Discours adressé à Monseigneur le Chancelier de Maupeou

Le 5 décembre 1768

Charles BATTEUX

DISCOURS

Prononcé le 5 Décembre 1768;

Par M. l’Abbé BATTEUX, Directeur de l’Académie, à Monfeigneur le Chancelier de Maupeou.

MONSEIGNEUR,

L’ACADÉMIE Françoife vient vous rendre l’hommage de refpect qui eft dû au Chef fuprême de la Magiftrature du Royaume. C’eft auffi un hommage de reconnoiffance, puifque les Sciences & les Arts ne fleuriffent qu’à l’ombre de la Juftice & des Lois.

Elle s’acquitte de ce devoir aujourd’hui avec d’autant plus d’empreffement, que, trouvant dans la même perfonne les vertus du Magiftrat réunies aux graces de l’efprit, aux talens héréditaires, aux connoiffances acquifes, les honneurs qu’elle vous rend fe réfléchiffent en quelque forte fur les Lettres mêmes.

Nous nous félicitons comme Citoyens, d’avoir dans l’ordre civil un digne interprète du cœur comme de l’autorité du Prince ; nous nous félicitons, comme Gens de Lettres, d’avoir, dans la partie qui nous eft propre, un Miniftre éclairé, qui maintiendra les Lettres dans leurs privilèges & qui leur fervira d’appui lorfqu’elles plaideront la caufe de la raifon & de l’humanité.

 

 

Monfieur le Chancelier a répondu :

MESSIEURS,

Il ne faut qu’être Chancelier pour avoir droit aux hommages & aux fentimens de l’Académie ; votre reconnoiffance en a fait le patrimoine de la place que j’ai l’honneur d’occuper, & ma grande ambition fera toujours de juftifier votre reconnoiffance.

Si mon nom ne fe trouve pas dans vos annales, s’il ne m’eft pas donné de contribuer à vos fuccès ; je jouirai du moins, comme Citoyen, de vos talens & de votre gloire. Heureux, fi ma conduite peut rappeler quelques traits de cet homme célébre, qui favorifa les progrès de l’Académie naiffante, & qui doit à l’Académie fon immortalité !