Dire, ne pas dire

Followers

Le 7 mai 2020

Anglicismes, Néologismes & Mots voyageurs

Le verbe anglais to follow signifie « suivre ». C’est de lui qu’est tiré le nom follower, qui, en fonction des circonstances, peut avoir les sens de disciple, partisan, admirateur, servant, voire fidèle, et qui se répand largement chez nous. Et pourtant, on le voit, la langue française dispose de noms, mais aussi de locutions susceptibles de rendre les différents sens de follower. Ce dernier s’emploie essentiellement en français pour désigner ceux qui, par quelque moyen électronique, signalent qu’ils adhèrent à la pensée ou aux actions de tel ou tel, la valeur de ces dernières semblant être indexée sur leur nombre de followers. Ainsi, il y a peu, un philosophe, essayant de penser la complexité du monde, se faisait fréquemment interrompre par le « combien avez-vous de followers ? » de la journaliste qui l’interrogeait. Faut-il croire alors que, s’il revenait, le « petit père des peuples » poserait cette question : Le pape, combien de followers ?

Si les termes français évoqués plus haut ne suffisaient pas, peut-être pourrait-on encore ajouter à cette liste, en en revivifiant l’emploi, le nom acolyte, emprunté du grec akolouthos, « suivant, compagnon, serviteur » et, proprement, « celui qui marche sur le même chemin ». C’est dans la hiérarchie catholique le titre situé au-dessus de celui d’exorciste, mais aujourd’hui, il a plutôt le sens que lui donnait Sainte-Beuve quand il écrivait dans Volupté : « Comme j’aurais voulu avoir connu de près les auteurs, les inspirateurs de ces récits ! Comme j’enviais à mon tour d’être le secrétaire et le serviteur des grands hommes ! Ce titre d’acolyte des saints et des illustres me semblait, ainsi que dans l’Église primitive, constituer un ordre sacré. » Acolyte des illustres, tel semble être l’équivalent de notre moderne follower.