Le 7 juin 2012
Extensions de sens abusives
Biens, valeurs, richesses : comme tous ces mots qu’il évoque et résume, le terme Capital a des emplois figurés. On pourra reconnaître à quelqu’un un capital d’énergie, de courage, évoquer le capital artistique et littéraire d’une nation.
Mais, aujourd’hui, chacun se trouve – c’est la publicité qui nous le révèle – à la tête d’un capital santé, d’un capital jeunesse, d’un capital soleil, qu’il lui faudrait « gérer » et « booster ».
À une vision toute marchande s’ajoute dans ces formules l’abus de la construction en apposition. On les évitera absolument.
Le 7 juin 2012
Extensions de sens abusives
À partir de l’anglais to stop, le français a créé l’interjection Stop ! puis le verbe Stopper, parfaitement admis d’abord dans le langage de la marine – Stoppez les machines ! – et, peu à peu, à propos de véhicules, de moteurs, etc.
Si, comme la plupart des verbes évoquant le mouvement, il a des emplois figurés, on évitera cependant de l’employer lorsque le bon usage appelle les verbes Arrêter, Cesser, Interrompre, etc.
On dit
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On ne dit pas
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Il interrompt son geste, son interlocuteur, il suspend son propos
Il faut arrêter ce massacre
Son intervention a fait cesser les querelles, le bruit
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Il stoppe son geste, son interlocuteur, il stoppe son propos
Il faut stopper ce massacre
Son intervention a stoppé les querelles, le bruit
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Le 3 mai 2012
Extensions de sens abusives
Cet adjectif, employé substantivement au féminin – une problématique, la problématique –, appartient à la langue didactique et s’applique à des recherches de caractère érudit ou scientifique appelant, sur un sujet donné, une mise en perspective théorique.
Il paraît présomptueux de vouloir en faire usage à propos des difficultés et des tâches de notre vie courante, ou de tout ce qui nécessite un tant soit peu de réflexion et de concertation. On ne posera pas la problématique du logement ou du travail des femmes. On ne s’interrogera pas sur la problématique de la surpopulation carcérale ou de la gestion de l’eau potable. On fuira la problématique du surpoids, de la dépendance, des déchets, etc.
Le 3 mai 2012
Extensions de sens abusives
Ce verbe, propre au football, et emprunté comme bien d’autres au vocabulaire sportif anglais, apparaît souvent dans des emplois figurés où il n’a que faire. On tacle l’adversaire sur le terrain de sports, on le dépossède du ballon que l’on repousse du pied par une glissade. Dans un débat politique, une controverse, une polémique, on s’oppose à lui, on l’attaque, on le contre.
Le 5 avril 2012
Extensions de sens abusives
Les commentateurs sportifs nous entretiennent du Mental d’un sportif ou du Mental d’une équipe. C’est son mental qui est défaillant, Il doit travailler son mental.
Mental ne doit être employé que comme adjectif, et cet emploi substantivé est fautif. On parlera de la Disposition d’esprit, de l’État d’esprit, voire, dans certaines conditions, du Moral d’un joueur ou d’une équipe.
Le 5 avril 2012
Extensions de sens abusives
Se réaliser dans son travail, dans sa vie de famille, dans son couple, Parvenir à se réaliser soi-même.
La quête de l’épanouissement personnel incite nos contemporains à abuser de ce verbe. On lui préférera S’accomplir, S’épanouir, Se développer.
Le 1 mars 2012
Extensions de sens abusives
L’emploi transitif de ce verbe doit être strictement limité au domaine de la comptabilité. On abonde un compte, un budget, un fonds, on l’approvisionne en argent, on le crédite.
On évitera tout emploi figuré comme Abonder un dossier, un projet, abonder le débat, pour dire le nourrir, l’enrichir ou, par une image usuelle, l’alimenter.
Le 1 mars 2012
Extensions de sens abusives
Cette formule, sans être fautive, est aujourd’hui fréquemment employée pour marquer l’approbation ou, simplement, l’assentiment, l’acquiescement.
On l’entend en réponse à une remarque, à une suggestion :
- « J’ai l’impression qu’il ne viendra pas, qu’il est malade. » « – C’est clair ! »
- « On dirait qu’il va pleuvoir. » « – C’est clair ! »
- « Croyez-vous qu’il faut intervenir ? » « – C’est clair ! »
Le bon usage dans de tels cas consiste à employer Oui, Bien sûr, En effet, etc.
Le 2 février 2012
Extensions de sens abusives
Ces deux termes, que l’on peut rapprocher du verbe Dénier, ne doivent pas être employés l’un pour l’autre.
Déni est un terme de la langue juridique, surtout connu par la locution Déni de justice. Il y a déni de justice quand est refusé ce qui est dû, ce qui est juste. On ne parlera donc pas de Déni de réalité ou de Déni de vérité, alors qu’on veut dire « Négation de la réalité » ou « Négation de la vérité ».
Dénégation désigne le refus d’accepter, d’admettre, de reconnaître, d’avouer ce qui est. On fait un signe de dénégation, on soupçonne quelqu’un malgré ses dénégations.
L’expression Être dans le déni, employé pour dire tout simplement « Nier avec constance » est fautive. La dénégation n’étant ni un état d’esprit, ni un sentiment, on évitera de même Être dans la dénégation.
Le 2 février 2012
Extensions de sens abusives
L’habitude fautive s’est répandue de dire J’hallucine pour signifier tout simplement que l’on est très étonné ou, pour employer des expressions consacrées, que « l’on n’en croit pas ses yeux ou ses oreilles », que « l’on croit rêver ».
Le verbe halluciner, d’un emploi peu courant, a nécessairement pour sujet un terme désignant une substance aux effets hallucinogènes. La mescaline hallucine ceux qui en font usage (on dira plus couramment qu’elle provoque des hallucinations ou est hallucinogène).
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