Discours de réception de M. de Boisgelin

Le 29 février 1776

Jean de Dieu-Raymond BOISGELIN de CUCÉ

Réception de M. de Boisgelin

 

M. de Boisgelin, archevêque d’Aix, ayant été élu par messieurs de l’Académie française, à la place de M. L’abbé de Voisenon, y vint prendre séance le jeudi 29 février 1776, et prononça le discours qui suit :

 

Messieurs,

La littérature, dans une nation savante et policée, devient insensiblement le partage de tous les États. Il n’est personne aujourd’hui qui n’ait connu le prix de vos travaux, qui ne semble jaloux d’ajouter son suffrage à celui de son siècle. Quiconque sent avec force, et pense avec justesse, aime ou cultive l’art sublime, interprète de tous les autres, qui donne l’énergie à vos sentiments, et la lumière à vos pensées : et l’amour des lettres est dans tous les États la douce et consolante passion des esprits sages et des cœurs vertueux.

Ce sentiment estimable n’est point étranger aux soins les plus graves et les plus imposants des emplois de tous les ordres. Je ne parle pas seulement du ministère auquel des évêques sont consacrés : dépositaires de la parole et de la loi, sans doute ils doivent chérir et cultiver les sciences et les lettres. C’est par elles qu’ils peuvent annoncer et défendre les vérités de la religion ; c’est par elles qu’ils peuvent rendre plus sensibles les préceptes de cette morale toujours pure, qui ne subit point les changements des mœurs et des opinions, et que les vices ou les préjugés de chaque siècle ne corrompront jamais. Mais quel homme éclairé, quel citoyen, dans quelque rang qu’il soit placé, peut rejeter avec dédain des arts et des connaissances fondées sur l’amour même de la vérité, sur l’amour de la vertu : principe supérieur qui préside à la vraie littérature, comme à la vraie administration ! Il donne un caractère au discours, un terme, un intérêt à l’action ; il peut seul imprimer à la conduite, comme aux écrits, le sceau de la confiance publique, sans laquelle il n’est rien de bon et de louable, ni dans l’empire des lettres, ni dans la science du gouvernement.

Il fut un temps où la littérature de nos pères, faible encore et dans l’enfance, s’exerçait sur des objets peu dignes de l’attention publique et des regards de la postérité. Richelieu vint, qui transmit tout-à-coup à la puissance de nos rois le suprême ascendant qu’il avait pris lui-même sur son souverain. Près de ce trône où Richelieu semblait avoir trouvé sa place, quelques sages rassemblés, loin des intrigues des cours, loin du tumulte des guerres, cultivèrent en paix des arts aimables, et présidèrent à la renaissance des lettres. Séguier devint leur protecteur. Leurs premiers hommages furent déposés dans le sein de l’Académie, et leur reconnaissance est immortelle. Bientôt avec l’Académie parut une littérature nouvelle, émanée des sources pures de la saine antiquité. La langue de Malherbe, déjà pleine de majesté, conçut l’élévation et la force, et les transports altiers de la liberté romaine. Mais bientôt aussi l’élégante simplicité de la Grèce, la connaissance profonde du cœur humain, l’art des convenances, leçon unique, universelle, qui comprend tous les préceptes, et qui les rend inutiles, les observations justes, la vérité féconde, la douce et puissante harmonie qui commande au sentiment, et que le sentiment seul a su produire, et tous les charmes enfin d’un langage sensible et vrai, simple et sublime, dont le cœur est toujours ému, dont l’oreille est toujours flattée, excitèrent par degrés une admiration lente, et durable, qui semble s’accroître avec le temps et qui n’est peut-être pas encore parvenue à son terme.

On vit se former dans la république des lettres la plus noble des conjurations, celle des talents contre les vices. La morale, source des grands intérêts, anime et dirige tous les travaux littéraires. Les uns observent leur siècle ; philosophes à qui rien n’échappe, censeurs qui ne savent point pardonner, ils ont l’art d’aiguiser les traits d’une raison sévère, et polissent les mœurs publiques. Un autre nous fait sentir dans l’innocence de ses fables l’impression naïve et juste des erreurs de nos sociétés, et des simples besoins de la nature. Boileau devient Horace ; il a gravé ces mots sur le temple de mémoire :

Rien n’est beau que le vrai.

