Discours prononcé lors de la visite du président de la République fédérative du Brésil, M. Luiz Inácio Lula da Silva

Le 5 juin 2025

Michel ZINK

DISCOURS

DE

M. Michel ZINK

Directeur en excercice



Monsieur le Président,
 

Je laisserai dans un instant M. le Secrétaire perpétuel vous dire le respect de l’Académie française, honorée et heureuse de vous accueillir, pour votre personne et pour les valeurs que vous défendez. Ma fonction de directeur de l’Académie, éphémère et de pure forme, m’invite au laconisme. Qu’il me soit permis, cependant, de souligner que la mission même de l’Académie française l’invite à travailler au lien entre nos deux pays.

L’Académie française n’a plus désormais pour fonction, comme au xviie siècle, de définir et d’imposer le français tel qu’il était parlé à la cour du roi de France. De même qu’elle compte aujourd’hui en son sein des écrivains en langue française originaires de sept ou huit pays différents, elle enregistre dans son Dictionnaire les formes et les usages du français dans toute la France et dans toutes les régions du monde où il se parle, du Québec et de la Caraïbe à l’Afrique subsahélienne et à l’Asie. Mais cette ambition suppose une vision plus large encore. Les diverses langues nées de l’évolution du latin et qui ont essaimé dans le monde entier sont aujourd’hui bien différentes les unes des autres, mais leur parenté reste suffisante pour être un réel facteur d’unité, si le système éducatif des pays où chacune est parlée favorise l’apprentissage des autres et si des institutions comme notre Académie y contribuent.

L’ouverture du Brésil aux études françaises est un exemple de cet effort. Sa langue même y contribue naturellement. Elle n’est pas celle du Portugal, et c’est cependant la même. Chacun fait naturellement l’effort de comprendre l’autre, et je dois dire que, pour une oreille française, le brésilien parlé est plus clairement articulé que le portugais. Puissions-nous donc, Monsieur le Président, vous prendre pour modèle sur le chemin d’une latinité fraternelle.