Eugène TISSERANT Élu en 1961 au fauteuil 37

N°622
Grand-croix de la Légion d’honneur
Croix de guerre 1914-1918
Orientaliste
Philologue
Homme d’Église
Eugène Tisserant

Biographie

Né à Nancy, le 24 mars 1884.

Issu d’une lignée de vétérinaires, Eugène Tisserant fait ses études primaires et secondaires dans sa ville natale, ainsi que quatre années de théologie au Grand Séminaire. Trop jeune pour être ordonné prêtre, il part pour l’École biblique des Dominicains à Jérusalem, pour une année, et poursuit ensuite à Paris sa formation, à l’École des langues orientales vivantes, à l’École des hautes études de la Sorbonne, à l’École du Louvre et à l’Institut catholique.

Ordonné prêtre le 4 août 1907, il est appelé à Rome l’année suivante et prend la charge de conservateur des manuscrits orientaux à la bibliothèque Vaticane. Diplômé en quinze langues, dont cinq langues sémitiques (hébreu, syriaque, assyrien, arabe, éthiopien), il assume dans le même temps la charge de professeur d’assyrien à l’Université pontificale de l’Apollinaire (qui deviendra ensuite l’Université du Latran), de 1908 à 1913.

Au début de la Première Guerre mondiale il est mobilisé comme soldat de première classe au 26e de ligne ; à sa sortie d’hôpital, après avoir été blessé sur le front de Nancy, en septembre 1914, il est affecté à la section d’Afrique de l’état-major de l’Armée, au ministère de la Guerre. À sa demande, il est envoyé au Proche-Orient comme officier interprète au détachement français de Palestine-Syrie, en 1917. Il finira la guerre lieutenant, croix de guerre avec citation.

De retour à Rome au printemps 1919, Eugène Tisserant retrouve son poste d’assistant du préfet à la bibliothèque Vaticane. Il ne quittera celle-ci qu’après l’avoir complètement modernisée et hissée au rang de bibliothèque de renommée mondiale au moment de son cardinalat.

De nombreuses missions d’études lui sont confiées pendant cette période, elles le mèneront en particulier en Slovénie, Croatie, Serbie, Roumanie, Hongrie, Bulgarie, Turquie, Liban, Syrie, Palestine, Égypte, Grèce, et aux États-Unis.

Il est nommé en 1920 membre de la Commission chargée de la révision des livres liturgiques syriaques à la S. Congrégation pour l’Église orientale, consulteur de la S. Congrégation pour l’Église orientale en 1926, et membre de la section historique de la Congrégation des rites en 1930.

Créé cardinal le 15 juin 1936, le pape Pie XI lui confie la direction de la S. Congrégation pour l’Église orientale avec le titre de secrétaire, poste qu’il conservera jusqu’en 1959.

Sacré archevêque titulaire d’Iconium en 1937, il opte pour le diocèse suburbicaire de Porto-et-Sainte-Rufine en janvier 1946 ; conformément aux décisions prises par le concile de Vatican II, il en sera déchargé en 1966 après y avoir construit une cathédrale et plus de vingt églises. Ses successeurs le qualifieront de « refondateur » de cet antique diocèse, un des premiers de la chrétienté.

Il est également nommé président de la Commission pontificale des études bibliques, préfet de la Congrégation cérémoniale, membre de la Congrégation consistoriale, de la Congrégation des affaires extraordinaires, de la Congrégation des religieux, de la Propagande, du Tribunal de la signature apostolique, de la Congrégation des rites, de la Commission pontificale pour la rédaction du Code de droit canonique oriental, ainsi que des universités et séminaires.

Doyen du Sacré Collège en 1951, il reçoit un second diocèse alors attaché à la charge, celui d’Ostie antique.

En 1957, Pie XII le nomme bibliothécaire et archiviste de la Sainte Église romaine. Président de la Commission préparatoire au concile de Vatican II, il en assumera la présidence du Conseil de présidence pendant son déroulement.

Eugène Tisserant est l’auteur de dix-sept ouvrages d’érudition dont : L’Ascension d’Isaïe (1909) ; Specimina codicum orientalum (1914) ; Louis-Marie Grignion de Montfort, les écoles de charité et les origines des Frères de Saint-Gabriel (1960). On lui doit également treize contributions au Dictionnaire de théologie catholique, plus de soixante-quinze articles parus dans des revues scientifiques, au moins trente-deux recensions d’ouvrages spécialisés, etc.

Savant incontesté, travailleur acharné, Eugène Tisserant est non seulement un orientaliste réputé et reconnu par ses pairs, mais également un historien et un scientifique scrupuleux et précis. Il n’en néglige pas pour autant son ministère de prêtre.

