Pierre BENOIT Élu en 1931 au fauteuil 6

N°558
Commandeur de la Légion d’honneur
Romancier
Piere Benoit en habit d'académicien

Biographie

Né à Albi, le 16 juillet 1886.

Fils d’un colonel originaire des Landes, Pierre Benoit vécut une partie de son enfance en Algérie et en Tunisie, où son père se trouvait en poste. C’est là-bas qu’il fit ses études secondaires et entama son droit. Après son service militaire au 1er régiment de zouaves, il poursuivit à Montpellier des études de lettres et d’histoire. Licencié ès lettres, il devait échouer à l’agrégation d’histoire en 1910.

S’étant engagé dans l’administration, il fut d’abord fonctionnaire au sous-secrétariat des Beaux-Arts, puis au ministère de l’Instruction publique jusqu’en 1922.

Mais sa véritable vocation était la littérature, dans laquelle il débuta en faisant paraître avant la guerre des poèmes et un recueil de vers (Diadumène).

En 1918, il publia son premier roman Kœnigsmark (ce dernier aura le privilège, des années plus tard, d’inaugurer la collection du Livre de Poche chez Hachette, dont il porte encore aujourd’hui le numéro 1). Son second roman, L’Atlantide, plein de ses souvenirs tunisiens et algériens, fut publié l’année suivante et obtint le grand prix du roman de l’Académie française.

Romancier fécond, Pierre Benoit donna par la suite près d’un livre par an. Citons entre autres Le Lac salé (1921), Les Suppliantes (1921), Mademoiselle de la Ferté (1923), La Châtelaine du Liban (1924), Le Puits de Jacob (1925), Le Soleil de minuit (1930), Le Déjeuner de Sousceyrac (1931), Les Environs d’Aden (1940), Lunegarde (1942), Aïno (1948), Les Plaisirs du voyage (1950), Ville perdue(1954), Montsalvat (1957), Le Commandeur (1960).

Romans d’aventure aux mille énigmes, les histoires de Pierre Benoît célèbrent souvent la femme, sous les traits d’héroïnes dont le prénom commence toujours par la lettre A. Par une autre coquetterie d’auteur, l’écrivain tenait aussi à donner à tous ses romans le même nombre de pages.

Président de la société des gens de lettres de 1929 à 1930, élevé au grade de commandeur de la Légion d’honneur, Pierre Benoit fut élu à l’Académie française le 11 juin 1931, par 18 voix au second tour, au fauteuil de Georges de Porto-Riche. Il fut reçu le 24 novembre 1932 par Henri de Régnier. On se souvient que son prédécesseur n’avait jamais achevé son discours de réception et, partant, n’avait jamais siégé. Pierre Benoit dut donc s’acquitter, à cause de cette négligence, d’un double éloge : celui de Porto-Riche et celui de Lavisse. En 1936, il recevait à son tour Claude Farrère et, en 1953, André François-Poncet.

En 1959, Pierre Benoit devait être démissionnaire de l’Académie pour protester contre le veto du général de Gaulle à l’élection de Paul Morand. Mais l’Académie ne reconnaît pas la démission de ses membres, le démissionnaire étant seulement autorisé, s’il le souhaite, à ne plus assister aux séances.

Mort le 3 mars 1962.

