Funérailles de Georges Lecomte, à Mâcon

Le 30 août 1958

Émile HENRIOT

DISCOURS PRONONCÉ A L’OCCASION DU DÉCÈS

DE M. GEORGES LECOMTE

A SES FUNÉRAILLES, à MACON,
le 30 Août 1958

PAR

M. ÉMILE HENRIOT
de l’Académie française

Adieu à Georges Lecomte

 

Monsieur,

Nous connaissons la volonté de votre père, notre ami. Après une longue vie chargée d’honneurs, toute consacrée au service des lettres et des écrivains, il a désiré la mort la plus simple et des obsèques sans publicité et sans éloquence. Par une discrétion exemplaire où nous reconnaissons sa bonté, il a demandé de ne pas déranger ses amis, ne souhaitant de leur part, pour l’accompagner au dernier abri, dans sa tombe familiale et sa terre natale, qu’une prière ou une pensée. —Je n’ai donc pas pris la parole pour contrevenir au vœu formel de Georges Lecomte, en prononçant un vain discours. Mais il a semblé impossible à l’Académie française de laisser partir, sans une présence, sans un mot d’hommage et de regret, celui qui fut douze ans son diligent, actif et dévoué secrétaire perpétuel, et, pour chacun de nous tous, un ami.

Le directeur en exercice de l’Académie, le professeur Henri Mondor, absent de France, à son regret, m’a chargé de donner cet adieu à notre vénéré confrère. Nous dirons, nous entendrons dire, un autre jour, à l’Académie, quel il fut, et quels son œuvre, son travail et ce qu’il appelait « sa traversée ». Nous dirons l’homme affable, généreux et bienveillant, qu’il a été. Je m’acquitte aujourd’hui seulement du soin que le Bureau de l’Académie m’a confié, d’attester par une présence, au nom de tous, devant ce cercueil, sa peine profonde, son deuil et sa fidélité. Je le fais de tout mon cœur, dans un grand sentiment de respect et personnellement d’affection. — Je ne pense pas être indiscret en associant aux sentiments de l’Académie française la Société des Gens de Lettres tout entière, dont après tant d’années de prestigieuses et efficaces présidences, Georges Lecomte était resté pour tous, au-delà de l’honorariat, « le Président »; — et dans son deuil aussi l’Académie de Mâcon tout entière, à laquelle autant en écrivain qu’en fils fidèle de son pays, il était fier d’appartenir.

Au nom de tous, cher et vieil ami, cher et vénéré Georges Lecomte, adieu, adieu !