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Pour habiller matin pauvres et malandrins

Le 2 février 2017

Expressions, Bonheurs & surprises

Le nom malandrin n’est plus guère en usage aujourd’hui. Il a été sauvé de l’oubli par Jacques Brel dans sa chanson Quand on a que l’amour :

« Quand on a que l’amour / Pour habiller matin / Pauvres et malandrins / De manteaux de velours. »

Le nom malandrin désigne un de ces malfaisants qui, en bandes organisées, mettaient les campagnes au pillage au Moyen Âge, alors qu’en latin médiéval malandresus, à l’origine de ce nom, désignait un mendiant atteint de la lèpre. Le nom ladre connut la même évolution puisqu’il a d’abord désigné un lépreux : l’insensibilité physique que l’on prêtait autrefois à ces malheureux fit croire que, par analogie, ils étaient insensibles à la misère des autres. De là une absence de compassion pour leurs semblables se traduisant par une avarice sordide.

Ladre et malandrin remontent tous deux au nom Lazare, également à l’origine de lazaret, bâtiment où l’on mettait en quarantaine qui arrivait d’un pays touché par une maladie contagieuse, en particulier par la peste ou la lèpre.

Ce Lazare peut être celui qui est évoqué par saint Luc (XVI, 20), « Il y avait aussi un pauvre appelé Lazare, tout couvert d’ulcères (ulceribus plenus) », car on croyait jadis que ces ulcères étaient dus à la lèpre. Lazare devint d’ailleurs dans l’imaginaire médiéval le parangon du lépreux. Mais il n’est pas impossible que ce Lazare soit celui que ressuscita le Christ, puisque les lépreux étaient souvent considérés comme des formes de cadavres vivants.

Parmi ces ladres, Littré opère une distinction entre les ladres blancs, « qui n’ont la lèpre qu’intérieurement et qui ne laissent pas d’avoir la peau belle », et les ladres verts, « dans qui elle se déclare par des pustules extérieures ». Les premiers avaient déjà été évoqués par Ambroise Paré, qui les présente aussi sous d’autres noms : « Aucuns ont la face belle et le cuir poli et lisse, ne donnant aucun indice de lèpre par dehors, comme sont les ladres blancs, appelés cachots, cagots et capots, que l’on trouve en Basse Bretagne et en Guyenne vers Bordeaux où ils les appellent gobets. »

Dans un texte de 1474 des Registres de la chancellerie de Bretagne, on ajoute à ces noms celui de « caqueux » : « Mandement contre hommes et femmes nommés caqueux, auxquels il est fait deffense de voyager dans le duché sans avoir une piece de drap rouge sur leur robbe, pour eviter le danger que pourroient encourir ceux qui auroient communication avec eux. »

D’autres noms apparaissent encore dans une ordonnance de la même chancellerie : « Comme ezdites seneschaussies […] ait plusieurs personnes malades d’une maladie, laquelle est une espece de lepre ou meselerie, et les entachies d’icelle maladie sont appelles en aucunes contrees capots et en autres contrees cassots… »

La meselerie (la lèpre) est aussi évoquée par Froissard : « Il estoit si malade de mesellerie qu’il cheoit tout par pièces » (Il était si gravement malade de la lèpre que son corps tombait par morceaux). Une coutume de Normandie nous indique aussi que ces malheureux, considérés comme nous l’avons dit plus haut comme presque déjà morts, étaient privés de certains droits : « Li mesel (les lépreux) ne poent estre heirs (héritiers) a nului, por tant que la maladie soit apparoissante. » Ce nom mesel nous vient du latin médiéval misellus, un diminutif de miser, « pauvre », qui signifiait proprement « petit malheureux, pauvret », mais désignait déjà un lépreux.

Notons pour conclure que le nom caqueux, qui, on l’a vu, désignait des lépreux, était, sous sa forme latine cacosus, également employé pour désigner les juifs, fréquemment associés au Moyen Âge à toutes sortes de maux. On lit en effet dans les Statuts de Raoul, un évêque de Tréguier, en 1436 : « Item quia cognovimus in dicta civitate […] plures homines utriusque sexus, qui dicuntur “esse de lege” (judaeorum), et in vulgari verbo cacosi nominantur »

(Parce que nous avons appris qu’il y avait dans cette ville plusieurs personnes des deux sexes qui sont dits “être de la loi” [des juifs] et qui, en langue vulgaire, sont appelés caqueux).

