Lecture du Palmarès
Je vais citer les lauréats des Grands prix littéraires de l’Académie et des Prix de fondations, qui voudront bien se lever à l’appel de leur nom. Nous ne les applaudirons pas séparément, mais seulement à la fin de la lecture du palmarès.
En décernant à M. Édouard Maunick le Grand Prix de la Francophonie, à la fois prestigieux et fort bien doté, l’Académie française honore un grand poète et essayiste de notre temps et un écrivain mauricien dont l’œuvre s’est déployée dans l’amour d’une langue qu’il illustre avec talent. Édouard Maunick publie ses premiers poèmes à l’âge de dix-sept ans : une vingtaine de recueils suivront Ces oiseaux de sang, qui prennent leur envol en 1954. Les poèmes publiés en 1962, dans la revue Présence africaine, retiennent l’attention de Léopold Sédar Senghor, d’Aimé Césaire et d’Alioune Diop. Né sur cette terre de mélanges et de contrastes qu’est l’île Maurice, Édouard Maunick connaît « ce mal de partir, plus fort que toutes les autres faims ». La « passion de l’autre et de l’ailleurs », qui donne un sens à sa vie, le pousse à inventer sa propre géographie onirique et mentale, sa propre parole pour, selon ses termes, « solder la mer », son propre rythme et sa propre scansion. Tentative sans fin et toujours reprise, « pour franchir les frontières du réel et de l’imaginaire », de faire avouer au langage son sens secret, s’en saisir comme par effraction. Cette quête nourrit les mélopées du Cap de désespérance, d’En mémoire du mémorable, ou de Paroles pour solder la mer.
L’Académie a décerné deux grandes médailles de la Francophonie, l’une à M. Ghassan Salamé, l’autre à M. Lê Thàn Khôi.
Politologue de renommée internationale, professeur aux universités de Beyrouth, de Washington et à l’Institut d’études politiques de Paris, directeur de recherches au C.N.R.S., auteur de nombreux essais publiés en plusieurs langues et qui lui ont déjà valu de hautes récompenses, M. Ghassan Salamé s’est signalé, comme ministre de la Culture du Liban, par l’organisation parfaite du IXe Sommet de la Francophonie, à Beyrouth, en octobre 2002.
Le succès de cette réunion des cinquante-cinq pays ayant le français en partage fut grandement dû à M. Salamé. Notre Compagnie à laquelle appartiennent en quelque manière ceux qui contribuent à l’œuvre commune dont elle est le symbole, a voulu lui témoigner sa gratitude.
M. Lê Thàn Khôi reçoit également une grande médaille de la Francophonie. M. Lê Thàn Khôi est professeur émérite d’éducation comparée et d’éducation et développement à la Sorbonne. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages et de nombreux articles. Avec Éducation et Civilisations, il montre qu’une société se définit tout autant par les formes de transmission du savoir qu’elle adopte que par ses institutions, sa culture et son mode de vie. Étudiant tout à tour l’Afrique communautaire, les mondes hindou et bouddhique, la Chine mandarinale et le Japon féodal, l’Europe de la Grèce antique jusqu’aux sociétés industrielles en passant par la chrétienté médiévale, M. Lê Thàn Khôi dresse une typologie de l’action éducative, dans le contexte des conditions économiques, politiques et sociales.
Le Grand Prix de Littérature est attribué à M. Jean Raspail.
Laissons-lui le soin de se présenter : « Ma famille, écrit-il, est languedocienne. Département de l’Hérault. Languedoc de l’Est. Narbonnaise de Rome. Septimanie du Bas-Empire. De la Scandinavie chalcolithique aux marais du Pripet, à travers le Mecklembourg et la Poméranie, puis des steppes de la mer d’Azov au Languedoc en traversant toute l’Europe en sang, la route est limpide pour qui admet ses origines. » C’est donc un authentique Wisigoth que nous honorons aujourd’hui, sous cette Coupole.
Arrivé à l’âge d’homme, Jean Raspail cède à l’appel du voyage — les deux Amériques, le Japon, le Congo belge dans sa tourmente suicidaire, Hong Kong et Macao, en passant par les Antilles : « En quarante ans de voyages à travers le monde, explique Jean Raspail, j’ai suivi de nombreuses pistes qui menaient aux derniers survivants encore doués de mémoire. » Son périple ne doit donc rien à la curiosité de l’ethnologue : il est un hommage à tous les peuples deux fois morts — balayés par les fracas de l’histoire et ensevelis dans la mémoire des hommes. À son premier voyage vers des terres lointaines, Jean Raspail doit sa vocation d’écrivain : « À considérer les cheminements intérieurs de la vie, c’est là que je suis né, à l’âge de vingt-trois ans et neuf mois, par un matin glacial de printemps de l’année 1943 », aux abords d’un village algonquin. L’admirable Qui se souvient des hommes et le non moins beau Pêcheurs de lunes témoignent de cette conversion : écrire pour vaincre les puissances de l’oubli.