Si toute sa carrière se déroule à Rome, il n’en reste pas moins très attaché à la France et à sa Lorraine natale. Résistant de la première heure, il soutient les œuvres qui le sollicitent, il cherche toujours à favoriser et à aider ceux de ses compatriotes qui font appel à lui.

Il préside en particulier le Comité international créé au début de 1957 pour assurer le financement de la construction de la basilique souterraine Saint-Pie X et les manifestations du centenaire des apparitions de Lourdes en 1958.

Docteur honoris causa de quatorze universités étrangères, il est membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres depuis 1938. Grand-croix de la Légion d’honneur en 1957, le cardinal Tisserant est élu à l’Académie française le 15 juin 1961, sans concurrent, par 17 voix au fauteuil du duc Maurice de Broglie.

Il est reçu le 23 juin 1962, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, par le comte Wladimir d’Ormesson.

Il est déchargé de ses dernières fonctions en avril 1971 et meurt le 21 février 1972 à Albano-Laziale (Rome).

Signature du cardinal Tisserant

Œuvres

1909 Ascension d’Isaïe - traduction de la version éthiopienne

1911 Codex zugninensis rescriptus Veteris Testamenti

1914 Specimina codicum orientalium

1927 Codices armeni bybliothecae vaticanae borgiani vaticani barberiniani chisiani

1935 Codices aethiopici vaticani et borgiani, barberinianus orientalis 2, rossianus 865 - en collaboration avec Mgr Sylvain Grébaut

1943 Luigi Maria Grignion de Montfort, le scuole di Carità e le origini dei Fratelli di San Gabriele

1950 L’Église militante

1957 Eastern christianity in India

Discours et travaux académiques

Mot attribué lors de l’installation

Chien :

XIIe siècle. Du latin canem, accusatif de canis, « chien », au sens propre et figuré, et comme terme péjoratif.


★I. Mammifère carnivore digitigrade de la famille des Canidés, dont de nombreuses espèces sont domestiquées depuis la plus haute antiquité. Les épagneuls, les bassets, les lévriers, les caniches, les bouledogues, etc., sont des chiens domestiques. Un chien bâtard. La chienne a mis bas six petits chiots. Le museau, la gueule, les crocs, les pattes du chien. Le chien aboie. Le petit chien jappe. Un chien qui hurle à la mort. Chien pelé. Chien enragé. Il s'est fait mordre par un chien. La maladie des chiens, maladie virale appelée Maladie de Carré. Un chien errant. Un chien perdu. Le chien est le meilleur ami de l'homme. Un chien qui fait le beau, qui se dresse assis sur ses pattes de derrière. Un chien qui donne la patte. Par redoublement hypocoristique, chien-chien, chien particulièrement choyé. Chien de garde. Chien de berger. Chien d'aveugle. Chien de traîneau. Chien policier. Chien savant, dressé à certains exercices. Chien de luxe, d'appartement. La pâtée du chien. Jeter un os à un chien. La niche du chien. Mettre un chien à la fourrière. Attacher son chien. Tenir un chien en laisse. Museler un chien. Les chiens doivent porter un collier. Par anal. Collier de chien, collier de femme qui se porte au plus près du cou. • Spécialt. chasse. Un chien de chasse. Appeler, siffler son chien. Chien d'arrêt, voir Arrêt. Chien couchant, voir Couchant. Fig. Faire le chien couchant, flatter, faire des bassesses. - vèn. Chien courant, qui chasse sur la piste d'un animal en donnant de la voix. Une meute de chiens. Coupler, découpler les chiens. Rompre les chiens, les arrêter, les empêcher de suivre une voie et, fig., interrompre une conversation ou une discussion que l'on juge mal engagée. • Expr. Entre chien et loup, moment du crépuscule où l'on ne distinguerait pas un chien d'un loup, où l'on ne fait qu'entrevoir les objets sans pouvoir les distinguer.