Gérald V. (France)

Le 2 février 2017

Courrier des internautes

Doit-on dire « Ils les avaient pris pour cible » ou « Ils les avaient pris pour cibles » ?

Doit-on dire « Ici se trouvent des poteaux de couleur » ou « Ici se trouvent des poteaux de couleurs » ?

Gérald V. (France)

L’Académie répond :

On peut trouver les deux formes. Il est possible que, comme il y a plusieurs personnes, il y ait plusieurs cibles. On lit ainsi dans Le Bateau ivre, de Rimbaud : « Des peaux-rouges criards les avaient pris pour cibles. »

On peut aussi considérer que chacun est une cible et conserver ce nom au singulier.

On écrit des poteaux de couleur, comme des crayons de couleur.

J. Eudes M. (France)

Le 2 février 2017

Courrier des internautes

Dans le débat sur le changement climatique, l’une des solution retenue consiste à tenter d’éliminer le dioxyde de carbone de la production d’énergie. Doit-on utiliser décarbonisation ou décarbonation ?

Dans son édition électronique, le Petit Larousse suggère décarbonatation qui semble plutôt l’opération consistant à éliminer des carbonates.

J. Eudes M. (France)

L’Académie répond :

Le Dictionnaire de la chimie, de C. R. Duval (édition de 1978), présente carbonation et carbonisation comme synonymes, assortis de la définition suivante :

« Transformation d’un corps organique en charbon sous l’effet de la chaleur, de l’acide sulfurique... ». Les deux formes de base sont donc acceptées en chimie.

Le Grand Dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française propose décarbonisation et décarbonation, définis comme l’« ensemble des mesures et techniques mises en place en vue de limiter l’utilisation des hydrocarbures comme source d’énergie ». La Commission d’enrichissement de la langue française ne s’est pas prononcée. Cela dit, les occurrences de décarbonisation sont plus nombreuses en français.

La définition de décarbonater, dans le Duval, est la suivante : « Enlever à une substance le gaz carbonique combiné ». En effet, le terme décarbonater évoque le retrait du carbonate et il est généralement utilisé de la sorte (décarbonation d’un sol, d’une eau, par exemple).

Vous pouvez proposer ces termes dans la boite à idées du site France Terme à l’adresse suivante : www.culture.fr/franceterme.

Éloge de la lecture

Le 5 janvier 2017

Bloc-notes

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Éloge de la lecture.

La lecture, comme l’écriture, est un long et mystérieux processus de décryptage des paysages, des visages, des sensations et des sentiments. On en fait des récits afin de trouver une cohérence à notre aventure. Permettez que je raconte ici la fable du lecteur. Le nouveau-né, comme tout immigré, débarque un jour dans un monde inconnu, les sens en éveil afin de comprendre les lois et les rituels qui régissent ce territoire où la vie l’a précédé. En effet, on l’attendait. Une femme se présente comme étant sa mère, et un homme caché derrière la femme, se déclare être son père. Ils entreprennent tout de suite de lui parler dans un langage étrange qu’il lui faudra comprendre assez rapidement s’il espère survivre. C’est la langue maternelle. L’enfant saura vite que cette langue faite d’onomatopées, de salives, de baisers et de sons gutturaux n’est parlée que dans un cadre intime. C’est la manière maternelle d’exprimer des sentiments si forts qu’aucune grammaire ne pourrait mettre en forme. Les mots des premières années ne se trouvent dans aucun dictionnaire, mais étrangement toutes les mères du monde procèdent ainsi. C’est la langue universelle de l’amour.

L’aventure du livre commence par l’oreille.  Sa mère lui fait la lecture. Des histoires pleines de magies et de mystères. Cette lecture est souvent la dernière activité du soir. L’enfant se retrouve au lit, un oreiller bien calé derrière le dos. Il écoute la douce voix maternelle, juste avant qu’il ne parte, seul, dans l’univers enchanté de la nuit. Il arrive qu’il y a un lien entre les rêves colorés qui le font sourire dans son sommeil, et l’univers mouvementé du Chat botté ou de Cendrillon. Je n’ai pas connu cette forme intime de lecture qui réunit, dans un doux rituel, la mère et l’enfant, près de la lampe du soir, parce que la surpopulation dans les maisons, dans cette partie du monde, le tiers-monde, empêche une pareille intimité.