De retour en France, Jean Raspail doit se plier à de nouvelles exigences, relever de nouveaux défis. « Notre voyage à nous est entièrement imaginaire. Voilà sa force », écrivait Céline dans le prologue du Voyage au bout de la nuit. Jean Raspail est appelé lui aussi « de l’autre côté de la vie ». Lorsque sa quête se fait toute intérieure, lorsqu’il devient, comme tant de ses héros, orphelin de ses rêves, le Wisigoth aborde aux rivages de la Patagonie : « Jeune explorateur, dans les années cinquante, je m’étais volontairement enfoncé, plusieurs mois durant, dans les solitudes australes de la Terre de Feu, la Patagonie, le cap Horn, le détroit de Magellan, là où se rejoignent le tout et le néant. Sur les cartes marines, en ces temps, les contours de nombreuses îles figuraient en pointillés hypothétiques. Les derniers Indiens vivants fuyaient au plus profond des fjords déserts, emportant dans leurs canots le feu enfermé dans un pot de terre. C’est là que j’ai appris à vivre : une bonne école. C’est là que j’ai appris à rêver ma vie » À l’instar d’Antoine de Tounens, éphémère souverain de Patagonie, qui lui valut le Grand Prix du Roman de l’Académie, Jean Raspail célèbre cette patrie perdue où il choisit d’établir son exil intérieur avec tendresse, avec ironie, avec fierté, avec mélancolie. « C’est, nous dit-il, être exactement Patagon que d’accommoder ensemble ces quatre sentiments-là. »
Cette retraite n’appelle pas l’inaction, et la solitude de Jean Raspail est celle du veilleur au rempart. Semblable à ces Sept cavaliers qui quittèrent la ville au crépuscule par la porte de l’Ouest qui n’était pas fermée, ultime défense d’un royaume qui a perdu la foi en son propre destin, il a, une fois pour toutes, fait vœu de ne pas subir : « Tête haute, sans se cacher, au contraire de tous ceux qui avaient abandonné la ville, car ils ne fuyaient pas, ils ne trahissaient rien, espéraient moins encore et se gardaient d’imaginer. »
Nous n’aurions pas tout dit de Jean Raspail si nous ne rappelions pas son roman Le Camp des saints. Ce livre, qui atteint presque sa majorité aujourd’hui, est à la fois une œuvre passionnante et si prophétique qu’on ose à peine y croire. Les grands romanciers sont des extralucides qu’on a tort de trop souvent prendre pour des jongleurs. Le Camp des saints est un livre qui a conquis les États-Unis, si peu enclins à s’intéresser à la littérature française. Jean Raspail a reçu le prix Thomas Eliot décerné par l’université de Chicago.
J’ajouterai que Jean Raspail nous a aussi offert le plus beau rêve qui soit : un mythique royaume de Patagonie. Pour tous ceux qui veulent bien encore jouer à s’inventer un monde d’aventures et de fantaisie, le royaume de Patagonie a ses couleurs, son hymne national et des correspondants dans le monde entier grâce à un pléthorique service diplomatique dont j’ai l’honneur d’être le consul général en Irlande, tâche qui ne me distrait pas trop de mon propre travail. Les Patagons de passage ne posent aucun problème.
Le Grand Prix de littérature Henri Gal est un prix de l’Institut, récemment créé et décerné sur proposition de l’Académie française. Il récompense une œuvre littéraire de haute qualité. À l’occasion de la publication de son livre Dis-moi qui tu hantes, et pour l’ensemble de son œuvre, M. Guy Dupré nous a paru tout désigné.
Pour Guy Dupré, l’écrivain se définit par une certaine impuissance à oublier : vivant le passé au présent, il fait des morts, plus anciens même que sa propre mémoire, ses contemporains. Il accueille dans une commune présence les figures, connues ou oubliées, du monde d’hier et les visages familiers d’aujourd’hui. C’est le hasard de ces rencontres insolites qui sert de fil à Comme un adieu dans une langue oubliée, où quelques fragments de vie deviennent autant d’exercices de mémoire, sans jamais céder à la nostalgie. Ce n’est pas à un nouveau dialogue des morts que Guy Dupré nous invite en effet : les personnages de roman, au même titre que les grands hommes dont l’Histoire a retenu le nom, et les écrivains les plus méconnus — « ces classiques singuliers, souterrains, qui sont la véritable vie de la littérature », comme disait Remy de Gourmont —, peuplent un paysage intérieur où la mémoire collective se superpose toujours à la conscience individuelle. Guy Dupré est le chroniqueur des lisières de la mémoire et de l’oubli. Défiant l’absence, il recrée un théâtre d’ombres dont les personnages vivent dans un perpétuel présent, comme si, des salons parisiens aux charniers de Verdun, de Bernanos à Cocteau, André Breton, Julien Gracq ou Gérard de Nerval, le temps qui dévore tout avait suspendu son cours. Lorsque la mémoire devient l’objet d’une prescription, que tout appelle commémoration, le passé qui nous a faits ce que nous sommes est à jamais aboli : subsistent un regret, un remords, un repentir.
