Dire, ne pas dire

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Confort food

Le 4 février 2021

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

La France est connue pour la précision de sa langue, pour la beauté de ses paysages, mais aussi pour la richesse de sa cuisine. Ainsi, le 14 décembre 2020, lors de la séance de clôture de l’Académie des sciences morales et politiques, a été prononcé, à l’occasion du dixième anniversaire de l’inscription par l’UNESCO du Repas gastronomique des Français sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité, un discours intitulé « Un trait distinctif de la géographie culturelle de la France : la passion gastronomique ». Comment dès lors ne pas s’étonner et s’attrister en voyant que commence à se répandre dans notre langue l’expression comfort food pour désigner une cuisine généralement roborative et qui provoque un sentiment de réconfort. Le français a pourtant assez d’adjectifs à sa disposition pour évoquer cette nourriture : ravigotant et revigorant, fondus par la langue populaire dans la forme ravigorant ; ou roboratif, qui signifie proprement « qui rend fort comme un chêne, un rouvre », voire réconfortant

Capacitaire au sens de Capacité, contenance

Le 4 février 2021

Extensions de sens abusives

Le mot capacitaire peut être un adjectif. Il s’emploie en histoire dans l’expression suffrage capacitaire, qui désigne le droit de vote octroyé sous la monarchie de Juillet à des citoyens ayant un certain degré d’instruction. C’est aussi un nom qui désigne le titulaire d’une capacité en droit ou, par extension, la personne qui prépare ce diplôme. Une langue technocratique cherche maintenant à ajouter à ces sens celui de « contenance ». On commence à entendre ou lire des formules comme le capacitaire n’a pas été impacté pour signaler qu’un volume disponible, une contenance n’a pas varié, n’a pas été réduite. On évitera bien sûr ce type d’emploi dans la mesure où des mots ou des locutions bien ancrés dans l’usage sont déjà à notre disposition.

Faire flèche de tout bois, De quel bois je me chauffe

Le 4 février 2021

Expressions, Bonheurs & surprises

L’œuvre de Rabelais est toujours d’actualité. Il n’est pour s’en convaincre que de lire ces quelques lignes de la Pantagrueline Progostication : « Lors reignera une maladie bien horible et redoutable, maligne, perverse et espouvantable, et malplaisante, laquelle rendra le monde bien estonné et dont plusieurs ne sauront de quel bois faire flèche, […] Je tremble de peur quand j’y pense, car je dy qu’elle sera epidimiale. »

Mais, plutôt qu’à l’épidémie, sujet aujourd’hui assez rebattu, c’est à l’expression faire flèche de tout bois que nous allons nous intéresser. Au Moyen Âge, les flèches, comme les arcs, étaient souvent en if mais pouvaient aussi être en noisetier ou en cormier. Ce dernier était d’ailleurs cultivé pour la dureté de son bois, dont on faisait des manches de pioche ou de cognée. On ne s’étonnera donc pas que, chez Rabelais encore, frère Jean des Entommeures ait mis à mal les soldats qui saccageaient la vigne du couvent en s’aidant du « baston de la Croix, qui estoyt de cueur de cormier ». Cependant, nécessité faisant loi, il arrivait parfois qu’il faille recourir à d’autres essences pour fabriquer des traits, d’où l’expression faire flèche de tout bois (on rencontrait également, dans le même sens, faire feu de tout bois), employée pour signifier que tout moyen était bon pour parvenir à ses fins. Mais, un proverbe en contredisant souvent un autre, on nous apprenait également que Tout bois n’est pas bon à faire flèche, pour montrer qu’il faut savoir choisir à bon escient les moyens qu’on veut employer.