Bossuet emprunte le style d’Homère, et sa hauteur est celle du ciel, dont il fait descendre les vérités saintes. Fénelon, nourri des maximes évangéliques, s’instruit dans la sagesse d’Athènes, pour donner des leçons aux souverains. Fénelon, qui posa les fondements de la première de toutes les sciences, celle de régner ; il osa faire goûter à Louis XIV les fruits amers de ses triomphes ; il fit monter jusqu’à lui les réflexions des bons citoyens et les murmures des peuples . Combien la prospérité trompe et le malheur instruit ! Louis XIV mourant envisagea la France ; il oublia sa gloire ; il montra son courage. Il lui reste aujourd’hui d’avoir perfectionné les lois, d’avoir favorisé les lettres, et d’avoir rétracté la grande erreur de son règne.

La science du bien public devint, ainsi que toutes les autres, un objet intéressant de l’art d’écrire sous un règne paisible et modeste, qui donnait à tous les arts ces consolants et précieux avantages, le repos et la liberté. Louis XV a vu combler l’intervalle qui sépara si longtemps les différents ordres des connaissances humaines. Les principes de la législation, consignés dans les écrits d’un chancelier illustre, appartiennent à la république des lettres. Nous avons vu sortir du sein de la littérature et de l’étude des lois, un ouvrage célèbre, dont le public instruit sait à la fois admirer les beautés et juger les erreurs. Le but général du gouvernement est connu ; sa marche habituelle et constante n’est plus enveloppée dans l’ombre et dans le mystère ; la politique habile est le secret du talent, et non celui de l’État. On peut éclairer la nation : il reste des préjugés à vaincre, des abus à détruire : on ne peut plus la tromper : on n’en a pas besoin. L’autorité connaît mieux ses obligations, et connaît mieux sa force. Sûre d’elle-même, elle petit céder sans crainte à des idées justes, et l’opinion publique ne résiste point au pouvoir dirigé par la raison. Ainsi tout se tient et tout s’unit, les intérêts des princes et les désirs des peuples, et l’on a connu que l’utilité publique est le terme où doivent tendre d’un pas égal, et ceux par qui la nation est instruite, et ceux par qui la nation est gouvernée

Dans tous les rangs, dans tous les états, une éducation commune nous transmet les mêmes principes, et l’étude de la littérature en est la base. Soit qu’ensuite on doive influer sur les opinions ou sur les affaires de son temps, on a besoin également d’observer les mœurs et les lois de son pays, et les connaissances généralement répandues, et le pouvoir de la parole, et celui des évènements. Ce sont les mêmes objets que nous avons sous les yeux ; c’est la nature humaine dans toutes ses situations qu’il faut qu’on étudie ; et qui pourra dire quels sont ceux qui doivent l’étudier avec l’intérêt le plus sensible et l’attention la plus suivie ? Sans doute il faut la connaître pour en peindre et les vices et les vertus, et les infortunes et les prospérités. Mais quelles seront les ressources de celui qui doit conduire les hommes, s’il ignore et les principes qui dirigent, le cœur humain et les maux qui l’affligent ? O vous qui ne concevez point les charmes de la littérature, vous qui semblez insulter à l’illusion de ceux qui la cultivent, ne seriez vous point insensibles au sort de vos semblables, à celui de vos concitoyens ? N’est-ce point que des plaisirs vains qui se succèdent, vous égarent sans cesse hors de vous-mêmes, ou qu’une triste et vulgaire ambition ne vous laisse d’autre sentiment et d’autre désir que celui des honneurs sans pouvoir, ou du pouvoir même sans objet ? Si telles sont les sources de vos mépris pour les lettres, pensez-vous que les mêmes causes ne doivent point être funestes au succès de votre administration ? Malheur donc à la nation dont le gouvernement n’encourage point ces douces occupations, fondées sur les mêmes connaissances et les mêmes vertus qui doivent diriger les gouvernements.