Guy Dupré n’a pas abusé de la liberté de publier. Vingt années ont séparé son premier et son second livre. Le premier, Les fiancées sont froides, avait été particulièrement apprécié par André Breton et Julien Green. Le rythme s’est tout de même un peu accéléré, sans que l’on oublie un monumental travail : une édition des Cahiers de Maurice Barrès dont il a hérité le hautain lyrisme dans un style qui n’appartient qu’à lui-même, sombre et glorieux, d’une rare et savante richesse.
C’est à M. Charles-Henry de Pirey, pour ses souvenirs publiés sous le titre La Route morte. R C 4 – 1950, que l’Académie a décerné le Prix Jacques de Fouchier. Ce prix, créé en 1998, est destiné à « un ouvrage remarquable par son sujet, sa composition, et dont l’auteur ne doit pas appartenir aux professions littéraires ». Ces conditions d’attribution sont remplies : l’auteur n’est pas un écrivain de vocation. Né en 1928, engagé dans l’Armée à l’âge de vingt ans, il rejoint l’unité prestigieuse des tabors marocains. Il débarque au Tonkin en 1950 et prend part aussitôt aux terribles combats de la route coloniale n°4, à Cao Bang et à Lang Son. Le lieutenant Charles-Henry de Pirey se bat et prend note. « Son récit de l’héroïsme au quotidien est bouleversant de simplicité et de vérité », écrit notre confrère Jean François Deniau. « D’une défaite, dit Jean François Deniau, il y a plus de leçons à tirer que de bien des victoires ».
Le Grand Prix du Roman revient à M. Jean-Noël Pancrazi pour Tout est passé si vite. Jean-Noël Pancrazi a déjà vu plusieurs de ses ouvrages récompensés par des prix littéraires, notamment le prix Valery Larbaud et le Prix Lucien Tisserant que l’Académie française lui a décerné en 1988 pour son roman Le Passage des princes.
On retrouve dans Tout est passé si vite ce thème cher à l’auteur d’un être parvenu au terme de sa vie, ici une femme, Élisabeth, romancière et éditrice, atteinte d’un cancer sans espoir de rémission. On retrouve aussi ce beau style ample et musical, ces longues phrases qui, comme en une lente agonie, semblent chercher leur souffle et explorent les chemins du souvenir, mêlant sans cesse passé et présent.
Le roman narre l’ultime soirée mondaine d’Élisabeth dans la maison d’édition à laquelle elle a consacré toute sa vie. Jean-Noël Pancrazi nous donne à voir la foire aux vanités parisiennes, les ambitions dévorantes et dérisoires qui semblent si loin des vraies préoccupations littéraires. Pourtant, si la peinture est sans complaisance, elle n’est jamais caricaturale.
En même temps qu’Élisabeth, tout un monde semble près de disparaître. L’heure est venue du départ, pour ceux qui savaient prendre un temps partagé entre les amours et les livres.
L’Académie a attribué son Grand Prix de Poésie, créé en 1957, à M. Alain Veinstein pour l’ensemble de son œuvre. Cette distinction tient en fait à la reconnaissance d’un état : car Alain Veinstein est poète, et vit en poésie. Comme l’écrit notre confrère Pierre-Jean Rémy, « il est un poète du silence ». Chacune de ses œuvres « est une manière d’aveu à peine murmuré, un souffle coupé de silences ». Ces brusques fulgurances, ces soudains éclats arrachés à l’indicible, marquent autant de fractures, rendent, avec une rare intensité, presque palpables les déchirures de l’être. Son œuvre se tient l’effusion et s’applique à obtenir une résurrection de ce qu’il lui est impossible de ne pas dire. Alain Veinstein n’est pas seulement un de nos poètes les plus originaux, il œuvre aussi depuis plus de trente ans pour la poésie : créateur des Nuits magnétiques à France-Culture, il a sa manière bien à lui d’interroger, faite des mêmes silences que ses poèmes. M. Veinstein a reçu ce don d’exprimer et de prolonger en nous ce qui semblait ineffable.
Le Grand Prix de Philosophie, institué en 1987, couronne cette année l’ensemble de l’œuvre du Professeur Jean-François Marquet, qui occupa jusqu’à une date récente une chaire d’histoire de la philosophie à la Sorbonne.
Dans la lignée du Père Xavier Tilliette, dont nous avions récompensé ici même les travaux, il y a deux ans, les ouvrages de M. Jean-François Marquet ont enrichi notre connaissance de l’idéalisme allemand, de Schelling en particulier, dont il a édité et traduit plusieurs textes fondamentaux. On nous permettra de nous arrêter à l’une des conceptions les plus originales de cet auteur : considérant que la philosophie pure ne s’adresse pas à l’homme tout entier, il ambitionne de créer un texte philosophique qui soit en même temps œuvre d’art, réconciliant ainsi la raison et la sensibilité, l’esprit et la beauté. D’où l’intérêt qu’il porte à la forme dialoguée, héritée de Platon, et qu’il souhaite dans ce dessein remettre en faveur, « en usant de la langue du peuple ». Mais cette vérité artistique est elle-même appelée à se dépasser irrésistiblement vers son propre au-delà, à savoir la Révélation chrétienne. La transcendance que célèbre tout art authentique est, pour Schelling, cela même qui se donne comme objet de foi. Son génie propre, montre le Professeur Marquet, est peut-être d’avoir refusé de choisir entre cette triple vocation : ouvrage littéraire, essai philosophique ou discours religieux ? Il nous rappelle opportunément que la philosophie est toujours en peine de cette réconciliation avec l’art et la religion.