Mais le bois était surtout autrefois employé comme combustible ainsi que certaines expressions en attestent. On lisait ainsi, à l’article Bois de la première édition du Dictionnaire de l’Académie française : « On dit d’Un homme, qu’On verra de quel bois il se chauffe, pour dire, qu’On verra ce qu’il vaut ou ce qu’il sçait faire. » Que, dans cette expression, le sujet du verbe chauffer passe de la troisième à la première personne et celle-ci prendra un sens beaucoup plus menaçant. Il ne s’agit plus de souligner les qualités d’une personne, mais de lancer un avertissement à celui dont on avait lieu de se plaindre et qui s’exposait à essuyer une vengeance terrible.

Ce bois de chauffage, avant d’être vendu par stère, l’était à la corde, la quantité de bois étant mesurée à l’aide d’une corde. Cette unité variait suivant les régions. À Paris, elle valait 3,8 stères ; elle en vaut un peu moins de trois aujourd’hui. L’article 5 de la loi du 18 germinal an III (7 avril 1795) visait à mettre fin à ces disparités avec la création du stère, mais les unités de mesure, on le sait, ont la peau dure et la corde est toujours en usage, comme le stère d’ailleurs qu’un décret de décembre 1975 souhaitait supprimer au profit du mètre cube. Le Moyen Âge, peu avare de jeux de mots cruels, employait l’expression mesurer du bois de corde pour dire « être pendu ». Concluons sur une note un peu plus douce avec le bois présenté comme la matière dans laquelle sont façonnés les grands hommes. L’Académie nous informait que « Quand on veut dire qu’un homme est de qualité à estre, par exemple, Evesque, Mareschal de France, &c. Duc & Pair, qu’Il est du bois dont on les fait.. », ce que Littré glosait par « Avoir le mérite, les qualités qu’exigent ces différentes fonctions ». Dans ce même registre, on constate que si la musique adoucit les mœurs, c’est peut-être parce que les instruments amènent à conciliation. Un proverbe du Moyen Âge disait qu’un homme « est du bois dont on fait les vielles », parce que, par analogie avec les accords de cet instrument, on pouvait s’accorder facilement avec lui et qu’il répondait favorablement à toutes les demandes. La vielle est passée, mais la flûte est restée et l’on dit, nous apprend Littré, Il est du bois dont on fait des flûtes, par allusion probablement à la légèreté des bois employés pour faire des flûtes…

Merci monsieur Ménudier : « Dire, Ne pas dire » au XVIIe siècle

Le 4 février 2021

Expressions, Bonheurs & surprises

Il est des bienfaiteurs de l’humanité dont le nom a sombré injustement dans l’oubli. Au nombre de ceux-ci un certain J. Ménudier, qui fit paraître en 1677, à Iéna, L’Art de faire des lettres, des billets et des compliments ou les Étrangers trouveront dequoi fournir à une conversation serieuse & galante, & ou ils pourront apprendre en peu de tems par regles et par exemples, à faire toutes sortes de lettres & de billets & les difficultés de nôtre prononciation & de nôtre construction & plusieurs remarques curieuses. On y trouve quelques modèles de lettres « pour souhaitter une heureuse année », que l’auteur a eu la délicatesse d’assortir de réponses types. On lit ainsi : « Je prie le ciel de vous faire passer doucement cette année, & d’y ajouter un siecle de santé & de prospérité. » À quoi l’on pourra répondre : « Vous en demandés assés pour tous deux & si vos prieres sont exaucées, je vous en offre la moitié. » Ou encore : « Je vous souhaite une heureuse annee & prie le ciel de vous la donner », avec cette éventuelle réponse : « J’avais déja fait les mêmes vœux pour vous, mais vôtre civilité m’a prévenu la-dessus. » Cet aimable auteur a d’autres mérites qui lui valent notre reconnaissance. Un peu moins de trois siècles et demi avant l’Académie, il écrivit, lui aussi, une forme de Dire, Ne pas dire. En effet, les dernières pages de son ouvrage, consacrées aux Différences du genie de la langue française & de l’allemande, sont en fait d’un manuel de langue où sont recensées des fautes commises régulièrement par des germanophones, mais aussi par des locuteurs natifs. On peut ainsi y lire :

 

