Dire, ne pas dire

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Référencier

Le 5 décembre 2019

Emplois fautifs

Le verbe différencier est emprunté du latin médiéval differentiare (on trouve d’ailleurs encore la forme différentier en mathématiques avec le sens de « calculer la différentielle »). Dans les mots en -encier, on trouve aussi le semencier, un artisan qui produit ou commercialise des semences. Peut-être est-ce l’analogie avec ces formes qui a produit l’étrange et fautive forme référencier, que l’on commence à rencontrer en lieu et place de référencer. Rappelons qu’en français les formes en -encier sont, à quelques exceptions près, des noms : audiencier, conférencier, faïencier, pénitencier, etc., tandis que les formes en -encer sont des verbes : agencer, commencer, influencer, etc.

On dit

On ne dit pas

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Il faut toujours référencer vos citations

 

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Réfuter pour Récuser

Le 5 décembre 2019

Emplois fautifs

Les verbes réfuter et récuser sont des paronymes, de sens assez proches, mais il existe du premier au second des nuances qui font qu’il n’est pas possible d’employer l’un à la place de l’autre. Réfuter, emprunté du latin refutare, « repousser », signifie « combattre, détruire ce qu’un autre a avancé, en prouvant que ce qu’il a dit est faux ou mal fondé ». On peut ainsi réfuter un argument, une théorie, mais aussi une accusation, un mensonge. Ce n’est que par métonymie, et rarement, que ce verbe s’emploie avec un nom de personne comme objet. Récuser est emprunté du latin recusare, un verbe formé à l’aide de causa, qui a, entre autres sens, celui de « cause, procès » ; il signifie « refuser de soumettre sa cause à la connaissance et à la décision d’une personne, parce qu’on a ou croit avoir des motifs de contester son impartialité ». Récuser a donc pour objet un nom de personne et ce n’est que de manière figurée qu’il peut régir un nom abstrait. Il convient donc de donner à chaque verbe le type de complément qui lui est le plus habituel et de ne pas prendre l’un pour l’autre.

On dit

On ne dit pas

L’avocat de la défense peut récuser un certain nombre de jurés

Sa rigoureuse démonstration sera difficile à réfuter

L’avocat de la défense peut réfuter un certain nombre de jurés

Sa rigoureuse démonstration sera difficile à récuser

Une tête décapitée

Le 5 décembre 2019

Emplois fautifs

Le verbe décapiter signifie « trancher la tête de quelqu’un » ; il est emprunté du latin tardif decapitare, un verbe composé à l’aide du préfixe séparatif de- et de caput, « tête ». Par extension, il signifie aussi « priver de chef un parti, un clan, un groupe » (on rappellera d’ailleurs que le nom « chef » est issu, lui aussi, du latin caput). Le sens de décapiter suppose donc bien que c’est une personne ou un corps qui est privé de tête, et que ce serait bien sûr absurde d’employer ce verbe en parlant de la tête elle-même. On ne dira donc pas plus une tête décapitée que l’on dirait, par exemple, un cadavre sans vie.

On dit

On ne dit pas

On a retrouvé le corps décapité de la victime

On a retrouvé la tête décapitée de la victime

À la fois… à la fois ; à la fois… mais aussi

Le 7 novembre 2019

Emplois fautifs

La locution adverbiale à la fois signifie « en même temps, simultanément » ; elle s’emploie pour relier deux états, deux faits concomitants : Le tigre est un animal à la fois souple et massif. Quel maladroit : il a à la fois raté le clou et écrasé les doigts de son frère. Comme cette locution signifie déjà et…et (le tigre est et souple et massif), il convient de ne pas la répéter devant les éléments que l’on veut réunir. On ne dira donc pas il est à la fois maire et à la fois député, pas plus qu’on ne dira il est à la fois maire mais aussi député.

On dit

On ne dit pas

Il est à la fois menteur et paresseux

C’est à la fois un grand écrivain et un grand critique

Il est à la fois menteur et à la fois paresseux

C’est à la fois un grand écrivain mais aussi un grand critique

Ça a été pour Ç’a été

Le 7 novembre 2019

Emplois fautifs

Contrairement au pronom démonstratif ce, ça, l’abréviation familière du pronom démonstratif cela, ne s’élide pas. Dans une langue soignée, écrite ou orale, on doit éviter de l’employer et, si la langue familière accepte des tours comme ça sera ou ça a été, il convient de rappeler qu’il est dans tous ces cas préférable de choisir ce. D’ailleurs, si l’oreille tolère ça sera ou ça a été, elle rejette ça fut et n’accepte que ce fut. Aussi, par analogie avec cette forme, préfèrera-t-on ce sera à ça sera et ç’a été (pour ce a été) à ça a été. Rappelons enfin que dans tous les cas où l’on emploie le pronom ce, il est loisible de lui substituer cela (C’est bien difficile ou cela est bien difficile).

