Dire, ne pas dire

« Proscrire » pour « Prescrire »

Le 7 avril 2022

Extensions de sens abusives

Voilà deux paronymes qui remontent l’un et l’autre à des dérivés du latin scribere, « écrire », et qui ne sont distingués orthographiquement que par une voyelle, mais dont les sens sont bien différents. Le premier, proscrire, est emprunté du latin proscribere, « afficher », et signifie, s’agissant de l’Antiquité, « condamner des citoyens à mort, sans procès, en affichant leur nom sur la voie publique » : Les Trente, qui occupèrent le pouvoir à Athènes en 404 av. J.-C., proscrivirent un grand nombre de riches Athéniens pour s’emparer de leurs biens. Par extension, ce verbe signifie aussi « déconseiller » ou « interdire ». Prescrire, emprunté de praescribere, « écrire en tête, mentionner », signifie, lui, « ordonner, recommander » : Par l’ordonnance de Villers-Cotterêts, en 1539, François Ier prescrivit l’emploi exclusif du français dans tout le royaume pour les actes juridiques publics et privés. En droit, ce même verbe désigne aussi le fait d’acquérir la propriété d’un bien ou de se libérer d’une contrainte par prescription. Il importe donc de ne pas employer ces verbes l’un pour l’autre, même si cette confusion s’explique sans doute par le fait que l’un et l’autre peuvent avoir comme sujet des noms comme « médecin » ou « faculté » : Son médecin lui a proscrit le tabac et lui a prescrit dix séances de kinésithérapie.