Discours prononcé lors de la visite de S. Exc. M. Mario Soares, président de la République portugaise

Le 18 février 1993

Maurice DRUON

Visite à l’Académie française

de S. Exc. M. Mario SOARES
Président de la République portugaise

le jeudi 18 février 1993

Discours

de
M. Maurice DRUON

Secrétaire perpétuel

 

Monsieur le Président,

Depuis trois cent cinquante-huit ans, nous nous comptons quarante, et pas plus. Nous n’avons ni membres associés, ni membres correspondants, et nulle personne extérieure à la Compagnie n’a droit d’assister aux réunions où nous conduisons nos travaux. Ainsi en a décidé notre fondateur, le cardinal de Richelieu, dont l’effigie continue de veiller, avec noblesse et quelque sévérité, sur nos séances. Peut-être ce secret dans lequel nous sommes tenus produit-il une impression de mystère qui participe à notre réputation.

Nos portes, que vous voyez, sont sculptées de la devise qui nous fut donnée : « À l’immortalité », et viennent du palais du Louvre, où nous avions notre premier établissement. Nous avons transporté notre clôture.

Toutefois, de loin en loin, ces portes s’ouvrent devant une personne étrangère. Mais, par un usage devenu règle, il faut que cette personne ait rang ou pouvoirs souverains, et témoigne d’un intérêt particulier pour cette langue française dont nous sommes les gardiens.

Cela ne s’est produit que treize fois au long de notre histoire ; vous êtes quatorzième à nous faire cet honneur.

La première visite fut celle, en 1658, de la reine Christine de Suède, qui se piquait fort de lettres et de philosophie ; elle souhaitait créer en son pays une Académie et voulait donc connaître la nôtre pour laquelle elle marquait autant de curiosité que de considération. Elle avait exprimé son souhait en se faisant précéder de son portrait. Elle vint et on la harangua, comme je le fais, Monsieur le Président, à votre endroit aujourd’hui. Puis on la régala de textes composés par plusieurs de nos beaux esprits : un traité de la douleur, traduit de Lucrèce, des sonnets, des madrigaux, et des odes inspirées de Catulle. Nous ne vous en infligerons pas autant.

Enfin, on définit en son honneur un mot du Dictionnaire, le mot « jeu », et l’on proposa comme exemple : « Jeux de princes ne plaisent qu’à ceux qui les font. » La reine Christine venait, quelques jours plus tôt, de faire assassiner son amant Monaldeschi dans la galerie des Cerfs, à Fontainebleau. Elle daigna sourire.

La seconde visite dont nous fûmes gratifiés, celle du tsar Pierre le Grand, en 1717, se passa avec moins d’ordonnance. Le jeune et gigantesque tsar déboula à l’improviste, un jour que l’Académie venait de lever sa séance. On rameuta comme on put quelques Académiciens, qui l’occupèrent en lui montrant des portraits et répondirent à ses questions qui étaient nombreuses, car il venait pour s’informer de ce qui brillait en Occident. Cette visite fut à l’origine du courant d’échanges intellectuels entre la France et la Russie, qui se développa si bien qu’un siècle après toute la société russe parlait français, ainsi qu’en témoigne dès ses premières lignes le roman Guerre et Paix.

Cinquante ans passent, et ce furent successivement le roi Christian VII de Danemark, le roi Gustave III de Suède, l’empereur Joseph II d’Autriche, qui voyageait sous le nom de comte de Falkenstein, puis le tsarévitch Paul, futur Paul ler, qui se faisait appeler comte du Nord, et enfin, en 1789, le prince Henri de Prusse, qui assistèrent à la séance particulière.

Notre intime cérémonial était maintenant bien arrêté.

L’auguste visiteur n’était escorté dans la salle que par quatre de ses accompagnateurs et, à la fin de la séance, il lui était remis le jeton d’argent dont on honorait alors nos travaux, puisqu’il y avait participé.

Nous fûmes peu visités, je ne sais pourquoi, durant la première moitié du XIXe siècle.