En attribuant à Mme Christine Frémont le Grand Prix Moron de philosophie, l’Académie récompense, comme le dit notre confrère Michel Serres, « le meilleur livre, le plus profond et, de loin, le plus original, consacré à Leibniz ces dernières années ». Notre confrère n’hésite pas à qualifier les conclusions de ce travail de « surprenantes découvertes ». Leibniz est en effet communément regardé comme le penseur de l’ « harmonie universelle », dont le principe supérieur dissout toute singularité, abolit toute individualité. Mais l’universalité est constamment prise en défaut : l’attestent l’existence des monstres, l’irréductibilité de la contingence, et surtout le problème du mal, auquel Leibniz consacrera ses Essais de théodicée. On conclurait à l’échec, si la loi d’harmonie n’était capable d’engendrer des relations qui, en écart de son fonctionnement ordinaire, la modulent diversement, l’infléchissent, l’enrichissent pour produire localement des effets de cohésion inespérés sur les lieux mêmes où elle restait inopérante.
Il convient d’ajouter que cet ouvrage, dont les analyses, parfois arides, relèvent d’une haute spéculation, se signale par « un style clair, élégant et comme transparent, admirablement adapté à la philosophie classique », qui en rend la lecture captivante, comme l’écrit notre confrère M. Michel Serres.
Le Grand Prix Gobert d’histoire tire une partie de son prestige de son ancienneté, puisqu’il a été institué en 1834, pour récompenser le morceau le plus éloquent d’histoire de France ou celui dont le mérite s’en approchera le plus. En l’attribuant à M. Jean Lacouture, pour l’ensemble de son œuvre qui en impose par son importance et sa diversité, l’Académie couronne, comme l’écrit notre confrère René Rémond, « le prince des biographes, historien irréprochable, portraitiste de talent et authentique écrivain ». Au fil des ans, le jeune attaché de presse qui, en octobre 1945, accompagnait le général Leclerc en Indochine devint le pionnier de ce qu’il nomme l’« histoire immédiate », pour reprendre le titre de la collection qu’il a fondée aux éditions du Seuil. Il a peu à peu édifié une galerie des prestigieuses figures qui ont marqué le XXe siècle.
Ses biographies d’écrivains, de Malraux et Mauriac à Montaigne ou Montesquieu, ont fait revivre leur temps et enrichi notre connaissance de l’histoire des lettres françaises. Qu’il s’agisse de nous faire partager les aventures de Mlle de Lespinasse ou de découvrir le monde du rugby, Jean Lacouture apporte la même verve et le grand talent qu’il nous plaît de saluer aujourd’hui.
L’Académie décerne chaque année plusieurs Prix de la Biographie. Celui qui couronne la meilleure Biographie littéraire est attribuée au Professeur Henri Mitterand, qui vient de nous donner le troisième et dernier volume d’un ouvrage consacré à Émile Zola, appelé à devenir, comme le fait remarquer notre confrère Jean-François Revel, « la base de toutes les études à venir consacrées à cet auteur ». Professeur émérite à la Sorbonne, M. Henri Mitterand a édité les cinq volumes des Rougon-Macquart dans la Bibliothèque de la Pléiade et les quinze volumes des Œuvres complètes de Zola. Il a, par l’étendue des sources consultées comme par l’originalité des méthodes mises en œuvre pour les exploiter, renouvelé les lois trop souvent convenues d’un genre qui connaît la faveur d’un public toujours plus large. Il parvient ainsi à ne jamais séparer, au fil de ces quelque trois mille pages, la vie d’un écrivain jusqu’au bout fidèle à sa conception de la vérité, de la justice et de l’art, qu’il envisage sous tous ses aspects, et l’histoire de son temps – de la monarchie de Juillet à l’aube du XXe siècle –, mieux, il les éclaire l’une par l’autre, sans jamais compromettre l’équilibre d’un si monumental édifice.
Le Prix de la Biographie historique revient à M. Gilbert Joseph pour l’ouvrage qu’il a consacré à Fernand de Brinon. Dans cette passionnante étude fondée sur la consultation d’archives privées souvent inédites, l’auteur brosse le portrait d’un personnage hors du commun, qui, avec le titre de représentant du gouvernement de Vichy auprès des autorités allemandes en zone occupée et un uniforme avantageux devint une des figures marquantes de la collaboration la plus extrême avec l’occupant. Hôte fastueux, point de mire du tout-Paris, doctrinaire lucide et clairvoyant, l’éphémère ambassadeur de l’État français à Paris promena ses rêves défaits, ses nostalgies d’une France qu’il croyait éternelle et ses ambitions déchues parmi les fantômes de Sigmaringen, ministres sans ministères, orateurs sans tribunes, généraux sans armées qui continuaient de refaire le monde dans l’Allemagne en ruines, attendant l’heure du châtiment. M. Joseph, au-delà de la personnalité, plus complexe et moins médiocre qu’il n’y paraît de Fernand de Brinon, met en lumière l’étrange fascination qu’exercèrent le national-socialisme et son chef sur une partie des élites françaises, contre lesquels la naissance, la culture et, souvent, le talent eussent dû les prévenir.