Faire débat, faire polémique

Le 7 novembre 2019

Emplois fautifs

La présence systématique d’un déterminant devant le nom est un des points grammaticaux qui distingue le français actuel de l’ancien français, mais nous avons encore quelques survivances de cette langue dans des locutions figées comme avoir faim, avoir soif, prendre peur, faire chaud, faire froid, faire honte, etc. Ces tours ont trouvé leur place (ou trouvé place) en français depuis plusieurs siècles et sont bien ancrés dans l’usage. À ceux-ci, il n’est certes pas utile d’en ajouter d’autres, même si l’on rencontre, hélas, de plus en plus de formes en faire + nom. Nous avons déjà vu faire consensus, faire mémoire, faire sens et faire problème. Aujourd’hui, il faut malheureusement étoffer cette liste, née d’une négligence paresseuse ou d’une volonté d’imiter l’anglais, avec les locutions faire débat et faire polémique, qu’il serait pourtant facile de remplacer par d’autres formes usitées depuis longtemps.

On dit

On ne dit pas

Un éditorial qui suscite la polémique

Ce projet de loi va soulever des débats

Un éditorial qui fait polémique

Ce projet de loi va faire débat

Hésitez pas à utiliser une négation complète

Le 7 novembre 2019

Emplois fautifs

En français, la négation est généralement construite à l’aide des adverbes ne et pas, ce dernier étant parfois remplacé par point et, plus rarement encore, mie ou goutte. On peut aussi, dans certains cas, se passer de ce second élément, le plus souvent quand on a affaire à des verbes exprimant la possibilité, comme dans je ne puis le dire, je ne sais si c’est autorisé, etc. L’absence de ce second élément allège la phrase et lui donne un caractère presque évanescent. On distingue ainsi je ne saurais vous dire combien vous êtes belle, du tour, bien plus terre-à-terre, je ne saurais pas vous dire combien vous êtes belle. Le premier élément négatif, ne, parfois élidé en n’, est, lui, obligatoire (notons toutefois qu’il était parfois omis dans la langue classique, ainsi, dans Esther [II, 7] : « Esther, que craignez-vous ? Suis-je pas votre frère ? »). On se gardera donc bien de l’omettre, et ce, particulièrement devant des verbes à l’impératif ; on dira ainsi n’ayez pas peur et non ayez pas peur ; n’hésitez pas à employer une négation complète et non hésitez pas à employer une négation complète.

On écrit

On n’écrit pas

N’avancez pas trop vite

N’abandonnez pas vos efforts

Avancez pas trop vite

Abandonnez pas vos efforts

Elle s’est rendue compte qu’elle s’était rendu coupable

Le 3 octobre 2019

Emplois fautifs

On sait que l’accord des verbes pronominaux dépend, le plus souvent, de la fonction du pronom complément dans la proposition où se trouvent ces verbes. On distingue ainsi Elle s’est lavée, phrase où le pronom s(e) est complément d’objet direct du verbe laver, d’Elle s’est lavé les mains, où ce même pronom est complément d’objet indirect du verbe. Il en va de même avec le verbe rendre et l’on se gardera bien de confondre Elle s’est rendue à la ville et Elle s’est rendue coupable d’une petite indiscrétion, phrases dans lesquelles le pronom s(e) est complément d’objet direct du verbe rendre, d’Elle s’est rendu compte, où le pronom s(e) est complément d’objet indirect de ce même verbe.

On écrit

On n’écrit pas

Les élèves se sont rendus en classe

Elles se sont rendues indispensables

Ils se sont rendu compte du danger

Les élèves se sont rendu en classe

Elles se sont rendu indispensables

Ils se sont rendus compte du danger

Entre 50 à 70 km/h

Le 3 octobre 2019

Emplois fautifs

Pour donner une estimation grâce à une échelle, on peut employer les couples de/à ou entre/et, comme dans L’anaconda peut mesurer de huit à dix mètres et Un éléphant d’Afrique adulte pèse entre cinq et six tonnes. Mais on évitera de mêler ces deux tours et on se gardera bien de dire, ce qui malheureusement commence à s’entendre ici ou là, entre/à et on ne dira donc pas Le vent souffle entre cinquante à soixante-dix kilomètres à l’heure ni La traversée durera entre quatre à six heures.

Je pensais que je viendrai

Le 3 octobre 2019

Emplois fautifs

Il existe différentes formes de futur : le futur simple, le futur antérieur, le futur proche – qui se construit avec le verbe aller, employé comme semi-auxiliaire (Le train va partir dans trois minutes) –, mais aussi un futur du passé encore appelé futur dans le passé. Ce dernier s’emploie dans des subordonnées pour situer une action à venir par rapport à un verbe principal au passé, comme dans : Il savait qu’il partirait demain. Ce futur, comme on le voit, emprunte ses formes au conditionnel présent. On prendra bien garde à ne pas le remplacer par un futur simple. Si l’oreille nous avertit d’une faute éventuelle à la troisième personne (on perçoit l’erreur dans il savait qu’il partira demain), il n’en va pas de même à la première personne du singulier où la différence entre le son -ai [é] du futur et le son -ais [è] du conditionnel ne se fait plus guère entendre. Rappelons donc que l’on doit écrire je savais que je viendrais et non je savais que je viendrai puisque l’on dit il savait qu’il viendrait et non il savait qu’il viendra.

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