Dire, ne pas dire

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Mara D. (France)

Le 2 mai 2019

Courrier des internautes

J’entends souvent la question suivante: « Qu’est-ce que vous évoquent ces images ? » Évoquer étant un verbe transitif, il me semble qu’il conviendrait plutôt de dire : « Qu’est-ce qu’évoquent en vous (ou pour vous) ces images ? »

Merci de votre aide.

Mara D. (France)

L’Académie répond :

Qu’est-ce que vous évoquent ces images ? est correct. L’hésitation que l’on peut avoir est sans doute liée au fait que, au deux premières personnes du singulier et du pluriel, les pronoms personnels C.O.D. et C.O.I. ont la même forme : Il me, te, nous, vous parle et il me, te, nous, vous salue. Alors qu’à la 3e personne il change. Il lui, leur parle, mais il le, les salue. On dirait Qu’est-ce (C.O.D.) que lui (C.O.I) évoquent ces images.

Nadia T. (France)

Le 2 mai 2019

Courrier des internautes

Bonjour, nous avons un débat avec mes collègues (journalistes) sur le fait de mettre ou non une majuscule à Noir ou Blanc dans une dépêche relative à une actualité (le rappeur Nick Conrad par exemple) : un Noir ou un noir, une Blanche ou une blanche ? Mais aussi une jeune blanche ou une jeune Blanche, un jeune noir ou un jeune Noir ? Ce sont des questions que je me posais souvent quand j’étais en poste à Washington mais à l’époque, la consigne était de ne pas mettre de majuscule à noir et blanc (ex : un noir a été tué par un policier à Sacramento...).

Nadia T. (France)

L’Académie répond :

Dans ce cas, ces noms, qui sont des noms de personnes considérés comme appartenant à un peuple, prennent la majuscule: un Blanc, une Blanche, un Noir, une Noire.

Dans un jeune Blanc, un jeune Noir, on considère que jeune est l’adjectif; Noir et Blanc gardent la majuscule. On écrit, sans majuscule, un homme blanc, une femme noire car ici blanc et noire ne sont pas des noms mais des adjectifs.

Dérapement pour Dérapage

Le 4 avril 2019

Emplois fautifs

De nombreux verbes français ont des dérivés en -ment et en -age, comme creuser, qui a donné creusage et creusement. Certains n’ont que des formes en -ment, comme étonner, à l’origine d’étonnement, d’autres seulement des formes en -age, comme bavarder, dont est dérivé bavardage. C’est à cette dernière série qu’appartient le verbe déraper, dont le seul dérivé usuel est dérapage. Car, si dérapement existe, il appartient à des domaines beaucoup trop spécialisés, auxquels il doit être réservé, pour se rencontrer dans la langue courante. Ce nom apparaît par exemple dans Les Travailleurs de la mer, dans la partie où Victor Hugo détaille la longue liste des manœuvres effectuées par Giliatt pour détacher et récupérer le moteur de La Durande, qui s’est échouée sur des rochers, et nombre des explications données sont d’ordre technique. Mais, redisons-le donc, dans la langue usuelle, il convient de n’utiliser que dérapage.

On dit

On ne dit pas

La présence de plaques de verglas augmente les risques de dérapage

Le gouvernement veut s’attaquer au dérapage des prix

La présence de plaques de verglas augmente les risques de dérapement

Le gouvernement veut s’attaquer au dérapement des prix

Le cœur rempli d’affection ou d’affections

Le 4 avril 2019

Emplois fautifs

Il est des noms qui changent de genre selon qu’ils sont au singulier ou au pluriel, ce sont les fameux amour, délice et orgue, masculins dans un cas, féminins dans l’autre. Mais il en est d’autres, plus nombreux, qui n’ont pas exactement le même sens au singulier et au pluriel. Parmi ceux-ci, on trouve affection. Dans la langue courante, au singulier, ce nom désigne l’attachement tendre que l’on éprouve pour une personne. On dit ainsi que l’on porte de l’affection à quelqu’un, que l’on donne des marques d’affection, etc. Au singulier, ce nom peut aussi désigner une altération de la santé (une affection aiguë, chronique) et peut également, en ce sens, s’employer au pluriel (des affections de la peau, des affections pulmonaires). On veillera donc bien à écrire correctement ce mot selon que l’on veut lui donner son premier sens ou son deuxième, et l’on se souviendra qu’il avait le cœur plein d’affection signifie « il était très aimant », alors qu’il avait le cœur plein d’affections signifierait « il souffrait de nombreux troubles cardiaques ».

Pourcent au lieu de Pour cent

Le 4 avril 2019

Emplois fautifs

La locution pour cent, précédée d’un nombre cardinal, indique que le rapport entre deux grandeurs dénombrables est exprimé par une fraction ayant cent pour dénominateur. La réduction à cent de ce dénominateur permet de se faire beaucoup plus facilement une idée de ce rapport qu’avec les chiffres originaux. On se représente mieux 51,64 % des voix que 18 000 668 voix sur 34 861 353. Mais, si on l’écrit en toutes lettres, il convient de ne pas faire de faute d’orthographe dans cette locution, que l’on doit orthographier, en séparant les deux mots, pour cent et non, sans doute par analogie avec le nom pourcentage, pourcent. Cette remarque vaut également pour le tour moins employé pour mille.