Le Prix de la Critique, dont la création remonte à 1971, est décerné à M. Daniel Aranjo pour son livre intitulé Tristan Derème (1889-1941), le télescope et le danseur.
M. Daniel Aranjo fait revivre, à travers ses divers masques, affables et souriants, une personnalités radieuse : le plus charmant et le plus doué des « poètes fantaisistes » dont l’« école », toute buissonnière, a sévi de 1907 à 1925. Héritier rajeuni d’Horace, de La Fontaine et de Saint-Amant, Tristan Derème entraîne avec lui toute une guirlande de maîtres, de modèles et d’amis, follement tressée autour d’une certaine idée de la littérature, de la « kermesse littéraire », dont on a, de nos jours, perdu jusqu’au souvenir et à la notion.
Au titre du Prix de la Critique, une médaille de vermeil est attribuée à Mme Catherine Delons pour Narcisse Ancelle, persécuteur ou protecteur de Baudelaire. Le 21 septembre 1844, Baudelaire était pourvu d’un conseil judiciaire. En ce notable avisé, illustrant de façon exemplaire les vertus d’une bourgeoisie éprise de progrès, qui, vingt-trois ans durant, devait l’empêcher de se ruiner, Baudelaire vit souvent un persécuteur, parfois un protecteur. En dépit de pénibles affrontements ponctués d’éclatantes colères, Baudelaire témoigna à son conseil reconnaissance et affection. Celui-ci fut sans conteste l’un des hommes qui ont le mieux connu le poète, et l’ont accompagné dans les vicissitudes de sa douloureuse existence. Attentif et zélé, il ne négligea rien pour adoucir les derniers mois de Baudelaire, aphasique et hémiplégique.
Le Prix de l’Essai revient à M. Jean Clair. Poursuivant une réflexion entreprise il y a plus de vingt ans dans des ouvrages aussi essentiels que ses Considérations sur l’état des beaux-arts, Critique de la modernité, publiées en 1984, il s’affirme, avec le Court Traité des sensations, paru en 2002, et Du surréalisme considéré dans ses rapports au totalitarisme et aux tables tournantes, qu’il vient de nous donner, comme le meilleur analyste des avant-gardes de la première moitié du XXe siècle, dans tous leurs prolongements intellectuels et politiques. L’essai, qui porte en sous-titre Contribution à une histoire de l’insensé, se propose de dégager « les fondements idéologiques d’un courant intellectuel qui s’est aussi présenté comme un mouvement politique ». Jean Clair montre que la théorie politique du surréalisme n’est pas seulement issue des conceptions anarchistes ou libertaires : elle ne cesse de frôler les doctrines totalitaires et de se rapprocher, Comme le dit notre confrère Gabriel de Broglie, « cet inventaire aurait dérangé ou heurté il y a quelque temps. Mais il vient à son heure ». Dans l’ébranlement des valeurs établies et le désarroi des esprits — où le surréalisme a eu sa part —, « il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire d’établir la généalogie des mouvements qui, sous couvert d’esthétisme, véhiculent l’idéologie de la violence » et de la subversion.
C’est à Mme Annie Saumont qu’est décerné le Prix de la Nouvelle pour l’ensemble de son œuvre. À travers les dix-huit recueils qu’elle a publiés, Annie Saumont a créé un monde.
Elle excelle à dessiner, avec un soin méticuleux, ces brusques fêlures qui apparaissent à la surface de nos existences trop lisses, à rendre ces légers déplacements dans le cours ordonné de nos jours, qui préludent à de soudaines révélations, à de petites apocalypses. Dans des textes d’une belle brièveté — la nouvelle est l’art de l’épure —, elle épouse avec une sérénité parfois douloureuse et un détachement qui peut sembler implacable les émotions secrètes de personnages communs dans ce qu’elles ont de plus insolite, de plus inquiétant. Au plus près du quotidien, elle les accompagne dans leur dérive. Tout s’explique grâce à quelques notations sèches, quelques indications froides, presque anodines. Son style sobre et précis à l’extrême, qui opère par retranchements successifs, est doué d’une singulière puissance d’évidement. Insensible, Annie Saumont ? Ses personnages, comme dépossédés d’eux-mêmes, n’ont plus accès à leur douleur, faute de pouvoir la dire, dans un monde où le bruit couvre toute parole, et dont l’indifférence revêt le masque d’un moralisme confortable. À défaut de prêter sa voix à nos détresses anonymes, Annie Saumont a choisi de leur donner corps.