Dites

Non

Attendés moy

Trois jours de suite

Il a dit cela à table

Il est blessé au bras

Servir quelqu’un

Charger d’une commission

Attendés après moy

Trois jours en suite

Il a dit cela sur la table

Il est blessé à son bras

Servir à quelqu’un

Charger avec une commission

 

Ce type de recommandation, on le sait, est toujours un pari sur l’avenir et, parfois, l’usage emprunte d’autres voies que celles qu’avait tracées la norme. Ainsi Ménudier condamnait remercier pour, mais on lit dans notre Dictionnaire : Remercier quelqu’un de son obligeance, pour son obligeance. Il recommandait six vints pour cent et vint, Henri quatrième pour Henri le quatrième : l’usage n’a retenu aucune de ces formes, même si on trouvait encore au xviiie siècle, chez Diderot par exemple, des noms de souverain suivis d’un ordinal au-delà de Ier. On lisait aussi Dites 20 sols, 40 sols, cent sols et non un franc, 2 francs, 5 francs, pourtant les francs l’emportèrent, même si les sols, devenus des sous, se maintinrent fort longtemps. Notre auteur condamne aussi Jules, un marchand suédois, tour courant aujourd’hui, car il n’admet que Jules, marchand suédois. Si de nos jours on continue à dire les pensions d’Italie sont…, on emploie maintenant, sans faire de faute, les pensions en Italie sont… ou Votre voyage en Suède a été…, phrases qu’il condamnait, tandis que Votre voyage de Suède a été…, qui avait sa faveur, est senti comme un archaïsme.

On lit aussi que l’on doit dire « Il est plus grand que moi » et non « Il est plus long que moi ». Pourtant l’Empereur répondit facétieusement un jour à son valet Constant, à qui il faisait porter ses chaussures pour les assouplir et qui se plaignait de cette tâche en arguant qu’il était plus grand que lui : « Non, vous êtes plus long. » Notre auteur conclut, à juste titre, en nous signalant que l’on ne doit pas dire une paire d’œufs frais mais une couple d’œufs frais. On notera avec plaisir que notre Dictionnaire complète Ménudier en insistant sur la différence d’emploi entre paire et couple en signalant, à l’article couple, que ce mot « ne s’emploie pas pour des choses qui vont nécessairement ensemble ; on dit une paire de souliers, de bas de gants, etc. ».

Valérie C. (Londres)

Le 4 février 2021

Courrier des internautes

Je fais actuellement une petite étude sur les macrophytes et médias filtrants des eaux usées. Le coir, enveloppe fibreuse de la noix de coco, fait partie de ces médias filtrants. J’ai cherché son étymologie et ne l’ai pas trouvée. Et ce mot ne figure pas dans le Dictionnaire de l’Académie française. Il n’a pourtant pas l’air récent.

Bien cordialement,

Valérie C. (Londres)

L’Académie répond :

Le français emploie plutôt « fibre de coco ». Coir se rencontre surtout en anglais. Ce nom est issu d’un mot indien, kayaru, qui signifie « corde ».

Elle s’est fait gronder

Le 7 janvier 2021

Emplois fautifs

Quand il est suivi d’un infinitif, le participe passé fait est toujours invariable. On dit et on écrit la maison qu’il a fait construire (et non qu’il a faite construire) ou elle s’est fait construire une maison (et non elle s’est faite construire une maison). On dira de même elle s’est fait mordre par son chien (et non elle s’est faite mordre).