★II. Comparaisons, locutions et expressions familières liées à des particularités du chien ou à des comportements qui lui sont prêtés.
☆1. Figures évoquant l'apparence ou le comportement du chien. C'est saint Roch et son chien, ils sont inséparables. Il est fou comme un jeune chien, il fait encore très jeune chien, il est exubérant et étourdi. Arriver, venir, tomber, être reçu comme un chien dans un jeu de quilles, survenir mal à propos. Être coiffé comme un chien fou, avoir les cheveux en désordre. Être coiffé à la chien, avoir, comme certains chiens, une frange de cheveux sur le front. Avoir du chien, en parlant d'une femme, retenir l'attention par sa personnalité, sa séduction. On ne peut pas dire qu'elle soit jolie, mais elle a du chien.
☆2. Le chien, considéré comme un être inférieur. Le chien du bord, le second du navire. Un chien de quartier, un adjudant. Il n'est pas bon à jeter aux chiens, il vaut moins que rien. Comme un chien qu'on fouette, de très mauvais gré. Il n'en donnerait pas, il n'en jetterait pas sa part aux chiens, il ne veut pas renoncer à ce qui lui revient. Ce n'est pas fait pour les chiens, on peut, on doit s'en servir. Le premier chien coiffé ou un chien coiffé, le premier venu, n'importe qui. S'enticher du premier chien coiffé. Faire la rubrique des chiens écrasés ou, pop., faire les chiens écrasés, dans un journal, s'occuper de la rubrique des faits divers. Un chien qui aboie à la lune, un chien qui aboie sans raison et, fig., un présomptueux qui s'attaque à ce qui est hors de sa portée. Mourir comme un chien, dans un coin, sans l'assistance de qui que ce soit. Être enterré comme un chien, sans les prières de l'Église et, par ext., sans respect ni cérémonie. Traiter quelqu'un comme un chien, de façon brusque et méprisante. Il m'a jeté dehors comme un chien. Il m'a parlé comme à un chien. Abattre, tuer quelqu'un comme un chien, de manière expéditive et avilissante. Par manière d'injure. Fils de chien ! Par manière de juron. Nom d'un chien !
☆3. Le chien, considéré comme symbole de malheur. Coup de chien, tempête subite. Il fait un temps de chien, un temps affreux. Il fait un temps à ne pas mettre un chien dehors. Faire un mal de chien, faire très mal. Être malade comme un chien, extrêmement malade. Elle a une mine de chien, une très mauvaise mine. Avoir des yeux, un air de chien battu, un air pitoyable. Il est là comme un chien à l'attache, comme un chien d'attache, voir Attache. Se donner un mal de chien, se donner beaucoup de peine. Mener une vie de chien, une vie ingrate et éprouvante. C'est un métier de chien, très pénible. Fam. Exclamation. Chien de métier ! Chienne de vie !
☆4. Le chien, considéré comme un être insupportable, odieux. Elle a un caractère de chien, très mauvais caractère. Il est d'une humeur de chien. C'est un chien, un mauvais chien, une personne dure et sévère. Garder à quelqu'un chien de sa chienne, lui garder rancune, préparer longuement sa vengeance. C'est le chien de Jean de Nivelle qui s'enfuit quand on l'appelle, il a l'art de disparaître au moment où on le recherche. Ce sont deux chiens après un os, deux personnes qui convoitent et se disputent hargneusement la même chose. Ils s'accordent, s'entendent, vivent, sont comme chien et chat, voir Chat. Spécialt. Chiens de faïence, paire d'objets représentant des chiens placés en regard l'un de l'autre. Expr. fig. Se regarder en chiens de faïence, sans mot dire et sans aménité.
☆5. Le chien, considéré comme symbole d'avarice. Il s'est montré très chien avec moi, très âpre. Quel chien ! quel avare !
☆6. Prov. Bon chien chasse de race, voir Chasser. Chien qui aboie ne mord pas, voir Aboyer. Les chiens aboient, la caravane passe, voir Aboyer. Il ne faut pas se moquer des chiens qu'on ne soit hors du village, il faut se mettre à l'abri du danger avant de s'en moquer. Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage, voir Accuser. Qui m'aime aime mon chien, quand on aime une personne, on aime tout ce qui lui appartient. Il n'est chasse que de vieux chiens, il n'y a pas d'hommes plus propres au conseil et aux affaires que les vieillards, à cause de leur expérience. Chien hargneux a toujours l'oreille déchirée, voir Hargneux.


★III. Par anal. zool. Chien de mer, squale prédateur aux dimensions modestes qui vit dans l'Atlantique et la Méditerranée, et dont la peau est si rugueuse que, séchée, les menuisiers l'utilisent pour polir le bois (on dit aussi Roussette). - astron. La constellation du Chien, dans l'hémisphère austral. Le Grand Chien. Le Petit Chien. - myth. grecq. Le chien Cerbère, chien à trois têtes qui gardait l'entrée des enfers. - armes. Le chien d'un fusil, d'un révolver, la pièce qui, en se rabattant, fait partir le coup. Fig. Se coucher, dormir en chien de fusil, les jambes repliées et ramassées sur le corps.