Signature de Pierre Benoit

Œuvres

1914 Diadumène

1917 Koenigsmark

1919 L’Atlantide

1920 Les Suppliantes

1920 Pour Don Carlos

1921 Le lac salé

1922 L’Oublié

1922 La Chaussée des Géants

1923 Mademoiselle de La Ferté

1924 La châtelaine du Liban

1925 Le puits de Jacob

1926 Alberte

1927 Le roi lépreux

1928 Axelle

1929 Erromango

1930 Le soleil de minuit

1931 Le déjeuner de Sousceyrac

1932 L’île verte

1933 Cavalier 6

1933 Fort-de-France

1934 Monsieur de La Ferté

1935 Boissière

1936 La Ronde de Nuit

1936 Saint-Jean-d’Acre

1936 La dame de l’Ouest

1937 Les compagnons d’Ulysse

1938 Bethsabée

1939 Notre-Dame-de-Tortose

1940 Les environs d’Aden

1941 Le désert de Gobi

1942 Lunegarde

1943 Seigneur, j’ai tout prévu

1945 Jamerose

1947 L’oiseau des ruines

1948 Aïno

1949 Le casino de Barbazan

1950 Les Agriates

1950 Les plaisirs du voyage

1952 Le prêtre Jean

1954 Le Pays basque

1954 Ville perdue

1955 Feux d’artifice à Zanzibar

1956 Fabrice

1957 Montsalvat

1958 La Sainte Vehme

1958 La Toison d’or

1959 Flamarens

1961 Les amours mortes

1963 Aréthuse (inachevé)

Mot attribué lors de l’installation

Penser :

v. intr. et tr.
I.
Xe siècle. Issu du latin pensare, « peser, penser », lui-même dérivé de pendere, « laisser pendre, peser ».


I. V. intr.
1. Concevoir, juger, raisonner. La faculté de penser. « Je pense, donc je suis », « je suis une chose qui pense » , affirmations de Descartes. Apprendre à penser. La manière de penser. L'art de bien penser. Penser finement, droitement, clairement. Penser avec justesse, penser juste. Expr. Penser tout haut, exprimer ses pensées au fur et à mesure qu'elles viennent à l'esprit. Donner, laisser à penser, donner matière à réflexion ou à supposition.
2. Avoir une opinion. Je pense comme vous. Il pense différemment. Si vous pensez ainsi,… Voilà ma façon de penser. Penser par soi-même, ne pas s'en remettre au jugement d'autrui, se forger sa propre opinion. Bien, mal penser, conformément ou contrairement aux croyances, aux idées reçues dans le milieu où l'on vit. Loc. Maître à penser, voir Maître I. Expr. Dire à quelqu'un sa façon de penser, lui faire connaître son avis sans ménagement.
3. Prendre pour objet de réflexion ; avoir l'esprit occupé par quelque chose ou quelqu'un. Penser à la mort, au salut. Pensez à ce qu'ont enduré ces hommes. Vous devriez y penser mûrement. Plus j'y pense, plus je suis persuadé qu'il a commis une erreur. Ne penser qu'à soi, penser aux autres. Il ne pense qu'à s'amuser. • Par affaibl. Avoir présent à l'esprit, accorder de l'attention à quelque chose, y songer. Pensez à fermer la porte à clef en partant. Je pensais à autre chose. Il a fait cela sans y penser, machinalement. Loc. Faire penser à, rappeler, évoquer par association d'idées. Cet homme me fait penser à mon père. Fam. Pendant que j'y pense, s'emploie pour introduire incidemment une réflexion, une remarque, une suggestion. Pendant que j'y pense, voici la date de la prochaine réunion. En incise. Mais, j'y pense, c'est bientôt son anniversaire ! • Spécialt. Garder en mémoire, conserver le souvenir de ; imaginer par avance, prévoir, se préoccuper de. Je voulais vous apporter ce livre, je n'y ai plus pensé. Faites-m'y penser. Je ne peux m'empêcher d'y penser. N'y pensons plus ! • Penser à l'avenir de ses enfants. Le mal vient sans qu'on y pense. Vous auriez dû y penser plus tôt ! Penser à tout, ne rien laisser au hasard. Il fallait penser aux conséquences avant d'agir. • Titre célèbre : On ne saurait penser à tout, comédie-proverbe d'Alfred de Musset (1851).
4. Avoir une intention, former un projet. Je n'ai jamais pensé à vous nuire. Il faut maintenant penser à rentrer. Il pense au Sénat, à la députation. Expr. Penser à mal, avoir une intention mauvaise. Il avait agi sans penser à mal. • Fam. Tu n'y penses pas ! Vous n'y pensez pas ! exclamations dont on se sert pour rejeter vivement quelque chose que l'on juge irréalisable ou scandaleux. Mais à quoi pense-t-il ? Avoir autre chose, bien autre chose à quoi penser ou, transt., à penser, avoir des préoccupations plus importantes.