Au titre des Prix d’Académie, décernés à des ouvrages qui touchent à sa propre histoire ou aux valeurs auxquelles l’Académie est essentiellement attachée, trois médailles de vermeil ont été décernées. La première récompense cette année Mme Dominique Bona. Mme Bona est le biographe du cœur. Dans ses ouvrages sur Romain Gary, les sœurs Heredia, Stéphane Zweig, Berthe Morisot, elle excelle à mettre en relief la vie sentimentale de ses modèles. Avec Il n’y a qu’un amour, elle nous offre, comme l’écrit M. Maurice Druon dans son rapport, « une biographie à la fois attendue et inattendue d’André Maurois. De ce grand écrivain, trop longtemps tenu en purgatoire, et que les plus anciens d’entre nous se rappellent comme l’homme le plus courtois, mais aussi le plus pudique, et même le plus secret qui fût, elle nous révèle un séducteur, dont la vie fut traversée d’amours passionnées et tragiques. » Nous avons voulu lui en donner acte par ce prix d’Académie.
L’Académie a décerné une autre médaille de vermeil à Mme Suzanne Julliard pour son Anthologie de la poésie française. Comme l’a souligné notre confrère Hector Bianciotti, cet ouvrage se distingue de ceux – nombreux et de grand mérite – qui l’ont précédé : « La langue de ma mère, explique d’emblée Mme Julliard, était le français, celle de mon père la poésie. » Il est rare qu’un ouvrage de cette nature s’ouvre sur un aveu aussi intime, qui donne la clé d’une vocation. L’auteur s’entend à faire partager son émotion par la simplicité, la rigueur et le charme des présentations qu’elle consacre à chaque siècle et à chaque auteur, sur le ton de la conversation familière. Sans rien de scolaire ni de guindé, cet inventaire tout personnel de notre domaine poétique, sans souci de l’exhaustivité, loin des préciosités d’une certaine critique, n’a d’autre loi que le plaisir, d’autre fin que notre bonheur.
Une autre médaille de vermeil récompense M. Frédéric Tiberghien pour son livre intitulé Versailles, le chantier de Louis XIV (1662-1715). Cet ouvrage est de ceux, trop rares, qui savent mêler à une solide érudition un réel talent d’écrivain. L’auteur s’attache en particulier à décrire les conditions de travail et de vie des quelque trente-six mille ouvriers qui se relayèrent au service d’une si vaste entreprise, étalée sur près d’un demi-siècle. Il met aussi en lumière l’apport des ingénieurs, des hydrauliciens, des jardiniers sans lesquels les fastueux projets du Roi-Soleil, insatiable bâtisseur, et les audacieuses conceptions de ses architectes fussent restées lettre morte. La lecture d’un tel ouvrage, richement documenté et doté d’annexes fort utiles, s’impose, comme le souligne notre confrère, Pierre Rosenberg, à quiconque s’intéresse à Versailles et à l’histoire passionnante et tourmentée de sa réalisation.
Le Prix du Théâtre, fondé en 1980, est attribué à M. Victor Haïm pour l’ensemble de son œuvre dramatique. M. Haïm apporte à son art ses qualités de comédien (il a joué dans quelques-unes de ses pièces mais aussi dans une quinzaine de films), ses dons d’auteur dramatique (ses œuvres ont été traduites en seize langues, portées à la scène dans plus de vingt pays et diffusées sur de nombreuses chaînes de télévision et de radio), son talent de metteur en scène (il a adapté de grands auteurs tels que Goldoni, Ibsen, Dostoïevski ou Stephan Zweig). Nous saluons en lui un homme de théâtre complet. Depuis Isaac et la sage-femme, en 1976, qui vit ses vrais débuts d’acteur, Victor Haïm a su rassembler des comédiens et des auteurs exceptionnels pour nous faire rire ou nous émouvoir. Il donne une nouvelle preuve de son talent avec Jeux de scène, actuellement montée et jouée à Paris.
Le Prix du Jeune Théâtre Béatrix Dussane-André Roussin revient cette année à M. José Pliya, pour sa pièce Le Complexe de Thénardier, et l’ensemble de son œuvre, jeune et plus que prometteuse. Né au Bénin, José Pliya a dirigé plusieurs Alliances françaises, du Cameroun à la Dominique. On lui doit le premier festival de théâtre en créole des Caraïbes. À moins de quarante ans, il s’affirme comme un des auteurs dramatiques les plus marquants et les plus neufs de sa génération. Depuis La Conspiration, satire visant le pouvoir en place dans son pays, écrite à l’occasion d’un concours organisé par Radio France Internationale, il n’a cessé d’être joué en Afrique et en Europe. Le Complexe de Thénardier, violent duel domestique entre une maîtresse et sa servante, avec pour toile de fond la tragédie rwandaise, fut d’abord lu au festival d’Avignon avant d’être créé l’an dernier par Jean-Michel Ribes, au théâtre du Vieux Colombier. José Pliya a décidé d’assurer lui-même la mise en scène de sa dernière pièce, Les Effracteurs. L’œuvre de José Pliya sait réconcilier le théâtre avec la littérature, sans oublier la tragédie qui frappe le monde aujourd’hui.
