Dire, ne pas dire

Emplois fautifs

« Au pied » ou « Aux pieds » ?

Le 6 octobre 2022

Emplois fautifs

Quand l’expression au pied de signifie « dans la partie inférieure de, au bas de », le nom pied reste au singulier. On écrira donc au pied de la montagne (c’est d’ailleurs à cette locution que le Piémont doit son nom), au pied de l’arbre, sans oublier le fameux c’est au pied du mur que l’on voit le maçon. On emploie bien sûr le pluriel quand le nom pied a son sens propre et que le contexte l’impose : Vercingétorix déposa ses armes aux pieds de César ; le chien dormait aux pieds de son maître ; sauter à pieds joints. Rappelons pour conclure que dans la locution à pied, le nom pied indique un moyen de déplacement et reste donc au singulier : elle est venue à pied ; la course à pied. Sur ce modèle, on peut aussi écrire à ski, même si la forme à skis se rencontre également.

« L’idée que Michel s’est fait » ou « L’idée que Michel s’est faite » ?

Le 6 octobre 2022

Emplois fautifs

On écrit L’idée que Michel s’est faite car, lorsqu’un verbe pronominal admet un complément d’objet direct (C.O.D.), l’accord du participe passé se fait comme lorsqu’un verbe transitif direct est employé avec l’auxiliaire avoir, c’est-à-dire avec ledit C.O.D. s’il est placé avant le verbe. Dans la phrase en question, le C.O.D. est le pronom relatif que, qui a pour antécédent le nom féminin idée. Si le complément d’objet direct est postposé, le participe passé restera invariable : Vous vous êtes fait d’inutiles frayeurs.

Diable d’homme, chienne de vie

Le 1 septembre 2022

Emplois fautifs

En général, l’adjectif ou le nom attribut se situe, dans la phrase, après le nom qu’il modifie, auquel il est rattaché par un verbe d’état, que l’on ait affaire à un attribut du sujet (elle est grande et belle, il est bûcheron) ou un attribut du complément d’objet direct (on le trouve joli, on l’a élue présidente). Mais il existe une forme particulière d’attribut dans laquelle l’attribut précède le nom qu’il complète et auquel il est relié par la préposition de, comme dans diable d’homme (c’est-à-dire « cet homme est un diable ») ou chienne de vie (« la vie est une chienne »). Ces formes attributives ont le plus souvent une valeur exclamative. On ne confondra donc pas le nom qui reçoit un attribut avec un complément de nom, ce que l’on aurait dans une main d’homme ou l’amour de la vie. Notons enfin qu’il existe quelques cas qui peuvent être ambigus, mais cette ambiguïté est généralement levée par le contexte ou par une marque grammaticale. Ainsi on utilisera les syntagmes bourreau d’enfants pour désigner qui martyrise les enfants, et bourreau d’enfant pour désigner un enfant qui se comporte en tyran.

« Fainéant » prononcé « fai-gnan »

Le 1 septembre 2022

Emplois fautifs

Fainéant est un bel exemple de réfection étymologique visant à donner un sens plus clair à un mot. Cet adjectif et nom s’est d’abord écrit feignant, parce que l’on accusait celui qu’on appelait ainsi de faire semblant, de feindre de travailler. Par la suite, on a jugé fainéant, non plus celui qui feignait de travailler, mais celui qui ne faisait rien : on a donc créé un nouveau mot à l’aide de fait, 3e personne du singulier de l’indicatif présent du verbe faire, et du nom néant. On rappellera donc que, de même que l’on ne prononce pas néant, « gnan » ni anéantir, « agnantir », on ne prononcera pas fainéant, fai-gnan. Les formes faignant et feignant sont considérées comme appartenant à un niveau de langue populaire.

on dit, on écrit

on ne dit pas, on n’écrit pas

Les rois fainéants

Il est fainéant comme une couleuvre

Les rois faignants

Il est faignant, feignant comme une couleuvre

« Vingt-cinq millièmes » ou « vingt cinq-millièmes » ?

Le 1 septembre 2022

Emplois fautifs

Le trait d’union a pleine valeur orthographique. Si on l’omet ou si on en note un dont la présence n’est pas justifiée, on fait une faute d’orthographe. Mais son déplacement dans un énoncé mathématique peut changer la valeur d’une grandeur. Si à l’oral on ne fait généralement pas de confusion entre vingt-cinq millièmes et vingt cinq-millièmes, parce que le t se fait entendre dans le premier cas et non dans le second, il y a parfois des hésitations à l’écrit entre vingt-cinq millièmes (25/1 000) et vingt cinq-millièmes (20/5 000), qui désignent pourtant des grandeurs bien différentes.

En premier ou En première ?