II. V. tr.
1. Embrasser par la pensée, concevoir. Penser une œuvre. L'architecte a pensé l'édifice en fonction des contraintes du terrain. Cela est finement pensé. PHIL. Penser le néant, l'éternité. • Au participe passé, adjt. Un ouvrage bien pensé, bien conçu, dont les idées sont justes et bien ordonnées.
2. Avoir pour opinion, juger, estimer ; croire, supposer. C'est un homme qui ne dit jamais ce qu'il pense. J'espère qu'il ne pense pas ce qu'il dit. Il dit les choses comme il les pense. Je sais ce que je dois en penser, je ne sais qu'en penser. Quoi que vous en pensiez,… Comme on peut bien le penser,… Libre à vous de penser cela. Qu'avez-vous pensé de ce livre ? Je ne pense de lui que du bien. La solution n'est pas si facile qu'on le pense. Cette affaire ira plus loin qu'on ne le pense. • Dans une construction attributive. Je le pensais digne de confiance. Nous le pensions de vos amis. Pron. Il se pensait en sécurité. Nous nous pensions tirés d'affaire. • Suivi d'une proposition complétive. Les anciens pensaient que le Soleil tournait autour de la Terre. Je pense qu'il a raison. Je pense que nous ferions bien de partir. Je ne pense pas qu'il vienne, qu'il viendra. Nous n'aurions jamais pensé que les choses tourneraient ainsi. Pensez-vous qu'il soit encore là ? Suivi d'un infinitif. Il pense être plus habile que les autres. S'il pense m'intimider, il a tort. Il pensait être seul. • En incise. Vous allez bientôt partir en vacances, je pense. De chez vous à chez moi, il y a, je pense, dix kilomètres. Iron. Pour marquer une vive irritation ou souligner un ordre. C'est une plaisanterie, je pense ! Avec le sujet postposé. Après tout, pensa-t-il, je ne suis pas le seul responsable. La nuit va bientôt tomber, pensé-je, je dois me hâter. • Loc. À ce que je pense, à mon avis, selon mon opinion. Expr. Il ne dit rien, mais il n'en pense pas moins, bien qu'il s'abstienne d'en faire état, il a une opinion, un parti arrêtés. Elle n'en pense pas un mot. Dire tout haut ce que chacun pense tout bas. Honni soit qui mal y pense, voir Honnir. • Locutions et expressions interrogatives ou exclamatives. C'est bien ce que je pensais ! Fam. Pour souligner ou atténuer la portée d'un propos. Pensez ! Pensez donc ! Pour renforcer une affirmation. Tu penses bien que j'ai refusé ! Tu penses si j'ai réagi ! S'il viendra ? Je pense bien ! Pour marquer l'indignation. Quand on pense qu'il a été élu pour cela ! Iron. Pensez-vous ? croyez-vous véritablement ce que vous dites ? Pour renforcer une négation implicite. Penses-tu ! Pensez-vous ! « Il vous a aidé ? – Vous pensez ! »
3. Avoir l'intention de, vouloir. J'avais pensé venir hier, mais j'ai été empêché. Il pense bientôt déménager. Que pensez-vous faire ?
4. Être sur le point de, faillir. J'ai pensé mourir.


n. m.
II.
XIIe siècle. Forme substantivée de penser I. Dans la langue poétique. Pensée. De doux, de sinistres pensers. « Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques », formule reprise de L'Invention, où André Chénier définit un nouvel art poétique.