Nous sommes loin d’honorer du nom de littérature toute oisive et frivole composition qui n’enseigne point aux hommes à devenir meilleurs et plus heureux. Si les esprits corrompus savent trouver des charmes dans le vice, et se complaire dans le mensonge, la vérité seule et la vertu peuvent offrir une digne et convenable occupation aux esprits raisonnables. La vraie littérature est celle de tous les siècles. Elle n’admet point une célébrité qui passe ; et l’homme qui persuade, et qui doit guider dans tous les temps la raison perfectionnée, est le seul dont le nom puisse être durable. Il vivra dans l’avenir aussi longtemps que la vertu sera respectée parmi les hommes:

Quel est le véritable homme de lettres ? C’est celui qui sait considérer tous les rapports de l’objet qui l’occupe, qui connaît le prix des détails, qui les rassemble avec ardeur, et les observe avec inquiétude. Il ne donne rien aux sentiments exagérés, aux vaines conjectures. Il redoute comme un écueil, le funeste et facile amas de réflexions étrangères ou superflues. Il suit la nature : il saisit l’expérience et craint de la contredire, plus soigneux de l’interroger que jaloux de la prévenir. Il cherche le vrai qu’il annonce, comme on étudie le bien qu’on veut faire ; il veut tout voir et tout vérifier ; et telle est aussi l’heureuse impression de la vérité connue, qu’elle se développe ensuite d’elle-même sans art et sans effort. Sa marche est libre et naturelle, et pourtant involontaire. Elle semble égayer quelquefois celui qu’elle guide, et ne le trompe jamais. Lui-même il était loin de prévoir les utiles écarts auxquels il faut qu’il s’abandonne. Lui-même il n’a pas su par quelle invisible puissance il devait être enlevé, pour ainsi dire, à l’objet qu’il devait suivre ; et transporté tout-à-coup hors de lui-même, il a parcouru sans erreur et sans obstacle la route infaillible qui l’y ramène. Quels que soient ces désordres apparents, et ces retours heureux d’une littérature étendue et variée, l’art d’intéresser les hommes, nécessaire pour écrire comme pour agir, a d’abord pour lois constantes les idées claires et les connaissances approfondies ; et sans doute un sentiment vif et soutenu doit transmettre à nos actions comme à nos discours, et ses mouvements et ses ressources. Qui peut marquer, en tout genre une méthode aux talents, une ligne aux succès ? Nos pensées ne sont à nous, et nous n’en pouvons faire usage, que lorsque devenues plus fortes et plus sensibles par leurs rapports entre elles, et transformées, pour ainsi dire, par l’intérêt qui nous anime, elles semblent se confondre avec nos sentiments. Il en est du style comme de la conduite ; l’un et l’autre est l’expression de notre caractère ; l’un et l’autre est l’image de nous-mêmes. Soit qu’on instruise ou qu’on commande, une longue et secrète expérience, dont le principe a disparu, dont l’impression reste, est le conseil toujours présent, toujours caché de la sagesse et du courage. Ainsi le vertueux citoyen qui seul a balancé les triomphes, de César et les naissantes destinées d’Octave, enseignait autrefois l’art de régner par la parole ; et quiconque aujourd’hui sait lire et goûter ses préceptes, a compris que l’orateur de Rome en devait être le véritable dictateur. Plein d’amour pour la vérité, de zèle pour son pays, actif, éloquent, instruit, il eût maintenu le véritable empire des lettres, il eût sauvé l’État.

Si nous devons en croire et ses leçons et ses exemples, si les arts qu’il a cultivés, si les emplois qu’il a remplis n’ont point abusé son esprit habile à s’entretenir de lui-même, la littérature et l’administration doivent s’unir sans cesse, et se donner des secours mutuels.

