Dire, ne pas dire

« Abjurer » pour « Adjurer »

Le 7 avril 2022

Extensions de sens abusives

Ces deux paronymes ne diffèrent que par une consonne pour l’orthographe, mais diffèrent beaucoup par le sens, même si l’un et l’autre remontent au latin jurare, « attester, s’engager par serment ». Abjurer s’emploie pour indiquer que l’on renonce par un acte solennel ou un serment à une religion ou à une doctrine, ou bien que l’on abandonne une conduite, une idée, une attitude (on notera que la 9e édition du Dictionnaire de l’Académie française donne pour exemple Abjurer le marxisme, tandis que, de la 3e à la 8e, on lisait Abjurer Aristote, Descartes (au sens d’« abjurer la doctrine d’Aristote, de Descartes »). Ce verbe se construit généralement aujourd’hui avec un nom abstrait. Adjurer signifie, lui, « ordonner au nom de Dieu », puis « demander avec insistance » et se construit le plus souvent avec un nom de personne. On veillera donc à ne pas employer l’un pour l’autre.

on dit

on ne dit pas

Elle l’adjurait en vain de renoncer à son projet

Il a abjuré ses erreurs de jeunesse

Elle l’abjurait en vain de renoncer à son projet

Il a adjuré ses erreurs de jeunesse