Dire, ne pas dire

Suaire, linceul

Le 15 mai 2025

Nuancier des mots

Les noms suaire et linceul sont synonymes ; l’un et l’autre désignent une pièce de toile dans laquelle on enveloppe un mort avant son inhumation. Le premier, issu du latin sudarium, dérivé de sudare, « suer », a d’abord désigné, comme l’écrit Nicot dans son Dictionnaire, un « linge dequoy on s’essuye », puis une pièce de tissu enveloppant la tête d’un mort. Quant au linceul, nom parent de linge et tiré, comme lui, de lin, ce fut d’abord un drap de toile qu’on mettait dans un lit pour se coucher. Ce sens figurait encore dans les quatre premières éditions de notre Dictionnaire, mais, quand le sens actuel s’est imposé, il est devenu difficile de conserver à linceul son sens premier. Si la locution mettre au suaire pour « inhumer » se rencontre parfois, c’est surtout mettre au linceul qui est en usage, peut-être parce que, comme l’écrit Littré, il était possible de faire rimer linceul avec cercueil. Aujourd’hui c’est essentiellement linceul qui est employé dans la langue courante, le mot suaire ne se rencontrant plus guère que dans la locution le saint suaire ou le suaire de Turin, qui désigne le drap de lin qui porte l’image d’un homme crucifié et qui aurait servi à ensevelir le Christ.