Nous nous plaignons que l’éloquence, souveraine des républiques, est sans force et sans voix dans une monarchie. Là, disons-nous, le crédit et la faveur exercent un pouvoir absolu. Là, l’homme puissant n’a point son appui dans lui-même et le citoyen estimé ne sent que sa propre faiblesse. Mais quand Cicéron parlait dans le sénat, il était le père de la patrie. César racontait des victoires qui reculaient les bornes de l’empire. Pompée rendait grâces à sa fortune, devenue celle du peuple romain. Scipion entraînait au Capitole ses juges et ses accusateurs, pour remercier le ciel de l’avoir fait naître. Nous n’avons point ces nobles sentiments à produire, parce que nous n’avons point d’aussi grands objets à traiter.

Craignons l’excès d’une admiration à laquelle nous n’avons point appris donner des bornes. Craignons les préjugés de notre enfance. La raison les dissipe, et l’illusion se mêle encore à l’habitude de nos jugements. Qui peut mettre en balance les intérêts d’une ville et d’une république avec ceux du genre humain ? Voudrions-nous voir encore tout l’univers esclave d’un seul peuple, et ce peuple non moins infortuné que triomphant, en proie à l’ambition d’un seul homme ? Autant notre siècle surpassé par ses connaissances ces temps de troubles et de guerre, autant les objets qui nous occupent sont supérieurs aux injustes et violentes délibérations du champ de Mars et des comices Oublierons-nous sans cesse, et les biens dont nous jouissons, et les sources de la lumière générale qui maintient notre bonheur et notre sécurité ? Ce sont les hommes éloquents de tous les pays qui doivent plaider les vrais intérêts des nations: C’est par les bons ouvrages, par ceux qui sont pensés avec justesse, qui sont écrits avec chaleur, que les usages salutaires se communiquent, que les vérités utiles sont connues. Ainsi tombent les barrières qui séparaient les États ; et peut-être les traités qui rapprochent des puissances alliées leur donnent moins de rapports entre elles, que les idées semblables n’en ont établis depuis un siècle entre les nations ennemies. Nous voyons, d’un bout de l’Europe à l’autre les gouvernements plus doux et plus humains. Les guerres sont moins longues et moins sanglantes. La paix est appelée de son véritable nom, le premier besoin des sujets, le premier devoir des souverains. Nous nous consumons, il est vrai, trop souvent en murmures, et sans cesse en regrets ; mais enfin nous sommes instruits, et nous osons juger de ce qui nous manque, et nous pouvons nous rendre compte de nos progrès, par nos espérances et par nos craintes.

Nous nous plaignons qu’il ne reste plus rien à faire à l’éloquence : il ne tient qu’à nous d’étendre son empire : il est une éloquence toujours assortie aux mœurs, toujours assujettie aux lois, que le vœu public encourage, et que le trône n’a jamais repoussée. Il est des pensées nobles et vraies qui servent la patrie et ne blessent point la majesté. Un jeune souverain s’élève, auquel une grande et pénible tâche est donnée, celle de remplir notre première attente ; il n’a point séparé du bonheur ni de l’amour de son peuple, la gloire de son règne ; il se plaît au récit de tous les biens qu’il veut faire, et semble oublier tous ceux qu’il a faits. On peut l’entretenir de ses devoirs et non de ses vertus. Administrateurs de tous les ordres et de tous les rangs, efforçons-nous d’acquérir par l’étude de la littérature le droit de dire avec sagesse, et pourtant avec force, des choses utiles. Nous en aurons le courage au même degré que nous en aurons le talent, et, chaque jour en fera naître des occasions intéressantes. Combien de fois dans des États assemblés, nous avons nous-mêmes été témoins de l’émotion généreuse des bons citoyens, et de l’autorité d’un discours favorable aux besoins des peuples ! C’est là que l’éloquence ne manque ni d’intérêts, ni de moyens ; il semble qu’elle puisse y reprendre encore tous les ornements de son antique liberté: C’est là qu’elle peut être définie, comme autrefois, l’art de tenir une multitude attentive, de charmer les esprits, d’entraîner, de ramener les volontés, et d’exercer la plus noble domination dans des assemblées tranquilles et florissantes ;et l’homme éloquent qui met sa dignité dans les succès de son zèle, peut opérer, par des paroles puissantes, tantôt le salut d’une province, et tantôt le bien même de l’État.

