Dire, ne pas dire

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Isabelle D. (France)

Le 2 avril 2015

Courrier des internautes

Peut-on dire : « “Vu que” nous sommes parti en vacances nous n’avons pas pu aller voir le spectacle » ?

Isabelle D. (France)

L’Académie répond :

La locution conjonctive vu que est parfaitement correcte ; elle est utilisée dans la 9e édition, actuellement en cours de réalisation, du Dictionnaire de l’Académie française comme glose pour les formes attendu que, d’autant que et comme.

Dans la huitième édition, à l’article Voir, on a :

« Vu que, loc. conj. Attendu que, puisque. Je m’étonne qu’il ait entrepris cela, vu qu’il n’est pas très hardi.  Comment avez-vous engagé cette affaire, vu que vous savez bien... »

Cela étant, il s’est toujours trouvé des puristes pour condamner telle ou telle forme, en usage chez les meilleurs auteurs et admise par les grammairiens.

N’oubliez pas le s à partis.

L. de L. (Allemagne)

Le 2 avril 2015

Courrier des internautes

Quelle différence entre « croire à » et « croire en »?

L. de L. (Allemagne)

L’Académie répond :

Croire à quelqu’un signifie tenir pour certaine son existence, admettre son pouvoir : Il croit aux revenants. Il ne croit ni à Dieu ni à Diable.

Croire à quelque chose signifie être convaincu de la réalité, de l’efficacité de cette chose : Croire au paradis. Croyez à mes sentiments dévoués. Je ne crois plus à ses promesses.

Croire en quelqu’un ou en quelque chose marque un abandon plus confiant que croire, croire à, une adhésion, souvent du cœur, pouvant entraîner un comportement moral ou même religieux. Je crois en Dieu, je crois en l’homme. Croyez à mon entière confiance et en ma fidèle amitié.

« Parqueu » des Princes

Le 5 mars 2015

Emplois fautifs

Au cours de son histoire, le français a forgé des voyelles d’appui pour faciliter la prononciation d’un groupe de consonnes dont la première était souvent un s : ainsi les formes écrire, éponge ou étable nous viennent du latin scribere, spongia et stabula, par l’intermédiaire de l’ancien français escrire, espoinge et estable.

Si aujourd’hui ce phénomène peut encore être justifié s’agissant de mots ou expressions où l’on trouve quatre consonnes à la suite (ainsi le nom du journal Ouest-France est souvent prononcé Ouesteu-France), on s’efforcera, quand il y a trois consonnes ou moins de les articuler sans béquille linguistique et l’on dira le Parc des princes et non le « Parqueu » des Princes, l’Arc de triomphe et non l’« Arqueu » de triomphe.

Compliqué pour difficile

Le 5 mars 2015

Extensions de sens abusives

L’emphase est produite par une volonté d’exagération, mais aussi par un manque de confiance dans les mots. Il semble ainsi que difficile ne soit plus guère employé, comme si ce qui n’était que difficile paraissait trop simple pour être digne d’attention, et cet adjectif se voit bien souvent remplacé, à tort, par compliqué, voire par complexe. Il conviendrait pourtant de redonner aux mots leur véritable sens plutôt que de les affaiblir en les employant à tort et à travers, et de réserver l’hyperbole à quelque tournure plaisante.

on dit

on ne dit pas

Les retours de vacances s’annoncent difficiles

Il va être difficile de skier si la neige n’est pas au rendez-vous

Les retours de vacances s’annoncent complexes

Il va être compliqué de skier si la neige n’est pas au rendez-vous

 

Alexandra N-B. (Arbouet)

Le 5 mars 2015

Courrier des internautes

Pourquoi dit-on « c’est moi qui l’ai » au lieu de « c’est moi qui l’a » - est-ce que « qui » ne prend pas la troisième personne singulier ?

Francophone depuis plus de 40 ans et ayant commencé à apprendre la langue de Molière à 11 ans, je me vante de parler très correctement, sauf des exceptions...

Alexandra N-B. (Arbouet)

L’Académie répond :

Le pronom relatif sujet demande, pour l’accord du verbe, la personne de son antécédent. Dans l’immense majorité des cas, ce sont des noms et l’accord se fait à la 3e personne. Le chat qui dort, les souris qui dansent. Mais il arrive aussi que l’antécédent soit un pronom. Dans ce cas, le verbe s’accordera à la personne de ce pronom : C’est lui qui est venu ; C’est nous qui avons (et non qui ont) gagné. C’est vous qui avez perdu. C’est toi qui as (et non qui a) raison. C’est moi qui ai trouvé.

D. (France)

Le 5 mars 2015

Courrier des internautes

Après de nombreuses recherches, je ne trouve aucune solution au problème du « comme même » / « quand même » ; je reste certain que l’on utilise « quand même », mais j’ai besoin d’avoir votre avis, ainsi qu’une raison de son usage.