J’ai connu les contes chantés qu’il fallait écouter, en cercle, autour d’une vieille dame. Ces histoires s’inscrivent dans la tradition orale. La différence est grande entre une fable qu’une mère lit à son enfant et une histoire que tous les enfants du quartier écoutent. On ne peut pas arrêter la vieille dame pour lui faire reprendre un passage particulier. C’est elle qui décide de l’enchaînement des récits. Est-ce pourquoi il y a deux types de lecteurs : un qui croit qu’il pourra toujours intervenir dans le cours d’un récit et un autre pour qui un récit est sacré, et il est interdit de toucher à son déroulement.

Dans mon cas, c’est la rareté des livres à la maison qui rendait le récit sacré. On les dénichait dans des endroits insolites. Je me revois en train d’errer dans la maison, pris d’une fringale d’alphabets, pour tomber sur une niche de livres. C’est là que j’ai découvert le monde excitant de Dumas, dans un coin sombre de la grande armoire de ma grand-mère. Je me suis réfugié, sous le lit, pour suivre au galop d’Artagnan sur les routes de France. La lecture permet de prendre la route avec des gens qu’on vient à peine de rencontrer, sans penser à leur demander où ils allaient ni ce qu’ils comptaient faire une fois arrivés à destination. On me croyait dans la chambre alors que je me trouvais dans un autre pays et parfois, dans un autre siècle. Le prix pour traverser le miroir, c’est le silence et la concentration. Pas un bruit dans la maison car le jeune barbare qui courait partout, saccageant tout sur son passage, est en train de lire. On le découvre dans un coin de la maison, penché sur la page, le visage illuminé. La différence entre un livre de papier et cet objet électronique d’aujourd’hui, c’est la source de la lumière. Dans un cas la lumière vient de l’objet électronique; dans l’autre cas c’est l’esprit du lecteur qui éclaire la page. La lumière artificielle des jeux électroniques finira par aveugler l’enfant tandis que la lumière naturelle qui éclaire la fable ne pourra qu’élargir son univers.

Permettez-moi de rester encore dans l’univers de l’enfance puisque c’est là que tout se joue. J’aimais parfois me promener dans la maison encore endormie. L’impression de circuler dans un monde cotonneux. Des corps bougeant sous les draps. Une de mes tantes avait l’habitude de parler dans son sommeil, ce qui m’effrayait. Le monde horizontal de la nuit, si différent de la vie verticale ordonnée par le soleil. J’entre, sur la pointe des pieds, dans la chambre de mon grand-père. Son dos rond me signale qu’il est en train de lire. C’était la première fois que je voyais quelqu’un lire en silence. Je lis tout bas, pour moi seul, mais on peut m’entendre. C’est ainsi qu’on me repère quand vient l’heure du repas. Mais là c’était le silence total. Mon grand-père avalait les mots, comme s’il cherchait à les stocker dans son corps. J’avais l’impression de le déranger dans son repas. Vingt ans plus tard, j’ai découvert la même scène de lecture silencieuse dans Les Confessions de saint Augustin. Je crois qu’il y a trois catégories de livres : ceux qu’il faut lire à haute voix, ceux qu’on a envie de murmurer, et ceux, enfin, qu’il faut lire sans bouger les lèvres. Peut-être que ces trois catégories se retrouvent aussi chez les écrivains.