Arrêtons-nous un instant sur ce siècle, dont les couvres nous auront tant nourris, et laissez-moi vous présenter le visage qu’avait l’Académie en février 1847, quand nous reçûmes Si Mohammed Chadli, caïd de Constantine.

M. Victor Hugo, qui fit de notre salle le dessin auquel je me réfère, siégeait derrière vous, Monsieur le Président, à la place qu’occupe d’ordinaire M. René Huyghe, et que nous avons réservée pour ce jour mémorable à Mme le Ministre Catherine Tasca, dont nous sommes heureux, pour tant de services qu’elle aura rendus à la Francophonie, que ce soit elle qui, au nom du gouvernement, vous accompagne de son sourire.

Le comte Alfred de Vigny était assis là où se trouve aujourd’hui soit le comte de Bourbon Busset, soit M. Claude Lévi-Strauss. La place de M. Eugène Scribe est occupée par M. Jean Dutourd. M. de Chateaubriand, tout près de finir ses jours, était au fauteuil où nous voyons à présent M. Michel Déon, membre de l’Académie du Portugal.

De l’autre côté, M. Prosper Mérimée occupait la place où est M. Frossard, et M. de Lamartine celle de M. Peyrefitte. Thiers et Tocqueville voisinaient où voisinent à présent M. Maurice Schumann et M. Jean Bernard, docteur honoris causa de l’université de Lisbonne. Guizot se tenait où est M. Poirot-Delpech, Ampère dans les parages où sont M. Moinot et Mme Carrère d’Encausse, et Sainte-Beuve songeait à son prochain Lundi là où médite M. Jean Guitton.

Que ceux de mes confrères que je n’ai pas cités, mais qui vous seront tous présentés tout à l’heure, veuillent bien me pardonner. Ce n’est pas omission, mais seulement que leurs prédécesseurs d’alors étaient moins célèbres qu’ils ne le sont. Nul doute que notre doyen d’élection, M. Henri Troyat, laissera plus grand nom dans nos lettres que M. Vitet.

La tradition des visites fut reprise en 1872 avec un souverain fort proche du Portugal, bien que la largeur d’un océan l’en séparât l’empereur Don Pedro Segundo du Brésil.

Il semble qu’il ait eu grand hâte de nous connaître, car il se trompa de jour et, ainsi que le relate le procès-verbal, « il surprend très agréablement l’Académie par sa gracieuse visite, annoncée seulement pour la séance suivante ».

Après quelque flottement, bien compréhensible, les choses se passèrent le mieux du monde. La séance fut ouverte à trois heures un quart, comme aujourd’hui, et l’on initia l’empereur aux travaux de l’Académie.

Puis on révisa les mots détourner, dette, deux ; on repoussa devanagari, terme de linguistique orientale qui parut « d’un emploi trop particulier, trop spécial pour devoir être recueilli dans un dictionnaire de l’usage »... et qui n’y est d’ailleurs toujours pas entré.

Don Pedro prit plaisir, visiblement, à cette séance et conquit chacun ; il continua de s’entretenir longtemps avec les Académiciens, et mon prédécesseur de l’époque consigna pour nos annales que « des diverses visites de souverains dont l’Académie, dans le cours de sa longue histoire, a été honorée, nulle assurément n’aura dû laisser après elle un plus agréable souvenir ».

Il y a de cela cent vingt ans. Et le siècle se termina avec la venue, en 1896, du tsar Nicolas II au cours de sa fastueuse visite d’État.

Passent deux monstrueuses guerres, et maintes révolutions. Nos portes se rouvrent pour l’Italie, devant le Président Segni, en 1964, et l’année suivante pour le Liban, devant le Président Charles Hélou.

La Francophonie institutionnalisée prend son essor en janvier 1986, et aussitôt c’est le Très Honorable Brian Mulroney, Premier ministre du Canada, qui nous fait visite.

