Né à Paris, le 23 août 1896.
Fils de médecin, Jacques Rueff effectua ses études secondaires aux lycées Charlemagne et Saint-Louis, avant d’entrer à l’école libre des Sciences politiques et à l’école Polytechnique.
Inspecteur des finances en 1923, il entamait une carrière de haut fonctionnaire qui allait le conduire assez rapidement aux postes les plus élevés. D’abord chargé de mission au cabinet Raymond Poincaré en 1926, il fut successivement membre de la section financière de la Société des Nations (1937-30), conseiller financier à l’ambassade de France à Londres (1930-1936) et directeur du mouvement général des fonds au ministère des Finances (1936-1939), en même temps que professeur à l’école libre des Sciences politiques.
Après la Seconde Guerre mondiale, il fut président de la délégation économique et financière, et conseiller économique auprès du commandant en chef en Allemagne (1944-45), délégué de la France à la Commission interalliée des Réparations à Moscou, président de la conférence des Réparations à Paris, puis comme président de l’agence interalliée des Réparations, de 1946 à 1952.
Ayant repris son enseignement à l’Institut d’Études Politiques de 1945 à 1948, il était nommé en 1952 président de chambre à la cour de justice de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier), puis exerça de 1958 à 1962 les fonctions de juge à la cour de justice des communautés européennes. À la fondation de la Ve République, il dirigea le comité d’experts chargé par le général de Gaulle de préparer et d’appliquer le plan de redressement économique dont l’une des mesures les plus spectaculaires fut la création du « franc lourd ». De 1962 à 1974 enfin, il fut membre du Conseil économique et social.
Esprit philosophique autant que spécialiste des phénomènes financiers, Jacques Rueff est l’auteur de plusieurs essais, parmi lesquels on retiendra : Des sciences physiques aux sciences morales, Théorie des phénomènes monétaires, L’Ordre social, Épître aux dirigistes, l’Âge de l’inflation, Les Dieux et les Rois (Essai sur le pouvoir créateur), Le Péché monétaire de l’Occident, Combats pour l’ordre financier, La Création du monde.
Grand-Croix de la Légion d’honneur, membre de l’Académie des sciences morales et politiques, membre de l’Académie royale des sciences lettres et arts de Belgique, Jacques Rueff, qui occupait la fonction de chancelier de l’Institut de France, fut élu à l’Académie française le 30 avril 1964 au fauteuil de Jean Cocteau, par 18 voix contre 6 au poète André Berry. Il fut reçu le 1er avril 1965 par André Maurois.
Mort le 23 avril 1978.