Tous les anglicismes ne semblent pas logés à la même enseigne. Certains nous agressent beaucoup, d’autres à peine. Et quelques-uns, pas du tout : ce sont ceux qui contribuent à la vie de la langue quand le français n’a pas d’équivalent tout prêt ni les moyens d’en fabriquer un qui soit commode, quand ils répondent à un besoin et quand leur sens est tout à fait clair. C’est ainsi que Nodier, cité par Littré, remarquait que « Confortable est un anglicisme très-intelligible et très-nécessaire à notre langue, où il n’a pas d’équivalent. » Mais il en est d’autres encore qui ne répondent à aucun de ces critères et que nous paraissons pourtant accepter sans problème. C’est le cas de smiley, probablement en raison de la signification de ce nom, dérivé de to smile, « sourire ». On ne se fâche pas contre un sourire, même si smiley s’est étendu à toutes les émoticônes et cherche à traduire toutes les émotions, tous les états d’âme. Certes non, mais il est loisible de rappeler qu’à cet anglicisme on peut préférer, comme l’ont fait nos amis québécois, binette, ou, mieux encore, frimousse.