Depuis sept ans nous nous sommes plu à rester entre nous, comme nous nous plaisons aujourd’hui à briser pour vous notre réserve.

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Nous vous saluons à bien des titres, Monsieur le Président.

Nous saluons en vous un historien, un philosophe et un juriste, puisque c’est en ces trois disciplines que vous avez fait vos études supérieures.

Nous saluons un universitaire qui a commencé sa carrière dans l’enseignement secondaire, comme notre confrère Léopold Sédar Senghor, que sa santé tient éloigné de Paris en cette saison froide, mais qui m’a chargé de vous assurer de sa haute estime et de sa fidèle amitié.

Professeur, vous avez occupé de grandes chaires, notamment en notre vieille Sorbonne qui elle aussi doit tant à Richelieu. Et j’ai compté que vous accumuliez sur votre front dix-sept bonnets, carrés ou non, de docteur honoris causa des plus célèbres universités de l’Ancien et du Nouveau Monde.

Nous saluons en vous le penseur politique, militant de la liberté depuis l’adolescence, et luttant, avec tous les risques inhérents, contre la dictature, qu’elle soit fascisante comme celle que votre pays a connue trop longtemps, parce que l’ordre n’est pas réponse à tout, ou bien qu’elle soit marxiste et totalitaire, comme celle dont le Portugal fut ensuite menacé et que vous lui avez évitée.

Nous saluons l’avocat, défenseur de nombreux prisonniers politiques devant des tribunaux militaires ou d’exception.

Nous saluons vos douze arrestations et votre déportation en Afrique.

Nous saluons l’exilé qui choisit la France pour lui confier le seul trésor qu’il possédât : son avenir, et qui y noua des amitiés définitives.

Nous saluons le diplomate et l’homme d’État qui revint dans le printemps du Portugal, en avril d’il y a bientôt vingt ans, par le « train de la liberté », qui repartit aussitôt pour faire reconnaître des capitales européennes le nouveau régime démocratique, participa aux trois premiers gouvernements provisoires, mit en route la décolonisation du Cap-Vert et de la Zambie, et démissionna avec éclat d’une quatrième formation qui dérivait vers le totalitarisme.

Premier ministre des premier et deuxième gouvernements constitutionnels, vous vous êtes donné pour mission de sauver le Portugal de la déroute économique et financière où il se trouvait, de faire revenir des anciennes colonies un million de Portugais, de donner à votre pays les lois d’un État de droit, et de faire entrer cet État dans la Communauté européenne.

Reprenant la tête de l’opposition, vous avez réclamé une révision constitutionnelle qui libérât définitivement le pouvoir de toute tutelle de l’appareil militaire, et, l’ayant obtenue, vous fûtes à nouveau chef du gouvernement. Et c’est à vous qu’appartint de signer le traité d’adhésion du Portugal à la CEE.

Mais votre plus beau succès, ce fut, alors que votre parti venait de perdre les élections six mois auparavant, d’être porté en mars 1986 à la tête de l’État, premier Président civil élu directement par le peuple. Vos concitoyens avaient reconnu en vous l’homme d’expérience, de bon sens, d’idéal et de sagesse qui pouvait transcender les rivalités politiques et partisanes. Ils vous ont renouvelé leur confiance il y a deux ans, avec plus de soixante-dix pour-cent de leurs suffrages.

Nous saluons en vous l’écrivain.

Près de quarante volumes composent votre œuvre. Ouvrages de doctrine, ouvrages de combat, comme en témoigne celui intitulé le Portugal bâillonné, qui parut d’abord et sous ce titre en français, au début des années soixante-dix, ouvrages de réflexion générale sur l’État démocratique, sur les impératifs économiques, sur les constitutions, sur l’Europe, sur le monde en crise. Si l’on se réfère aux cinq tomes de vos Interventions, on se demande quel sujet vous n’aurez pas traité.

À considérer et votre carrière et vos actions en même temps que vos écrits, il semble que votre spécialité soit de les avoir toutes. Vous êtes, Monsieur, une Académie à vous tout seul.