Le Prix du Cinéma, fondé par Mme René Clair, va cette année à M. André Téchiné pour l’ensemble de son œuvre cinématographique. Dès son premier long métrage, Paulina s’en va, l’histoire d’une dérive, il montre une surprenante aptitude à suivre le destin des êtres, avec les moyens les plus simples, au prix d’une attention scrupuleuse à leur vérité secrète et inattendue. Entre réalisme et fiction, André Téchiné, fidèle à une conception très personnelle de son art, s’attache à rendre sensible l’impalpable, « ce qu’aucun œil humain n’est capable d’attraper, aucun crayon, pinceau, plume de fixer », comme le disait Robert Bresson. Il est par excellence le cinéaste de la transition, de l’entre-deux, du passage, dans ce qu’ils ont de plus imperceptible, – le peintre du déracinement. Faut-il s’étonner si la narration passe souvent par le regard inquiet d’un adolescent, celui des Roseaux sauvages qui lui ressemble comme un frère ? Ses personnages subissent de plein fouet le choc de l’histoire sur leur destin individuel : bouleversement des relations familiales sous l’effet de la modernisation, dans Souvenirs d’en France, solitude urbaine et déshumanisation dans J’embrasse pas, exode de juin 1940, qui marque la fin d’un monde, dans Les Égarés.
La médaille de vermeil de la chanson française a été attribuée cette année à M. Pierre Perret.
Les mots dont use avec tant de bonheur M. Pierre Perret ne figurent sans doute pas tous dans notre Dictionnaire : mais le succès, auprès d’un si vaste public, de ses refrains empreints d’ironie et de tendresse mêlée d’audace, porte témoignage pour notre langue, dont il fait jouer avec une rare finesse tous les registres. S’il n’hésite pas à puiser dans les tours et les expressions imagées de la langue la plus verte, c’est loin de toute vulgarité qu’il en exhale les saveurs, et sa juste révolte contre les injustices de notre époque ne doit rien, elle non plus, à la provocation. Ses belles romances amoureuses rappellent qu’il fait partie de ces rares chanteurs qu’on lit autant qu’on les écoute. Ainsi Pierre Perret, dont la gentillesse passionnée avait su forcer la porte de Paul Léautaud et lui gagner son amitié, est-il devenu comme malgré lui poète. Après divers ouvrages consacrés à la langue populaire et argotique, il vient de nous donner, avec Le Parler des métiers, un bien singulier dictionnaire, qui étonnera les lexicographes et ravira les amoureux de notre langue, et que nous tenons spécialement à saluer aujourd’hui. Qu’il trouve ici notre témoignage de gratitude pour sa verve, sa truculence et sa résistance aux décibels écrasants du show business.
J’en viens maintenant au Prix que l’Académie réserve aux personnalités qui ont contribué à assurer, à travers le monde, le rayonnement de la langue et de la littérature françaises.
À quatre d’entre elles, une médaille de vermeil a été attribuée :
À M. Wolfgang Babilas, de nationalité allemande, professeur à l’université de Münster, pour ses remarquables études critiques consacrées à l’œuvre de Louis Aragon, sur laquelle elles jettent un jour nouveau, tant sur le plan de la forme qu’en ce qui concerne les sources d’inspiration. La vocation de M. Babilas, excellent connaisseur de la littérature française, est de porter son savoir et son amour de notre langue au-delà de toutes les frontières, et de cela nous avons voulu le remercier.
À M. Paolo Carile, Professeur à l’université de Ferrare, président de l’association culturelle « Italiques », qui réunit, depuis 1998, des universitaires, des écrivains, des artistes, des éditeurs et des journalistes de France, d’Italie, de Belgique et de Suisse. Cofondateur et président du Prix littéraire et artistique que décerne cette association, M. Carile a fait preuve, par ses nombreux travaux, par une prodigieuse activité d’organisateur de colloques et de conférences, d’un attachement passionné non seulement pour la culture française classique, mais aussi pour la littérature francophone qu’il s’emploie à faire connaître en Italie.
À M. Wolfgang Leiner, professeur émérite à l’université de Tübingen, pour ses travaux dont nous saluons l’érudition et la diversité : de Chrétien de Troyes aux surréalistes ou à Eugène Ionesco, on peut dire qu’il a fait siens nos plus intéressants auteurs. Spécialiste de la littérature française du XVIIe siècle, à laquelle il a consacré des ouvrages remarqués, on lui doit notamment des Études sur l’image de la femme, qui sont un modèle du genre. L’Académie a voulu le remercier pour son rôle de grand médiateur.
À Mme Brina Svit, enfin, écrivain slovène qui vient de publier en français son troisième roman, intitulé Moreno. L’Académie ne pouvait manquer de saluer comme elle le mérite une si heureuse conversion à notre langue, que Mme Svit manie superbement et à laquelle elle apporte toutes les richesses et les subtilités de la sienne propre.
Le Prix Théophile Gautier, destiné à « des auteurs de poésie lyrique », a été attribué à M. Paul de Roux, pour Allers et retours, qui reçoit une médaille d’argent.
Une médaille d’argent du Prix Paul Verlaine, destiné à « l’auteur d’un recueil de poésie », a été attribuée à M. Alain Guérin, pour Cosmos Brasero.
Le Prix Henri Mondor, destiné à « un poète de veine mallarméenne », revient à M. Joël Bastard, pour Se dessine déjà.
