l’Union nationale des indépendants (au Burkina-Faso), l’Union nationale pour l’indépendance (à Djibouti) ou encore l’Union des nations indigènes (au Brésil). Rappelons aussi que le sigle U.M.P. peut signifier Union pour un mouvement populaire ou Urgences médicales de Paris

Il est donc préférable, si l’on ne veut pas mettre son interlocuteur en difficulté, de développer le sigle ou l’acronyme que l’on utilise pour la première fois pour en donner la signification. On se rappellera aussi que l’on parle et que l’on écrit pour être entendu, lu et compris et que ces formes abrégées sont parfois des écrans qui voilent le sens des phrases dans lesquelles elles figurent.

À Le Mans, de Le Havre

Le 7 mars 2013

Emplois fautifs

Les articles définis le et les se contractent avec les prépositions à et de. On obtient alors les formes au, aux, du et des : Aller au bois, aux champs, descendre du grenier, tomber des nues. Cette règle s’applique avec les noms communs comme avec les noms propres, qu’ils désignent un pays, une région (Vivre au Danemark, aux États-Unis, revenir du Portugal, des Antilles) ou, comme on l’oublie trop souvent, une ville.

 

On dit

On ne dit pas

Le train arrive au Mans

La mairie du Havre

Les plages des Sables-d’Olonne

Le train arrive à Le Mans

La mairie de Le Havre

Les plages de Les Sables-d’Olonne

 

Conscientiser

Le 7 mars 2013

Emplois fautifs

Le verbe conscientiser, qui tend à se répandre dans la langue courante, est une transcription du néologisme anglais to conscientize. Si le suffixe -iser est très productif en français pour la formation des verbes (actualiser, carboniser, démocratiser, étatiser, populariser), on constate qu’on ne l’utilise jamais avec des radicaux qui se terminant par

-ence. Par ailleurs, les emplois du verbe anglais to conscientize sont mal définis. Il en va de même pour conscientiser et les phrases dans lesquelles on le retrouve sont confuses et maladroites. Il est donc préférable, pour plus de clarté, d’avoir recours à des périphrases utilisant le nom Conscience ou à des verbes comme Avertir, Sensibiliser, etc.

On dit

On ne dit pas

Avertir les parents des dangers de l’internet

Faire prendre conscience aux consommateurs que…

Faire revenir à la conscience des souvenirs refoulés

Conscientiser les parents aux dangers de l’internet

Conscientiser les consommateurs que…
 

Conscientiser des souvenirs refoulés

 

Faire mémoire

Le 7 mars 2013

Emplois fautifs

Nous avons déjà critiqué dans cette rubrique l’emploi injustifié de constructions où faire était directement suivi d’un substantif comme dans faire sens ou faire problème. On rencontre aussi, malheureusement, de plus en plus souvent, faire mémoire. La polysémie de ce verbe et l’absence de l’article devant mémoire sont responsables de l’ambiguïté de cette expression qui semble devoir signifier tantôt « créer des souvenirs », tantôt « rappeler des souvenirs », et tantôt « faire mention de ». Il est possible d’utiliser des expressions plus claires et plus précises. Il serait dommage de s’en priver.

 

On dit

On ne dit pas

Un évènement qui fera date, dont on se souviendra, qu’on se remémorera

Un ouvrage qui rappelle tel fait

L’orateur a mentionné cet épisode

Un évènement qui fera mémoire
 

Un ouvrage qui fait mémoire de tel fait

L’orateur a fait mémoire de cet épisode

 

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