Et vous êtes le Portugal.

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Les liens qui unissent la France et le Portugal remontent à l’aube de notre millénaire. Ce sont même plus que des liens, des racines communes.

Le premier roi de Portugal, Alphonse Ier Henriques, était arrière-petit-fils de Hugues Capet. L’existence de nos pays, comme entités nationales indépendantes, a surgi dans le même demi-siècle et d’une même famille.

Les identités sont nombreuses entre nous. Même variété de la nature et des paysages ; vous avez comme nous la montagne et ses rigueurs, les fleuves généreux, les plaines riches, les longs rivages ensoleillés.

Même variété aussi de peuplement. Nous sommes faits de tous ces peuples errants ou conquérants qui arrivaient au bout de leur course ou de leur fuite, de leurs peurs ou de leurs rêves. Et comme nous avons Ligures, Celtes, Grecs, Romains, Francs, Burgondes, Wisigoths, Normands, et bien d’autres, vous avez Ibères, Celtes, Carthaginois, Grecs, Romains, Alains, Suèves, Wisigoths, Juifs et Maures. Le mot race a peu de sens pour nous, à moins qu’on ne l’entende comme un particulier agencement des mélanges, par la volonté tragique ou heureuse des destins.

Nos civilisations se sont développées parallèlement, et avec de constantes communications. La vieille, célèbre et superbe université de Coimbra, où vous me fîtes l’honneur de m’emmener, l’an dernier, est contemporaine, à quelques décennies près, de notre Sorbonne où, comme je le rappelais, vous avez enseigné.

Alors que l’on vient, en tant de lieux et avec tant de bruit, de célébrer le cinquième centenaire de la découverte de l’Amérique, comment oublier ce que cet événement, comme l’ouverture de toutes les grandes routes maritimes, doit à la science, au courage, à l’audace, au génie des navigateurs portugais, qu’ils aient nom Bartolomeo Dias, Vasco de Gama, Pedro Alvares Cabral, Magellan. Ce que l’Espagne appelle les conquistadores, le Portugal les nomme les descobridores, les découvreurs. Il y a là plus qu’une nuance.

La France et le Portugal ont eu des empires. Ils les ont perdus, parce que telle est la loi de l’Histoire, parce que les colonisés prennent des colonisateurs le goût de la puissance, et parce que le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, invention française, était dans nos bagages.

Mais dans tous ces comptoirs le long des côtes océanes, mais dans toutes ces places de négoce, dans tous ces vastes territoires, pour vous principalement en Amérique du Sud, pour nous principalement en Afrique, sur lesquels un temps s’étendit notre domination, nous avons laissé une semence étonnamment vivace : nos langues.

« Dans les ruines de la colonisation, nous avons trouvé cet outil merveilleux, la langue française », a écrit Senghor. On peut en dire autant, et d’abord pour l’immense Brésil, de la langue portugaise. Deux outils de l’universel.

Et c’est là, Monsieur le Président, que votre présence, ici, aujourd’hui, prend toute sa signification.

Le spectacle que nous offre le monde ces temps-ci justifie toutes les imprécations lancées contre la descendance de Prométhée par le vieillard du quatrième chant des Lusiades, « monde livré à la guerre, à la mort, à la honte ».

Or l’un des pires dangers qui menace l’espèce est l’appauvrissement linguistique ; un appauvrissement né d’un pullulement de langues locales revendiquées par des nationalismes irraisonnés, mais n’ayant de communication entre elles que par un seul langage primaire, incertain et uniforme.

Qu’on veuille bien entendre que je ne désigne pas l’anglais, langue superbe, autant qu’efficace, quand elle est écrite par Gibbon ou parlée par Churchill.