On écrit

On n’écrit pas

Quinze pour cent des élèves ont obtenu une mention

Un taux de mortalité de trois pour mille

Quinze pourcent des élèves ont obtenu une mention

Un taux de mortalité de trois pourmille

Confident pour Confiant

Le 4 avril 2019

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Les noms confident et confidente sont empruntés de l’italien confidente, « confiant », qui vient lui-même du latin confidens, participe présent de confidere, « se fier à, mettre sa confiance dans ». Il désigne une personne à qui l’on confie ses plus secrètes pensées : Elle a toujours été la confidente de sa fille, sa plus chère confidente. Au théâtre, ce nom désigne un personnage secondaire d’une tragédie ou d’une comédie, qui a essentiellement pour rôle de permettre au spectateur de connaître la situation des principaux personnages et au héros de révéler ses sentiments intimes : Œnone est la confidente de Phèdre. Par extension de sens, au masculin, confident désigne aussi un siège capitonné de la seconde moitié du xixe siècle, offrant deux places côte à côte mais disposées en sens contraire, destiné à favoriser une conversation intime.

Confident est donc un nom et, s’il fut aussi un adjectif en langue classique, il ne l’est plus aujourd’hui. Il convient donc de ne pas lui donner le sens de « confiant, assuré », qu’il a en anglais mais non pas dans notre langue.

Apposer son veto au sens d’Opposer son veto

Le 4 avril 2019

Extensions de sens abusives

Le verbe apposer est un dérivé de poser et signifie « poser, appliquer sur quelque chose » : On appose une affiche sur un mur, des scellés sur une porte, etc. Il a aussi le sens de « porter, inscrire sur un document » : On appose un visa sur un passeport ou sa signature au bas d’un acte officiel. Ce verbe a un paronyme, opposer, qui est emprunté, avec influence de poser, du latin opponere, « placer devant », « se dresser contre quelqu’un », « opposer comme obstacle, comme objection ». Apposer s’emploie donc essentiellement avec des noms concrets tandis qu’opposer peut s’employer avec des noms abstraits. Comme le nom veto désigne un droit reconnu par certaines constitutions au chef de l’État de s’opposer à la promulgation d’une loi votée par l’Assemblée législative et, par extension et par affaiblissement, une opposition, un refus ou une interdiction, c’est opposer un veto qu’il faut dire, (comme on dit opposer un refus, opposer une fin de non-recevoir), et non apposer un veto.

Méthodologie pour Méthode

Le 4 avril 2019

Extensions de sens abusives

Nous avons vu naguère que l’on employait souvent problématique quand c’est problème qu’il fallait utiliser. Ce type de substitution se retrouve ailleurs : un certain nombre de noms terminés par -logie ont été empruntés du grec, directement ou par l’intermédiaire du latin, tels qu’archéologie ou astrologie. Par la suite -logie, tiré du grec logos, « parole, discours, traité », est devenu un suffixe du français très productif et a souvent été utilisé pour former des noms de disciplines scientifiques, comme cardiologie ou minéralogie. Mais ce suffixe ne doit pas être employé dans le but de donner un vernis scientifique à des termes, en particulier abstraits, quand c’est la forme non suffixée que l’on devrait employer. C’est ce qui se passe, hélas trop souvent, avec le couple méthode / méthodologie. Rappelons que la méthode est une manière de conduire sa pensée, d’établir ou de démontrer une vérité suivant certains principes et avec un certain ordre, alors que la méthodologie est, elle, l’étude des méthodes de recherche et d’analyse propres à une science, à une discipline. Si on peut dire que la méthodologie en recherche scientifique a fait faire des progrès considérables à la médecine, on dira : agir avec méthode et non avec méthodologie.

On dit

On ne dit pas

Vous n’avez pas adopté la bonne méthode

Les pédagogues recommandent cette méthode d’apprentissage

Vous n’avez pas adopté la bonne méthodologie

Les pédagogues recommandent cette méthodologie d’apprentissage

Denis. P. (France)

Le 4 avril 2019

Courrier des internautes

Bonjour, on pourrait évoquer « écrire, ne pas écrire »... La proposition d’absence de pluriel dans la phrase « ...les certificats concernant M. et Mme XY, vos oncle et tante... » est-elle exacte ou faudrait-il mettre oncle et tante au pluriel. Quelle est la règle en la matière ?

Denis. P. (France)

L’Académie répond :

On met, après un adjectif possessif au pluriel, les noms au pluriel s’ils sont plusieurs, au singulier si chacun d’eux est unique. Tu honoreras tes père et mère; Il vient avec ses frère et sœur (il a un frère et une sœur) ; Il vient avec ses frères et ses sœurs (il a au moins deux frères et deux sœurs).

Paul D. (France)

Le 4 avril 2019

Courrier des internautes

J’aimerais savoir quelle règle s’applique lorsque dans la phrase : « As-tu son innocente vidéo ? », nous utilisons le déterminant masculin « son » alors que le nom « vidéo » féminin ?

On dirait que c’est lié à l’adjectif « innocente », non ?

Je vous remercie par avance pour votre réponse.

Paul D. (France)

L’Académie répond :

Devant un nom commençant par une voyelle ou un h muet, les adjectifs possessifs ma, ta, sa deviennent mon, ton, son pour éviter l’hiatus.

Mon amie et non ma amie ; Ton épée et non ta épée ; Son oreille et non sa oreille.

On dira donc son inoubliable vidéo, mais, bien sûr, sa vidéo inoubliable.

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