on dit, on écrit

on ne dit pas, on n’écrit pas

Elle s’est fait gronder par la maîtresse

Ils se sont fait surprendre par la nuit

Elle s’est faite gronder par la maîtresse

Ils se sont faits surprendre par la nuit

Il est de nature inquiet ou Il est de nature inquiète

Le 7 janvier 2021

Emplois fautifs

La locution être de nature suivie d’un adjectif signifie le plus souvent qu’une personne possède le trait de caractère signalé par cet adjectif. Ce dernier s’accorde avec le nom qui constitue le noyau de cette locution, nature : Il est de nature inquiète, ils sont de nature joyeuse. Dans certains cas, le nom nature peut être précédé de l’article : Il est d’une nature soupçonneuse. Mais de nature peut aussi s’employer de manière autonome avec le sens de « par nature » et ce n’est plus alors nature qui commande l’accord mais le sujet de la phrase : Il est de nature inquiet. Signalons cependant que, dans ce type de phrase, l’usage préfère, pour éviter toute ambiguïté, postposer cette locution : Il est inquiet de nature, ou la placer entre virgules : Il est, de nature, inquiet.

Upgrader

Le 7 janvier 2021

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Upgrader est la francisation du verbe anglais to upgrade, dans lequel on reconnaît la préposition up, qui indique une élévation, et grade, tiré du latin gradus, « marche, degré » ; son sens varie légèrement en fonction du contexte, mais, dans tous les cas, ce verbe porte en lui l’idée d’une amélioration. Dans le monde du travail, en parlant d’une personne, il signifie « promouvoir », dans le monde du transport aérien, au sujet d’un passager, « surclasser » ; il en va de même dans l’hôtellerie pour indiquer que l’on attribue à un client une chambre d’une qualité supérieure à celle qu’il avait réservée. Enfin, s’agissant du matériel informatique, upgrader signifie « apporter des mises à jour pour le rendre plus performant ». C’est essentiellement dans ce dernier domaine que nous rencontrons l’anglicisme upgrader, mais le participe passé upgradé commence aussi à être employé pour parler d’êtres humains que la science rendrait plus performants. Il convient pourtant de noter que le français dispose d’assez de verbes ou de locutions verbales rendant compte de ce qu’exprime l’anglais to upgrade pour qu’il ne soit pas nécessaire d’y recourir.

On dit

on ne dit pas

Améliorer les performances d’un ordinateur ; mettre à jour, mettre à niveau un ordinateur

L’homme augmenté

Upgrader un ordinateur


L’homme upgradé

Déposition pour Dépôt

Le 7 janvier 2021

Extensions de sens abusives

Le nom dépôt désigne le fait de placer quelque chose en un lieu (le dépôt d’une gerbe), mais aussi ce qu’on dépose (un dépôt bancaire), le lieu où l’on dépose quelque chose (les poudrières étaient des dépôts de munitions ; les autobus sont rentrés au dépôt) et enfin ce qui se dépose quelque part (un dépôt de tartre). C’est ce mot, entendu dans son sens premier, que l’on emploie dans le vocabulaire de la politique, pour désigner la procédure consistant à soumettre un texte législatif au Parlement : on dit le dépôt d’une proposition de loi (ou d’un projet de loi si le texte émane du gouvernement). Il convient de ne pas confondre ce terme avec déposition, qui n’a pas les mêmes sens, puisque ce nom peut désigner la destitution d’un haut personnage (la déposition de l’empereur Henri IV par le pape Grégoire VII, en 1076) ou la déclaration faite par un témoin devant l’autorité judiciaire (le témoin a signé sa déposition). Enfin, dans la langue religieuse, l’expression déposition de croix s’emploie pour désigner le moment où le corps du Christ, descendu de la croix, est déposé sur les genoux de Marie et, par métonymie, un tableau représentant cette scène. On veillera à conserver à chacun de ces mots les sens qui lui sont propres et l’on évitera donc l’expression déposition d’une proposition de loi puisque c’est dépôt qu’il faut employer.

on dit

on ne dit pas

Le dépôt d’un projet de loi par le gouvernement

La déposition d’un abbé par le pape

 