Je désigne cet idiome issu de l’anglais, qui s’est formé sur l’engrais économique américain, et qui se répand sur la planète comme une algue tueuse. Cet idiome-là est fort pratique pour aller au marché, voyager par avion et se servir des codes informatiques. Il est très facile de le mal parler. Il peut même convenir à la communication entre les scientifiques d’une même spécialité, parce qu’il sert simplement de tissu conjonctif entre des notions qui s’expriment autrement que par des mots. Sa syntaxe est fruste. C’est souvent une simple juxtaposition de termes factuels entre des signes, des sigles et des nombres.

Mais ce langage-là est impropre à l’expression de la spéculation philosophique, à la manifestation des profondeurs de la conscience, à la précision rigoureuse et subtile du droit.

Ce n’est pas le langage appelé à penser et construire l’avenir de l’homme.

Le monde a besoin des langues latines, afin que le dialogue civilisateur puisse se poursuivre entre les grandes communautés humaines, dans le respect d’une diversité qui seule fonde et féconde le progrès. Le monde a besoin de nos langues afin de résister à la tentation de l’uniformité, c’est-à-dire la tentation de l’entropie et de la mort.

Pour faire face à ce danger-là, le français a besoin du portugais comme le portugais a besoin du français.

La Francophonie, comme institution culturelle et politique, n’a que sept ans d’âge ; mais, répondant à une demande bien antérieure, elle compte aujourd’hui quarante-sept pays, rapprochés par le partage, l’usage ou l’amour de la langue française.

Je ne sais si la Lusophonie a, ou souhaite, de telles institutions formelles. Mais la Lusophonie existe, elle est nombreuse ; elle est largement répandue sur la terre ; elle possède une histoire, c’est-à-dire une mémoire, de vastes richesses matérielles et humaines, et de hautes aspirations dictées notamment par le sort de ses peuples les plus démunis.

Francophonie et Lusophonie sont par nature destinées à des œuvres communes.

Nous nous réjouissons que le Portugal soit toujours en tête des pays où le français est le plus connu et pratiqué. Sachez, Monsieur le Président, l’importance que nous y attachons.

Nous n’oublions pas non plus que, durant le deuxième conflit mondial, c’est à travers le Portugal que près d’un million d’Européens, le plus généralement clandestinement, ont pu gagner les terres du combat et de la liberté. Je suis l’un d’eux. Non, je n’oublie pas mon envol nocturne sur les eaux du Tage !

Depuis lors, la rudesse de l’époque a fait que des centaines de milliers de Portugais, plus du million assurément, ont dû venir chercher hors de chez eux labeur et subsistance, en France pour la plupart.

Grâce à la renaissance économique du Portugal, certains commencent à connaître la joie du retour au pays natal. Mais beaucoup sont encore là et y resteront. Ils doivent y demeurer sans oubli de leurs racines, sans oubli de leurs poètes.

Notre devoir mutuel est donc d’intensifier l’enseignement du portugais en France, comme du français au Portugal, et les traductions des ouvrages de l’esprit.

Il en va là de nos obligations envers l’Union européenne qui s’édifie précisément par ces osmoses entre les peuples. Derrière les traités, il y a les hommes, et leur capacité à se comprendre pour pouvoir espérer et agir ensemble.

La primauté diplomatique dont jouissait la langue française au cours des deux siècles écoulés, elle ne la devait pas seulement à la puissance de nos armées. Elle la devait à ce que la France avait forgé l’instrument le plus propre à la communication des idées et à la rédaction des conventions qui règlent la vie des États. Et c’était ici, la forge.

J’ose avancer que ce sont les travaux de l’Académie, la veille constante qu’elle a exercée sur l’évolution du français, qui ont doté celui-ci des vertus qu’on voulait et qu’on veut bien encore lui reconnaître. Ces travaux, nous les poursuivons, dans le même esprit, semaine après semaine, persuadés que nous sommes que notre langue n’a pas fini de rendre des services à une grande partie de l’humanité. Nommer les choses est un acte sacré. Et le sacré veut un peu de mystère. C’est la raison du nôtre. Il nous plaît, il nous honore que le premier des Portugais l’ait, aujourd’hui, partagé.