D. (France)

L’Académie répond :

La locution conjonctive de subordination est quand même ou quand bien même. Elle a une valeur hypothétique et signifie « même si ».

Je viendrai vous voir quand même vous ne le voudriez pas. Quand bien même il serait le seul candidat, je ne voterais pas pour lui.

On peut rencontrer comme même mais avec un sens et un emploi tout différents. Comme même sa famille ne pouvait le recevoir, il est resté chez lui.

Edwin S. (Allemagne)

Le 5 mars 2015

Courrier des internautes

Je suis natif de Normandie, mais expatrié en Allemagne depuis maintenant bien longtemps. Mon fils est né ici et il apprend le français comme langue étrangère dans son collège. Je suis parfois très surpris par les expressions, voire la grammaire qu’il doit apprendre... Je sais bien que j’ai quitté l’école il y a bien longtemps et que le français évolue mais j’ai parfois des doutes sur la qualité du français qu’on lui enseigne. C’est pourquoi je me permets de vous poser les questions suivantes :

Est-il maintenant devenu correct de poser une question de la façon suivante :

« Quand est-ce que tu viens ? » J’ai toujours appris à dire « Quand viens-tu ? »

Est-il correct de commencer une lettre amicale par une formule telle que « Moi, je m’appelle Pierre » ? On m’enseigna jadis que de commencer une lettre par « Moi, je » était le comble de l’arrogance…

Edwin S. (Allemagne)

L’Académie répond :

Il ne m’appartient pas de commenter les méthodes pédagogiques employées en Allemagne. Je pense que les auteurs de ces ouvrages ont insisté sur la communication. Il est de meilleure langue de dire Quand viens-tu ? que Quand est-ce que tu viens ? mais force est de constater que la deuxième forme est beaucoup plus employée. Il y a bien longtemps, quand j’étais écolier, cette forme était déjà, à l’oral, beaucoup plus fréquente et elle était concurrencée, non par Quand viens-tu ? mais par Tu viens quand ?

Moi, je n’est pas très heureux ; les auteurs ont sans doute voulu souligner l’apposition entre les deux interlocuteurs : Moi, je… toi, tu.

Il risque de gagner

Le 5 février 2015

Emplois fautifs

Le verbe risquer signifie « s’exposer à un danger éventuel ou à une situation désagréable ». On ne peut donc l’employer qu’avec des termes appartenant à ces mêmes champs lexicaux. On dira très bien Il risque de se blesser, de perdre, il risque un accident, ou, si ce verbe est employé de manière impersonnelle, Il risque de pleuvoir. Mais on ne dira pas Elle risque de gagner ni Nous risquons d’avoir beau temps. De la même façon, avoir des chances ne peut s’employer qu’avec des termes ayant une connotation positive. On dira donc Il a des chances de réussir mais non le blessé a des chances de ne pas passer la nuit.

on dit

on ne dit pas

Elle peut réussir son examen, elle a des chances de réussir son examen

Il risque de finir dernier

Elle risque de réussir son examen
 

Il a des chances de finir dernier

 
 

Le pitaine des Ricains

Le 5 février 2015

Emplois fautifs

On lisait dans un ouvrage du XIXe siècle qui évoquait l’aphérèse : « […] au lieu de prouver la vigueur de l’esprit, elle prouve plutôt sa paresse et son ignorance ; elle consiste à supprimer une lettre ou une syllabe au commencement d’un mot ». Ce procédé appartient surtout à la langue populaire qui a ainsi fait, à partir de noms Nicolas, Antoinette, Elise ou Sébastien, les formes Colas, Toinette, Lise ou Bastien. Si quelques mots se sont imposés dans la langue, comme bus, gnon (tiré d’oignon) ou tudieu (tiré de vertu Dieu), il convient cependant de ne pas abuser de ce procédé, pas plus que du procédé inverse, l’apocope, comme nous l’avons déjà signalé.

 

on dit

on ne dit pas

Vous allez bien ?

Bonjour, Bonsoir

Les Américains

Z’allez-bien ?

Jour, Soir

Les Ricains

 

Participer à, participer de

Le 5 février 2015

Emplois fautifs

Le verbe participer peut s’employer absolument. Il signifie alors « prendre part aux activités d’un groupe » et s’emploie beaucoup dans le domaine scolaire. On dira fréquemment d’un élève qu’il doit participer en cours. Mais il peut aussi avoir un complément introduit par une préposition. Le sens du verbe variera alors selon qu’il sera suivi de la préposition à ou de la préposition de. Participer à signifie « prendre part à une activité donnée », alors que participer de signifie « avoir une similitude de nature avec, relever de ». On se gardera bien de confondre ces différents sens.

 

on dit

on ne dit pas

Nos amis voudraient participer à la fête

Ce spectacle participe du cirque et du music-hall

Nos amis voudraient participer de la fête

Ce spectacle participe au cirque et au music-hall

 

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