La déposition d’un projet de loi par le gouvernement

Le dépôt d’un abbé par le pape

La grand-mère et la disparition du « e » qui n’existait pas

Le 7 janvier 2021

Expressions, Bonheurs & surprises

Le mot grand-mère est bien étrange puisque l’adjectif et le nom qui le composent ne s’accordent pas. Il en va de même quand on les intervertit pour faire le nom mère-grand, Le Petit Chaperon rouge nous l’a appris il y a bien longtemps. Au sujet de cette forme Littré écrit d’ailleurs : « On dit quelquefois mère-grand, mais très familièrement et surtout dans les contes d’enfants. » Un peu moins de deux siècles auparavant, le Dictionnaire de l’Académie française était plus sévère : « On dit bassement & populairement, Mere grand. » Littré précise encore que « Grand devant un certain nombre de substantifs féminins ne prend pas l’e », et ajoute : « L’erreur qui a mis et maintient une apostrophe à grand en ces cas a produit la ridicule anomalie d’écrire des grand’mères sans s, et des grands-pères avec s. » (Rappelons qu’aujourd’hui ni la forme ancienne grand-mères, ni la forme plus récente grands-mères ne sont considérées comme fautives.) L’erreur évoquée par Littré était encore commise par Ferraud dans son Dictionnaire critique de la langue française (1787) : « Il y a des mots féminins devant lesquels on retranche l’e de grande : on dit Grand’Mère, Grand’Messe. C’est grand’pitié. Il m’a fait grand’peur. Nous l’avons obtenu à grand’peine. Remarquez pourtant qu’excepté Grand’Mère, Grand’Messe, la Grand’Chambre du Parlement, ces mots reprennent l’e quand ils sont précédés de l’article une. Ainsi l’on dit, à grand’peine et j’ai eu une grande peine ; j’ai eu grand’peur, et j’ai eu une grande peur. » Il conclut ensuite ainsi : « Cela signifie que le féminin est maintenant en grande, sauf dans les expressions figées. » Une vingtaine d’années plus tôt on lisait peu ou prou la même chose dans la quatrième édition du Dictionnaire de l’Académie française : « Lorsque le mot de Grande est mis devant un substantif qui commence par une consonne, on supprime quelquefois l’e dans la prononciation, même en écrivant, & l’on en marque le retranchement par une apostrophe, comme dans ces phrases : Faire grand’chère. C’est grand’pitié. La Grand’ Chambre. Il hérite de sa grand’mère. » Mais, comme l’avait écrit Littré, c’était une erreur. En effet, à l’origine, la forme grand s’employait aussi bien pour le féminin que le masculin, les textes d’ancien français en attestent. Ce point, qui peut sembler étrange, s’explique comme souvent par l’origine latine de notre langue. Il y avait en latin deux types de déclinaisons pour les adjectifs : la première avec des masculins en -us, des féminins en -a et des neutres en -um (bonus, bona, bonum). Dans la deuxième, le neutre était en -e tandis que le masculin et le féminin, en -is, étaient semblables (fragilis, fragilis, fragile). Ces adjectifs, épicènes en latin, le sont restés en français : fragilis a donné fragile et frêle, gracilis, gracile et grêle, humilis, humble, etc. Il en allait de même pour l’adjectif talis, « tel », ce qui explique que l’on trouve, au xiie siècle, dans le Roman de Troie, de Benoît de Sainte-Maure : « tel jor […] tel semaine […] Que la joie ert si granz ! », des vers où tel garde la même forme devant le féminin semaine et le masculin jour. Ce texte est aussi intéressant parce que grand, attribut du nom joie, garde une forme semblable à celle du masculin. On lit aussi dans La Chanson de Roland : « Puis si s’escrie [Charlemagne] à sa voiz grant et haute. »

C’est au xve siècle que, par analogie avec le couple antonyme petit/petite, on commence à lire la forme grande, d’abord comme attribut. On trouve ainsi, dans les Mémoires de Philippe de Commynes, à quelques lignes d’intervalle à la fois la forme ancienne, « En grant richesse », et la forme de féminin, « les mutations sont grandes ». Un siècle plus tard, seules les locutions figées mentionnées plus haut conservent la forme épicène ancienne et, dans tous les autres cas, le féminin est grande.

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