L’éloquence n’est pas le simple effet des talents. Elle est la plus noble production de ces mêmes vertus, qui doivent animer tous les travaux consacrés au bien public : il est une sorte de courage, une horreur naturelle pour tout ce qui peut ressentir la bassesse et la servitude. Il est une conscience tranquille fondée sur l’habitude des vues justes et des actions utiles, qui donne au style l’empreinte de la confiance et le pouvoir de la persuasion ; et ce ne sont point là des qualités, que la facilité d’un esprit cultivé par les lettres, et la seule impression d’un goût éclairé, puissent transmettre à nos discours au moment du besoin ; il est des actions que le vice n’imitera jamais ; il est des expressions que la vertu seule à l’heureuse audace et le droit de prononcer.

Qu’est-ce donc que l’éloquence ? Qu’est-ce que la littérature, s’il est vrai qu’elle ne convienne pas à tous les états, à tous les objets qui peuvent servir au bonheur des hommes ; s’il est vrai qu’elle ne s’étende pas aussi loin que tous nos sentiments ?

Nous devons aujourd’hui chercher plus que jamais à réunir et les talents et les vertus, et les ressources de tous les ordres. Nous avons un devoir intéressant à remplir, celui d’élever des générations naissantes ! C’est par elles que nous acquérons les rapports qui nous unissent aux temps où nous ne serons plus, et que nous pouvons hâter ou ralentir les progrès de la postérité. Personne de nous n’ignore ce qui reste à désirer en France pour perfectionner l’éducation publique ; déjà plus d’une fois le premier ordre de l’État a provoqué la vigilance du gouvernement. La voix de tous les corps a consacré les réflexions de tous les hommes instruits ; chaque ordre, chaque profession réclame une institution qui nous manque, et ce premier objet d’utilité publique, qui comprend tous les autres, ne sera jamais rempli que par l’heureux concours des efforts du gouvernement, et des vertus et des lumières de tous les États. Le siècle de Louis XIV fut celui des arts et de la littérature. Le règne de Louis XV sera célèbre à jamais par l’étendue des connaissances humaines : puissent désormais les sages lois préparer du moins dans l’éloignement le règne des bonnes mœurs, et que la postérité doive au siècle de Louis XVI, et ses vertus et son bonheur !

L’académicien auquel je succède n’a point eu l’avantage d’employer ses talents au bien de son pays. Mais nous savons que son cœur ne se refusa jamais aux besoins des malheureux. Il jouissait d’une fortune modique, et sa mort à fait perdre deux mille livres de pension à des familles indigentes. On ignora longtemps qu’il avait consigné des fonds pour réparer des maisons incendiées dans une terre qu’il habitait. Les larmes de ceux dont il a soulagé la misère ont trahi ses bienfaits, et nous ont fait connaître ses vertus: Il paraît que l’habitude de la littérature avait secondé l’aménité naturelle de son caractère, et qu’elle a fait dans tous les temps son bonheur ou sa consolation : son exemple nous apprend quelle est la séduction des lettres, même au milieu des dangers dont elles ne sont pas toujours exemptes, et quelles peuvent être aussi leurs ressources dans toutes les vicissitudes de la vie.

Honoré de vos suffrages, Messieurs, admis à vos assemblées, je sens combien il me serait doux de vous témoigner ma reconnaissance en profitant de vos lumières. Si l’éloignement des lieux me cause souvent des regrets, je pourrai du moins encore recueillir le fruit de vos travaux. Je partagerai l’admiration de tous nos concitoyens : heureux si je puis rendre les connaissances d’une saine littérature utiles à l’administration d’une province et d’un diocèse dont les intérêts doivent former l’objet constant de mes pensées, et la véritable occupation de ma vie.

Cic. de Orat. Lib. I.
Œuvres de M. d’Aguesseau.
Lettre de Fénelon à Louis XIV.
Pensées de Pascal ; Essais de morale ; La Bruyère ; La Rochefoucault, etc.