Le 7 juillet 2022

Emplois fautifs

La locution En premier s’emploie de manière adverbiale. À ce titre, elle reste invariable. C’est donc une faute de dire Elle est arrivée en première, on doit dire Elle est arrivée en premier ou Elle est arrivée première (premier est ici adjectif et varie donc en genre et en nombre) ou encore Elle est arrivée la première (la première est un adjectif substantivé et est donc également variable). Tout cela vaut aussi, bien sûr, avec dernier.

on dit, on écrit

on ne dit pas, on n’écrit pas

Elles sont parties en dernier, les dernières

Ils ont terminé premiers, en premier

Elles sont parties en dernières

Ils ont terminé en premiers

En vrai pour En réalité

Le 7 juillet 2022

Emplois fautifs

Les prépositions peuvent introduire des noms (venir de province) ou des groupes nominaux (cela date d’une petite semaine) et parfois des adverbes (cela ne date pas d’hier, venir de loin). L’usage accepte aussi que les prépositions soient suivies de certains adjectifs substantivés : s’inscrire en faux ; parcourir la ville de long en large ; auriez-vous ce modèle en bleu ?, mais cet emploi ne doit pas être étendu à tous les adjectifs substantivés : on évitera ainsi le tour en vrai car nombre de locutions comme en réalité, en fait, à dire vrai, qui ont le même sens, sont déjà parfaitement implantées dans l’usage, et l’on bannira également, quand sera passé le temps des jeux de l’enfance, pour de vrai et pour de faux.

on dit

on ne dit pas

En réalité, en vérité, en fait, je n’ai pas grand-chose à lui reprocher

À dire vrai, il s’entend plutôt mal avec son père

Cet exercice n’est pas très difficile, au fond, à bien y regarder

En vrai, je ne n’ai pas grand-chose à lui reprocher

En vrai, il s’entend plutôt mal avec son père

Cet exercice n’est pas très difficile, en vrai.

 

Et autres…

Le 7 juillet 2022

Emplois fautifs

Quand l’adjectif indéfini autres est employé à la fin d’une énumération de noms désignant des êtres ou des objets de même nature, il doit être suivi d’un hyperonyme qui les englobe tous. On dira ainsi des chats, des tigres, des lions et autres félins et non des chats, des tigres, des lions et autres pumas. On se gardera également de terminer ce type de proposition par la seule forme et autres.

on dit

on ne dit pas

Une réunion de boulangers, charcutiers et autres artisans de bouche

Des pommes, des poires, des prunes et autres fruits

Une réunion de boulangers, charcutiers et autres poissonniers

Des pommes, des poires, des prunes et autres

Attendez que l’eau bout ou boue

Le 2 juin 2022

Emplois fautifs

Les verbes en -ouillir du français sont bouillir et ses dérivés, mais ces derniers ne sont guère en usage. Cette rareté explique sans doute que la conjugaison de ce verbe est mal connue et que, à certains temps ou modes, les formes à employer nous semblent étranges, voire incorrectes, et qu’on leur en préfère parfois d’autres, fautives mais plus habituelles à l’oreille. Il convient alors de rappeler que ce verbe fait bouillent à la 3e personne du pluriel au présent de l’indicatif et du subjonctif, bouille aux 1re et 3e personnes, bouilles à la 2e personne du singulier du subjonctif présent. On dit donc Attendez que l’eau bouille et non Attendez que l’eau bout ou boue (mais on dit bien sûr, au présent de l’indicatif, L’eau ne bout pas encore). C’est en employant les formes correctes qu’on les sauvera de l’oubli et qu’on les fera vivre.

on dit, on écrit

on ne dit pas, on n’écrit pas

Ils bouillent d’impatience en attendant les résultats

Servez le café avant qu’il ne bouille

Ils bouent d’impatience en attendant les résultats

Servez le café avant qu’il ne bout, qu’il ne boue

C’est le plus bel exploit qu’il n’ait jamais réalisé

Le 2 juin 2022

Emplois fautifs

L’adverbe de temps jamais s’emploie essentiellement aujourd’hui en corrélation avec la particule négative ne et signifie « en aucun temps » : on n’a jamais rien vu de pareil ; je n’en avais jamais entendu parler ; jamais homme ne fut plus serviable. Mais cet adverbe signifie aussi « en un temps quelconque, à un moment, en un jour quelconque » : elle m’est plus chère que jamais ; si vous venez jamais me voir, je vous montrerai ma collection ; j’ignore s’il a jamais affirmé cela. Quand jamais a ce sens positif, on ne doit pas l’employer avec la négation ne, ce qui commence hélas à se faire, en particulier dans des phrases à valeur comparative exprimant le plus haut degré. On ne dira donc pas C’est le plus bel exploit qu’il n’ait jamais réalisé, puisque cet exploit a été réalisé, mais bien C’est le plus bel exploit qu’il ait jamais réalisé.

on dit

on ne dit pas

C’est ce qu’on pourra jamais dire de plus convaincant

Voilà le plus abouti des romans qu’il ait jamais écrits

C’est ce qu’on ne pourra jamais dire de plus convaincant

Voilà le plus abouti des romans qu’il n’ait jamais écrits

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