L’autre évènement qui s’est déroulé durant mon enfance de lecteur toujours affamé, implique ma grand-mère. On avait l’habitude de faire le tour du quartier le dimanche après-midi. Un jour, à la rue des Vignes, j’ai vu un homme assis sur sa galerie, derrière une grande table couverte de livres et d’objets liés à la lecture : loupe, coupe-papier, colle, crayon, marque-page. Il lisait en public tout en donnant l’impression qu’il s’adonnait à une activée privée. En passant devant sa maison, ma grand-mère me glissait que c’était le notaire Loné, un grand lecteur. J’avais déjà entendu dire de quelqu’un qu’il était un grand écrivain : Voltaire, Shakespeare, Hugo, Goethe, Lope de Vega, Cervantès, Mark Twain, mais c’était la première fois que je me trouvais en face d’un grand lecteur. Un grand lecteur c’est quelqu’un qui lit beaucoup sans chercher à devenir un écrivain. Il arrive qu’il le devienne malgré lui, dans le but secret de faire connaître ses écrivains favoris, et Borges en est l’exemple parfait. Un grand lecteur, parle des livres sur un ton courtois, sachant qu’il vient après l’écrivain. Le mauvais lecteur, c’est celui dont le commentaire sur un livre précède parfois sa lecture. Celui aussi qui juge l’écrivain plutôt que le livre, oubliant qu’il arrive parfois que des salauds écrivent de meilleurs livres que des gentils. On ne peut pas savoir ce qu’est un livre avant de l’avoir lu. Et son sujet n’est pas suffisant pour déterminer sa qualité, car il y a aussi le style.

Me voilà à Port-au-Prince pour mes études secondaires. Je passe de la lecture libre à la littérature. L’école tente de mettre de l’ordre dans le bric-à-brac de ma petite bibliothèque personnelle. Je ne lis plus, j’étudie. On m’indique quoi lire et je dois en rendre compte. De plus, comme je ne suis pas assez riche pour acheter les livres, on se contente de photocopier des extraits déterminants. Je saurai plus tard que les passages les plus frappants ne sont pas forcément les plus importants. Le livre n’est pas le journal où il faut attirer du lecteur avec des scoops. Gogol dit qu’un écrivain doit savoir comment son personnage principal noue sa cravate. C’est dans la manière de traiter le quotidien que l’écrivain touche à la condition humaine.

Je suis passé au journalisme, vers dix-huit ans, pour me retrouver tout de suite en danger, car on ne peut pas raconter le quotidien d’une dictature sans se retrouver un jour face au Moloch. On a retrouvé mon meilleur ami, journaliste lui aussi, le crâne défoncé. J’ai quitté le pays précipitamment pour Montréal, donc l’inquiétude et l’urgence pour la tranquillité dans une baignoire rose avec une pile de livres à portée de main. Je suis passé des classiques aux contemporains : Bukowski, Tanizaki, Boulgakov, Baldwin, Gunther Grass, Amado, Neruda, Cortazar, Marquez, Vargas Llosa, surtout les écrivains sud-américains, Borges en tête. Un été passé dans la baignoire, ronde comme le ventre maternel, à lire et relire. Je restais si longtemps dans la baignoire qu’il m’a poussé des nageoires. Et pour mieux découvrir mon nouveau pays je lisais des poètes comme Gaston Miron, des intellectuels comme Pierre Vadeboncoeur ou Hubert Aquin, des romanciers comme Réjean Ducharme, Marie-Claire Blais, Anne Hébert ou Victor-Lévy Beaulieu. Ils m’ont amorti le choc culturel. En quittant la baignoire, j’étais un peu plus de cette ville, et déjà prêt à commencer ma nouvelle vie d’ouvrier puis d’écrivain.

Dany Laferrière
de l’Académie française

Sauta-t-il au plafond, haussa-t-il les épaules en incise

Le 5 janvier 2017

Emplois fautifs

Sauta-t-il au plafond, haussa-t-il les épaules en incise

Les incises ont pour elles l’avantage de la légèreté. Elles permettent l’économie d’un que conjonction, autorisent l’emploi d’indépendantes plutôt que de subordonnées, et peuvent servir à donner du rythme à un texte. La plus fréquente est sans doute dit-il, mais il est généralement recommandé d’essayer de ne pas reprendre constamment cette tournure et de la faire varier avec d’autres comme reprit-il, ajouta-t-il, etc. Cependant, dans ce domaine comme dans bien d’autres, le mieux est souvent l’ennemi du bien. Il convient donc de ne pas donner au texte l’apparence d’un dictionnaire des synonymes du verbe dire et de ne pas se livrer à de dangereuses acrobaties langagières comme releva-t-il la tête ou trembla-t-il de peur.