La médaille d’argent du Prix Montyon revient à Mme Michelle-Irène Brudny, pour Karl Popper, un philosophe heureux.
La médaille d’argent du Prix La Bruyère revient à M. Marc Sagnol, pour Tragique et Tristesse, Walter Benjamin archéologue de la modernité.
Le prix de traduction, Prix Jules Janin, a été attribué à M. Michel Orcel, pour la nouvelle traduction de Jérusalem libérée, du Tasse. M. Orcel reçoit une médaille d’argent
Le Prix Émile Faguet, prix de critique littéraire, revient à Mme Laurence Brisset, pour La N.R.F. de Paulhan. Une médaille d’argent lui est décernée.
La médaille d’argent du Prix Anna de Noailles, destiné à une femme de lettres, revient cette année à Mme Marianne Bourgeois, pour Monsieur Sié.
Le Prix Louis Barthou, prix de littérature générale, est décerné à M. Patrick Roegiers, pour Le mal du pays, Autobiographie de la Belgique. Une médaille d’argent revient à M. Dominique Fabre, pour Mon quartier.
Le Prix François Mauriac, destiné à un jeune écrivain, récompense Mme Anne-Marie Langlois, pour Se souvenir de Sébaïn, avec une médaille d’argent. Mme Silvia Baron Supervielle reçoit une médaille de bronze pour Le pays de l’écriture.
Mmes Claire Laux et Isabel Weiss reçoivent une médaille d’argent du Prix Georges Dumézil, qui récompense un ouvrage de philologie, pour Ignare Academy, les naufrages de l’enseignement.
Le Prix Roland de Jouvenel, décerné dans l’intérêt des lettres, récompense M. Lux Fraisse, pour Les fondements de l’histoire littéraire, de Saint-René Taillandier à Lanson.
Le Prix Biguet, qui distingue un ouvrage de philosophie ou de sociologie, va à Mmes Jeanne-Hélène Kaltenbach et Michèle Tribalat, pour La République et l’Islam.
Le Prix Ève Delacroix récompense l’auteur d’un ouvrage alliant des qualités morales à des qualités littéraires. Il est décerné à M. Jean-Paul Mulot, pour Le prince qui voulait être jardinier, Charles-Joseph de Lignes. Une médaille d’argent va à M. André Burgos, pour Les cours d’adultes de Pierre Sacreste, instituteur de la IIIe République.
Le Prix Jacques Lacroix, récompensant un ouvrage sur la vie des animaux, est partagé entre M. Yves Paccalet, pour Le bonheur sous la mer, et MM. Teddy Moncuit et Karim Daoues, pour Reptiles.
Le Prix Guizot, récompensant un ouvrage d’histoire générale, a été remis à M. Reynald Abad, pour Le grand Marché. L’approvisionnement alimentaire de Paris sous l’Ancien Régime. Deux médailles d’argent ont été attribuées. L’une à M. Jean-Marc Moriceau, pour Terres mouvantes. Les campagnes françaises du féodalisme à la mondialisation, XIIe-XIXe siècles, et l’autre à M. Jean Verdon, pour Boire au Moyen Âge.
Une médaille d’argent a été remise à M. Marc Lazar, pour son ouvrage d’histoire, Le Communisme. Une passion française, au titre du Prix Thiers.
Le Prix Eugène Colas, couronnant un ouvrage d’histoire, a été attribué à M. Michel Antoine, pour Le cœur de l’État. Surintendance, contrôle général et intendances des finances.
Le Prix Eugène Carrière, récompensant un ouvrage d’histoire de l’art, a été décerné à M. Guillaume Glorieux, pour À l’enseigne de Gersaint. Edme François Gersaint, marchand d’art sur le Pont Notre-Dame.
Le Prix Georges Goyau, récompensant un ouvrage d’histoire locale, a été attribué à MM. Bruno Demoulin et Jean-Louis Kupper, pour Histoire de la Principauté de Liège, de l’an mille à la Révolution.
Deux médailles d’argent ont été décernées. L’une à M. Jean-Christophe Notin, pour La campagne d’Italie. Les victoires oubliées de la France ; l’autre à M. Philippe Masson, pour La puissance maritime et navale au XXe siècle, au titre du Prix du Maréchal Foch, récompensant un ouvrage intéressant l’art et la science militaires.
Le Prix Louis Castex, distinguant les souvenirs de voyages, récits ou découvertes en archéologie ou en ethnologie, a été attribué à M. Claude-François Baudez, pour Une histoire de la religion des Mayas.
Le Prix François Millepierres couronne les travaux historiques sur l’Antiquité ou sur l’époque contemporaine. Il a été décerné à M. Bernard Cottret, pour La révolution américaine. La quête du bonheur. Une médaille d’argent revient à Mme Claire Andrieu, pour Pour l’amour de la République. Le club Jean Moulin.
Le Prix Henri Régnier a été attribué à M. Fouad El-Etre, pour l’ensemble de son œuvre et le Prix Amic à Mme Gwenaëlle Stubbe, pour l’ensemble de son œuvre.