Dire, ne pas dire

Opus

Le 6 juin 2013

Extensions de sens abusives

L’emploi du terme Opus au sens d’« œuvre, ouvrage » s’étend au-delà de ses domaines d’origine. En effet, en français, le nom latin opus, « œuvre, travail, ouvrage », s’emploie en architecture et en musique. Dans le premier cas, opus est suivi d’un adjectif latin qui précise soit l’origine géographique de l’ouvrage en question, soit le type de maçonnerie utilisée. On trouve ainsi, dans Le Côté de Guermantes, de Proust, la phrase suivante : « Le véritable opus francigenum, ce ne sont pas tant les anges de pierre de Saint-André-des-Champs que les petits Français, nobles, bourgeois ou paysans, au visage sculpté avec cette délicatesse et cette franchise restées aussi traditionnelles qu’au porche fameux mais encore créatrices », dans laquelle la locution opus francigenum, signifiant proprement « œuvre créée en France », est utilisée pour désigner l’architecture gothique d’Île-de-France.

En musique Opus, le plus souvent abrégé en op., sert à désigner une pièce selon la place qu’elle occupe dans l’ensemble des œuvres imprimées d’un compositeur ; ainsi la sonate pour piano opus 57 de Beethoven est appelée « Appassionata ».

Si l’extension de sens du terme opus n’est pas en soi condamnable, on évitera d’en abuser : pourquoi ne pas utiliser les termes généraux d’œuvre ou d’ouvrage ou d’autres, plus précis, comme livre, roman, film, pièce ?

 

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