on dit

on ne dit pas

Avec grand plaisir, dit-il en sautant au plafond

Hélas non, répondit-il en haussant les épaules

Avec grand plaisir, sauta-t-il au plafond

Hélas non, haussa-t-il les épaules

 

Taxer d’avare pour Taxer d’avarice

Le 5 janvier 2017

Emplois fautifs

Taxer d’avare pour Taxer d’avarice

La locution verbale taxer de peut signifier « accuser de ». Dans ce cas, cette locution est suivie du nom du défaut que l’on reproche à tel ou tel. On peut ainsi taxer quelqu’un de mensonge, de paresse, etc. Mais il convient de ne pas construire cette locution comme qualifier de, traiter de. En effet, celles-ci sont suivies directement d’un adjectif et non d’un nom : on traite une personne d’avare. À l’inverse on taxe une personne d’avarice et non d’avare. Et rappelons pour conclure que le tour taxer de suivi d’un infinitif, vous le taxez d’être méchant, est correct mais n’est plus guère en usage aujourd’hui.

on dit

on ne dit pas

Être taxé de lâcheté

Il a été taxé d’incompétence

Être taxé de lâche

Il a été taxé d’incompétent

 

Être au top, être dans le top cinq

Le 5 janvier 2017

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Être au top, être dans le top cinq

La forme anglaise top peut être nom, adjectif ou verbe. Elle signifie, suivant les cas, « sommet », « élevé » ou « surmonter ». Le nom anglais top se rencontre dans la locution composite au top, un hybride qui ne dit rien de plus qu’« au sommet ». Quant à la forme être dans le top cinq, elle ne diffère en rien, pour le sens, de la locution « être dans les cinq meilleurs ». On trouve d’autres tournures avec cet anglicisme ; toutes ont des équivalents français qu’il serait dommage de laisser inemployés.

on dit

on ne dit pas

Faire partie des trois meilleurs

C’est très bien

C’est formidable

Être dans le top trois

C’est top

C’est top génial

 

Relevant au sens de Pertinent

Le 5 janvier 2017

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Relevant au sens de Pertinent

L’adjectif anglais relevant est attesté depuis le xvie siècle. Il signifie, en fonction du contexte, « qui se rapporte à, applicable à » ou « utile, pertinent ». Ce sont ces formes qui doivent être employées en lieu et place de cet anglicisme.

On ne dira donc pas tout document relevant, mais tout document utile ; une réponse relevante, mais une réponse pertinente. On rappellera bien sûr que le participe présent du verbe relever au sens d’« être du ressort de » est d’un emploi parfaitement correct : une affaire relevant du droit maritime.

Basique au sens de Fondamental

Le 5 janvier 2017

Extensions de sens abusives

Basique au sens de Fondamental

L’adjectif basique appartient au vocabulaire de la chimie et qualifie une substance qui a les propriétés d’une base ; en minéralogie, il sert à caractériser une roche contenant au moins cinquante-cinq pour cent de silice. Il s’agit là de sens techniques et il convient de ne pas y ajouter celui de fondamental, quand bien même dans certains cas base et fondement seraient synonymes. On ajoutera que c’est aussi une faute de donner à basique le sens d’élémentaire, de primitif, et plus encore d’appliquer cet adjectif à une personne qui manquerait de finesse.

on dit

on ne dit pas

C’est un principe fondamental du droit

Il a acquis le vocabulaire de base

Il manque de nuances, de subtilité dans ses raisonnements

C’est un principe basique du droit

Il a acquis le vocabulaire basique

Il est un peu basique dans ses raisonnements

 

Incessant au sens de Prochain, immédiat

Le 5 janvier 2017

Extensions de sens abusives

Incessant au sens de Prochain, immédiat

L’adverbe incessamment a deux significations : « d’une manière incessante, sans interruption » et « sans délai, tout prochainement ». L’adjectif incessant, dont est tiré incessamment, ne signifie, lui, que « qui se poursuit sans interruption, qui se répète très fréquemment ». Il convient donc de ne pas donner à cet adjectif le sens de « proche, immédiat ».

on dit

on ne dit pas

Leur arrivée est imminente

Un départ, un embarquement immédiat

Leur arrivée est incessante

Un départ, un embarquement incessant

 

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